Sahel Dimanche - Nigerdiaspora

Nation
Interview de Mme Sadou Hadjia Shakrah, Coordinatrice du Projet Espace de collaboration entre Femmes chefs d'entreprises
Catalanes et Africaines, un projet de partenariat stratégique pour le développement durable au Niger
“L'heure a sonné de bâtir un Niger nouveau (…) où nous allons parler de politique de création de richesses”
Mme la Coordinatrice, veillez-nous
présenter le projet ''Espace de collaboration
entre Femmes chefs d'entreprises
catalanes et africaines'' dont le
forum se tiendra du 16 au 21 novembre
prochain à Niamey
Disons que le premier axe de ce projet est
la Création du Bureau des Femmes
Entrepreneurs (BFE) du Niger (BFE), qui
est un fruit de la collaboration entre
Fundacio Internacional de la Dona
Emprenedora (FIDEM), une Organisation
Non Gouvernementale à but non lucratif
espagnole, le Réseau de l'Entreprenariat
Féminin en Afrique de l'Ouest (REFAO-
Niger) et la Chambre de Commerce
d'Agriculture, d'Industrie et d'Artisanat du
Niger.
Ce projet est cofinancé par le Consortium
de Promotion Commerciale de la
Catalogne (COPCA) et l'Agence Catalane
de Coopération au Développement
(ACCD). C'est un projet pilote, le premier
du genre en Afrique sub-saharienne.
Comme vous le savez, l'Espagne n'a pas
un lien culturel et historique avec l'Afrique
comme il en a avec l'Amérique du Sud.
Donc, c'est un grand plaisir pour nous de
voir ce genre de coopération démarrer au
Niger.
Quels sont, Madame la Coordinatrice,
les objectifs poursuivis à travers
l'organisation de cette rencontre ?
L'objectif principal de ce forum est de
promouvoir l'autonomie économique des
femmes nigériennes. Le deuxième objectif,
c'est les rencontres régulières d'échanges
entre les femmes chefs d'entreprises
nigériennes et espagnoles. En outre, nous
visons l'appui aux femmes chefs d'entreprises
et femmes entrepreneurs. Pour le
moment, nous faisons l'appui technique,
c'est-à-dire la formation en entreprenariat
et gestion d'entreprises.
Pouvez-vous nous dire les raisons qui
ont présidé à la création d'un tel projet
et nous en faire la genèse ?
Le projet a vu le jour en février 2009. C'est
''l'année de naissance'', mais comme tout
projet, il y a eu des réflexions et des
travaux en amont. C'était le rêve de
quelques pionnières. Ensuite nous avons
partagé des idées et nous avons beaucoup
travaillé pour traduire ce rêve en réalité. Et
nous continuons encore à rêver pour créer
la richesse au Niger, en Afrique, en
Espagne et dans le monde.
De sa création à ce jour, quelles sont les
activités que vous aviez eu à mener ?
Dans le cadre du projet, nous avons mené
plusieurs activités, notamment la rencontre
des femmes entrepreneurs africaines et
catalanes en février 2009 à
Barcelone ; l'organisation de
formations en création d'entreprise,
élaboration des plans d'affaires,
et le suivi ou coaching des
jeunes entrepreneurs ; l'identification
des plusieurs projets communautaires.
A ce jour, plus de 150
femmes sont inscrites au BFE et
75 ont été formées. En outre,
nous avons signé une convention
de partenariat avec certaines
organisations féminines dont la
MECREF et l'AFN. Avec la
MECREF, nous avons démarré
les activités de "coaching", c'est à
dire que nous suivons l'évolution
des entreprises des femmes
entrepreneurs que MECREF
nous a recommandées. Ces
femmes sont des entrepreneurs
qui, certes, ont des micros entreprises,
mais qui gagnent honnêtement
leur vie et surtout
contribuent à la création de
richesses au Niger.
Comme je disais tantôt, le second objectif
de ''l'Espace de collaboration entre
Femmes chefs d'entreprises catalanes et
africaines'', ce sont les rencontres d'échanges.
Donc, maintenant, c'est au tour du
Niger d'accueillir nos amies femmes entrepreneurs
catalanes. Nous allons donc
accueillir une délégation de 11 femmes
chefs d'entreprises des différents secteurs
de l'économie catalane. Ce sont des
femmes qui ont bâti leurs entreprises, des
toutes petites entreprises aux moyennes et
grandes entreprises. Elles œuvrent dans
les secteurs du bâtiment, de la restauration,
de l'agro alimentaire, des prestations
de services, du textile, d'agence matrimoniale,
et dans l'une des plus grandes sociétés
de gestion des ressources humaines.
En effet, à l'heure de la globalisation, la
première richesse d'une entreprise, c'est
son personnel.
Cette délégation qui viendra ici au Niger
est composée du président, de la directrice
et des membres de FIDEM, ainsi que de
personnes ressources. Comme vous le
savez, la rencontre aura lieu du 16 au 21
novembre et son ouverture est placée
sous le haut patronage du ministre de la
Promotion de la Femme et de la Protection
de l'Enfant.
Quelles sont vos attentes de l'issue de
cette rencontre ?
L'importance des rencontres de ce genre,
c'est l'opportunité de partager les connaissances.
