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Soleo 27 - Agence Europe-Education-Formation France

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So<br />

Magazine<br />

leo<br />

Magazine de l'<strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong> <strong>France</strong><br />

Juin 2011<br />

N°<strong>27</strong><br />

SAINT PIERRE-ET-MIQUELON<br />

FRANCE MÉTROPOLITAINE<br />

POLYNÉSIE FRANÇAISE<br />

SAINT MARTIN<br />

SAINT BARTHÉLÉMY<br />

GUADELOUPE<br />

MARTINIQUE<br />

GUYANE<br />

MAYOTTE<br />

LA RÉUNION<br />

WALLIS ET FUTUNA<br />

NOUVELLE CALÉDONIE<br />

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES<br />

Outre-mer<br />

2011 - ANNÉE DES<br />

<strong>Agence</strong> de la mobilité internationale et européenne<br />

2e 2f.fr


Sommaire<br />

03<br />

04<br />

EDITO<br />

Antoine Godbert, directeur<br />

<strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong>-<strong>France</strong><br />

ZOOM<br />

Attractivité internationale des universités françaises<br />

05 Sommet mondial 2011 des universités :<br />

recommandations des Présidents en matière de mobilité<br />

06<br />

07<br />

08<br />

08<br />

09<br />

10<br />

11<br />

12<br />

14<br />

Les étudiants souhaitent la création d’un Erasmus mondial<br />

Et pourquoi pas un Erasmus pour tous ? Emmanuelle Gardan<br />

Universités françaises : les stratégies les plus payantes<br />

à l’international. Points de vue de hauts responsables<br />

Patrick Hetzel<br />

Louis Vogel<br />

Sonia Dubourg-Lavroff<br />

Antoine Godbert<br />

Belgrade : Le programme Tempus fête ses 20 ans.<br />

Quitterie Gadret<br />

Dans les coulisses de l’<strong>Agence</strong> nationale<br />

Le contrôle des projets européens permet le rapprochement<br />

avec les bénéficiaires. Marie-José Biondini<br />

16<br />

20<br />

30<br />

PLUS D’EUROPE ET D’INTERNATIONAL<br />

16 Portrait : Comenius : « Le Galilée de l’éducation ».<br />

Marie Chatardovà, Ambassadeur de la République<br />

Tchèque en <strong>France</strong><br />

18<br />

Le Prix de l’éducation à l’<strong>Europe</strong> de la Fondation<br />

Hippocrène. Michèle Guyot-Rose<br />

DOSSIER SPÉCIAL<br />

« 2011 – ANNÉE DES OUTRE-MER »<br />

21 22 Martinique : l’exigence de l’ouverture à l’international.<br />

André Siganos. Laurent Prévost<br />

23 Un marathon Comenius de 40 000 kms. Max Steph<br />

24 Guadeloupe : « Absentéisme zéro ». Julie Elbourg<br />

25 La Réunion : île métisse et européenne. Chantal Manes<br />

26 Les Overseas britanniques dans le programme EFTLV.<br />

Kursat Levent Egriboz<br />

<strong>27</strong> Nouvelle Calédonie. Energies du futur et citoyenneté<br />

scolaire. Françoise Rouam<br />

28<br />

Martinique. Du bon emploi de Comenius et d’Erasmus.<br />

Christine Delphin<br />

BREVES<br />

© Couverture : Shutterstock Images<br />

Ecrivez à <strong>Soleo</strong> !<br />

soleo@2e2f.fr


Edito<br />

N°<br />

<strong>27</strong><br />

JUIN 2011<br />

figure d'avant-garde dans cette connaissance. En cette année nationale<br />

de l'Outre-Mer , <strong>Soleo</strong> a donc voulu mettre en lumière une<br />

évidence encore trop peu connue : les programmes d'<strong>Education</strong> et<br />

<strong>Formation</strong> Tout au Long de la Vie (EFTL V) peuvent aussi remplir leur<br />

mission très loin de Bruxelles, comme vous allez le découvrir dans le<br />

dossier central de ce numéro <strong>27</strong>.<br />

L'<strong>Europe</strong> est un continent étrange. Il a, depuis deux siècles<br />

et demi, réussi à prendre une importance au niveau mondial, en<br />

inadéquation avec sa démographie. Beaucoup chez nous prophétise<br />

son déclin et, pourtant, plusieurs experts américains n’hésitent pas<br />

à affi rmer que le 21 ème siècle sera tout autant européen que chinois.<br />

Et cela grâce à la capacité économique et technologique des Etats<br />

membres, mais aussi parce que l'<strong>Europe</strong> communautaire constitue<br />

une exception politique qui va continuer longtemps à intriguer le<br />

monde.<br />

Parmi les sujets qui maintiennent la fascination mondiale pour l’«exception<br />

européenne», la défense déterminée des valeurs à vocation<br />

universelle qui ont construit la démocratie – régime désormais quasi<br />

exclusif sur le continent à la triste exception biélorusse exceptée –<br />

figure en place dominante. Mais on y trouve aussi la capacité à penser<br />

le monde, une capacité certes partagée avec les Etats-Unis et sans<br />

doute bientôt la Chine, et qui demeure bon an mal an en Russie, mais<br />

qui est encore trop balbutiante dans les nouveaux pôles émergents,<br />

en Inde, au Mexique, en Indonésie, en Iran ou au Brésil.<br />

Or, pour être en mesure de penser le monde, il importe d’abord de<br />

bien le connaître. Jusque dans ses confi ns les plus reculés. Jusque<br />

dans ses contrastes les plus saisissants. Jusque dans ses diversités les<br />

plus prometteuses.<br />

Les habitants des régions Ultra Périphériques (RUP), ces collectivités<br />

d'Outre-Mer qui permettent à l'Union européenne d'être présente au<br />

cœur de pratiquement tous les grands espaces de la planète, font<br />

© Photo : Sophie Pawlak<br />

Sur un plan plus général, plus la mobilité internationale des personnes<br />

en formation est intense, plus fi ne pourra être la connaissance du<br />

monde. C'est pourquoi l'<strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong> <strong>France</strong><br />

(2e2f), à l'instar de nombre de ses homologues parmi les 33 Etats qui<br />

participent à EFTL V, souhaite pouvoir également prendre en charge<br />

des programmes de mobilité sortante bi ou multilatéraux, au-delà de<br />

ses programmes communautaires traditionnels. Ils doivent permettre<br />

d'intensifier les relations au monde, pour les plus jeunes d'abord,<br />

mais aussi pour toutes les générations.<br />

La période est propice pour réfl échir à une telle évolution. Le 4 ème<br />

Sommet mondial des universités organisé par la Conférence des Présidents<br />

d’Université (CPU) dans le cadre de la présidence Française<br />

du G8-G20 et le séminaire conjoint DREIC-CPU-<strong>Agence</strong>2e2f à Bordeaux<br />

ont rappelé l’importance d’envisager un renouveau quantitatif<br />

et qualitatif des mobilités pour gagner la bataille de l’attractivité<br />

de long terme pour les étudiants. Plus que jamais les opérateurs de<br />

mobilité sortante et entrante doivent être mobilisés dans ce but. Plus<br />

récemment, un rapport remis à la Ministre de l'Enseignement Supérieur<br />

et de la Recherche et en grande partie rédigé par l'<strong>Agence</strong> a mis<br />

en avant la nécessité d’installer 2e2f au cœur des problématiques de<br />

guichet unique de mobilité pour tous les publics. Ces constats sont<br />

un début.<br />

La force de l’<strong>Europe</strong> à l’échelle mondiale viendra de sa capacité à être<br />

au centre des échanges de la société de la connaissance. La force de<br />

la <strong>France</strong> au sein de l'Union européenne viendra de son effi cacité à<br />

être attractive pour des personnes mobiles venues du monde entier<br />

– et, pas uniquement, des étudiants –, mais aussi des possibilités<br />

offertes aux Français de tenter une aventure académique ou professionnelle<br />

hors de nos frontières.<br />

En affi rmant sa position de leader comme opérateur national de<br />

mobilité sortante dans le domaine de la formation, l'<strong>Agence</strong> 2e2f est<br />

prête à assumer ces nouveaux défi s. Il n'y a rien de plus enthousiasmant<br />

que d'aider à maintenir l’exception européenne, quand elle<br />

aide à s’inscrire au monde et à mieux le découvrir. « L’univers est une<br />

espèce de livre dont on n’a lu que la première page quand on n’a vu<br />

que son pays » aimait à rappeler Paul Morand. Nous n’avons donc pas<br />

encore lu tous les livres. Mais l’été peut permettre de rattraper un peu<br />

de retard. Bon été, donc, de lecture mondiale.<br />

Antoine GODBERT<br />

Directeur <strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong>-<strong>France</strong>


<strong>Soleo</strong> ZOOM<br />

Attractivité<br />

INTERNATIONALE DES UNIVERSITÉS FRANÇAISES<br />

En cette année de présidence française du G8-G20, l’attractivité internationale<br />

ème<br />

des universités est au centre des préoccupations. Le 4 Sommet mondial<br />

des universités organisé en mai dernier à Paris l’a rappelé lui aussi, en posant<br />

la question du « développement durable et de la société de la connaissance.<br />

Quelle structuration et coopération pour les universités du 21 ème siècle » ?<br />

Devant des présidents et des recteurs venus de 40 pays du monde,<br />

Valérie Pécresse , ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche,<br />

a souligné que « jamais les idées n’ont circulé aussi vite ; jamais les enseignants-chercheurs<br />

n’ont été aussi mobiles ; jamais les étudiants n’ont été aussi<br />

nombreux à choisir de se former dans une autre nation que la leur ».<br />

Du point de vue des établissements français, les stratégies les plus payantes à<br />

l’international sont donc au centre du débat. Elles ont constitué le cœur du séminaire<br />

conjoint CPU-Dreic-<strong>Agence</strong> 2e2f, des 30 juin et 1 juillet, à Bordeaux, et<br />

er<br />

seront essentielles à l’évolution des programmes Erasmus et Tempus.<br />

Dans ce numéro, quatre hauts responsables de l’enseignement supérieur français donnent leur<br />

point de vue (p.8).<br />

Université de Franche-Comté. Sommet mondial des universités, Dijon, 5, 6, 7 mai 2011<br />

© Université de <strong>France</strong> Comté - <strong>France</strong><br />

4


ZOOM <strong>Soleo</strong><br />

SOMMET MONDIAL<br />

DES UNIVERSITÉS 2011<br />

© www.focale.info_Thomas_Hazebrouck<br />

RECOMMANDATIONS DES PRÉSIDENTS, RECTEURS<br />

ET VICE-CHANCELIERS D’UNIVERSITÉ DANS LE<br />

DOMAINE DE LA MOBILITÉ INTERNATIONALE DES<br />

ÉTUDIANTS ET DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS :<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

- Les universités et les gouvernements devraient tous deux concevoir la mobilité<br />

comme une part intrinsèque des stratégies internationales, non comme<br />

une simple preuve de leur internationalisation.<br />

- Les universités et les gouvernements devraient viser un équilibre entre mobilités<br />

entrantes et sortantes, et ne pas promouvoir uniquement la mobilité à<br />

destination des étudiants et enseignants-chercheurs mais également celle des<br />

autres catégories de personnels.<br />

- Les universités et les gouvernements doivent imaginer et développer de nouveaux<br />

modèles de mobilité, comprenant différentes formes d’échanges basées<br />

sur l’excellence, la compétence et les affinités mutuelles.<br />

- Les universités doivent poursuivre leurs efforts pour rendre la mobilité plus<br />

attractive en mettant en œuvre des cursus dédiés, un environnement linguistique<br />

approprié, des services d’information, services aux étudiants et une<br />

aide fi nancière spécifiques, de même qu’en facilitant le transfert des crédits<br />

d’enseignement.<br />

- Les universités et les gouvernements devraient mettre en place des indicateurs<br />

de réussite appropriés, comprenant notamment le nombre d’étudiants,<br />

d’enseignants-chercheurs et de personnels entrants et sortants, une mesure<br />

de la satisfaction et de la qualité des expériences de mobilité, et de leur<br />

contribution à l’évolution des carrières individuelles.<br />

http://www.university-summit2011.org<br />

http://www.cpu.fr/Besancon_Dijon_2011.1249.0.html<br />

5


<strong>Soleo</strong> ZOOM<br />

© Université de <strong>France</strong> Comté - <strong>France</strong><br />

SOMMET MONDIAL<br />

DES UNIVERSITÉS 2011<br />

LES ÉTUDIANTS VOUDRAIENT VOIR S’ÉLARGIR<br />

L’EUROPE DE LA MOBILITÉ<br />

« Nous souhaitons voir la création d’un programme d’échanges mondial comme le programme Erasmus ».<br />

Cette proposition ambitieuse émane des débats du Sommet étudiant qui s’est tenu à Besançon, lors<br />

de la première partie du Sommet mondial des universités. Elle a été présentée aux présidents d’universités,<br />

le 6 mai à Paris.<br />

Voici un extrait des recommandations de cette délégation d’étudiants en faveur de la mobilité internationale :<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

8<br />

9<br />

- Nous devons préparer les étudiants à un environnement et une économie mondialisés, avec une mobilité<br />

