d’exagérée si on ne considérait la façon qu’a le <strong>Luxembourg</strong> de prendre en compte sa manière propre d’aborder les <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>. Enfin, un troisième exemple, proche de l’anecdote, se doit d’être relevé ici. « Legilux », le site internet du Mémorial, journal officiel du <strong>Luxembourg</strong>, permet de réaliser des recherches sur les textes législatifs et réglementaires depuis 1945. Une recherche conduit à l’intitulé précis de la loi ou du règlement grand-ducal. Lorsque l’on tente de trouver la loi du 24 décembre 1977 inst<strong>au</strong>rant, notamment, le Comité de coordination tripartite, les concepteurs du site internet ont jugé bon d’indiquer en plus de la référence législative le mot « tripartite » en lettres capitales 143 . La « tripartite » est en effet le mot communément employé pour désigner l’institution précitée. Bref, l’idée d’un modèle basé <strong>au</strong>tour de « la tripartite » semble bien fortement implantée pour qu’une référence explicite y soit faite sur le site internet. Nous n’avons pu relever <strong>au</strong>cun <strong>au</strong>tre exemple du même genre sur ce site. Ainsi, l’idée qu’il existe un « modèle » dans notre pays semble bien relever du fait acquis, ne prête pas sujet à controverse, est considéré comme un élément établi une fois pour toutes sans qu’il y ait besoin d’apporter à l’existence de ce prétendu modèle quelque justification que ce soit. Plus h<strong>au</strong>t, nous avons fait apparaître le mot « modèle » entre guillemets pour les raisons que nous avons indiquées. En effet, ce mot, si on suit la définition qu’en donne le dictionnaire signifie : « ce qui sert ou doit servir d’objet d’imitation pour faire ou reproduire quelque chose ». Mais bien plus que la définition générique et simplifiée tirée d’un dictionnaire, il nous f<strong>au</strong>drait aller plus en avant dans la notion même de modèle. Jusqu’à ce jour les quelques lectures et références bibliographiques 144 que nous avons consultées ne nous ont guère permis d’avancer en ce domaine. Cette progression dans la recherche s’avérera pourtant indispensable, particulièrement lorsqu’il s’agira de se pencher sur la manière dont la notion a été utilisée en sociologie des <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>, du travail et de l’emploi. 6.2. Un modèle spécifique <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong> ? Pour reprendre le cas du <strong>Luxembourg</strong>, on relève de petites tentatives de la part de certains historiens 145 pour tenter de déterminer les originalités d’un éventuel modèle luxembourgeois de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>. Ainsi, Denis SCUTO indique qu’il y a modèle luxembourgeois par la volonté qu’a eu le pays d’affirmer son <strong>au</strong>tonomie et sa capacité d’agir à travers sa politique sociale. Cl<strong>au</strong>de WEY, lui, indique que le modèle n’est pas exclusivement luxembourgeois en ce sens que plusieurs de ses éléments constituent des emprunts à l’étranger, notamment en Allemagne. Il ne serait luxembourgeois que dans la mesure où les hommes politiques ont eu le libre choix de l’établir et de l’adapter à la situation nationale. Jean-Cl<strong>au</strong>de MULLER estime, lui, que le modèle s’est inspiré du libéralisme belge. L’historien P<strong>au</strong>l ZAHLEN estime que l’après-guerre a connu un fort temps de concertation sociale nécessitant la coopération entre tous les partenaires. 143 www.legilux.lu. 144 <strong>Les</strong> modèles de l’action, sous la direction de B. SAINT-SERNIN, E. PICAVET, R. FILLIEULE et P. DEMEULENAERE, Presses universitaires de France, Paris, 1998. C A. LAVE et J. G. MARCH, An introduction to models in the social sciences, Harper & Row, New York, 1975. B. WALLISER, Systèmes et modèles. Introduction critique à l’analyse de systèmes, Seuil, Paris, 1977. 145 L’histoire, le présent et l’avenir du modèle luxembourgeois, op. cit., pp. ix-xii. Ces références semblent bien toutefois être isolées dans la recherche des spécificités d’un modèle propre <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong>. L’existence avérée ou non d’un modèle de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong> propre <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong> pose la triple question de ses origines, de son actualité et de sa diffusion. En ce qui concerne les origines du prétendu modèle, se posera la question de ses sources. Celles-ci peuvent en effet être uniques ou multiples. Si elles proviennent d’importations, il est légitime de s’interroger sur le fait de savoir si elles ont été transposées comme telles ou bien adaptées, transformées. Ce prétendu modèle est peut-être lui-même encore inspiré d’<strong>au</strong>tres modèles ou bien de parties limitées de modèles devenant des exemples de pratiques usitées à l’étranger. 76 /Le « modèle » luxembourgeois de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>
En ce qui concerne l’actualité d’un prétendu modèle, il serait intéressant de voir en quoi la configuration institutionnelle luxembourgeoise a pu ensuite acquérir valeur de modèle. S’il y a bien un modèle luxembourgeois de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong>, ce dernier a-t-il diffusé à l’étranger ? Il serait donc ultérieurement très intéressant de rechercher si d’<strong>au</strong>tres pays se sont inspirés de l’architecture institutionnelle luxembourgeoise et si les effets du prétendu modèle constatés <strong>au</strong> <strong>Luxembourg</strong> se sont produits en retour de manière similaire ou proche à l’étranger. Le projet « LUXMODEL » dont nous avons touché quelques mots <strong>au</strong> point 2.5 devrait nous aider à répondre ultérieurement à ces questions. Le « modèle » luxembourgeois de <strong>relations</strong> <strong>professionnelles</strong> / 77