43 ｜2013 봄호 - 프랑스문화예술학회

182 ❚ 2013 프랑스문화예술연구 제43집
système tonal dont le développement mélodique est orienté vers un
but expressif précis ayant, pour ainsi dire, un début et une fin,
l’ornementation modale ne suppose aucune fin puisque son
déploiement se fait sur des variations hétérogènes et asymétriques
ayant pour condition une dynamique de l’écart interne 25) . Nous
pourrions presque parler d’abstraction nomade comme le suggère
Deleuze avec l’exemple des entrelacs 26) . Aussi, le parallèle fait dans
le chapitre « Le lisse et le strié » de Mille plateaux avec les arts
ornementaux est instructif – auquel s’ajoute toutefois du point de
vue musical une conception du temps différente – car la question de
l’intensité et de la ligne abstraite sont similairement caractéristiques de
la musique atonale et sérielle ou de l’abstraction picturale qui se sont
développées au cours du 20 ème siècle.
On l’aura compris, il apparaît que la question centrale de la
philosophie de la différence exposée dans Différence et répétition
comme dans de nombreuses pages de Mille plateaux, est celle du
rapport matière/forme (ou question dite de l’hylémorphisme). C’est
précisément l’une des grandes thématiques de « De la ritournelle »,
chapitre de Mille plateaux évoqué précédemment. Via notamment la
musique, Gilles Deleuze caractérise ce qu’il nomme un âge classique,
un âge romantique et un âge moderne de l’expression artistique. Leur
distinction ne se fait nullement d’un point de vue linéaire comme le
mot âge le laisserait entendre puisqu’ici ‘âge’ ne marque pas une
évolution mais des « seuils de perception, (…) seuils de discernabilité,
25) Sur ce point voir la question de la « différence interne » et de la dynamique
asymétrique qui en résulte dans Différence et répétition, p. 32
26) Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux, Minuit, 1980, p. 621. Pour une
définition éclairante de l’entrelacs, voir Taro Okamoto, L’esthétique et le sacré,
Seghers, 1976, p. 184.