Sahel Dimanche - Nigerdiaspora
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Nation<br />
ALLOCUTION DE SEM. HAMA AMADOU, A L'OCCASION DE LA CLÔTURE DE LA PREMIERE SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE NATIONALE<br />
“L'Assemblée nationale, autant que les députés eux-mêmes, ont grandement besoin de réhabiliter leur image aux yeux des Nigériens”<br />
Excellence Monsieur le Premier<br />
ministre, Mesdames et Messieurs les<br />
membres du Corps diplomatique,<br />
Mesdames et Messieurs, honorables<br />
représentants du Peuple nigérien souverain<br />
Au moment où nous allons clôturer nos travaux,<br />
je voudrais vous adresser à tous, mes<br />
sincères remerciements pour la quasi-unanimité<br />
avec laquelle vous m'avez élu, hier 19<br />
Avril, à la Présidence de notre digne et respectable<br />
Institution. C'est là un très grand<br />
honneur que vous m'avez fait, et je vous en<br />
suis reconnaissant.<br />
Honorables députés,<br />
L'instant que nous vivons, en tant que députés<br />
de la première législature de la septième<br />
République du Niger, nous porte assurément<br />
vers l'espérance. C'est pourquoi, je veux que<br />
nous gravions ce moment dans notre mémoire<br />
collective, comme le point de départ d'une<br />
période nouvelle, de changements positifs et<br />
durables pour le Niger, mais également d'une<br />
renaissance véritable de notre système démocratique.<br />
Le Niger a connu, de par le passé,<br />
des turpitudes en tous genres qui ont abouti à<br />
une instabilité chronique de nos institutions<br />
qu'il faut déplorer et arrêter, dans la mesure<br />
où elle a conduit notre pays à une évolution en<br />
dents de scie, aux conséquences globalement<br />
malheureuses pour le bien-être des populations<br />
nigériennes. Cette instabilité, vous l'avez<br />
constaté, a brisé bien des espérances de<br />
notre peuple et a fini par planter notre pays<br />
dans les sables mouvants de la pauvreté la<br />
plus abjecte et la plus intolérable. Cela a été,<br />
parce qu'au Niger, nous avons, par tempérament,<br />
presque toujours privilégié une conception<br />
de la lutte politique qui s'apparente à celle<br />
de la terre brûlée. Nous avons été souvent<br />
enclins à croire que c'est par cette forme de<br />
lutte aveugle et sans éthique que se réaliseront,<br />
à coup sûr, nos ambitions et nos objectifs.<br />
Ambitions et objectifs, il faut l'avouer, souvent<br />
par trop personnels.<br />
De ce fait, nous avons oublié qu'il est des<br />
luttes qui peuvent conduire au pire. Rien que<br />
dans notre sous-région, les exemples sont<br />
légion. Au Niger, finalement, c'est par la grâce<br />
de Dieu, que jusqu'ici ces luttes ne nous ont<br />
pas menés à l'irréparable. Oui ! C'est grâce à<br />
Dieu, le Tout-Puissant et le Clément, que le<br />
Niger s'est retrouvé mille fois sur la corde<br />
raide, et que mille fois il est retombé sur ses<br />
jambes, sans dommages irrémédiables. Qu'il<br />
en soit remercié ! Mais, pour nous citoyens<br />
nigériens, il est grand temps de comprendre<br />
qu'il nous faut mettre fin désormais à ce jeu on<br />
ne peut plus dangereux. Il est en effet temps<br />
et grand temps pour les Nigériens en général,<br />
et la classe politique en particulier, de tourner<br />
le dos définitivement aux calculs aussi pernicieux<br />
que dangereux de la lutte pour le pouvoir<br />
comme cela a été le cas jusqu'à maintenant.<br />
Il est grand temps d'amorcer une rupture<br />
avec ce passé tumultueux afin que se réalisent,<br />
enfin, les conditions d'une vraie stabilité<br />
institutionnelle et celles du seul combat qui<br />
vaille, à savoir celui du développement économique,<br />
social et culturel de notre pays,<br />
aujourd'hui bien meurtri et mal en point. Avant<br />
de poursuivre mon propos, permettez, honorables<br />
députés, que je vous exprime encore<br />
une fois ma profonde et sincère gratitude pour<br />
l'insigne honneur que vous venez de me faire<br />
en me désignant démocratiquement à la<br />
