43 ｜2013 봄호 - 프랑스문화예술학회

Modulations & ornements ❚ 179
2. Economie modale et ornementation
C’est en grande partie à cet endroit que l’économie modale propre à
cette musique s’oppose à celle représentative ou classique dont
l’articulation correspond à un jeu de contrastes entre différentes formes
aux identités de type « molaires ». Comme nous l’avons précédemment
évoqué, la première trouve son effectivité dans une différenciation
d’intensité et une dimension performative qui aboutit à des singularités
; jamais vraiment le même chant ou la même interprétation proposée
tandis que l’autre vise davantage à la constitution de tableaux,
d’ensembles harmoniques ou séquences narratives dont les oppositions
ou contrastes sont de nature dialectique. Le point de divergence se situe
dans la différence que Gilles Deleuze pointe en permanence entre effets
et conditions et qui forme le point d’achoppement entre une pensée
de la représentation (différenciation négative) et une pensée
différentielle modale expressive : « L’opposition, la ressemblance,
l’identité et même l’analogie, écrit-il, ne sont que des effets produits par
ces présentations de la différence, au lieu d’être les conditions qui se
subordonnent la différence et en font quelque chose de représenté. 19) »
Le déploiement modal possède une distribution spécifique du fait
qu’elle est ouverte aux micro-écarts qui sont eux-mêmes l’occasion de
variations relevant de l’art de l’improvisation. Nous avons donc ainsi
une série de bifurcations voire de disséminations saisies aux
circonstances du moment ce qui, dans un langage musical, correspond
à ce qui s’appelle un tempérament inégal, des écarts de ton et autres
variations d’échelle caractéristiques du chant monodique ou polyphonique
19) Ibid. p. 189.