à la fois des étudiants et des enseignants.<br />

- Nous devrions encourager la coopération entre les universités à l’échelle mondiale dans les pays développés<br />

et les pays en voie de développement.<br />

- Nous devrions travailler à promouvoir et fi nancer la mobilité universitaire. Cela suppose de solutionner<br />

les complications administratives du type obtention de visas, de même que la diversité socio-économique<br />

des personnes étudiant à l’étranger avec l’implication et l’aide des gouvernements et institutions sociales.<br />

- Nous devons structurer les opportunités internationales afin qu’elles profitent à tous les pays impliqués et<br />

pas seulement aux étudiants à titre individuel.<br />

- Nous aimerions voir la création d’une base de données de tous les programmes disponibles pour les étudiants<br />

internationaux, complétée par des avis et témoignages d’anciens bénéficiaires.<br />

- Nous aimerions que tous les pays et universités apportent leur soutien aux étudiants se préparant à étudier<br />

à l’étranger de manière à ce que ceux-ci n’aient pas tout à prendre en charge seuls.<br />

- Conscients de la vulnérabilité des étudiants étrangers, nous aimerions que tous les gouvernements dégagent<br />

de l’argent pour fournir un soutien et des services de base aux étudiants internationaux.<br />

- Nous souhaiterions qu’une aide linguistique et des conseils soient disponibles pour tous les étudiants internationaux,<br />

avant, pendant et après leur séjour, pour les aider à s’adapter aux nouvelles cultures, situations<br />

universitaires et de vie courante, langues, avec les diffi cultés psychologiques et autres qui peuvent toucher<br />

les étudiants à l’étranger, de même qu’une aide particulière au profit des étudiants handicapés.<br />

- Nous souhaiterions que les universités coopèrent à la reconnaissance des diplômes.<br />

Texte intégral de la Déclaration :<br />

http://www.university-summit2011.org/besancon_page.php?page=14<br />

6


ZOOM <strong>Soleo</strong><br />

PROGRAMMES 2014-2020 : ET POURQUOI PAS UN<br />

Erasmus pour tous ?<br />

La Commission européenne vient de publier l’évaluation intermédiaire<br />

du programme <strong>Education</strong> et <strong>Formation</strong> tout au long de la vie (EFTL V)<br />

pour la période 2007-2009 . La préparation de la future génération de<br />

programmes 2014-2020 bat également son plein depuis déjà plusieurs<br />

mois. Une proposition ambitieuse est attendue pour la fi n de l’année.<br />

L'agence 2e2f contribue activement à cette préparation.<br />

Jan Truszczynski, Directeur Général<br />

pour l’<strong>Education</strong> et la Culture à la Commission<br />

européenne,<br />

Antoine Godbert, directeur <strong>Agence</strong><br />

<strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong> <strong>France</strong>.<br />

Séminaire européen Comenius Regio.<br />

Bordeaux, 11 et 12 mai 2011<br />

© Photo : Sophie Pawlak<br />

EElle a accueilli à Bordeaux Jan Truszczynski, le directeur<br />

général pour l’<strong>Education</strong> et la Culture, une<br />

rencontre qui fut l’occasion pour Antoine Godbert<br />

de transmettre à la Commission européenne les<br />

recommandations de notre agence pour la préparation<br />

du nouveau programme 2014-2020.<br />

Davantage de transversalité<br />

Le programme EFTL V 200 7-2013 est le premier<br />

programme intégré de l’histoire de la politique européenne<br />

d’éducation et de formation. Il faut toutefois<br />

aller plus loin. Beaucoup plus loin. Les sousactions,<br />

et donc les projets fi nancés, restent encore<br />

très cloisonnés en termes de publics-cibles et<br />

de contextes d’apprentissage : les étudiants dans<br />

http://ec.europa.<br />

eu/dgs/education_<br />

culture/evalreports/<br />

education/2011/<br />

llpsum_fr.pdf<br />

Erasmus, les adultes dans Grundtvig, etc. L ’idéal<br />

d’éducation et la formation tout au long de la vie<br />

doit donc s’imposer de manière plus concrète dans<br />

le futur programme. Cela commence dès maintenant,<br />

avec la réfl exion en cours sur 2014-2020. Il<br />

faut dépasser la logique actuelle de séparation des<br />

publics et penser l’avenir de manière résolument<br />

transversale.<br />

Un nom plus fédérateur<br />

D’ici la fi n de l’année, la Commission européenne<br />

présentera sa proposition de décision établissant<br />

un nouveau programme. L’enjeu de son appellation<br />

n’est pas des moindres. Nous avons besoin d’un<br />

nom générique facilement assimilable, plus fédérateur<br />

que l’actuel « EFTLV » (ou « LLP » en anglais),<br />

pour incarner un programme qui compte parmi les<br />

réalisations les plus positives de la construction<br />

européenne. Et pourquoi pas Erasmus ? Ce sousprogramme,<br />

qui fêtera l’an prochain ses 25 ans,<br />

peut compter sur un nombre signifi ant d’ambassadeurs.<br />

Car il est, et de très loin, le programme<br />

le plus connu du grand public. Mettre en œuvre<br />

une famille de programmes sous le label Erasmus<br />

plutôt que de multiplier les sous-programmes,<br />

permettrait d'être fi dèle à une succès-story tout<br />

en envisageant un avenir positif.<br />

Une politique de contrôles plus rationnelle<br />

Autre ligne défendue par l’agence : la rationalisation<br />

des contrôles*. Si l’on veut que le futur programme<br />

reste attractif pour tous, et en particulier<br />

pour les petites structures, la valeur ajoutée de la<br />

coopération européenne, le développement personnel<br />

et l’amélioration des pratiques professionnelles<br />

doivent impérativement primer sur le temps<br />

consacré aux contrôles. Ceux-ci devraient donc<br />

être à l’avenir modulés en fonction de la taille et<br />

de l’importance des projets. Des seuils de déclenchement<br />

clairs et transparents devraient être établis.<br />

La <strong>France</strong> est le deuxième bénéfi ciaire de ces<br />

programmes en termes de fi nancements, derrière<br />

l’Allemagne et devant l’Italie. Elle reçoit une enveloppe<br />

de près de 95 millions d’euros de crédits<br />

d’intervention pour l’année 2011 <br />

Emmanuelle Gardan<br />

Responsable de la Mission Prospective<br />

<strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong> <strong>France</strong><br />

* Voir en page 16 l'article sur le contrôle des projets par l'agence 2e2f<br />

7


<strong>Soleo</strong> ZOOM<br />

PATRICK HETZEL<br />

Quelles sont les stratégies<br />

les plus payantes à l'international<br />

pour les universités ?<br />

«<br />

Construire sa<br />

marque pour<br />

gagner en<br />

attractivité à<br />

l’international<br />

«<br />

PPatrick HETZEL<br />

Directeur général<br />

pour l'enseignement<br />

supérieur et l'insertion<br />

professionnelle<br />

Lorsque l’on cherche un cap, une orientation en matière de<br />

politique publique, la loi est une source d’inspiration très légitime.<br />

Avec l’article 1 de la LRU (Libertés et responsabilités des<br />

universités) du 1 0 août 200 7, 6 missions sont confi ées aux<br />

universités dont 2 concernant la dimension européenne et<br />

internationale : la coopération internationale et la participation<br />

à la construction de l’espace européen de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche. Cela veut dire que nous avons<br />

un modèle européen à défendre et à valoriser.<br />

La stratégie européenne et internationale d’un établissement<br />

est nécessairement au cœur de son projet de développement.<br />

L’international ne doit pas être un ajout, un supplément d’âme,<br />

un simple service ou département universitaire l’international<br />

:<br />

doit être pensé et construit comme consubstantiel à l’activité<br />

d’enseignement supérieur et de recherche. L ’international<br />

doit donner lieu à une réfl exion de nature à la fois politique<br />

et stratégique.<br />

Cela nécessite d’identifi er les leviers stratégiques pour améliorer<br />

le positionnement international des universités françaises.<br />

Se positionner , c’est à la fois occuper un terrain, un<br />

espace et c’est faire le nécessaire pour que ce soit visible et<br />

lisible.<br />

De ce fait, le premier levier de changement stratégique c’est<br />

celui qui consiste à se préoccuper de la culture interne de nos<br />

organisations universitaires. L’international doit être « porté »<br />

politiquement dans les universités. Cela ne peut être l’affaire<br />

de quelques-uns, mais doit être l’affaire de tous : équipes<br />

présidentielles, personnels et étudiants.<br />

Le deuxième levier pour améliorer le positionnement de nos<br />

universités françaises, c’est d’avoir une stratégie de « marquage<br />

», une « bannière » qui fait sens et sur laquelle il est<br />

possible de capitaliser . Cela peut se faire autour d’un site :<br />

« Université de Strasbourg », « Université de Lyon » ; d’un lieu<br />

mythique comme « La Sorbonne » que tout le monde revendique<br />

ou d’un mix intelligent entre un référent substantiel et<br />

d’un lieu, « Paristech » par exemple.<br />

Le troisième levier c’est de se fixer des objectifs précis et donc<br />

de rentrer dans une démarche de ciblage. Faire de l’international<br />

« tout azimut » n’a pas de sens. Il faut concentrer ses<br />

actions et ses messages sur des zones ou des thématiques<br />

prioritaires. Ce qui compte, ce ne sont pas tant la quantité des<br />

échanges que leur qualité.<br />

C’est en conjuguant ces leviers qu’un établissement assure sa<br />

modernisation, qu’il construit sa marque et gagne en attractivité<br />

à l’international. <br />

8


«<br />

Améliorer la qualité de<br />

nos missions, témoigner<br />

d’une approche<br />

cohérente découlant<br />

de la stratégie politique<br />

d’ensemble de<br />

l’établissement<br />

«<br />

LOUIS VOGEL<br />

ZOOM <strong>Soleo</strong><br />

VLouis VOGEL<br />

Président de la Conférence<br />

des Présidents d’université<br />

La mixité des équipes d’enseignants-chercheurs, celle des<br />

étudiants ; le nombre et la qualité des actions de coopération<br />

internationale, tant en formation qu’en recherche ; la<br />

visibilité des établissements au niveau international : voilà<br />

des éléments certainement « payants » pour l’attractivité de<br />

nos établissements ! Cette politique d’internationalisation est<br />

une partie incontournable de nos stratégies d’établissement,<br />

qui participe à l’amélioration de la qualité de nos missions.<br />

Ces différents éléments doivent, pour porter leurs fruits, être<br />

plus que la somme des activités et initiatives particulières,<br />

en témoignant d’une approche cohérente, découlant de la<br />

stratégie politique d’ensemble de l’établissement.<br />

Nos contrats, évalués par l’ AERES* tiennent d’ailleurs tout<br />

particulièrement compte du volet international et de nos<br />

stratégies dans ce domaine.<br />

En recherche, un établissement a intérêt à valoriser l’internationalisation<br />

de ses enseignants-chercheurs et chercheurs,<br />

gage de son attractivité. La mobilité entrante des<br />

chercheurs, lorsqu’elle s’inscrit dans le cadre des programmes<br />

européens, peut constituer en soi un indicateur positif d’évaluation<br />

puisqu’une participation à ces programmes extrêmement<br />

sélectifs est un gage de reconnaissance internationale<br />

dont tiennent compte les évaluations.<br />

Cette politique internationale d’établissement peut être caractérisée<br />

en amont par le montage de partenariats de recherche<br />

pérennes entre laboratoires, notamment par la création<br />

de laboratoires inter-établissements ou de contrats de<br />

coopération entre laboratoires français et étrangers de façon<br />

à favoriser les échanges des chercheurs en mobilité entrante<br />

ou sortante.<br />

La valorisation de ces coopérations passe également par une<br />

incitation aux publications communes entre laboratoires<br />

français et étrangers.<br />

En ce qui concerne les activités de formation , un établissement<br />

a intérêt à favoriser la codiplomation dès le niveau<br />

masters mais surtout au niveau doctoral, par la délivrance<br />

de double-diplômes, diplômes conjoints, cotutelles de thèse<br />

ou encore par la délocalisation de formations à l’étranger .<br />

La cotutelle de thèse est en soi un élément de compétitivité<br />

et d’excellence puisque la renommée d’un diplôme ou d’une<br />

filière est mesurable par la qualité des étudiants qui s’y inscrivent<br />

et constitue ainsi une base immédiate d’analyse comparée<br />

justifi ant de l’employabilité internationale du diplômé.<br />

L’internationalisation d’un établissement passe également<br />

par sa politique de formation interne et la promotion qu’il<br />

fait de cette « culture internationale », notamment vis-à-vis<br />

de ses personnels administratifs.<br />

Une université doit penser sa stratégie internationale<br />

d’établissement en fonction de son intégration sur un territoire<br />

et d’une mutualisation éventuelle de ses services internationaux<br />

en relation directe avec les autres acteurs, par<br />

exemple dans le cadre d’un PRES, ce qui donne un poids plus<br />

important à sa dynamique internationale. L ’harmonisation<br />

de la politique de l’établissement doit se faire en cohérence<br />

avec la politique de relations internationales des collectivités<br />

territoriales et des acteurs économiques, sociaux et culturels<br />

de son environnement. La représentation de l’université<br />

à l’étranger en sortira renforcée, cette approche coordonnée<br />

constituant un atout pour chacun.<br />

Une politique qualitative d’accueil des étudiants et des<br />

enseignants chercheurs peut aussi être un instrument extrêmement<br />

favorable de développement à l’international, par le<br />

biais d’outils comme la facilitation d’acquisition de logement,<br />

de l’obtention du visa, d’un numéro de compte bancaire,<br />

d’une assurance etc., à l’instar de ce que réalisent les centres<br />

d’accueil EURAXESS**.<br />

Les étudiants et les enseignants chercheurs - s’ils sont bien<br />

accueillis seront en effet les meilleurs ambassadeurs des établissements<br />

– et du pays- qui les ont accueillis <br />

* <strong>Agence</strong> d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur<br />

