43 ｜2013 봄호 - 프랑스문화예술학회

178 ❚ 2013 프랑스문화예술연구 제43집
la mélodie grégorienne a autant de modes différents qu’il y a de
notes dans la gamme, chaque note de l’échelle mélodique pouvant
servir de point de départ à une nouvelle gamme ; la gamme restant
toujours diatonique, il en résulte que la place des tons et des
demi-tons par rapport à la tonique se trouve à chaque fois modifiée,
selon le point de départ adopté. 16) »
Avec cette description nous parvenons à l’idée d’une musique sans
centre et où la différence rythmique voire micro-rythmique 17) est
interne et ouverte aux variations, ce sont des séries de différences ou
discontinuités qui s’agencent le long d’un ordre dynamique
ornementé, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un mouvement de différenciations
intra-musicales qui n’est pas arrêté à des identités précises. Là, se
trouve le nœud de divergence entre distinction formelle et distinction
modale. Comme nous le verrons plus loin, une distinction modale
correspond à la reconnaissance d’une individuation en deçà de la
distinction usuelle forme/matière. En d’autres termes, contrairement à
une différence posée entre, par exemple, des formes arrêtées venant
comme régenter une matière musicale disponible, pour décrire les
musiques modales nous devons faire usage d’une logique où, écrit
Deleuze d’un point de vue ontologique, « la différence individuante
précède dans l’être les différences génériques. 18) »
16) Dom Gajard, cité par Nobert Dufourcq, Petite histoire de la musique, Larousse,
1987, p. 16.
17) Il faut renvoyer ici à la différence infinitésimale mise en avant par Gabriel Tarde,
une des principales clefs de la philosophie de la différence de Gilles Deleuze.
Voir, Gabriel Tarde, Monadologie et sociologie, Institut Synthélabo, 1999, p.
72-73.
18) Gilles Deleuze, Différence et répétition, Op.cit., p. 57. (Je souligne).