43 ｜2013 봄호 - 프랑스문화예술학회

Modulations & ornements ❚ 175
accepter que les variations à l’intérieur d’une seule gamme et ne plus
être en mesure d’entendre ni les variations modales ni les variations
atonales. C’est donc de ce processus d’exclusion que cette hiérarchisation
engendre qu’il s’agit de se défier puisque l’habitude, créant au final des
priorités dans l’écoute, finit par engendrer une raréfaction 9) .
C’est par conséquent de manière significative, au travers d’un
examen des questions linguistiques, que Deleuze lui-même prend
comme référence la musique et puise dans son vocabulaire pour
promouvoir ce qu’il appelle une « linguistique chromatique » : « La
linguistique en général n’a pas encore quitté une espèce de mode
majeur, une sorte d’échelle diatonique, un étrange goût pour les
dominantes, les constantes et les universaux. Pendant ce temps-là,
toutes les langues sont en variation continue immanente : ni
synchronie ni diachronie, mais asynchronie, chromatisme comme état
variable et continu de la langue. » 10) Partant, c’est bien dans un
contexte plus large qu’il faut entamer cette enquête en mobilisant les
différents outils de l’esthétique. Nous allons donc privilégier deux
axes : l’aspect modal et la problématique de l’ornementation. Ce qui
en langage musical correspond à la modulation et à l’ornement ; deux
aspects qui ne sont autres que les deux caractéristiques majeures de la
musique modale.
Toutefois, parler de la musique modale au regard d’une
philosophie de la différence oblige à se poser la question de savoir
de quelle différence nous parlons et selon quel rythme ? En d’autres
9) Pour ce qui est de la littérature, on se reportera aux célèbres analyses de Roland
Barthes quant à l’économie du langage classique dans Le degré zéro de
l’écriture, Seuil, 1972.
10) Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux, Op.cit., p. 123.