** Euraxess <strong>France</strong> est un réseau de plus de 20 centres localisés sur l’ensemble du territoire<br />

français pour apporter une aide personnalisée aux chercheurs ainsi qu’à leur<br />

famille à chaque étape de leur mobilité<br />

9


<strong>Soleo</strong> ZOOM<br />

SONIA DUBOURG-LAVROFF<br />

«<br />

Une stratégie<br />

« payante » est celle<br />

qui permet l’atteinte<br />

d’objectifs. Un tel<br />

qualificatif ne va pas<br />

de soi...<br />

«<br />

SSonia DUBOURG-LAVROFF<br />

Directrice des relations européennes<br />

et internationales et<br />

de la coopération du ministère<br />

de l'éducation nationale et du<br />

ministère de l'enseignement<br />

supérieur et de la recherche<br />

Les établissements d’enseignement supérieur français n’ont<br />

pas tous lancé une réflexion approfondie sur l’articulation de<br />

la dimension internationale et européenne avec les principales<br />

missions qui leur incombent. Aujourd’hui, les établissements<br />

sont poussés, grâce à leur grande autonomie de gestion, à<br />

repenser leurs identités qui sont plurielles. Ils ont une position<br />

internationale à défendre. Celle-ci sera d’autant plus forte<br />

qu’ils l’auront défi nie en plein accord avec les autres acteurs<br />

des territoires où ils seront implantés et surtout avec leurs<br />

professeurs et cadres administratifs.<br />

Ils réussiront une stratégie internationale en choisissant<br />

des priorités géographiques et des modalités d’intervention<br />

adaptées à leurs ambitions raisonnables et particulières. Mais<br />

qu’ils généralisent la mobilité des étudiants ou installent<br />

un établissement secondaire ailleurs dans le monde, qu’ils<br />

privilégient l’enseignement du français à des débutants ou<br />

les cotutelles de thèses, ils devront obéir à quelques règles :<br />

prioriser, évaluer, encadrer les initiatives par des partenariats<br />

formalisés et respecter les identités des établissements avec<br />

lesquels ils vont installer une relation de confiance et d’amitié<br />

pour longtemps ! <br />

ADHÉSION À L’ACA<br />

C’est offi ciel : l’ <strong>Agence</strong> 2e2f est désormais membre<br />

d’ACA - Academic Cooperation Association (Bruxelles).<br />

Ce think-tank dédié à l’internationalisation de l’enseignement<br />

supérieur est reconnu pour la qualité de<br />

ses études , publications et conférences , notamment<br />

dans le champ de la mobilité étudiante. Il rassemble<br />

les organisations nationales d’une quinzaine de pays ,<br />

comme le DAAD, le British Council ou le Nuffic. Cette<br />

adhésion est la reconnaissance du rôle stratégique de<br />

l'<strong>Agence</strong> sur le plan national en tant qu'opérateur de<br />

la mobilité sortante.<br />

http://www.aca-secretariat.be<br />

10


«<br />

Réfléchir à la mise<br />

en oeuvre rapide<br />

d'un opérateur de<br />

mobilité sortante<br />

qui pourra guider<br />

les établissements<br />

«<br />

ANTOINE GODBERT<br />

ZOOM <strong>Soleo</strong><br />

AAntoine GODBERT<br />

Directeur de l'agence<br />

<strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<br />

<strong>Formation</strong> <strong>France</strong><br />

Depuis quelques années , les géopoliticiens insistent sur<br />

l'importance des stratégies de « soft power » dans la compétition<br />

entre les grands pôles mondiaux. L'attractivité des<br />

établissements d'enseignement supérieur ainsi que leur capacité<br />

à se projeter à l'étranger constitue une partie désormais<br />

non négligeable de ce « soft power ».<br />

Dans ce contexte, les universités doivent réussir à utiliser<br />

leur présence à l'international comme un levier important de<br />

leur développement, tout en concourant au rayonnement de<br />

leur pays d'origine. C'est cette dualité qui assure aujourd'hui<br />

la force d'Oxbridge, de Stanton ou de Columbia, bien au-delà<br />

des photographies instantanées que constituent les classements<br />

internationaux, aiguillons certes nécessaires pour des<br />

réorientations de moyen terme mais tremplins peu utiles à<br />

long terme. Il y a fort à parier que les réfl exions en cours<br />

sur la mise en place de critères objectifs pour un classement<br />

européen insisteront d'ailleurs sur cette capacité à privilégier<br />

les stratégies de long terme, en lien étroit avec les milieux<br />

économiques et les forces vives des territoires.<br />

Le plus important est donc de savoir envisager le long<br />

terme, ce que rendent désormais possible les nouvelles opportunités<br />

offertes par la loi LRU. C'est de la capacité à savoir<br />

se présenter comme un moteur du triangle de la connaissance<br />

entre entreprises innovantes et laboratoires de recherche<br />

performants que les universités pourront construire<br />

une dynamique positive à l'international. C'est ainsi qu'elles<br />

sauront attirer les meilleurs enseignants-chercheurs comme<br />

l'ont montré depuis 1 0 ans les universités polytechniques<br />

de Lausanne et de Zurich. C'est ainsi qu'elles retiendront<br />

les meilleurs doctorants à l'échelle mondiale, comme le<br />

démontrent chaque année les meilleures universités californiennes<br />

ou pennsylvaniennes. C'est ainsi qu'elles seront<br />

attractives pour des étudiants venus d'espaces très diversifiés<br />

qui seront les premiers à apprécier les investissements<br />

de long terme, qu'ils concernent le patrimoine, les équipements<br />

ou les liens avec les entreprises exportatrices, comme<br />

le mettent en œuvre aujourd'hui les meilleurs établissements<br />

chinois, singapouriens ou brésiliens. C'est ainsi enfin qu'elles<br />

pourront dépasser les luttes traditionnelles internes à notre<br />

système national au profit d'une énergie créatrice commune.<br />

Ce choix en faveur du long terme a des conséquences.<br />

Il implique désormais de privilégier des partenariats moins<br />

nombreux, mais plus solides, construits au niveau des équipes<br />

doctorales ou des départements, plutôt que de laisser chaque<br />

enseignant-chercheur construire son petit réseau. Il conduit<br />

à réfléchir à la mise en œuvre rapide d'un opérateur de mobilité<br />

sortante qui pourra guider les établissements vers les<br />

cibles géographiques et scientifi ques les plus intéressantes<br />

pour leur développement comme pour le rayonnement de la<br />

<strong>France</strong> et de l'Union européenne. Ce choix nécessite enfin de<br />

donner aux services en charge des relations internationales<br />

un rôle accru au sein des universités mais aussi les moyens<br />

d'entretenir des relations effi caces avec leurs homologues<br />

des autres universités incluses sur un même territoire – en<br />

particulier au sein des PRES –, avec leurs équivalents dans<br />

l'enseignement scolaire (DAREIC notamment) et ce, afi n de<br />

réfléchir à la construction de fi lières d'excellence dès le plus<br />

jeune âge dans les collectivités, afi n de mettre en avant<br />

des stratégies facilitant les économies d'échelle en termes<br />

de lobbying et de présence à l'étranger, et, enfin, au sein des<br />

entreprises les plus performantes à l'international pour assurer<br />

des débouchés rapides aux étudiants de toute origine. <br />

11


<strong>Soleo</strong> ZOOM<br />

LE PROGRAMME<br />

Tempus<br />

FÊTE SES 20 ANS D’EXISTENCE À BELGRADE<br />

DLe 7 mai 1990, le programme T<br />

1. Rapport de conférence<br />

des Communautés européennes<br />

«La dynamique<br />

Tempus dans l’enseignement<br />

supérieur,<br />

14-15.11.1997, Slovénie»,<br />

Communautés européennes,<br />

Luxembourg, 1998.<br />

« Investir dans l’éducation est le moyen le plus rapide de<br />

résoudre les écarts de développement » : c’est par ces<br />

mots que le président serbe, Boris Tadic, a ouvert les<br />

cérémonies de célébration des 20 ans du programme<br />

Tempus dans la capitale serbe. « Participer au programme<br />

Tempus est pour la Serbie le moyen de partager<br />

les valeurs de civilisation de l’<strong>Europe</strong> » a-t-il ajouté,<br />

exprimant clairement le souhait de son pays d’accéder<br />

au statut de candidat officiel à l'entrée dans l’Union européenne.<br />

Rarement un programme n'aura été aussi lié à<br />

une histoire politique.<br />

David O’Sullivan, Directeur général<br />

administratif du Service européen<br />

pour l'action extérieure, un des « pères<br />

fondateurs » de Tempus, a rappelé que le<br />

programme avait été créé en un temps<br />

record dans les mois qui ont suivi la<br />

chute du mur de Berlin en novembre<br />

1989 : "Il faut agir dans le domaine de<br />

l’éducation", avait suggéré le président<br />

François Mitterrand dès décembre 1989.<br />

empus<br />

était adopté avec un budget de 320 millions<br />

d’ECU pour 1990-1993, largement<br />

supérieur à celui dédié alors au programme<br />

Erasmus. « Le programme est<br />

allé largement au-delà des rêves les plus<br />

fous de ses fondateurs » a conclu David<br />

O’Sullivan devant les 200 représentants<br />

des 56 pays participant à la conférence.<br />

En 20 ans, T empus s’est en effet progressivement<br />

ouvert à tous les pays du<br />

voisinage européen dans les confi ns<br />

orientaux, puis en méditérranée, et enfin,<br />

en Asie Centrale. « T empus a servi<br />

de catalyseur pour la réforme de l’enseignement<br />

supérieur au sein des 56 pays<br />

participants » a rappelé Stefan Füle,<br />

Commissaire à l’élargissement et à la<br />

politique de voisinage. « Ce programme<br />

a été l’une des pierres angulaires du<br />

processus d’élargissement de l’Union<br />

européenne et a contribué à la préparation<br />

des pays candidats à l’adhésion.<br />

Aujourd’hui, il continue à jouer un rôle<br />

capital en participant à la modernisation<br />

des établissements d’enseignement<br />

supérieur et en créant un espace ouvert<br />

permettant de renforcer la coopération<br />

avec l’Union européenne ».<br />

Il est vrai que s’étendant du Portugal a la<br />

Mongolie et couvrant plus de 2 200 établissements<br />

d’enseignement supérieur ,<br />

le programme Tempus constitue "le plus<br />

vaste réseau universitaire de toute l’histoire<br />

de l’enseignement supérieur" 1 .<br />

Pour Jordi Currel, directeur général<br />

<strong>Education</strong> et Culture à la Commission<br />

européenne, «les changements sociaux<br />

en cours dans les pays voisins de l’Union<br />

européenne et les défis auxquels les systèmes<br />

d’enseignement supérieur sont<br />

confrontés permettent aisément d’imaginer<br />

que Tempus continuera à jouer un<br />

rôle clé dans les 20 prochaines années.<br />

Comme cela a été souligné à l’occasion<br />

du dernier World Economic Forum : le<br />

capital humain est en train de remplacer<br />

le capital fi nancier en tant que moteur<br />

de la prospérité économique. C’est pourquoi<br />

nous devons apporter une attention<br />

particulière au développement de notre<br />

capital humain. Les réformes doivent<br />

donc continuer dans l’enseignement<br />

supérieur »<br />

12


ZOOM <strong>Soleo</strong><br />

BELGRADE<br />

Conférence<br />

du 20 ème anniversaire<br />

Tempus Belgrade,<br />

le 29 mars 2011<br />

La grande famille T empus, largement mobilisée<br />

autour de ce 20ème anniversaire, peut donc se<br />

tourner avec sérénité vers l’avenir : s’il est encore<br />

trop tôt pour tracer les contours précis des programmes<br />

20 14-2020, la Commission européenne,<br />

s’est engagée à poursuivre les activités et objectifs<br />

actuellement couverts par ce programme sans égal <br />

Quitterie Gadret<br />

Chargée du programme Tempus, Pôle développement<br />

<strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong> <strong>France</strong>.<br />