Présidence de l'Assemblée Nationale du<br />
Niger. Je vous en remercie tous du fond du<br />
cœur et j'y vois-là, sous certains aspects, la<br />
volonté de notre parlement de s'inscrire dans<br />
une dynamique constructive dans l'intérêt<br />
bien compris du peuple nigérien. Je voudrais<br />
vous rassurer tous sur ma totale ouverture<br />
d'esprit, ainsi que de ma disponibilité permanente<br />
à œuvrer, ensemble avec vous, dans<br />
l'intérêt de notre Institution, à la concrétisation<br />
des objectifs de la Nation, sans discrimination<br />
ni ostracisme d'aucune sorte. Je réaffirme<br />
donc devant vous ici, et du haut de cette tribune,<br />
mon engagement à<br />
servir notre honorable<br />
Institution loyalement et du<br />
mieux de mes capacités,<br />
pour mériter entièrement<br />
la confiance que vous<br />
venez de m'accorder. Je<br />
voudrais aussi, même si<br />
cela parait tardif, féliciter<br />
chaleureusement chacun<br />
et chacune d'entre vous<br />
pour avoir été élu par le<br />
peuple nigérien afin de le<br />
représenter en ce lieu<br />
prestigieux, pour à la fois<br />
faire les lois et contrôler<br />
l'action gouvernementale<br />
en son nom.<br />
Mes Chers Collègues, Je<br />
vous souhaite donc la<br />
bienvenue à tous, en<br />
espérant que cette expérience<br />
parlementaire que nous allons vivre<br />
ensemble au cours des cinq prochaines<br />
années, Inchallah, nous aidera à mieux<br />
connaître les arcanes du pouvoir législatif tout<br />
en contribuant à nous faire mieux appréhender<br />
les horizons souvent méconnus des exigences<br />
et des contraintes de la gestion de<br />
l'Etat auxquelles les gouvernements sont ordinairement<br />
confrontés. Cette expérience nous<br />
permettra aussi, je l'espère, de mesurer à suffisance,<br />
l'ampleur de la précarité et des incertitudes<br />
dans lesquelles vivent des Etats<br />
comme le Niger. Elle nous fera également<br />
prendre conscience, j'en suis sûr, du sens profond<br />
qui s'attache à la responsabilité des élus<br />
d'une Nation pauvre mais décidée à s'en sortir.<br />
En effet, notre pays peut s'en sortir. C'est<br />
mon intime conviction. Ce qui lui a manqué,<br />
sachons-le bien, c'est un peu plus d'ardeur au<br />
travail de la part de ses enfants, c'est du<br />
volontarisme, de l'amour propre, de la perspicacité<br />
et de l'ambition au niveau de ses élites.<br />
Et quand je parle des élites, je m'adresse en<br />
particulier à celle de la classe politique, à<br />
celles des intellectuels, des opérateurs économiques,<br />
des femmes et des jeunes. Mais<br />
nous sommes en tant que parlementaires,<br />
nous aussi concernés au premier plan, autant<br />
que le Pouvoir Exécutif vers lequel les regards<br />
se tournent habituellement lorsqu'on évoque<br />
la question de la responsabilité des dirigeants<br />
en matière de développement économique,<br />
social et culturel. Et parce que notre responsabilité<br />
est grande sous ce rapport, nous<br />
devons cesser d'encenser la démagogie<br />
populiste, si facile dans la bouche des<br />
hommes et des femmes politiques, car elle ne<br />
contribue ni à construire, ni à avancer.<br />
Cessons cela donc, parce qu'il s'agit ici d'aider<br />
le gouvernement à avancer vite et bien dans<br />
la bonne direction et parce que nous devons<br />
être des partenaires institutionnels utiles et<br />
positifs à tous égards pour le gouvernement.<br />
Notre responsabilité, j'en suis convaincu, n'est<br />
pas de compliquer les affaires par des attitudes<br />
tatillonnes et intransigeantes ou inutilement<br />
inquisitoires, mais de travailler fort et<br />
bien, pour donner à l'exécutif, dans les délais<br />
souhaités, les instruments légaux propres à<br />
favoriser la bonne conduite de son action.<br />
Honorables députés, Mesdames et<br />
Messieurs ! Parmi les devoirs qui nous<br />
incombent, nous avons aussi la responsabilité<br />
morale de ne jamais oublier les origines de la<br />
7ème République, comme nous ne devons<br />
