Caroline Raffin : Réception d'une écriture de la rue - Le Fourneau

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24.10.2014 Views

propos. L’ampleur de cette étude reste limitée à l’analyse de la réception de quatre représentations des Trottoirs de Jo’Burg... mirage, et elle aurait mérité d’être étendue à l’ensemble de sa tournée en France comme à l’étranger. Cependant, elle a le mérite de proposer une démarche en posant les fondements d’une étude de la réception d’un spectacle théâtral déambulatoire. Afin d’évoquer l’attitude du spectateur dans le cadre des représentations théâtrales de la compagnie, il est nécessaire de décrire et d’analyser les moyens de production de cette écriture, terreau essentiel à l’appropriation du spectacle. C’est depuis cet angle que Les Trottoirs de Jo’Burg… mirage vont être décrits et interrogés. Aussi, cette étude évoluera en deux parties distinctes. La première s’attachera à rendre compte du travail des concepteurs en interrogeant leur pratique artistique. Parce que ce spectacle s’inscrit dans une démarche particulière, je commencerai par retracer la genèse de ce projet, avant d’analyser dans un second chapitre les modalités mises en œuvre par Oposito pour s’adresser à la ville et plonger le spectateur dans l’illusion poétique qu’il souhaite provoquer. Pour Jean-Raymond Jacob, « Le public ne se croise pas dans les rues, il faut changer cela » 10 , il s’agit donc de surprendre le spectateur pour décaler son regard sur la ville en lui offrant l’expérience d’une confrontation à l’altérité, à ses concitoyens. Des entretiens ont par ailleurs été réalisés avec des membres de la compagnie, et ce discours recueilli sur son travail sert de fondement à l’intention artistique d’Oposito. J’ai rencontré successivement : Jean-Raymond Jacob, metteur en scène et co-fondateur de la compagnie ; Enrique Jimenez, scénographe et co-fondateur ; Philippe Cuvelette, directeur technique ; Cristobal Carvajal, comédien au sein de la compagnie depuis avril 2001 et Erwann Cadoret, régisseur de la parade. Les Trottoirs de Jo’Burg… mirage a été choisi au détriment, peutêtre, d’autres productions d’Oposito, mais il semblait plus pertinent d’étudier un spectacle sur lequel je pouvais mener une enquête au cours d’une tournée. J’ai eu l’occasion d’assister au spectacle à quatre reprises, ce qui a constitué un terrain d’observation privilégié : Martigues (13) le 16 mai 2003, Louvain (Belgique) les 6 et 7 juin et Conflans-Sainte-Honorine (78) le 21 juin. 10 Jean-Raymond JACOB, Extraits du Grand Forum Public du 16 mai 2001 à Brest sur le thème « Et les arts de la rue ? » organisé par les étudiants DESS Management du Spectacle Vivant de l’UBO, Brest 10

La seconde partie sera consacrée spécifiquement à l’étude de la réception des Trottoirs de Jo’Burg… mirage. Nous nous intéresserons à la place du spectateur dans le temps de la représentation théâtrale. La méthode d’observation ethnographique, mise au point par Marie-Madeleine Mervant-Roux 11 , a pour cela été adoptée. Cette chercheuse du CNRS a consacré ses études de terrain à une vingtaine de salles toutes classiquement organisées et frontalement disposées. C’est donc depuis la salle qu’elle a observé les spectateurs. La première partie aura permis de présenter le spectacle et de révéler les spécificités des espaces scéniques. Cependant la mobilité constante des spectateurs m’empêchait de les suivre tout au long du spectacle pour observer leur comportement. Aussi, afin de pouvoir, comme elle, tenter de révéler la corrélation entre la place dans le dispositif scénique et la perception, la présente étude s’appuie sur des questionnaires individualisés des spectateurs qui auront suivi la représentation depuis différentes places. Nous chercherons à révéler le lien qui unit les spectateurs aux Trottoirs de Jo’Burg… mirage en récoltant leurs mots et leurs ressentis. Des entretiens avec des spectateurs, effectués au terme des représentations, nous permettront d’alimenter une réflexion sur la lisibilité et l’impact d’un spectacle déambulatoire écrit pour la foule et les grands espaces. Ils nous aideront à interroger les enjeux de son intervention dans l’espace public. Afin d’exposer la pluralité de leurs discours, j’ai tenté de mettre en place une typologie de spectateurs pour me consacrer ensuite aux réalités scéniques qu’ils ont perçues. Leurs comportements s’ancrent profondément dans le type et le degré de décryptage du spectacle. Aussi cette enquête menée auprès des spectateurs et l’analyse de leurs remarques faites pendant et après les représentations permettront de rendre compte de la diversité des perceptions et donc des réceptions de cet objet scénique. 11 Marie-Madeleine MERVANT-ROUX, L’assise du théâtre, pour une étude des spectateurs, Paris, Ed. CNRS, Coll. Arts du spectacle, 1998 11