20 ANS<br />

DE PROGRAMME<br />

TEMPUS EN QUELQUES<br />

CHIFFRES<br />

- 1.4 milliards € de financements, soit un budget<br />

moyen de 68 millions € par an<br />

- Plus de 1400 établissements d’enseignement<br />

supérieur européens et 800 établissements des<br />

<strong>27</strong> pays partenaires impliqués depuis 1990<br />

- Plus de 3800 projets de coopération financés<br />

LA FRANCE EST PARTENAIRE DE<br />

1335 PROJETS EN 3ÈME POSITION<br />

DERRIÈRE LE ROYAUME-UNI ET<br />

L'ALLEMAGNE<br />

INFORMATION TEMPUS :<br />

WWW.2E2F.FR<br />

Antoine Godbert,<br />

Directeur <strong>Agence</strong><br />

<strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<br />

<strong>Formation</strong> <strong>France</strong>,<br />

Zarko Obradovic,<br />

Ministre de<br />

l’éducation serbe,<br />

Sonia Dubourg-<br />

Lavroff,<br />

Directrice des relations<br />

européennes<br />

et internationales<br />

et de la coopération<br />

du ministère de<br />

l'éducation nationale<br />

et du ministère<br />

de l'enseignement<br />

supérieur et de la<br />

recherche<br />

13


<strong>Soleo</strong> DANS LES COULISSES DE L'AGENCE NATIONALE OOM<br />

Le contrôle<br />

DES PROJETS<br />

Pour ses lecteurs, <strong>Soleo</strong> poursuit son travail d’explication de la<br />

gestion des projets européens pour laquelle œuvrent, à l’<strong>Agence</strong><br />

nationale, 40 collaborateurs. Dans ce numéro, <strong>Soleo</strong> a choisi d’exposer<br />

un sujet qui peut paraître ingrat, le contrôle des projets, mais<br />

qui, en réalité, s’avère être un instrument de rapprochement de<br />

l’<strong>Agence</strong> avec ses interlocuteurs sur le terrain, tout autant qu’un<br />

instrument d’évaluation fi nancière et qualitative.<br />

CComme toute utilisation de deniers publics,<br />

celle des fonds européens par les bénéfi ciaires<br />

du programme EFTL V fait l’objet de contrôles<br />

financiers, qualitatifs et procéduraux requis<br />

par la Commission européenne et strictement<br />

encadrés.<br />

LE CONTRÔLE DE LA BONNE<br />

UTILISATION DES FONDS ET LE<br />

PRINCIPE D’ÉQUITÉ DES BÉNÉ-<br />

FICIAIRES<br />

Le principe qui prévaut est celui de l’équité des<br />

bénéficiaires : mêmes règles d’utilisation par<br />

tous des fonds européens dédiés au programme<br />

EFTLV. Dans ce cadre, toutes les actions sans<br />

exception doivent être passées au crible des<br />

contrôles et nul ne saurait y échapper sous<br />

peine de manquement à la réglementation<br />

européenne en vigueur.<br />

Les dossiers soumis à vérifi cation sont sélectionnés<br />

par l’<strong>Agence</strong> et répartis en quatre catégories<br />

:<br />

- le contrôle in situ en cours de réalisation de<br />

projet,<br />

- le contrôle approfondi sur pièces après réalisation,<br />

- l’audit in situ financier,<br />

- l’audit in situ de système et financier.<br />

Ces divers modes opératoires visent à recueillir<br />

l’assurance d’une saine gestion des projets<br />

européens, d’un triple point de vue fi nancier,<br />

qualitatif et procédural.<br />

LE CONTRÔLE FINANCIER DE<br />

L’UTILISATION DES FONDS<br />

Tandis que le travail inhérent au contrôle approfondi<br />

s’effectue au vu des pièces prouvant<br />

la réalisation effective du projet et des mobilités<br />

y afférant, certaines actions telles Erasmus<br />

et Leonardo T ransfert d’Innovation donnent<br />

lieu à audit financier in situ : dans ce cas, c’est<br />

au sein de l’établissement qu’a lieu le contrôle<br />

de toutes les pièces du dossier.<br />

L’APPRÉCIATION QUALITATIVE<br />

Mais le contrôle des projets n’est pas exclusivement<br />

financier, loin s’en faut.<br />

C’est ainsi que l’évaluation qualitative peut<br />

avoir lieu sous forme d’une visite aux porteurs<br />

de projet au sein même de leur établissement<br />

et pendant la réalisation du projet.<br />

Basées sur des entretiens, ces visites sont<br />

destinées à s’assurer du bon déroulement du<br />

projet, et s’inscrivent dans une démarche<br />

pédagogique et de conseil.<br />

14


DANS LES COULISSES <strong>Soleo</strong><br />

L’évaluation qualitative peut aussi s’inscrire<br />

dans le cadre d’un contrôle approfondi sur<br />

pièces, la vérification de l’utilisation de la subvention<br />

allant de pair avec l’assurance que le<br />

projet a effectivement donné lieu à des travaux<br />

pédagogiques et une réalisation finale de qualité.<br />

LE CONTRÔLE DE SYSTÈME ET<br />

DE PROCÉDURES<br />

Enfin, l’audit de système, sous forme de visite<br />

in situ avec entretien avec les acteurs du projet<br />

est réservé aux établissements d’enseignement<br />

supérieur dans le cadre d’Erasmus, ainsi qu’aux<br />

organismes porteurs de projet Leonardo Transfert<br />

d’Innovation. Il vise à situer l’établissement<br />

dans son contexte, à évaluer les procédures en<br />

vigueur ainsi que la gestion du projet, jusque<br />

dans son aspect financier.<br />

LA PHILOSOPHIE DU CONTRÔLE<br />

Que les organismes ou les particuliers<br />

bénéficiaires soient occasionnels ou récurrents,<br />

la philosophie du contrôle réside dans un souci<br />

d’amélioration constante de la gestion des<br />

projets, par une démarche pédagogique, et au<br />

plus près du terrain.<br />

C’est dans cet esprit que les divers contrôles<br />

et audits donnent lieu à des recommandations<br />

que les porteurs de projet, en mesurant le bienfondé,<br />

mettent en œuvre sans délai.<br />

On aura compris que, loin d’être une formalité<br />

purement réglementaire, les contrôles et audits<br />

représentent une occasion et un moment privilégiés<br />

pour l’agence de rentrer en contact étroit<br />

avec les porteurs de projet, et réciproquement.<br />

Principe d'équité - transparence dans la gestion<br />

fi nancière, qualité des travaux de coopération<br />

et optimisation des procédures – sont<br />

les tenants et aboutissants d’une politique<br />

qualité qui trouvera sa pleine réalisation dans<br />

une coopération et une synergie étroites entre<br />

l’<strong>Agence</strong> et les porteurs de projet <br />

Marie-José Biondini<br />

Responsable de la Cellule Contrôles primaires<br />

<strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<strong>Formation</strong> <strong>France</strong><br />