pas oublier les déchirements que notre peuple<br />
a connus ces dernières années, ainsi que les<br />
douloureux sacrifices consentis afin de réaliser,<br />
dans l'unité et le consensus, l'enfantement<br />
de cette nouvelle République.<br />
Les épreuves que nous avons vécues,<br />
pénibles à tous égards, ont conduit à une transition<br />
militaire, puis à des élections générales<br />
au cours desquelles les Nigériens, dans leur<br />
grande majorité, et la classe politique en particulier,<br />
ont démontré leur maturité ainsi que<br />
M. Hama Amadou<br />
leur désir profond de vivre dans une démocratie<br />
véritable, apaisée et constructive. Une<br />
démocratie apte à garantir la stabilité, la sécurité,<br />
la paix et le bien-être sur le sol nigérien.<br />
Cette démocratie et cette nouvelle<br />
République, il nous appartient de les consolider<br />
et de les pérenniser. Et comme chacun de<br />
vous, je reste persuadé que c'est en internalisant<br />
et en observant strictement au quotidien<br />
les principes et les règles de la démocratie<br />
que nous renforcerons finalement l'unité indispensable<br />
de notre peuple. Par ailleurs, notre<br />
Assemblée doit partir du postulat que sa responsabilité<br />
politique aujourd'hui est de donner,<br />
en toutes circonstances, le bon exemple.<br />
Le bon exemple en ce qui concerne l'usage<br />
que nous ferons de la Constitution, le bon<br />
exemple s'agissant du respect des règles<br />
contraignantes de la bonne gouvernance. Si<br />
nous sommes et demeurons loyaux aux dispositions<br />
pertinentes de la Constitution, y<br />
compris les moins favorables à notre confort<br />
intellectuel et matériel, si nous nous en tenons<br />
à ses prescriptions sans rien vouloir y changer<br />
et si, enfin, nous avons la pleine conscience<br />
du sens de la confiance de ceux qui nous ont<br />
élus pour les représenter en cette auguste<br />
Assemblée, alors, je suis convaincu que notre<br />
Parlement saura mériter le respect de nos<br />
concitoyens. Car, il faut le dire, l'Assemblée<br />
nationale, autant que les députés eux-mêmes,<br />
ont grandement besoin de réhabiliter leur<br />
image aux yeux des Nigériens. La stigmatisation<br />
vécue par les parlementaires d'hier,<br />
même si elle n'était pas totalement méritée, a<br />
partiellement dégradé leur crédit dans l'esprit<br />
de nombre de nos concitoyens. Cela signifie<br />
pour nous, députés de la 7 ème République,<br />
l'obligation d'agir et de nous comporter autrement,<br />
en nous évertuant à nous imposer une<br />
discipline et un exercice constant du bon<br />
exemple, tant dans le respect scrupuleux des<br />
lois de la République, que dans la mise en<br />
œuvre des règles de bonne gouvernance<br />
dans la gestion de notre Institution. Je sais<br />
que vous m'avez tous bien compris, et que je<br />
peux compter sur votre engagement politique<br />
aux côtés du Président de la République, Son<br />
Excellence Mahamadou Issoufou. Quant à<br />
l'opposition, une telle attitude lui est d'autant<br />
plus facile que sa vocation et sa vigilance doivent<br />
précisément contraindre la majorité à<br />
œuvrer dans le respect des textes et la transparence<br />
dans la gestion des affaires<br />
publiques. Pour les uns comme pour les<br />
autres, je voudrais rappeler ici que c'est par la<br />
rigueur de notre travail, c'est par notre assiduité<br />
et notre ardeur au labeur, que nous servirons<br />
au mieux les intérêts du Niger, ce qui<br />
doit être notre seule et unique préoccupation<br />
au cours des cinq prochaines années. Oui !<br />
Mes chers collègues, il nous faut être assidus,<br />
tant dans nos travaux en plénière que<br />
dans nos commissions permanentes, afin d'éviter<br />
de donner à nos compatriotes le spectacle<br />
navrant d'un hémicycle très souvent à<br />
moitié vide. Le peuple nigérien nous a élus sur<br />
des exigences et des attentes légitimes que<br />
Ado Youssouf/ONEP<br />
nous devons respecter. Soyons donc dignes<br />
