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Caroline Raffin : Réception d'une écriture de la rue - Le Fourneau

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« Ce serait un lieu suggérant un nombre suffisamment varié et<br />

variable <strong>de</strong> combinaisons dimensionnelles pour provoquer cet effervescence<br />

imaginaire, inciter à y créer <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> communication multiples, bref,<br />

offrant une poétique spatiale susceptible <strong>de</strong> déclencher <strong>de</strong> nombreuses<br />

situations ludiques. Avant même que quelque chose s’y ordonne, assemblée<br />

ou spectacle, fête ou meeting, il éveillerait en nous, ou ranimerait s’il est<br />

éteint, ce goût d’explorer l’espace, si naturel chez le jeune animal et chez<br />

l’enfant, quand gravir, changer <strong>de</strong> niveau, s’abandonner à une pente,<br />

multiplier les orientations, était pour nous un mo<strong>de</strong> fondamental <strong>de</strong><br />

vivre 36 ».<br />

Certes, l’espace imaginé par J. Herrmann joue sur un système <strong>de</strong> pentes et<br />

<strong>de</strong> contre-pentes et les spectateurs, privés <strong>de</strong> sièges, s’installent à leur gré sur les<br />

p<strong>la</strong>ns inclinés. Néanmoins, comme dans le cas <strong>de</strong> l’intervention théâtrale en<br />

espace public, aucun espace ne semble être réservé à <strong>la</strong> scène. Certes, <strong>la</strong><br />

déambu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s Trottoirs <strong>de</strong> Jo’Burg… mirage nécessite un parcours<br />

re<strong>la</strong>tivement p<strong>la</strong>t (les éléments <strong>de</strong> décor sont montés sur <strong>de</strong>s roues). Néanmoins <strong>la</strong><br />

monumentalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville démultiplie les dimensions <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> jeu. C’est<br />

d’ailleurs pour cette raison qu’Enrique Jimenez a inventé <strong>de</strong>s jouets à l’échelle <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ville. <strong>Le</strong>s volumes <strong>de</strong> ces structures, capables d’être vues <strong>de</strong> loin, déstabilisent<br />

ici le regard du spectateur. De plus, il faut compter sur <strong>la</strong> verticalité <strong>de</strong>s bâtiments,<br />

présents sur les espaces, pour offrir aux regards <strong>de</strong>s spectateurs <strong>de</strong>s perspectives<br />

variables, qui leur sont bien souvent inconnues.<br />

<strong>Le</strong>s lieux sont interchangeables et sollicitent une adaptation d’ordre<br />

physique et matérielle. Ce lieu non conçu pour le théâtre a été choisi pour<br />

répondre à une forme particulière <strong>de</strong> représentation. Michel Crespin 37 , aime citer<br />

<strong>la</strong> métaphore <strong>de</strong> Pino Simonelli « <strong>la</strong> ville est un théâtre à 360° » parce qu’elle<br />

« va beaucoup plus loin que <strong>la</strong> simple interprétation géométrique et spatiale. En<br />

effet, <strong>la</strong> ville, comme entité globale et complexe, provoque le processus même <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> création théâtrale, lorsque cette création s’intéresse à <strong>la</strong> ville 38 ». <strong>Le</strong>s Trottoirs<br />

<strong>de</strong> Jo’Burg...mirage font <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>rue</strong> leur espace <strong>de</strong> jeu, <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville leur décor. <strong>Le</strong><br />

spectacle transforme <strong>la</strong> ville, le temps d’une représentation parce qu’elle le<br />

provoque et l’influence. <strong>Le</strong>s lieux dans lesquels est interprété le spectacle, nous<br />

l’avons vu, ne sont pas choisis au hasard. « <strong>Le</strong> scénographe travaille en osmose<br />

36 Jean HERRMANN, Entre <strong>la</strong> lyre et le compas, p.77, in Boucris Luc, L’Espace en scène, Librairie<br />

Théâtrale, 1993, p.148<br />

37 Metteur en scène et scénographe, fondateur du Festival européen <strong>de</strong> Théâtre <strong>de</strong> <strong>rue</strong> d’Auril<strong>la</strong>c,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> FAIAR, ancien directeur <strong>de</strong> Lieux Publics à Marseille, Centre national <strong>de</strong> création <strong>de</strong>s Arts<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>rue</strong><br />

38 In <strong>Le</strong> lieu, <strong>la</strong> scène, <strong>la</strong> salle, <strong>la</strong> ville, Collectif, Etu<strong>de</strong>s théâtrales, Louvain-<strong>la</strong>-Neuve<br />

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