Marie-Josée Biondini<br />

15


<strong>Soleo</strong> PLUS D'EUROPE ET D'INTERNATIONAL<br />

Comenius<br />

LE « GALILÉE DE L’ÉDUCATION »<br />

Après Grundtvig dans le numéro 26, <strong>Soleo</strong> pour -<br />

suit la présentation des grandes fi gures qui ont<br />

donné leur nom aux programmes éducatifs européens.<br />

Portrait du grand intellectuel tchèque dont les principes<br />

éducatifs inspirent encore l’<strong>Europe</strong>.<br />

Par Son Excellence, Madame MARIE CHATARDOVÁ, Ambassadeur de<br />

la République Tchèque en <strong>France</strong>.<br />

JJan Amos K omenský 1 , aurait sans doute<br />

pu présider aux destinées de la République<br />

tchèque moderne car à l’instar du président<br />

philosophe Masaryk et de nombreux dirigeants<br />

tchèques à sa suite, il fut un intellectuel<br />

de premier plan chez qui l’action fut<br />

l’aboutissement de sa réfl exion. Sa vie fut<br />

pensée avant d’être vécue et les vicissitudes<br />

qui en résultèrent n’eurent pas de prise sur<br />

sa volonté.<br />

Ce trait de caractère qui est cultivé chez les<br />

Tchèques, leur donne une propension parfois<br />

agaçante à être sceptiques sur leur situation<br />

mais en même temps, ce scepticisme favorise<br />

un certain pragmatisme puisque la pensée<br />

en action est en permanence à la recherche<br />

d’une confirmation de l’expérience.<br />

Comenius a vécu ainsi dans une situation extrême,<br />

alors que l’<strong>Europe</strong> est déchirée et que<br />

sa situation personnelle en est profondément<br />

affectée.<br />

D’une part, il subit les guerres de religion<br />

pendant lesquelles certaines régions d’<strong>Europe</strong><br />

centrale perdent 2/3 de leur population.<br />

Ses deux premières épouses disparaissent, de<br />

même que sa bibliothèque.<br />

D’autre part, il est un homme de son temps,<br />

héritier des guerres hussites, du millénarisme,<br />

de l’ésotérisme. A l’aube des Lumières, les intellectuels<br />

sont bouleversés par la vision du<br />

monde moderne en train de naître.<br />

Une « pureté d’artiste »,<br />

marque exclusive du génie<br />

Dans ce contexte troublé, Comenius conserve<br />

des instincts très purs d’explorateur ,<br />

s’agissant en particulier de la pédagogie.<br />

Quelques années après la mort de ses<br />

deux premiers enfants, il développe une<br />

approche singulière, reconnue dans toute<br />

l’<strong>Europe</strong>, par-delà les divisions politiques et<br />

confessionnelles. Jules Michelet le qualifi era<br />

de « Galilée de l’éducation » 2 .<br />

Comme tous les génies prolifi ques, on ne<br />

peut résumer ses idées en quelques lignes,<br />

quelques livres ou quelques bibliothèques...<br />

En fait, tout dépend des objectifs de la démonstration<br />

et ce qui frappe avec Comenius<br />

c’est justement qu’il soit cité toujours,<br />

quelles que soient les conclusions de ceux qui<br />

font référence à lui.<br />

Son premier « message » en matière<br />

pédagogique n’est donc pas technique, c’est<br />

plutôt une attitude face aux problèmes, une «<br />

pureté d’artiste » qui est la marque exclusive<br />

16


PLUS D'EUROPE ET D'INTERNATIONAL <strong>Soleo</strong><br />

du génie. T ous les pays à toutes les<br />

époques entreprennent des réformes<br />

de l’enseignement. Dans nos sociétés<br />

démocratiques, les pédagogues sont<br />

souvent critiqués et pourtant, ils<br />

ne sont pas mus par une volonté<br />

maléfique. « L ’attitude Comenius », si<br />

l’on peut dire, est de retenir en priorité<br />

dans ces réformes ce qui est conforme<br />

au pragmatisme et à la raison.<br />

Des recommandations<br />

pratiques pour l’éducation<br />

Un autre grand aspect de la pensée<br />

de Comenius qui dépasse là encore<br />

ses recommandations pédagogiques,<br />

c’est la prévalence de l’ordre. P asteur<br />

de l'Unité des frères de Bohème, il<br />

oppose dans son livre le plus connu 3 un<br />

monde idéal à une société décadente<br />

et pose une approche là encore très<br />

pragmatique : « Dieu veut certes que<br />

ses enfants soient libres, mais non<br />

capricieux : c’est pourquoi il les a<br />

entourés de certaines règles, mieux et<br />

plus parfaitement que tout ce que j’ai<br />

pu voir dans le monde. En vérité, j’avais<br />

vu là-bas des désordres en quantité :<br />

qui découlaient d’une part, de ce qu’il<br />

n’y avait aucune règle fixe, d’autre part,<br />

de ce que, s’il y en avait, on ne s’y tenait<br />

pas ». Pour Comenius, les écoles de son<br />

temps ont leur part de responsabilité<br />

dans le désordre, puisqu’il les considère<br />

comme « des chambres de torture pour<br />

l’intelligence, d’où ne sortaient que des<br />

ânes sauvages, des mulets sans frein et<br />

dissolus » 4 .<br />

Les recommandations pratiques de<br />

Comenius sont aujourd’hui bien<br />

connues, telles que :<br />

- réglementer la vie des écoles afin que<br />

les bonnes relations entre maîtres et<br />

élèves s’appuient sur une coopération<br />

entre l’école et les parents 5 ;<br />

- ouvrir largement l’enseignement à<br />

tous les enfants et le rendre universel 6 ;<br />

- développer chez les enfants le sens<br />

d’un progrès humain fondé sur le savoir,<br />

capable d’améliorer la sagesse des<br />

individus et leur situation matérielle 7 ;<br />

- respecter le rythme biologique des<br />

enfants en leur ménageant des périodes<br />

de repos adaptées ;<br />

- faire comprendre les enseignements<br />

et ne pas se contenter de les apprendre<br />

« Le niveau d'éducation<br />

des jeunes tchèques,<br />

de 20 à 24 ans ayant atteint<br />

au moins un niveau<br />

d'éducation secondaire<br />

supérieur est un des plus<br />

élevés dans l’Union européenne<br />

. »<br />

par cœur ;<br />

- enseigner les langues étrangères pour<br />

permettre une meilleure compréhension<br />

des peuples.<br />

Des principes<br />

d’une grande modernité<br />

porteurs de succès<br />

L’œuvre de Comenius est très diffusée<br />

en République tchèque 8 , notamment<br />

parce qu’à l’époque de la renaissance<br />

nationale au début du XIXème siècle,<br />

les Tchèques y ont retrouvé des préoccupations<br />

très proches. Des générations<br />

de pédagogues depuis l’indépendance<br />

de la Tchécoslovaquie en 1918 ont donc<br />

été structurées autour des principes de<br />

Comenius. Cette « imprégnation » a été<br />

efficace en complément des méthodes<br />

traditionnelles transmises du temps de<br />

l’empire habsbourgeois.<br />

Ainsi, le niveau d'éducation des jeunes<br />

de 20 à 24 ans ayant atteint au moins<br />

un niveau d'éducation secondaire<br />

supérieur est un des plus élevés dans<br />

l’Union européenne 9 .<br />

Inversement, le nombre de jeunes<br />

ayant quitté prématurément l'école<br />

sans études ni formation et dont le<br />

niveau d'études ne dépasse pas l'enseignement<br />

secondaire inférieur est un<br />

des plus faibles d’<strong>Europe</strong>.<br />

Il y a là le résultat d’un ensemble effi -<br />

cace : la méthode syllabique est utilisée<br />

pour apprendre à lire. Les enseignants<br />

occupent une place respectée à la fois<br />

par les parents et par les enfants, mais<br />

dans le même temps, ils sont à l’écoute<br />

de chacun, sans barrière. L ’enseignement<br />

des langues étrangères est développé<br />

dès les premières années de<br />

primaire de façon intensive. Le cadre<br />

public gratuit est ouvert à tous, mais<br />

les écoles ont une grande autonomie<br />

qui favorise une émulation entre elles<br />

et récompense les bonnes pratiques<br />

pédagogiques. L’enseignement primaire<br />

a lieu le matin mais l’après-midi, des<br />

activités sportives ou artistiques sont<br />

proposées par les écoles en complément<br />

des études ou de la garderie.<br />

Ce fonctionnement si simple à mettre<br />

en œuvre est un lointain héritage des<br />

recommandations de Comenius. Audelà<br />

des souffrances d’une existence en<br />

exil, au-delà des modes de son temps,<br />

le plus tchèque des pédagogues et le<br />

plus pédagogue des T chèques a transmis<br />

un héritage à l’<strong>Europe</strong>. Il est naturellement<br />

une référence pour ceux qui<br />

souhaitent améliorer l’enseignement et<br />

l’éducation <br />

1 - « Comenius » (1592-1670)<br />

2 - Dans son essai « Nos Fils » (1869)<br />

3 - Le labyrinthe du monde. (1623). Au chapitre 44<br />

4 - Cité dans l’introduction de « Art et enseignement de la<br />

prédication » (2006). L’Harmattan<br />

5 - Leges scholae bene ordinatae (1653)<br />

6 - Didactica magna universale omnes omnia docendi artificium<br />

exhibens (Ecrit entre 1633-1638, édité en 1657)<br />

7 - Fortius redivivus , sive De pellenda scholis ignavia<br />

(1652)<br />

8 - Jan Kumpera a publié une bibliographie très précise<br />

dans son ouvrage : « Jan Amos Komenský : poutník na rozhraní<br />

v k » (Ostrava – 1992), dans laquelle on constate<br />

le nombre élevé des éditions en langue tchèque<br />

9 - Près de 92% par rapport à une moyenne européenne<br />

de 79% (2009) Eurostat<br />

Son Excellence, Madame Marie Chatardovà<br />

Ambassadeur de la République Tchèque<br />

en <strong>France</strong><br />

17


<strong>Soleo</strong> PLUS D'EUROPE ET D'INTERNATIONAL<br />

LE PRIX DE<br />

l'éducation<br />

À L'EUROPE DE LA FONDATION HIPPOCRÈNE<br />

PAR MICHÈLE GUYOT-ROSE<br />

Créé en 2010 en s’inspirant de l’esprit des « Pères » de l’<strong>Europe</strong>,<br />

le Prix Hippocrène récompense les meilleurs projets<br />

de partenariats européens élaborés par une classe et<br />

ses enseignants. Le Prix a été remis cette année, à cinq<br />

classes sélectionnées pour « l’audace » de leur projet, lors<br />

d’une cérémonie à l’Hôtel de ville de Bordeaux. Trois Recteurs<br />

était présents ainsi que l’<strong>Agence</strong> 2e2f, co-organisatrice<br />

de l’évènement.<br />

Michèle Guyot-Rose, Présidente de la Fondation, rappelle ici en quoi « la<br />

désaffection des jeunes à l'égard de la participation aux dernières élections<br />

européennes a été un déclencheur pour inciter la Fondation à accroître ses<br />

soutiens aux actions destinées à renforcer "l'éducation à l'<strong>Europe</strong>".<br />

© Photo : Sophie Pawlak<br />

L<br />

Michèle Guyot-Rose<br />

Présidente Fondation Hippocrène<br />

La Fondation Hippocrène, depuis sa création,<br />

a soutenu des projets en faveur des<br />

jeunes Européens ou réalisés par eux, avec<br />

l'objectif de favoriser leur intégration dans<br />

l'ensemble européen et d'accéder ainsi à<br />

la citoyenneté européenne. Ce choix des<br />

fondateurs, Jean et Mona Guyot, s'inspirait<br />

directement de l'esprit des "Pères" de l'<strong>Europe</strong><br />

et s'appuyait sur la conviction que les<br />

jeunes étaient porteurs de la construction<br />

de l'<strong>Europe</strong> de demain.<br />

La rencontre, l'échange et l'ouverture aux<br />

autres sont des notions déterminantes dans<br />

le choix des soutiens apportés par la Fondation<br />

car ils constituent le meilleur moyen<br />

pour appréhender ce que sont des Européens<br />

qui habitent un autre pays, comment<br />

ils vivent l'<strong>Europe</strong> et pour faire disparaître<br />

des préjugés qui sont encore très vivaces. Ce<br />

processus est incontournable pour accéder<br />

à une véritable citoyenneté européenne.<br />

Cultiver « la part de l’autre »<br />

L'originalité et la diversité, voire l'audace<br />

des projets proposés en 2011 par les classes<br />

des cinq Académies participant au Prix Hippocrène,<br />

ont parfaitement répondu à l'objectif<br />

d'ouverture, de découverte et de mise<br />

en situation dans le contexte inhabituel<br />

d'un pays dont on ne connaît pas toujours<br />

la langue, ni les habitants, ni les coutumes<br />

et pour y réaliser des projets très concrets.<br />

Le projet "La part de l'autre", retenu par le<br />

jury pour l'attribution du Grand Prix 20 11,<br />

illustre très bien la recherche de l'objectif<br />

fixé en conduisant les élèves de la classe de<br />

4ème bilangue du Collège Marguerite Duras<br />

de Libourne, successivement à Münster ,<br />

en Allemagne et à Dublin en Irlande, pour<br />

des échanges bilatéraux avec des élèves de<br />

ces villes. Aller à la rencontre de "l'autre",<br />

constater sa différence et l'accepter et ainsi<br />

se donner les moyens de comprendre est<br />

une étape vers l'adhésion au projet euro-<br />

18


PLUS D’EUROPE ET D’INTERNATIONAL <strong>Soleo</strong><br />

Remise des prix 2011 de la Fondation Hippocrène. Salons de l'Hôtel de ville. Bordeaux. 12 mai 2011.<br />

Le prix national a été décerné au collège Marguerite Duras de Libourne.<br />

péen qu'est l'Union ! Le jury a été convaincu<br />

par cette aventure européenne qui s'étalera<br />

sur deux ans, fera un passage à Bruxelles et<br />

offrira l'occasion aux élèves de rencontrer<br />

Eric Emmanuel Schmidt, auteur de l'ouvrage<br />

"La part de l'autre". Elle est d'autant plus remarquable<br />

qu'elle associe tous les membres<br />

de l'équipe pédagogique (8 professeurs, 9<br />

matières) dans une démarche très construite<br />

touchant à de nombreux centres d'intérêt.<br />

Chasser les préjugés<br />

Cinq autres projets aux intitulés prometteurs<br />

ont été récompensés au niveau académique<br />

: "Paris-Londres 2011 : des identités<br />

adolescentes au prisme du cinéma" (lycée<br />

Turgot de Paris), "Echange scientifique franco-britannique"<br />

(lycée Maine-de-Biran de<br />

Bergerac), "Ensemble in one W orld" (lycée<br />

René Cassin de Gonesse), "La citoyenneté<br />

européenne au cinéma" (lycée Stanislas de<br />

Wissenbourg), "L'école élémentaire d'Azille<br />

à la découverte de l'<strong>Europe</strong>" (l’école élémentaire<br />

d’Azille). Le retour des élèves sur<br />

leur expérience démontre une nouvelle fois<br />

que l'éducation à l'<strong>Europe</strong> dès le plus jeune<br />

âge reste le meilleur moyen pour préparer<br />

les générations futures à vivre l'<strong>Europe</strong> ensemble<br />

et pour chasser les préjugés et les<br />

peurs irraisonnées qui alimentent le repli<br />

sur soi et le rejet des différences.<br />

La remise des prix cette année était d’autant<br />

plus significative qu’elle s’insérait dans<br />

les festivités de la semaine de l’<strong>Europe</strong> organisée<br />

par l’ <strong>Agence</strong> 2e2f dont les actions<br />

de mobilité, en particulier Comenius et<br />

Erasmus, sont de la même inspiration que<br />

celle du Prix.<br />

La reconduite du Prix en 2012<br />

Nous avons pu observer, grâce à notre Prix,<br />

toute la richesse des projets proposés et<br />

des expériences conduites dans les établissements<br />

par des équipes imaginatives<br />

et volontaires autour de l'<strong>Europe</strong> et de la<br />

citoyenneté européenne. Ce constat est<br />

indéniablement un encouragement à poursuivre<br />

en 20 12 dans l'esprit défi ni lors de<br />

la conception du Prix. Nous avons été très<br />

heureux d’avoir pu réaliser l’édition 20 11<br />

avec le Ministère de l’éducation nationale et<br />

espérons pouvoir pérenniser ce partenariat.<br />

Nous étudions actuellement, outre la possibilité<br />

d’étendre le Prix à l’échelle nationale,<br />

de trouver auprès de fondations d'autres<br />

pays européens un ou des partenaires pour<br />

initier une opération analogue à l'échelle de<br />

deux ou plusieurs pays européens ! <br />

5 académies ont participé<br />

en 2011 (Bordeaux,<br />

Montpellier, Strasbourg,<br />

Versailles et P aris). La<br />

Fondation a remis à<br />

chaque classe lauréate<br />

un prix de 5000 € et un<br />

grand prix national de<br />

10.000 €. Le Ministère<br />

de l’éducation nationale<br />

et la Fondation se sont<br />

partagés les frais de déplacement<br />

des lauréats.<br />

19


<strong>Soleo</strong> DOSSIER SPÉCIAL PLUS D’EUROPE ET D’INTERNATIONAL<br />

2011 - ANNÉE DES<br />

Outre-mer<br />

SAINT PIERRE-ET-MIQUELON<br />

FRANCE MÉTROPOLITAINE<br />

POLYNÉSIE FRANÇAISE<br />

SAINT MARTIN<br />

SAINT BARTHÉLÉMY<br />

GUADELOUPE<br />

MARTINIQUE<br />

GUYANE<br />

MAYOTTE<br />

LA RÉUNION<br />

WALLIS ET FUTUNA<br />

NOUVELLE CALÉDONIE<br />

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES<br />

LE RÔLE DÉTERMINANT DES RÉGIONS ULTRA-PÉRIPHÉRIQUES<br />

DANS LA COHÉSION DE L’UNION EUROPÉENNE<br />

20


DOSSIER SPÉCIAL <strong>Soleo</strong><br />

MARTINIQUE<br />

L'EXIGENCE<br />

d'ouverture<br />

À L’INTERNATIONAL DE LA MARTINIQUE<br />

Le séminaire académique sur les Relations internationales qui vient de<br />

s’achever en Martinique annonce, selon une enquête menée par le<br />

Rectorat, que 56 % des établissements scolaires locaux ont organisé<br />

pour leurs élèves un voyage d’étude à l’étranger ces trois dernières années.<br />