de la confiance qu'il a placée en nous!<br />
Monsieur le Premier ministre,<br />
Honorables députés, mesdames et messieurs,<br />
J'évoquais tantôt, la lutte constante, les<br />
dures épreuves et les sacrifices consentis<br />
par le peuple nigérien pour la sauvegarde<br />
de notre système démocratique. En ce<br />
moment historique où nous amorçons un<br />
nouveau départ pour le Niger, mes pensées<br />
se tournent vers ceux de nos compatriotes<br />
qui ont payé de leur vie le noble engagement<br />
de la défense des principes et des<br />
valeurs de la démocratie. Ce faisant, je<br />
pense notamment à notre frère aîné, feu le<br />
Président Fondateur de l'ANDP Zaman Lafiya,<br />
ancien Président de l'Assemblée nationale,<br />
Monsieur Moumouni Adamou DJERMA-<br />
KOYE, tombé au champ d'honneur de la<br />
démocratie. En leur mémoire à tous et au nom<br />
du peuple nigérien réconcilié avec lui-même,<br />
je vous demande d'observer une minute de<br />
silence ! ... Merci... Veillons donc que plus<br />
jamais, ne se reproduisent, sous aucun prétexte,<br />
les égarements d'hier qui furent à la<br />
base des tourmentes endurées au cours de<br />
ces dernières années par le peuple nigérien.<br />
Au plan international, nous assistons, comme<br />
vous le savez, à de graves événements qui<br />
interpellent notre vigilance, en Afrique du Nord<br />
comme dans la sous-région ouest-africaine.<br />
Ces événements ont notamment pour conséquence,<br />
l'afflux au pays d'un grand nombre de<br />
nos compatriotes qui se trouvent de ce fait<br />
déplacés dans la précarité, l'urgence et le<br />
danger. Dans le même temps, les risques<br />
d'une dissémination d'armes et d'engins de<br />
guerre planent sur notre espace sahélo-saharien,<br />
et si nous n'y prenons garde, notre pays<br />
risque de faire face de nouveau à une menace<br />
réelle, à la fois pour notre sécurité et notre<br />
cohésion nationale.<br />
Face à cette menace susceptible de mettre en<br />
cause la sécurité, la paix, ainsi que les efforts<br />
de développement qu'envisage d'engager très<br />
rapidement le prochain gouvernement, le<br />
Niger se doit d'anticiper en prenant les initiatives<br />
que les périls à venir commandent absolument.<br />
Dans cette démarche, toutes les institutions<br />
de la République et l'ensemble du<br />
peuple nigérien doivent faire preuve de solidarité<br />
active et de cohésion politique, afin de<br />
prodiguer à nos compatriotes concernés l'aide<br />
dont ils ont besoin, et assurer à notre pays la<br />
sécurité indispensable à son développement.<br />
Dans le même esprit, il nous faut consolider<br />
les Accords de paix signés par les précédents<br />
gouvernements, afin de réconcilier définitivement<br />
les Nigériens entre eux et notamment<br />
avec ceux dont la bonne volonté et le nationalisme<br />
ont permis de mettre fin aux disputes<br />
d'hier, qui ont mortellement secoué les<br />
régions nord de notre patrie.<br />
Monsieur le Premier ministre, honorables<br />
députés, mesdames et messieurs !<br />
Avant de procéder à la clôture de cette session,<br />
je voudrais vous annoncer la convocation,<br />
pour demain, de la première session<br />
ordinaire de l'Assemblée nationale. A l'occasion<br />
de ladite session, nous aurons à faire<br />
droit à la mise en œuvre de l'article 74 de la<br />
Constitution relative à la prestation de serment<br />
du Premier ministre et à élaborer certains<br />
instruments juridiques dont le gouvernement<br />
a besoin pour conduire son action.<br />
Encore une fois, j'adresse mes sincères<br />
remerciements et mes sentiments de gratitude<br />
ineffable à chacun de vous, pour la<br />
confiance dont vous m'avez honoré. Je m'efforcerai,<br />
je le promets, d'être digne de cette<br />
confiance. L'intérêt de notre pays l'exige, l'éthique<br />
de notre mission le commande. Sur ce,<br />
je déclare close la première session extraordinaire<br />
de l'Assemblée nationale !.<br />
Page 6 22 avril 2011 <strong>Sahel</strong> <strong>Dimanche</strong>