C'est aussi une opportunité de
vendre l'image du Niger à l'extérieur. Vous
savez, notre pays regorge de richesses,
les femmes ont beaucoup d'initiatives,
mais ce qui nous manque souvent, c'est la
détermination à mettre en œuvre ces
Mme Sadou Hadjia Shakrah
initiatives de développement. Ces initiatives
s'inscrivent toutes dans la politique
globale de réduction de la pauvreté.
L'heure a sonné de bâtir un Niger nouveau.
Un Niger où nous allons parler de
politique de création de richesses. Un
Niger où nous allons mobiliser tous les
enfants de la nation pour travailler ensemble
et partager ensemble les fruits de notre
travail. C'est un rêve, mais c'est un rêve
partagé avec beaucoup de nos amies.
C'est un rêve que des femmes comme moi
ont commencé. D'ailleurs, ce rêve a vu
naître un mouvement : “Femmes Pour Un
Monde Meilleur”.
Quelles sont les perspectives pour
cette initiative ?
Ce projet va faire émerger une nouvelle
génération de femmes entrepreneurs en
Afrique, afin de bouter ce ''paradoxe africain''
: l'Afrique est riche, les Africains sont
pauvres. La richesse est un état d'esprit, la
richesse est le travail, la richesse est la
détermination, la richesse est l'opportunité.
J'invite donc toutes les bonnes volontés à
se joindre à nous pour créer la richesse,
partout en Afrique. Ce projet, je souhaite le
voir devenir l'instrument qui permettra de
changer l'état d'esprit et avec un résultat
que nous allons exporter dans la sousrégion,
et pourquoi pas, partout où on parle
de pauvreté.
Déjà, nous avons commencé à offrir
l'opportunité aux petites commerçantes à
rêver d'être de grandes commerçantes ;
aux jeunes filles diplômées sans emploi à
rêver d'être chefs d'Entreprises et aux
chefs d'Entreprises de devenir membres
des grands groupes. Ceci est un bon signe
car comme dit le sage, ''en rêve commence
la responsabilité, la responsabilité de
traduire son rêve en réalité''. C'est un rêve
mais c'est également une conviction.
Cependant, on ne peut pas innover sans la
volonté politique, on ne peut pas innover
Ibro Youka/ONEP
•
sans éducation, aucune nation ne peut se
développer sans les deux. C'est pour cette
raison que nous demandons aux autorités
et à toutes les bonnes volontés de bien
vouloir offrir les opportunités aux femmes
pour qu'elles participent activement, dans
des bonnes conditions, au développement
du pays. Des vraies opportunités, car dès
que l'on parle de l'entreprenariat, les
portes d'opportunités vous sont fermées.
On considère que vous êtes riches, donc,
que vous n'avez pas besoin d'aide. Donc,
il s'agit pour nous d'inciter à innover dans
la politique de l'aide, l'aide à ceux et celles
qui produisent. Pour moi, aider c'est ouvrir
la porte des opportunités. C'est partager
les connaissances, c'est ouvrir le marché,
c'est offrir les moyens de production et
c'est aussi former et informer. D'ailleurs, la
journée de jeudi 19 est réservée pour le
travail du groupe " La journée des partenaires
aux développements". Nous invitons
donc tout le monde à venir partager
ses expériences de développement avec
les membres du Bureau Femmes
Entrepreneurs du Niger pour créer la
richesse. Il est inutile de dire que le travail
des femmes n'est pas pris en compte dans
les statistiques de la production du pays.
Le Niger n'est pas le seul d'ailleurs et nous
voulons, et allons changer cela. Notre
ambition est de participer à faire éclore les
richesses de ce pays. Et la première
richesse d'un pays, c'est sa jeunesse.
Nous allons donc inciter cette jeunesse à
l'entreprenariat, à l'esprit de travail bien fait
et à la culture de la qualité.
Oui, nous pouvons le faire, et d'ailleurs le
monde entier est mobilisé du 16 au 21
novembre pour jeter les bases de cette
grande entreprise d'envergure planétaire.
Au Niger, nous sommes prêtes et nous
espérons voir se joindre à nous les personnes
morales, c'est-à-dire toutes les
entreprises qui croient en l'entreprenariat
pour le développement. Cet événement
est “Global Entrepreneurship Week”. Nous
allons bâtir un monde meilleur. Oui nous
allons bâtir un Niger meilleur où seront
bannis tous les maux qui assaillent les
pays en développement. Cela est possible
avec l'innovation et la promotion de
l'entreprenariat.
Bienvenue donc à nos amies de FIDEM,
mes amies Nuria, Angel, Rosa et toutes les
autres. Par ailleurs, je remercie les plus
hautes autorités nigériennes et les autorités
de l'Espagne, qui ont beaucoup contribué
à la réalisation de ce projet, et surtout
la Première Dame, Hadjia Laraba Tandja,
qui avait parrainé la première rencontre
entre Femmes entrepreneurs d'Espagne et
d'Afrique. Je saisis également cette opportunité
pour lancer un appel à toutes les
bonnes volontés pour venir nous rejoindre
afin d'œuvrer pour un monde meilleur, un
Niger meilleur, un Niger de paix, de
prospérité et bonheur. Vive le Niger ! Vive
l'Espagne !
Réalisée par Tchirgni Maïmouna
SATU-SA
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Page 20 13 novembre 2009 Sahel Dimanche