Caroline Raffin : Réception d'une écriture de la rue - Le Fourneau
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déambulation. La démarche spectaculaire, nous le verrons après l’étude du spectacle, intègre en elle ces différents espaces. 1.2. Description du spectacle Les Trottoirs de Jo’Burg… mirage, par ses déambulations, convoque plus que tout autre spectacle une multiplicité de visions. En l’absence de cadre, dans lequel les regards focaliseraient le spectacle, il ne peut exister une vision interprétative totale et cohérente du spectacle et l’on trouvera autant de perceptions que de spectateurs. Mon objectif sera donc de donner une vision la plus large possible des réalités scéniques constitutives de la représentation, en essayant de présenter le spectacle tel qu’il a été pensé par l’équipe d’Oposito. Je commencerai par une présentation la plus précise possible des différents mirages en m’attardant sur une analyse des éléments concrets et palpables de l’espace scénique que l’œil du spectateur capte prioritairement. Je les commenterai à partir d’observations des spectateurs, relevées par ma position privilégiée. Les plans des villes de Martigues et Conflans-Sainte-Honorine, présentés en annexe 4, donneront une vision d’ensemble du parcours. Le découpage des séquences est celui présenté par la compagnie. Afin de rendre compte d’une démarche artistique la plus authentique possible, j’utiliserai le vocabulaire utilisé par Oposito pour nommer les « images-mirages » du spectacle. Le premier mirage, « L'apparition de la peuplade », marque le début du spectacle. Il s’agit d’une déambulation qui se produit sur le lieu de rassemblement du public. La place choisie pour le début du spectacle est vide de tout indice. Le public est convoqué à un endroit et à une heure très précise à la tombée de la nuit, 22h03 à Martigues, 23h02 à Louvain et 22h32 à Conflans-Sainte-Honorine. Ces horaires, dignes de la SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer), font parler les spectateurs ponctuels. Certains plaisantent et s’interrogent sur l’éventualité d’une erreur. Oposito revendique, depuis les Grains de folie, la précision de ces horaires de programmation. Elle est pour elle un excellent moyen de proposer au public un départ en voyage. Ce choix délibéré d’investir la rue à l’heure où la pénombre projette son charme et son mystère sur la ville et ses édifices témoigne d’une volonté d’offrir aux spectateurs un moment propice à l’apparition d’une fiction. 22
Les spectateurs, nombreux, se sont regroupés autour du lieu de rendez-vous. Ils patientent, discutant par petits groupes, aux aguets du moindre indice annonçant l’acte théâtral. Soudain, les regards se focalisent sur des jets de lumière, presque stroboscopiques, préparant l’apparition d’une « peuplade » nomade, constituée de trente-quatre personnages. Ces hommes et ces femmes, au visage recouvert d’argile, sont enveloppés de capes jaunies. Ils portent chacun des tôles sur le dos. Une large capuche tombe sur leurs visages et laisse juste apercevoir un regard déterminé fixant le sol. Cette peuplade semble venir de nulle part, progressant lentement dans le public. Elle avance et se fraie un chemin dans la foule vers un cercle de sable préalablement installé. Elle est aidée d’« allumeurs », des éclairagistes qui manipulent des artifices. L’atmosphère provoquée par les fumigènes des « allumeurs » inonde les spectateurs qui ont décidé de suivre de près les personnages. Ces personnages mystérieux accélèrent le rythme et devancent le public pour permettre l’installation du deuxième mirage, « La maison de tôles ». Cette séquence se déroule sur un lieu fixe délimité par deux cercles de sable. Ils s’avancent et avec leurs tôles tenues à bout de bras, martèlent le bitume à proximité des spectateurs jusqu’à avoir circonscrit le plus petit espace circulaire dessiné au sol. Les chocs du métal sur le sol surprennent fortement le public par la surdité de ses bruits. Des personnes accompagnant la déambulation veillent à ce que les spectateurs des premiers rangs du second cercle s’asseyent afin de garantir une bonne vision au plus grand nombre de spectateurs. Les tôles brutes mises bout à bout forment une palissade circulaire enfermant les personnages. Les « allumeurs » tournent autour éclairant la mise en place de la case. A cet instant, 23
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spectacle, intègre en elle ces différents espaces.<br />
1.2. Description du spectacle<br />
<strong>Le</strong>s Trottoirs <strong>de</strong> Jo’Burg… mirage, par ses déambu<strong>la</strong>tions, convoque plus<br />
que tout autre spectacle une multiplicité <strong>de</strong> visions. En l’absence <strong>de</strong> cadre, dans<br />
lequel les regards focaliseraient le spectacle, il ne peut exister une vision<br />
interprétative totale et cohérente du spectacle et l’on trouvera autant <strong>de</strong><br />
perceptions que <strong>de</strong> spectateurs. Mon objectif sera donc <strong>de</strong> donner une vision <strong>la</strong><br />
plus <strong>la</strong>rge possible <strong>de</strong>s réalités scéniques constitutives <strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation, en<br />
essayant <strong>de</strong> présenter le spectacle tel qu’il a été pensé par l’équipe d’Oposito. Je<br />
commencerai par une présentation <strong>la</strong> plus précise possible <strong>de</strong>s différents mirages<br />
en m’attardant sur une analyse <strong>de</strong>s éléments concrets et palpables <strong>de</strong> l’espace<br />
scénique que l’œil du spectateur capte prioritairement. Je les commenterai à partir<br />
d’observations <strong>de</strong>s spectateurs, relevées par ma position privilégiée. <strong>Le</strong>s p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong>s<br />
villes <strong>de</strong> Martigues et Conf<strong>la</strong>ns-Sainte-Honorine, présentés en annexe 4,<br />
donneront une vision d’ensemble du parcours. <strong>Le</strong> découpage <strong>de</strong>s séquences est<br />
celui présenté par <strong>la</strong> compagnie. Afin <strong>de</strong> rendre compte d’une démarche artistique<br />
<strong>la</strong> plus authentique possible, j’utiliserai le vocabu<strong>la</strong>ire utilisé par Oposito pour<br />
nommer les « images-mirages » du spectacle.<br />
<strong>Le</strong> premier mirage, « L'apparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> peup<strong>la</strong><strong>de</strong> », marque le début du<br />
spectacle. Il s’agit d’une déambu<strong>la</strong>tion qui se produit sur le lieu <strong>de</strong> rassemblement<br />
du public.<br />
La p<strong>la</strong>ce choisie pour le début du spectacle est vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout indice. <strong>Le</strong> public<br />
est convoqué à un endroit et à une heure très précise à <strong>la</strong> tombée <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit, 22h03<br />
à Martigues, 23h02 à Louvain et 22h32 à Conf<strong>la</strong>ns-Sainte-Honorine. Ces horaires,<br />
dignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> SNCF (Société Nationale <strong>de</strong>s Chemins <strong>de</strong> Fer), font parler les<br />
spectateurs ponctuels. Certains p<strong>la</strong>isantent et s’interrogent sur l’éventualité d’une<br />
erreur. Oposito revendique, <strong>de</strong>puis les Grains <strong>de</strong> folie, <strong>la</strong> précision <strong>de</strong> ces horaires<br />
<strong>de</strong> programmation. Elle est pour elle un excellent moyen <strong>de</strong> proposer au public un<br />
départ en voyage. Ce choix délibéré d’investir <strong>la</strong> <strong>rue</strong> à l’heure où <strong>la</strong> pénombre<br />
projette son charme et son mystère sur <strong>la</strong> ville et ses édifices témoigne d’une<br />
volonté d’offrir aux spectateurs un moment propice à l’apparition d’une fiction.<br />
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