Les autorités éducatives et territoriales veulent aller plus loin par<br />

une série de mesures incitatives en faveur de la mobilité où l’<strong>Europe</strong> tient<br />

une large place.<br />

Par André Siganos et Laurent Prévost.<br />

AAndré SIGANOS<br />

Recteur de l'académie<br />

de Martinique<br />

L’un des axes du projet de développement 2010-2013 pose<br />

les bases pour la Martinique de l’ouverture à l’international<br />

et à la culture par l’organisation de stages en entreprises à<br />

l’international pour les jeunes en formation » ? Dans ce dispositif,<br />

quelle place prend l’<strong>Europe</strong> et les valeurs qu’elle<br />

porte ?<br />

Il faut d’abord comprendre pourquoi la Martinique a un<br />

besoin particulièrement pressant d’une augmentation très<br />

significative de son internationalisation : non seulement,<br />

à l’heure de la mondialisation, il n’est plus envisageable,<br />

comme partout ailleurs, que les jeunes ne fassent pas l’expérience<br />

de mobilités nécessaire à leur ouverture d’esprit, à<br />

l’acquisition de compétences nouvelles dues à ces séjours à<br />

l’étranger, non seulement l’immersion linguistique et culturelle<br />

est devenue un atout imprescriptible pour une insertion<br />

professionnelle réussie dans le monde d’aujourd’hui, mais le<br />

positionnement géopolitique de notre région rend en outre<br />

quasi obligatoire cette ouverture internationale.<br />

Il va de soi que l’<strong>Europe</strong>, dans ce cadre, joue un rôle majeur ,<br />

non seulement parce que les dispositifs d’aide à la mobilité<br />

sont particulièrement puissants et bien organisés, mais parce<br />

que, en dépit de notre voisinage caribéen et américain, c’est<br />

bien le modèle européen des études universitaires qui prévaut<br />

ici, avec un attrait tout particulier pour des pays comme<br />

l’Irlande, l’Allemagne, les P ays-Bas, l’Italie ou l’Espagne. A<br />

cela s’ajoute l’ancrage très français de la Martinique, quoi<br />

qu’on en dise : le fait que des jeunes participent par ailleurs<br />

à toutes sortes de compétitions et de rencontres, notamment<br />

sportives, au niveau national, les amène tout naturellement<br />

à circuler en <strong>Europe</strong> et à souhaiter un séjour dans l’un de<br />

ses pays.<br />

Le séminaire académique sur les relations internationales*<br />

que je viens d’organiser montre qu’à peine la moitié de nos<br />

établissements commence à développer une vraie sensibilité<br />

internationale. Ce qui est réconfortant, c’est que tous les<br />

programmes européens suscitent l’enthousiasme.<br />

En quoi, selon vous , la formation des jeunes par une mobilité<br />

en <strong>Europe</strong> participe-t-elle au développement de la<br />

cohésion territoriale ?<br />

Cette question est particulièrement délicate. Il va de soi que<br />

l’<strong>Europe</strong> comme destination d’étude ou de séjour professionnel<br />

ou culturel, parce qu’elle constitue un trait commun<br />

territorial, participe au développement d’une cohésion territoriale<br />

renforcée depuis bien longtemps par l’aide extrê-<br />

21


<strong>Soleo</strong> DOSSIER SPÉCIAL<br />

mement substantielle que l’<strong>Europe</strong> apporte aux Régions ultrapériphériques<br />

(RUP).<br />

Mais c’est surtout à la cohésion sociale que participe fortement<br />

l’<strong>Europe</strong> par les mobilités qui se font chez elle, notamment<br />

par la diffusion des valeurs européennes.<br />

Reste que cette mobilité, source d’une élévation très<br />

significative de l’ambition dont manquent trop souvent ici nos<br />

jeunes, débouche quelquefois sur un appétit que ne pourra plus<br />

combler notre petit territoire et peut se solder par une perte<br />

de substance : l’appel de l’ailleurs devient si important que nos<br />

élèves décident parfois de quitter définitivement leur région. Il<br />

importe donc de trouver le juste équilibre entre une mobilité<br />

sortante et une mobilité entrante qui permette de vivre aussi<br />

sur place plus amplement aux côtés de la jeunesse européenne<br />

et de donner l’envie à celle-ci de développer ici leurs talents.<br />

C’est la raison pour laquelle l’internat d’excellence qui va voir<br />

le jour à Fort-de-<strong>France</strong> (de la 6ème aux classes préparatoires<br />

aux grandes écoles et dont la thématique est précisément celle<br />

des relations internationales), sera doté d’une section internationale<br />

et devra attirer des jeunes européens, tout comme<br />

doivent se développer les échanges en partenariat avec des<br />

LLaurent PRÉVOST<br />

Préfet de la Martinique<br />

établissements européens qui commencent à voir le jour.<br />

Il est également important que les jeunes de Martinique<br />

puissent découvrir l’international par une mobilité de « zone<br />

» : en direction des îles voisines, de Saint-Domingue, de la<br />

Barbade, mais aussi du continent américain : la découverte<br />

d’une identité européenne passe également par la comparaison<br />

! C’est pourquoi d’ailleurs les trois recteurs de Guadeloupe,<br />

Guyane et Martinique viennent de signer la fondation d’un<br />

conseil de coopération des académies des Amériques (CO-<br />

CAAM) qui va nous permettre de nous porter tous ensemble<br />

dans des actions internationales.<br />

L’<strong>Agence</strong> 2e2f, pour toutes ces raisons, est pour nous d’une<br />

