Télécharger le numéro - Bretagne Economique
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ENTRETIEN AVEC DIDIER VILAIN, DIRECTEUR DE L’ETABLISSEMENT PUBLIC FONCIER DE BRETAGNE<br />
La <strong>Bretagne</strong> a tout à gagner<br />
à définir une stratégie foncière<br />
Comment caractérisez-vous <strong>le</strong> problème<br />
du foncier économique en <strong>Bretagne</strong> ?<br />
Par des indicateurs simp<strong>le</strong>s ! L’emprise de l’habitat,<br />
caractérisée par la prépondérance de la maison individuel<strong>le</strong>,<br />
représente la moitié des surfaces artificialisées. En <strong>Bretagne</strong>, terre<br />
de fort développement démographique, l’accueil d’un nouvel<br />
habitant consomme 1 100 m 2 de terre quand la moyenne<br />
française s’établit à 800 m 2 .<br />
Il existe 1 259 zones d’activités formalisées et structurées en<br />
<strong>Bretagne</strong>, quasiment une par commune. Avec 12 % de surfaces<br />
artificialisées, la <strong>Bretagne</strong> est la quatrième région urbanisée<br />
en France.<br />
En matière d’aménagement des zones d’activité, on a créé (et<br />
on continue) beaucoup de ZA pas forcément très denses, car on<br />
ne sait pas très bien calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s besoins. Les entreprises ont tendance<br />
à acheter toujours plus grand que nécessaire, en organisant<br />
<strong>le</strong>ur réserve sur <strong>le</strong>ur propre parcel<strong>le</strong>.<br />
La région a donc développé un mode d’urbanisation très<br />
consommateur d’espace. Tous <strong>le</strong>s sept ans on perd la surface<br />
agrico<strong>le</strong> d’un département. Or la réserve foncière est une<br />
ressource rare, non renouvelab<strong>le</strong>.<br />
Quels sont <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers sur <strong>le</strong>squels<br />
on peut s’appuyer pour encourager<br />
une gestion économe de la terre ?<br />
Jusqu’ici, on constate que <strong>le</strong>s aménageurs ont mené<br />
une politique de prix de vente assez faib<strong>le</strong> alors que celui-ci ne<br />
représente pas un pourcentage important d’un projet d’implantation<br />
pour une entreprise qui cherche d’abord l’accessibilité et<br />
l’emplacement pour implanter ou développer son activité. Le prix<br />
n’est pas encore un <strong>le</strong>vier d’intervention.<br />
En revanche, on peut jouer sur <strong>le</strong>s formes urbaines. Par peur de<br />
décourager <strong>le</strong>s candidats, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités ont limité au maximum<br />
<strong>le</strong>s contraintes des cahiers des charges. On a eu tendance à raisonner<br />
à la parcel<strong>le</strong>, à vendre au gré des demandes, sans souci<br />
de mutualiser des aménagements comme <strong>le</strong>s parkings, souvent<br />
surdimensionnés, et sans tenir compte de la qualité urbaine. Or<br />
on constate que plus <strong>le</strong>s zones sont denses, plus el<strong>le</strong>s sont agréab<strong>le</strong>s<br />
à vivre pour <strong>le</strong>s salariés, <strong>le</strong>s clients et fournisseurs qui la fréquentent.<br />
D’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s choses évoluent. Les entreprises demandent souvent<br />
un emplacement en bordure de route. Aujourd’hui la visibilité<br />
doit-el<strong>le</strong> se trouver sur la quatre-voies ou sur Internet ?<br />
Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s priorités que la région se fixe<br />
dans la reconquête du foncier ?<br />
L’enjeu majeur est de requalifier <strong>le</strong>s ZA et de densifier <strong>le</strong>s<br />
zones existantes. Les chambres consulaires ont proposé la mise<br />
en place d’un observatoire régional d’espace et réduire l’impact<br />
des projets d’aménagement sur l’activité agrico<strong>le</strong>. C’est un outil.<br />
Au niveau communal ou communautaire, il faut aussi que <strong>le</strong>s EPCI<br />
se mobilisent pour définir un schéma global d’aménagement avec<br />
des zones de proximité, des zones plus généra<strong>le</strong>s, commercia<strong>le</strong>s<br />
ou industriel<strong>le</strong>s, caractérisées ou non par une spécialisation<br />
plus précise (pour <strong>le</strong>s grandes agglomérations). La cohérence<br />
d’ensemb<strong>le</strong> permettrait d’accueillir plus de services, de mettre<br />
en œuvre des formes urbaines homogènes.<br />
L’Etablissement public foncier de <strong>Bretagne</strong> est là pour accompagner<br />
cette réf<strong>le</strong>xion.<br />
■ Propos recueillis par Clotilde Chéron<br />
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°212 • FÉVRIER-MARS 2012 31