propos. L’ampleur <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> reste limitée à l’analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> quatre<br />

représentations <strong>de</strong>s Trottoirs <strong>de</strong> Jo’Burg... mirage, et elle aurait mérité d’être<br />

étendue à l’ensemble <strong>de</strong> sa tournée en France comme à l’étranger. Cependant, elle<br />

a le mérite <strong>de</strong> proposer une démarche en posant les fon<strong>de</strong>ments d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réception d’un spectacle théâtral déambu<strong>la</strong>toire. Afin d’évoquer l’attitu<strong>de</strong> du<br />

spectateur dans le cadre <strong>de</strong>s représentations théâtrales <strong>de</strong> <strong>la</strong> compagnie, il est<br />

nécessaire <strong>de</strong> décrire et d’analyser les moyens <strong>de</strong> production <strong>de</strong> cette <strong>écriture</strong>,<br />

terreau essentiel à l’appropriation du spectacle. C’est <strong>de</strong>puis cet angle que <strong>Le</strong>s<br />

Trottoirs <strong>de</strong> Jo’Burg… mirage vont être décrits et interrogés. Aussi, cette étu<strong>de</strong><br />

évoluera en <strong>de</strong>ux parties distinctes.<br />

La première s’attachera à rendre compte du travail <strong>de</strong>s concepteurs en<br />

interrogeant leur pratique artistique. Parce que ce spectacle s’inscrit dans une<br />

démarche particulière, je commencerai par retracer <strong>la</strong> genèse <strong>de</strong> ce projet, avant<br />

d’analyser dans un second chapitre les modalités mises en œuvre par Oposito pour<br />

s’adresser à <strong>la</strong> ville et plonger le spectateur dans l’illusion poétique qu’il souhaite<br />

provoquer. Pour Jean-Raymond Jacob, « <strong>Le</strong> public ne se croise pas dans les <strong>rue</strong>s,<br />

il faut changer ce<strong>la</strong> » 10 , il s’agit donc <strong>de</strong> surprendre le spectateur pour décaler son<br />

regard sur <strong>la</strong> ville en lui offrant l’expérience d’une confrontation à l’altérité, à ses<br />

concitoyens. Des entretiens ont par ailleurs été réalisés avec <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

compagnie, et ce discours recueilli sur son travail sert <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment à l’intention<br />

artistique d’Oposito. J’ai rencontré successivement : Jean-Raymond Jacob,<br />

metteur en scène et co-fondateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> compagnie ; Enrique Jimenez, scénographe<br />

et co-fondateur ; Philippe Cuvelette, directeur technique ; Cristobal Carvajal,<br />

comédien au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> compagnie <strong>de</strong>puis avril 2001 et Erwann Cadoret, régisseur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> para<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s Trottoirs <strong>de</strong> Jo’Burg… mirage a été choisi au détriment, peutêtre,<br />

d’autres productions d’Oposito, mais il semb<strong>la</strong>it plus pertinent d’étudier un<br />

spectacle sur lequel je pouvais mener une enquête au cours d’une tournée. J’ai eu<br />

l’occasion d’assister au spectacle à quatre reprises, ce qui a constitué un terrain<br />

d’observation privilégié : Martigues (13) le 16 mai 2003, Louvain (Belgique) les 6<br />

et 7 juin et Conf<strong>la</strong>ns-Sainte-Honorine (78) le 21 juin.<br />

10 Jean-Raymond JACOB, Extraits du Grand Forum Public du 16 mai 2001 à Brest sur le thème « Et<br />

les arts <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>rue</strong> ? » organisé par les étudiants DESS Management du Spectacle Vivant <strong>de</strong> l’UBO,<br />

Brest<br />

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