aide très précieuse <br />

GUYANE<br />

SSi l’ouverture sur la<br />

coopération régionale<br />

reste la priorité de<br />

l’académie de Guyane,<br />

avec une préférence<br />

appuyée pour les projets<br />

en direction du Brésil, du<br />

Surinam et de la Caraïbe,<br />

la Guyane s’ouvre aussi à l’<strong>Europe</strong> et aux<br />

programmes européens d’éducation et de<br />

formation.<br />

On peut citer le très bon projet de mobilité<br />

Leonardo du lycée Gaston Monnerville de<br />

Kourou qui fait partir pour huit semaines de<br />

stages 18 jeunes de Bac Pro « Comptabilité »<br />

vers le Royaume-Uni et l’Irlande.<br />

Autres exemples individuels : Frédérique<br />

Loumeto, à la recherche d’un emploi dans<br />

l’éducation a choisi l’action « assistanat<br />

Grundtvig » pour partir 45 semaines au<br />

Royaume-Uni enseigner le français et aider<br />

son établissement d’accueil à mettre en<br />

place le programme EFTLV vers les Dom-Tom<br />

(Guadeloupe, Guyanne, Martinique).<br />

Initiative individuelle aussi pour le rédacteur<br />

en chef de Réseau <strong>France</strong> Outre-mer , Jean-<br />

Gilles Assard, également président du Geldar<br />

de K ourou Footeball Club qui profi te d’une<br />

bourse de formation Grundtvig pour aller<br />

parfaire son anglais au Richard Language<br />

College de Bornemouth (UK). Ses activités<br />

l’obligent à le parler couramment. Il compte<br />

aussi sur Grundtvig pour déposer un projet<br />

avec les seniors de son association, autour du<br />

sport, en partenariat avec le Royaume-Uni…<br />

A suivre…<br />

Propos recueillis par Dominique Ardiller<br />

Rédactrice en chef de <strong>Soleo</strong><br />

22


DOSSIER SPÉCIAL <strong>Soleo</strong><br />

MARTINIQUE<br />

UN MARATHON<br />

Comenius<br />

DE 40 000 KMS ET BIENTÔT<br />

DES JEUX OLYMPIQUES EN GRÈCE<br />

Le projet Comenius, Keep Fit and Active-<br />

Be Healthy and Happy, du Lycée Raymond<br />

Néris du Marin cultive, avec ses dix<br />

partenaires européens, l’adage : « une tête<br />

bien faite dans un corps fort »<br />

Baie du Marin, Martinique<br />

Témoignage de Max Steph , enseignant<br />

en mathématiques et sciences physiques,<br />

responsable du projet.<br />

« Le Lycée Professionnel Raymond Neris accueille<br />

environ 7 00 élèves âgés de 15 à 20 ans. Plusieurs<br />

formations y sont dispensées : bureautique<br />

(secrétariat et comptabilité) ; maintenance<br />

automobile et nautique ; métallerie ; boulangerie<br />

pâtisserie ; coiffure ; électrotechnique ; métiers<br />

de la couture.<br />

Depuis plus de 20 ans, le lycée s’est ouvert à<br />

l’international. Nous avons réalisé des projets<br />

avec le Canada, Miami, la Barbade, Sainte-Lucie.<br />

T outefois les fi nancements de ces derniers<br />

étant insuffi sants et diffi ciles à obtenir , nous<br />

nous sommes intéressés aux projets européens.<br />

Le premier projet européen multilatéral terminé,<br />

certains partenaires en ont proposé un autre basé sur l’hygiène<br />

alimentaire. C’est tout naturellement que nous avons<br />

été invités à y participer.<br />

Notre travail sur ce projet est d’informer les élèves et la<br />

communauté sur les conséquences d’une nourriture malsaine<br />

et d’un manque d’exercices physiques et de les sensibiliser<br />

à une vie active et saine comme étant un investissement<br />

sur l’avenir.<br />

Ce projet permet aux élèves d’améliorer leurs compétences<br />

linguistiques (en anglais) et de s’approprier un vocabulaire<br />

spécifique. En géographie, les participants peuvent découvrir<br />

l’Union européenne, son histoire, sa diversité ainsi que<br />

ses prérogatives.<br />

Découvrir d’autres échelles que celles de l’île<br />

Les partenariats européens nous enrichissent culturellement.<br />

Ces rencontres permettent en effet aux enseignants<br />

d’échanger les méthodes et démarches pédagogiques<br />

(réussites, échecs, méthodes d’apprentissage). Et ils sont<br />

L<br />

très opportuns pour nos élèves qui peuvent<br />

découvrir d’autres échelles que celle de la<br />

Martinique, d’autres cultures, acquérir des<br />

compétences linguistiques, développer la<br />

solidarité, la tolérance ainsi que le savoirvivre<br />

et le respect de l’autre.<br />

Je suis enseignant de mathématiques et de<br />

sciences physiques depuis une trentaine<br />

d’années. Cela fait près de quinze ans que<br />

je m’intéresse aux projets internationaux<br />

afin de permettre à mes élèves de s’ouvrir<br />

sur l’extérieur et pour moi d’établir des<br />

contacts avec des collègues étrangers.<br />

Le projet, Keep Fit and A ctive-Be Healthy<br />

and Happy, promeut l’importance d’une alimentation équilibrée<br />

et souligne les bienfaits de l’exercice physique dont<br />

l’absence est de nos jours un sujet de préoccupation pour<br />

un nombre croissant d’adolescents dans notre île. Cette<br />

situation est d’autant plus dramatique que les fast-foods<br />

fleurissent ici.<br />

Le projet a donné lieu à un marathon insolite qui s’est<br />

déroulé dans notre lycée de la façon suivante : les étapes<br />

étaient des villes européennes du projet et nos élèves ont<br />

dû les relier en pratiquant la course à pied et la course de<br />

« yoles » (voiliers traditionnels). Nous avons ensuite totalisé<br />

les distances « symboliques » parcourues dans notre<br />

établissement et dans les écoles partenaires du projet. Il<br />

fallait parcourir 40 OOO km. Le marathon s’est terminé<br />

avec une course à pied, en Espagne en avril 2011, qui réunissait<br />

toutes les écoles. Nous travaillons maintenant à des<br />

« Jeux olympiques » qui auront lieu en Grèce en 20 12 et<br />

dont l’organisation sera discutée lors du prochain meeting<br />

de Roumanie, en octobre 2012. » <br />

23


<strong>Soleo</strong> DOSSIER SPÉCIAL<br />

GUADELOUPE<br />

ABSENTÉISME<br />

zéro<br />

« Le projet Comenius Change ? W e can de l’Ecole<br />

mixte 1 de Grand-Camp aux Abymes, a suscité un<br />

véritable engouement au niveau de l'équipe pédagogique<br />

et un réel changement de mode de travail. Nous notons<br />

Aactuellement un absentéisme zéro, tant au niveau des<br />

élèves qu'au niveau des collègues impliqués dans ce<br />

partenariat. Personne ne veut manquer une occasion de<br />

travailler ensemble pour respecter toutes les échéances<br />

du projet. »<br />

Ainsi témoigne Julie Elbourg, professeur<br />

des Ecoles, responsable du<br />

projet Change ? W e can dont le<br />

thème porte sur l'<strong>Education</strong> à l'Environnement<br />

et au Développement<br />

Durable (EEDD). « Nous souhaitons<br />

que les élèves participent à la préservation<br />

de la nature par des actions<br />

concrètes : étude de la fi lière du recyclage, sensibilisation à<br />

la collecte sélective et à la façon dont les tonnes de déchets ont<br />

une incidence, à court et à long terme, sur la faune, la fl ore et<br />

l’homme.<br />

Nous souhaitons également améliorer le niveau linguistique de<br />

nos élèves, qu'ils deviennent plus conscients de notre citoyenneté<br />

européenne, malgré notre éloignement du continent européen et<br />

qu'ils sachent accepter l'Autre avec ses différences en travaillant<br />

à une œuvre commune.<br />

Les autorités locales nous soutiennent de bout en bout, que ce<br />

soit pour nous équiper en matériel informatique nécessaire à une<br />

bonne communication avec nos partenaires ou pour mettre à notre<br />

disposition du matériel nécessaire à la sensibilisation des élèves à<br />

la collecte sélective par exemple. Une équipe d'ambassadeurs du<br />

tri est intervenue à l'école pour en expliquer les techniques, au<br />

travers de jeux et d’animations diverses.<br />

Du côté des enseignants, nous avons amélioré notre connaissance<br />

du système scolaire de nos partenaires, nos compétences linguistiques<br />

en anglais (langue de contact entre nous), nos compétences<br />

en Technologies de l’information et de la communication (TIC). Là<br />

encore, les autorités de l'éducation nous soutiennent et le projet<br />

fait l'objet de reportages fréquents, le dernier en date est consultable<br />

sur le site : http://www.ac-guadeloupe.fr/<br />

Nous nous impliquons aujourd’hui dans un nouveau projet, Treasure<br />

Islands, (2011-2013) pour lequel j’ai effectué une visite préparatoire<br />

en septembre à Dartford (Angleterre). Nous attendons<br />

avec impatience le verdict pour juillet. » <br />

Julie Elbourg<br />

Professeur des Ecoles<br />

firmin-elbourg@orange.fr<br />

L'équipe du projet.<br />

Julie Elbourg<br />

24


DOSSIER SPÉCIAL <strong>Soleo</strong><br />

LA RÉUNION<br />

L<br />

«<br />

Le Bernica,<br />

chanté par Leconte<br />

de Lisle<br />

dans un de ses poèmes les plus célèbres,<br />

est emblématique de La Réunion, terre<br />

de contrastes saisissants entre mer et<br />

montagne, feu du volcan et vagues de<br />

l’océan, creux des ravines et vertige<br />

du piton des neiges, pluies cycloniques<br />

d’été et sécheresse d’hiver, cirques inaccessibles<br />

et côtes surpeuplées. Sauvage<br />

et pourtant hospitalière, cette<br />

tête d’épingle dans l’océan indien vient<br />

d’être classée au patrimoine mondial de<br />

l’Unesco pour la beauté unique de ses «<br />

remparts » et de ses « hauts ».<br />

Terre de métissage, elle se caractérise<br />

par la très grande variété des populations<br />

qui l’habitent, issues d'Afrique<br />

(les Cafres), d'Inde (les Malbars et les<br />

Z'arabes), de Chine, de Madagascar , des<br />

Comores, et d' <strong>Europe</strong>, arrivés au cours<br />

des différentes phases de la colonisation<br />

et du développement de l'île.<br />

Forte de ses origines diverses et<br />

consciente des différentes étapes de<br />

son histoire, La Réunion s’est choisie<br />

une identité clairement ancrée dans<br />

l’<strong>Europe</strong>. Département français depuis<br />

1947, elle est aussi une Région ultrapériphérique<br />

de l’Union européenne<br />

située dans l’Océan Indien, à proximité<br />

de l’Afrique et de l’ Asie. Cette situation<br />

géographique originale lui confère un<br />

rôle spécifi que par rapport à l’<strong>Europe</strong>,<br />

rappelé récemment par Mostapha<br />

La Réunion<br />

ÎLE MÉTISSE ET EUROPÉENNE<br />

Perdu sur la montagne, entre deux parois hautes,<br />

Il est un lieu sauvage, au rêve hospitalier,<br />

Qui, dès le premier jour, n’a connu que peu d’hôtes ;<br />

Le bruit n’y monte pas de la mer sur les côtes,<br />

Ni la rumeur de l’homme : on y peut oublier.<br />

Fourar, recteur et chancelier des universités<br />

de l’Académie :<br />

« Dans le domaine de l’éducation, comme<br />

dans beaucoup d’autres, la réunion a<br />

un rôle clé à jouer , de rayonnement et<br />

de relais d’infl uence de la <strong>France</strong> et de<br />

l’<strong>Europe</strong> dans la zone de l’Océan Indien.<br />

L’académie de la Réunion<br />

fait partie des DOM<br />

les plus présents dans le<br />

programme EFTLV :<br />

1 er rang pour Erasmus<br />

en 2009 ; 2 ème rang en<br />

2010 pour l’ensemble<br />

des actions »<br />

Des fi nancements sont mobilisés par<br />

l’ensemble des acteurs concernés, Etat,<br />

CT, <strong>Europe</strong> et gouvernements des pays<br />

partenaires de la zone pour contribuer à<br />

l’amélioration des systèmes éducatifs en<br />

valorisant l’expertise réunionnaise ».<br />

Ces paroles ont marqué l’ouverture de la<br />

deuxième réunion du conseil de coopération<br />

éducative de l’Océan Indien, crée<br />

en décembre 2010 ; il constitue l’outil au<br />

service de cet objectif de rayonnement :<br />

à partir d’une étude des besoins des pays<br />

partenaires, trois domaines prioritaires<br />

ont fait l’objet de plans d’actions ciblées :<br />

la francophonie, la formation professionnelle<br />

et technique, l’enseignement<br />

supérieur.<br />

Cascades<br />

du voile de la mariée<br />

Pour maintenir son niveau d’expertise<br />

dont il fait sa carte maîtresse, le système<br />

éducatif de l’île doit relever quelques défis<br />

importants pour assurer la formation<br />

et l’insertion professionnelle d’une population<br />

dont 36% sont âgées de moins<br />

de 20 ans. Un de ces défi s est celui de<br />

la mobilité, question rendue particulièrement<br />

sensible par la géographie. L’académie<br />

de la Réunion fait partie des DOM<br />

les plus présents dans le programme<br />

EFTLV (1er rang pour Erasmus en 2009 ;<br />

2ème rang en 2010 pour l’ensemble des<br />

actions) . Il n’en reste pas moins vrai que<br />

celui-ci ne peut satisfaire l’ensemble des<br />

demandes dans sa configuration actuelle<br />

et que d’autres solutions doivent aussi<br />

être trouvées pour répondre au besoin<br />

d’ancrage régional. A l’heure où la Commission<br />

européenne a ouvert la réflexion<br />

sur son futur programme 20 14-2020,<br />

il faut souhaiter , à l’instar de Philippe<br />

Leyssene, ambassadeur délégué à la coopération<br />

régionale dans l’Océan indien,<br />

qu’elle saura considérer les spécifi cités<br />

des régions ultra-périphériques comme<br />

une opportunité à valoriser en adaptant<br />

les outils fi nanciers existants et en renforçant<br />

la dimension régionale des politiques<br />

de l’UE <br />

Chantal MANES<br />

Chargée de la Sous-Direction des affaires européennes<br />

et multilatérales , Direction des relations européennes<br />

et internationales et de la coopération, Ministère de<br />

l'éducation nationale et du Ministère de l'enseignement<br />

supérieur et de la recherche<br />

25


<strong>Soleo</strong> DOSSIER SPÉCIAL<br />

LES OUTRE-MER DE NOS VOISINS EUROPÉENS<br />

DANS LEUR<br />

implication<br />

AU PROGRAMME<br />

EDUCATION ET FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE (Lifelong Learning Programme, LLP)<br />

Kursat Levent Egriboz, directeur d’Ecorys, agence qui gère au<br />

Royaume-Uni les programmes Grundtvig et Leonardo da Vinci, fait<br />

un tour d’horizon des initiatives en cours dans leurs Overseas Territories<br />

( OSTs). Ces initiatives peuvent s’appuyer sur des visites d’étude,<br />

le programme Leonardo et, dans un avenir proche, Comenius Regio.<br />

other partners in the Netherlands, Germany<br />

and <strong>France</strong> to share good practice in managing<br />

nature reserves in the face of climate change.<br />

KKursat LEVENT EGRIBOZ<br />

Directeur d’Ecorys<br />

RETROUVER<br />

SUR SOLEOWEB l’intégralité<br />

de l’entretien avec Kursat<br />

Levent Egriboz. Il s’y exprime<br />

sur la mise en place,<br />

avec le British Council,<br />

d’une plate-forme internet<br />

faisant offi ce de guichet<br />

unique de la mobilité pour<br />

le public britannique ; il y<br />

expose aussi quelques préconisations<br />

pour l’avenir du<br />

programme LLP 2014-2020.<br />

http://www.europe-education-formation.fr/magazine/<br />

Propos recueillis par<br />

Nicolas Jean<br />

Mission Prospective<br />

<strong>Agence</strong> <strong>Europe</strong>-<strong>Education</strong>-<br />

<strong>Formation</strong> <strong>France</strong><br />

How do your overseas countries and territories<br />

participate in the LLP ?<br />

“The short answer to this question is through<br />

perseverance and extraordinary motivation!<br />

Overseas T erritories (or OST s) are of course<br />

eligible to participate in the LLP but many<br />

organisations and individuals can struggle to<br />

overcome the practical diffi culties of applying,<br />

receiving funding and participating in projects.<br />

The programme is fl exible enough to help<br />

such applicants and we ensure that we allocate<br />

enough funding for the additional travel<br />

and subsistence costs they incur for participating.<br />

As a National Agency it's our job to try<br />

and make the process as easy as possible for<br />

them so for example we need to be fl exible<br />

when dealing with the complex arrangements<br />

for making grant payments to their accounts.<br />

It can be diffi cult to promote the programme<br />

to OSTs so we try and use intermediary organisations<br />

to reach potential applicants. Although<br />

we receive only a small number of applications<br />

for the OST s each year , we have been able to<br />

fund some excellent activities.<br />

For example St Helena National T rust are<br />

participating in a Leonardo P artnership project<br />

working with the National T rust in the UK and<br />

Clifton Gayle from the Cayman Islands Government,<br />

Ministry of <strong>Education</strong>, Sunrise Adult<br />

Training Centre went on a fi ve day visit in May<br />

2011 organised by Mamak Guidance and Research<br />

Centre in Ankara, T urkey, to learn about<br />

vocational guidance of students with special<br />

needs. The visit offered the opportunity to<br />

find out more about the new approaches and<br />

methods used in vocational guidance for students<br />

with special needs, the different viewpoints<br />

in defining interests and abilities and the<br />

assessment process of these students. The study<br />

visit included visits to various organisations and<br />

schools, including special education schools,<br />

centres related to special needs and universities<br />

with special education departments.<br />

We have also funded activities involving the<br />

Overseas T erritories of other participating<br />

countries. Chris Williams from Lincolnshire<br />

School Improvement Service went on a fi ve<br />

day visit in April 20 11 organised by <strong>Education</strong><br />

Nationale - Inspection de l’<strong>Education</strong> Nationale<br />

- Académie de La Réunion in Saint-Denis, La<br />

Réunion, <strong>France</strong> on the topic of <strong>Education</strong> for<br />

Active Citizenship and sustainable development.<br />

The study visit provided Chris Williams with an<br />

array of opportunities to learn about the issues<br />

of sustainable development that La Réunion is<br />

facing and the projects and actions in place to<br />

reduce them and also to develop valuable links<br />

which could lead to collaborations between<br />

schools in Lincolnshire and La Réunion. Furthermore<br />

Chris has plans to develop a Comenius<br />

Regio project with his Italian colleague from<br />

the visit and to return to La Réunion for leading<br />

some workshops on Comenius P artnerships in<br />

the near future.” <br />

26


DOSSIER SPÉCIAL <strong>Soleo</strong><br />

NOUVELLE<br />

CALÉDONIE<br />

ENERGIES DU FUTUR ET<br />

citoyenneté<br />

SCOLAIRE<br />

L<br />

île<br />

Le projet Comenius du lycée Lapérouse de Nouméa, « Citizenship at<br />

school. Students rules », est un partenariat entre 10 établissements<br />

européens : Espagne, Grèce, T urquie, Danemark, Pologne, deux<br />

établissements en Italie et trois aux Pays-Bas.<br />

Françoise Rouam, enseignante, responsable du projet, nous donne<br />

sur le vif les grandes étapes de ce projet où les partenaires ont<br />

accompli des parcours pédagogiques et kilométriques étonnants.<br />

de Lifou. Iles Loyauté.<br />

« Le projet a pu démarrer en 2009 grâce à l'action E-twinning<br />

qui est la première passerelle avec l’<strong>Europe</strong> pour monter<br />

un projet Comenius. Un établissement polonais, près de<br />

Cracovie, m’a contactée en février 2009 pour nous inviter<br />

à rentrer dans un projet concernant 1 0 établissements. Les<br />

élèves ont travaillé sur les énergies du futur dans leur pays,<br />

la citoyenneté dans leurs établissements et sur les règles en<br />

milieu scolaire. Cinq séminaires s’échelonnent sur deux ans.<br />

Le premier séminaire a eu lieu en novembre 2009 en Pologne.<br />

C’était le premier séminaire de contact. Nous y sommes tous<br />

allés mais sans élèves, avec deux intervenants par délégation.<br />

Nous avons donc fait connaissance à ce moment-là. C’était<br />

une réelle opportunité pour nous qui venions du Pacifique.<br />

C’était la première fois qu’un établissement calédonien participait<br />

à un programme de cette envergure. Quel enthousiasme<br />

et dynamisme ont émergé lors de ces cinq premiers<br />

jours ! Nous nous trouvions en contact avec la diversité européenne.<br />

Il a fallu mettre en place le calendrier de travail jusqu’au séminaire<br />

suivant, en avril 2010, à Lefkada en Grèce. Certains dans<br />

le groupe, dont la P ologne et la Sicile, avaient déjà réalisé<br />

des programmes Comenius. Les Danois découvraient l’expérience<br />

comme nous. Nous nous sommes trouvés en décalage<br />

avec le calendrier scolaire de l’hémisphère Nord. Les tâches<br />

étaient à effectuer de décembre à avril. Or nous sommes à<br />

ce moment-là en grandes vacances scolaires. J’ai donc lancé<br />

les travaux avec mes élèves par emails, en décembre, puis<br />

début février. Il leur a fallu beaucoup travailler entre février<br />

et mars afin que nous arrivions en Grèce avec les productions,<br />

un calendrier commun aux 10 établissements.<br />

Chaque étape du projet fut une grande première : le déplacement<br />

de trois élèves chez nos partenaires grecs de Lefkada<br />

qui fut pour eux la première rencontre avec la réalité européenne.<br />

Les échanges se faisaient en anglais avec des accents<br />

différents; puis ce fut le séminaire de Nouméa où les danois<br />

sont arrivés les premiers avec une exposition conçue par les<br />

élèves sur l’histoire de la construction européenne, plats typiques<br />

à la cantine, excursion avec les partenaires sur l’île<br />

de Lifou, l’une des îles Loyauté. Ce fut extraordinaire pour<br />

les Européens. Le gouvernement, l’association des parents<br />

d’élèves, les parlementaires locaux, tous ont apporté leur soutien.<br />

Tout est bénéfique dans le projet, tant du côté des élèves<br />

qui gardent un contact entre eux par email et facebook, que<br />

du côté des enseignants. Nous déposons un nouveau projet<br />

pour 2012-2014… Vive l’<strong>Europe</strong> et ses programmes d’éducation<br />

