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Les relations professionnelles au Luxembourg - Conseil ...

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Le Comité de coordination tripartite se prononce dans le délai qui lui est imparti par le Gouvernement<br />

sur les conclusions et recommandations du médiateur, à la majorité des membres de chacun<br />

des groupes représentant les employeurs et les syndicats les plus représentatifs sur le plan national,<br />

la délégation gouvernementale exprimant son attitude conformément à la position arrêtée <strong>au</strong> sein du<br />

Gouvernement.<br />

5.2.3. Quelques soucis pour l’approche tripartite<br />

Mario HIRSCH tient dans ses écrits 132 à relativiser l’importance donnée à l’approche tripartite en<br />

mentionnant des faits historiques. Dès 1980, la conférence tripartite sectorielle sur la sidérurgie avait<br />

mis plus de six mois à se mettre d’accord sur un avenant portant sur la restructuration de la sidérurgie,<br />

avenant ratifié six mois plus tard encore par la Chambre des députés. D’ailleurs, la commission<br />

parlementaire spéciale consacrée à la sidérurgie ne manquera pas dans un de ses avis 133 de se montrer<br />

très circonspecte quant à l’approche tripartie en indiquant à propos de celle-ci et de ses composantes<br />

: « Il reste <strong>au</strong>x trois partenaires en c<strong>au</strong>se à faire la preuve de sa validité et de son opportunité<br />

pour surmonter une crise structurelle (…) ».<br />

Dès 1982, le Gouvernement a dû mettre en œuvre des mesures draconiennes prévues dans la loi du<br />

24 décembre 1977 l’habilitant à cet effet. Le Comité de coordination tripartite s’était <strong>au</strong> préalable<br />

réuni à 7 reprises sans parvenir à un accord global sur l’application de ces mesures. En 1983, le<br />

Gouvernement dut prendre des mesures plus dures encore de manière à renflouer financièrement la<br />

sidérurgie par l’<strong>au</strong>gmentation de la fiscalité. <strong>Les</strong> syndicats s’y opposèrent farouchement. Un avis<br />

rendu par le <strong>Conseil</strong> d’Etat 134 est éclairant à ce sujet : « Il f<strong>au</strong>t bien se rendre compte que la tripartite<br />

n’est pas une méthode de Gouvernement. Il f<strong>au</strong>t revenir <strong>au</strong> fonctionnement normal de nos<br />

institutions constitutionnelles… La tripartite a eu un <strong>au</strong>tre désavantage, bien plus grave, encore, en<br />

mettant l’Etat <strong>au</strong> rang des partenaires soci<strong>au</strong>x et en faisant de lui leur otage ».<br />

5.2.4. L’évolution après la crise<br />

L’institution une fois sur les rails, Mario HIRSCH indique qu’elle a totalement changé de rôle. Il estime<br />

que sous le Gouvernement chrétien-social / socialiste qui a gouverné le pays de 1984 à 1999, le<br />

Comité de coordination tripartite est plutôt devenu une « caisse de résonance pour tester certaines<br />

initiatives <strong>au</strong>près des partenaires soci<strong>au</strong>x avant de les soumettre <strong>au</strong> parlement ». Mario HIRSCH<br />

estime <strong>au</strong>ssi que la banalisation de l’institution par rapport <strong>au</strong>x années de crise s’étalant de 1975 à<br />

1983 s’explique <strong>au</strong>ssi par le fait que le <strong>Luxembourg</strong> a connu un cycle conjoncturel vertueux depuis<br />

1984. On relève encore des problèmes entre partenaires lors de discussions sur l’économie du pays<br />

et sur la sécurité sociale de 1991 à 1993.<br />

Toutefois, dès 1998, l’institution va retrouver le chemin de la voie législative dans le cadre de<br />

l’adoption du plan d’action national en faveur de l’emploi, consacré par une loi du 12 février 1999 135 .<br />

Celle-ci contient un ensemble de mesures arrêtées par le Comité de coordination tripartite en date du<br />

18 avril 1998. L’exposé des motifs du projet de loi 136 préalable réaffirme d’ailleurs la volonté nationale<br />

d’intégrer les partenaires soci<strong>au</strong>x <strong>au</strong> processus législatif : « Le plan d’action luxembourgeois<br />

est le seul parmi les quinze plans d’action nation<strong>au</strong>x à avoir été adopté d’un commun accord par les<br />

trois partenaires soci<strong>au</strong>x. (…) Le <strong>Luxembourg</strong> s’approche donc <strong>au</strong> plus près des recommandations<br />

du conseil européen qui exige une responsabilisation accrue des partenaires soci<strong>au</strong>x ». Il s’agit en<br />

réalité ici d’une f<strong>au</strong>sse allégation comme nous le verrons <strong>au</strong> point 1.6.1.<br />

L’exposé des motifs précise encore que l’accord tripartite du 18 avril 1998 constitue un compromis<br />

équilibré entre des positions parfois diamétralement opposées des partenaires soci<strong>au</strong>x. A noter que<br />

le Comité de coordination tripartite avait été élargi à des représentants des fédérations patronales et<br />

à des experts des organisations syndicales afin d’impliquer les acteurs directement concernés sur le<br />

terrain. Le projet de loi se tient strictement <strong>au</strong>x solutions négociées, souvent en détail, par le Comité<br />

de coordination tripartite, d’<strong>au</strong>tant plus que le libellé lui-même du texte a été reconnu conforme<br />

132 M. HIRSCH, op. cit., pp. 151-155.<br />

133 Rapport du 18 juin 1981 relatif<br />

<strong>au</strong> projet de loi numéro 2 497<br />

<strong>au</strong>torisant le Gouvernement<br />

à prendre des mesures<br />

supplémentaires afin de favoriser la<br />

restructuration et la modernisation<br />

de la sidérurgie.<br />

134 <strong>Conseil</strong> d’Etat, avis du 13 juin<br />

1983.<br />

135 Loi du 12 février 1999 concernant<br />

la mise en œuvre du plan d’action<br />

national en faveur de l’emploi<br />

1998, Mémorial A, numéro 13,<br />

23 février 1999.<br />

136 Projet de loi numéro 4 459<br />

concernant la mise en œuvre du<br />

plan national en faveur de l’emploi<br />

1998.<br />

Le <strong>Conseil</strong> économique et social et le Comité de coordination tripartite<br />

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