Caroline Raffin : Réception d'une écriture de la rue - Le Fourneau
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déambu<strong>la</strong>tion va être ralentie ou accélérée. J-R. Jacob anticipe les dép<strong>la</strong>cements<br />
du public pour que le positionnement <strong>de</strong> l’image se fasse à <strong>la</strong> bonne vitesse. Il est<br />
pour ce<strong>la</strong> présent au plus près <strong>de</strong>s comédiens et règle, par un système <strong>de</strong> talkiewalkie<br />
aux différentes régies, l’avancée <strong>de</strong> <strong>la</strong> déambu<strong>la</strong>tion en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule<br />
à diriger. Il suffit d’ailleurs que les spectateurs l’observent pour comprendre à<br />
quel point le spectacle se joue sur le fil et qu’il nécessite une importante<br />
concentration pour « caler » les différents éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> scénographie.<br />
La problématique du parcours est en effet liée aux dép<strong>la</strong>cements entre les<br />
images. Ils représentent un risque majeur <strong>de</strong> perte du public. Totalement<br />
dépendants <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration <strong>de</strong>s espaces sur lesquels ils évoluent, ils réc<strong>la</strong>ment<br />
au même titre que les images fixes <strong>de</strong>s conditions d’écoute et <strong>de</strong> regard<br />
satisfaisantes. <strong>Le</strong>s étranglements <strong>de</strong>s <strong>rue</strong>s, plus ou moins nombreux selon les<br />
villes, influencent en effet <strong>la</strong> lecture du spectacle. Ils ralentissent le mouvement du<br />
public et ren<strong>de</strong>nt difficile <strong>la</strong> visibilité <strong>de</strong>s images. Oposito attache donc un soin<br />
minutieux aux actions préa<strong>la</strong>bles à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s images. Chacun <strong>de</strong>s<br />
tableaux fixes se termine en effet par un dép<strong>la</strong>cement vers l’image suivante qu’il<br />
convient <strong>de</strong> manœuvrer judicieusement pour conserver l’attention d’un maximum<br />
<strong>de</strong> spectateurs. En effet, tout en veil<strong>la</strong>nt à ne pas trop éloigner le public <strong>de</strong>s<br />
images pour conserver un rapport physique avec lui, les comédiens et le personnel<br />
d’Oposito l’invitent à préserver et conserver l’espace <strong>de</strong> jeu. <strong>Le</strong> temps <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
représentation, Oposito a entre ses mains les clés <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, ou du moins <strong>de</strong>s<br />
espaces investis, et <strong>de</strong>vient le maître <strong>de</strong>s lieux. On comprend aisément qu’un<br />
spectacle <strong>de</strong> cet ordre ne s’improvise pas, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation du spectacle<br />
nous permettra d’illustrer les moyens que déploie Oposito dans son expérience du<br />
maniement <strong>de</strong>s foules, pour récréer sans cesse <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> visibilité et<br />
d’écoute, nécessaires à <strong>la</strong> représentation.<br />
1.3.5. Un spectacle à l’échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville<br />
Imagine 100 personnes dans une maison, 10 000 passants chaque jour<br />
<strong>de</strong>vant et souffrant tout autant que les occupants, si ce n'est davantage, du<br />
rayonnement parfois déprimant <strong>de</strong> <strong>la</strong> faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette maison insensible.<br />
Imagine aller dans les quartiers et tenter d'ouvrir pour les habitants une<br />
fenêtre vers <strong>de</strong>s rêves autres que <strong>la</strong> survie quotidienne. Imagine pouvoir<br />
puiser <strong>de</strong> l'intérieur, dans les mémoires anciennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, se nourrir <strong>de</strong><br />
l'histoire <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions, pour créer une fiction qui dévoile un réel enseveli<br />
sous l'habitu<strong>de</strong>. Imagine créer un trompe-l'oeil, un trompe-l'oreille, un<br />
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