! » <br />

<strong>27</strong>


<strong>Soleo</strong> DOSSIER SPÉCIAL<br />

MARTINIQUE<br />

Erasmus<br />

& Comenius<br />

UNE VRAIE DYNAMIQUE EN MARTINIQUE<br />

Rencontre avec Christine Delphin , Chargée de mission en<br />

Martinique pour la formation et l’insertion professionnelle par<br />

l’international auprès de la Délégation Académique aux Enseignements<br />

Techniques (DAET), en collaboration avec la Dareic.<br />

Une mission vient de lui être confi ée pour optimiser les mobilités<br />

sous toutes leurs formes : Erasmus stage, partenariats Comenius…<br />

Elle rentre elle-même d’une mission de terrain en Espagne sur les<br />

traces d’étudiants Erasmus actuellement en stage.<br />

L'<br />

« L’objectif de ma mission consiste à booster<br />

la mobilité stages des élèves de Bacs Professionnels<br />

et de BTS, accompagner les montages<br />

de projets et leur suivi. Comme il est diffi -<br />

cile en Martinique de trouver des terrains de<br />

stages pour certaines formations et alors que<br />

l’on souhaite faire évoluer les pratiques locales<br />

(transport, hygiène, couture, industrie..), il est<br />

vital que les jeunes en formation aient des<br />

expériences qui leur offrent ouverture pour<br />

eux-mêmes et pour ce qu’ils pourront réinvestir<br />

dans le développement économique de la<br />

Martinique.<br />

Pour les B TS il s’agit aussi de leur offrir des<br />

stages dans des entreprises différentes, aux dimensions<br />

qui n’existent pas ou peu localement.<br />

L’axe 3 du projet de développement 20 10-<br />

2013 de l’académie « relever pour l’académie<br />

les grands défi s du XXI ème siècle » fait la part<br />

belle à l’organisation de stages en entreprises<br />

en international ».<br />

L’engagement aujourd’hui des établissements<br />

scolaires martiniquais dans les<br />

Programmes Européens d’<strong>Education</strong> et<br />

de <strong>Formation</strong> Tout au Long de la Vie<br />

Les lycées qui demandent des chartes Erasmus<br />

le font souvent pour les étudiants relevant de<br />

BTS à stage obligatoire à l’étranger comme<br />

c’est le cas pour Commerce International ou<br />

Assistant de Manager.<br />

Le lycée général et technologique Joseph<br />

GAILLARD situé à Fort-de-<strong>France</strong>, dont l’ouverture<br />

à l’international est ancienne, offre ses<br />

bourses Erasmus à l’ensemble des sections BTS<br />

qu’il héberge. Etant situé en zone d’éducation<br />

prioritaire, il fait de cette ouverture un atout<br />

pour les jeunes, notamment dans son implication<br />

dans des projets Comenius pour des<br />

élèves de seconde qui sont ainsi préparés, avec<br />

enthousiasme, à leur futur départ en stage en<br />

BTS.<br />

Huit sections de BTS co-existent dans ce lycée<br />

et les bourses sont offertes à tous les étudiants<br />

pour des stages, de 9 à 13 semaines, alors que<br />

les exigences des référentiels sont souvent de<br />

6 semaines. Les étudiants du B TS « Assistant<br />

de Manager » saisissent cette chance, mais<br />

d’autres sections tertiaires aussi : comptabilité,<br />

informatique de gestion, ou industrielle, technico-commercial,<br />

économie sociale et familiale,<br />

électro technique. Les mobilités s’effectuent<br />

vers l’Espagne, l’ Angleterre, l’Irlande et<br />

les Pays-Bas via des organismes intermédiaires,<br />

des partenaires du projet Comenius acceptant,<br />

pour certains, d’accueillir des stagiaires. Les<br />

partenariats avec les P ays-Bas s’établissent<br />

souvent suite à une visite d’étude.<br />

28


DOSSIER SPÉCIAL <strong>Soleo</strong><br />

"Le choc climatique" :<br />

stagiaires en Irlande<br />

La mobilité pour comparer d’autres systèmes et<br />

d’autres normes augmente les chances d’employabilité<br />

Les jeunes partis l’an dernier passent actuellement leur B TS.<br />

Ils ont validé le niveau de langue par le passage du T OEIC<br />

ou du BULATS. Avec ces titres, ils ont reçu leur Europass lors<br />

d’une cérémonie académique présidée par le Recteur.<br />

Les enseignants notent aussi une meilleure maîtrise de la<br />

langue étrangère aux examens et une meilleure autonomie<br />

des jeunes en deuxième année de B TS au retour du stage.<br />

A noter que l’approche d’autres systèmes s’avère très enrichissant<br />

pour les étudiants. La découverte par exemple des<br />

normes anglo-saxonnes en électro-technique qui sont aussi<br />

celles des îles anglophones de la Caraïbe peuvent offrir un<br />

marché de l’emploi à ces jeunes. Il en va de même en comptabilité<br />

avec la découverte du système de nos voisins (Trinidad,<br />

Barbade etc.), qui peut intéresser les entreprises locales qui<br />

commercent avec eux.<br />

Ouverture d’esprit, adaptabilité, sont la plus-value d’une<br />

mobilité. Notre île, toute petite et mal servie en transports<br />

en commun, ne favorise pas l’autonomie des jeunes très<br />

entourés par leurs parents pour les transports par exemple.<br />

Les entreprises sont sensibles à ce type d’expérience qui<br />

responsabilise les étudiants et développe souvent réactivité,<br />

créativité, maturité. » <br />

Christine DELPHIN<br />

Chargée de mission en Martinique pour la formation<br />

et l’insertion professionnelle par l’international<br />

auprès de la Délégation A cadémique aux<br />

Enseignements Techniques<br />

29


<strong>Soleo</strong> BREVES<br />

Réunion des directeurs des <strong>Agence</strong>s nationales européennes. Bordeaux. Quai des Chartrons.<br />

RÉUNIONS DES DIRECTEURS DES<br />

AGENCES NATIONALES EUROPÉENNES<br />

EN CHARGE DU PROGRAMME<br />

D'ÉDUCATION ET DE FORMATION TOUT<br />

AU LONG DE LA VIE<br />

Antoine Godbert,<br />

Directeur de l'agence <strong>Europe</strong>-Eduction-<br />

<strong>Formation</strong> <strong>France</strong> et<br />

François Neuville,<br />

Délégué académique aux relations<br />

européennes et internationales<br />

(Dareic) de Paris<br />

BORDEAUX, LE 13 MAI 2011<br />

Dans le cadre de la semaine de l’<strong>Europe</strong>, l’ <strong>Agence</strong> 2e2f a réuni<br />

une vingtaine de directeurs des agences nationales venus de toute<br />

l’<strong>Europe</strong> pour discuter de façon informelle et conviviale de sujets<br />

tels que la future programmation 2014-2020, l’organisation propre<br />

à chaque agence ou encore la coopération à mettre en place entre<br />

les agences européennes.<br />

A partir des conclusions des groupes de travail de la Commission<br />

européenne pour le futur programme, 20 14-2020, les discussions<br />

ont permis de confronter les points de vue et de formuler une position<br />

commune. Ce type de réunion informelle jugée fructueuse<br />

à l’unanimité par les participants devrait se tenir régulièrement<br />

augurant d’une coopération inter-agences plus dynamique et<br />

vivante.<br />

(Pays participants : Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, Finlande,<br />

Hongrie, Irlande, Lituanie, Luxembourg, Norvège, P ologne, République<br />

Tchèque, Royaume-Uni, Slo vaquie, Slovénie, Suède, Suisse,<br />

Turquie).<br />

La prochaine réunion aura lieu à Sopot, en Pologne.<br />

SESSION DE FORMATION<br />

AUX PROGRAMMES<br />

PARIS, LYCÉE LOUIS-LE-GRAND<br />

LE 18 MARS 2011<br />

Une "session de formation sur les programmes européens d’éducation<br />

et de formation tout au long de la vie (EFTLV) destinée aux<br />

enseignants référents pour l’action européenne et internationale<br />

(ERAEI)" de l'académie de P aris a été organisée par la DAREIC<br />

de P aris. La politique européenne en matière de partenariats<br />

scolaires a été présentée par Antoine Godbert, en présence de<br />

François Neuville.<br />

Délégation académique aux relations européennes et internationales<br />

et à la coopération :<br />

http://www.ac-paris.fr/portail/jcms/piapp1_7176/europe-et-international<br />

ECOLE SUPÉRIEURE DE L’EDUCATION NATIONALE (ESEN)<br />

POITIERS, LE 9 MAI 2011, POUR LA JOURNEE DE L'EUROPE<br />

Antoine Godbert est intervenu devant 250 inspecteurs stagiaires de la <strong>France</strong> et des Dom, dans le cadre<br />

d’une session de formation à la mobilité internationale. Les nouveaux dispositifs de formation des<br />

personnels d’encadrement de l’éducation nationale incluent désormais une formation aux politiques<br />

éducatives et systèmes éducatifs internationaux et une mobilité individuelle d’au moins 5 jours dans un<br />

pays étranger.<br />

Le Directeur de l'<strong>Agence</strong> 2e2f a présenté le cadre des programmes européens d’éducation et de formation<br />

et les différents types d’actions européennes dont pouvaient bénéfi cier les stagiaires : visites d’études ,<br />

partenariats Comenius et mobilité Leonardo da Vinci.<br />

30


BREVES<br />

<strong>Soleo</strong><br />

2011, ANNÉE DES OUTRE-MER<br />

QUELQUES REPÈRES<br />

Cette année répond à plusieurs grands objectifs parmi lesquels<br />

celui de présenter les sociétés et les cultures d’outre-mer dans<br />

la dynamique de leur modernité et de leurs traditions, en faisant<br />

mieux connaître leurs spécificités et leur apport dans les domaines<br />

politique et social, économique, culturel et environnemental ; et<br />

de placer en perspective l’environnement géographique, l’environnement<br />

francophone et l’environnement international des territoires<br />

ultra-marins avec un accent mis sur leur lien particulier avec<br />

leur environnement francophone insulaire ainsi que leur insertion<br />

spécifique dans l’Union Européenne.<br />

Le colloque organisé les 17 et 18 mai derniers à l’université René<br />

Descartes : "Enseigner l’Outre-mer , enseigner en Outre-mer" a<br />

posé la question du multilinguisme de la francophonie et de la<br />

scolarisation, rappelant que le respect de la diversité linguistique<br />

était une valeur fondamentale. La Commission européenne définit<br />

le multilinguisme à la fois comme « la capacité d’une personne à<br />

utiliser plusieurs langues et la coexistence de plusieurs communautés<br />

linguistiques dans une zone géographique donnée ». Les<br />

dispositifs d’apprentissage de la langue française et des langues<br />

maternelles, notamment par des intervenants en langue maternelle,<br />

doivent permettre une scolarisation réussie de l’élève tout en<br />

préservant la diversité des langues et en contribuant au dialogue<br />

interculturel.<br />

Des États Généraux du Multilinguisme d’Outre-mer seront<br />

organisés à Cayenne, fin 2011.<br />

<strong>Soleo</strong> www.2e2f.fr<br />

Ecrivez à <strong>Soleo</strong> !<br />

soleo@2e2f.fr<br />

Directeur de la publication<br />

Antoine Godbert<br />

Rédactrice en chef<br />

Dominique Ardiller<br />

Maquette, iconographie<br />

Julia Robisco<br />

Presse<br />

Lydie Lagouarde<br />

Ont collaboré à ce numéro<br />

Marie-José Biondini<br />

Son Excellence,<br />

Marie Chatardovà<br />

Christine Delphin<br />

Sonia Dubourg-Lavroff<br />

Julie Elbourg<br />

Quitterie Gadret<br />

Emmanuelle Gardan<br />

Michèle Guyot-Rose<br />

Patrick Hetzel<br />

Kursat Levent Egriboz<br />

Chantal Manes<br />

Laurent Prévost<br />

Françoise Rouam<br />

André Siganos<br />

Max Steph<br />

Louis Vogel<br />

Crédits photo<br />

Sophie Pawlak<br />

Université de <strong>France</strong> Comté<br />

Shutterstock Images<br />

Diffusion gratuite.<br />

Édité avec le soutien<br />

financier de la Commission européenne.<br />

Le contenu de cette publication<br />

et l’usage qui pourrait en être fait<br />

n’engagent pas la responsabilité<br />

de la Commission européenne.<br />

Impression<br />

Laplante 33700 Mérignac<br />

ISSN 1634 - 443X<br />

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<strong>France</strong> Édition Multimedia<br />

66334 Cabestany<br />

Magazine imprimé en <strong>France</strong><br />

à 30 000 exemplaires<br />

sur papier PEFC.<br />

10-31-2222 / Certifié PEFC / pefc-france.org<br />

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