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ACTUALITÉS
P.L C’est vrai que telle qu’elle était annoncée, la Bretagne
aurait représenté 10 % des revenus de l’écotaxe alors
que l’économie bretonne ne représente que 4,3 % du
PIB national. C’était la double peine car de surcroît la
Bretagne est l’une des rares régions de France qui ne soit pas une
zone de transit. Quand on va à Brest, on vide, on charge et on
revient. Donc on impacte directement l’économie bretonne à
l’import comme à l’export. Alors actuellement, où en sommesnous
? On parle de 15 % de coût de collecte sur 1 à 1,4 milliard
d’euros… Même si les choses semblent s’établir autour d 1,2 milliard
d’euros. Ce qui entraînera entre 150 et 180 millions d’euros
de collecte.
L’impact sur le coût du transport ? Le surenchérissement de la
production ? Bien sûr qu’on va les répercuter ! On vend actuellement
la borne kilométrique autour d’1,20 euro et le coût de l’écotaxe
au km, sera au prix standard de 15 centimes d’euros, que
l’on soit en Bretagne ou dans une autre région, en montagne, sur
autoroute… L’impact sur le transport de masse se situera entre
6 et 12 %.
Mais on n’a pas le choix, c’est une loi ! On est collecteur de taxe
et, dès lors, on doit la redonner, un peu sur principe de la TVA.
Entre ce que je collecte et redonne, il y aura nécessité de cohérence
quasi-parfaite. Sauf qu’il va y avoir une réelle difficulté à sa
mise en place. On me dit : “tu vas payer 15 cts de plus pour faire
circuler ton camion, de là à là, avec obligation de répercuter au
client”. D’accord ! Sauf que je peux avoir 3 ou 4 clients différents
dans mon camion et que tous ne vont pas faire le même trajet…
Et il y aura des endroits ou je ne prendrai pas la route… Alors, comment
répercuter tout ça ?
Gérard Lahellec,
Vice-Président en charge
de la Mobilité et des Transports
à la Région
S.R C’est simple : on s’implante là où il existe une forte
consommation ou une forte production. La spécificité
de la Bretagne reste en effet que ce n’est pas une
grande zone industrielle mais surtout un territoire riche
en IAA. Maintenant, est-ce que je rapproche la production de la
consommation ou est-ce que j’expédie la production ? C’est
une vraie question. Je pense qu’on va rapprocher les produits de
là où ils sont consommés…
S.R Sans oublier un autre élément, notre bonne vieille terre !
Oui, il va falloir la protéger, rationnaliser certaines choses
et en ce qui nous concerne aborder aussi la question
de l’emballage et de la récupération des cartons, bouteilles,
colis…
Je le répète : mondialisation + révolution Internet + protection de
la planète vont bouleverser la logistique ! Je suis convaincu
qu’elle deviendra un élément de croissance pour le territoire et le
pays. Je suis dans ce métier depuis plus de 30 ans et je constate
qu’il ne s’agit plus aujourd’hui de fabriquer un produit de qualité,
même à moindre coût, mais il faut pouvoir le vendre partout et
ça passe par une organisation logistique performante.
On bute encore et toujours sur la périphéricité
de la Bretagne. Transporteurs et logisticiens ont
de plus en plus de “postes avancés” dans l’hexagone.
Cela suffit-il déjà à rapprocher les extrémités ?
Ou les enjeux sont-ils autres ?
G.L Comment faire ? C’est la question !
Prenons Brest. Cette ville a un positionnement maritime
extraordinaire en même temps qu’un gros inconvénient
terrestre dû à son éloignement. En effet, dès l’instant
où c’est le marché qui est l’unique critère à partir duquel on
fait des choix, hé bien l’interland de Brest est trop faible pour que
cela puisse intéresser le marché ! Donc, si on ne rapproche pas
Brest de Rennes et puis de Paris… et du centre de l’Europe on
ne s’en sortira pas.
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°212 • FÉVRIER-MARS 2012
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