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Calcul LES d'une Combustion Sans Flamme - cerfacs

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<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une<br />

<strong>Combustion</strong> <strong>Sans</strong> <strong>Flamme</strong><br />

Rapport de stage de fin d’études<br />

24 avril - 27 octobre 2006<br />

Ronan VICQUELIN<br />

Ecole Centrale Paris<br />

Promotion 2006<br />

Option : Mécanique, Aéronautique et Espace<br />

Filière : Conception, Développement,<br />

Recherche<br />

Tuteurs Ecole :<br />

Option : Olivier Gicquel<br />

Filière : Pascal Morenton<br />

Encadrant Entreprise :<br />

Thierry Poinsot - CERFACS<br />

Directeur du groupe CFD<br />

Réf. CERFACS : WN/CFD/06/82


Coordonnées<br />

Stagiaire :<br />

Ronan VICQUELIN : CERFACS<br />

42, Av. G. Coriolis<br />

31057 Toulouse Cedex, France<br />

Tél : 33 5 61 19 30 19<br />

Fax : 33 5 61 19 30 00<br />

Email : ronan.vicquelin@<strong>cerfacs</strong>.fr<br />

Encadrant :<br />

Thierry Poinsot : CERFACS<br />

42, Av. G. Coriolis<br />

31057 Toulouse Cedex, France<br />

Tél : 33 5 61 19 30 34<br />

Fax : 33 5 61 19 30 00<br />

Email : poinsot@<strong>cerfacs</strong>.fr


ésumé :<br />

La combustion sans flamme est un mode de combustion mise au point il y a une quinzaine<br />

d’années. Elle est caractérisée par des gradients de température faibles et une flamme non<br />

visible. Cette nouvelle technologie très peu polluante est pour l’instant appliquée aux fours<br />

industriels mais semble pouvoir être utilisée dans d’autres domaines. La connaissance de ce<br />

régime est récente et bien qu’on sache comment l’atteindre à partir de paramètres globaux,<br />

la manière dont brûle le combustible localement est encore mal comprise. Des outils de simulation<br />

précis peuvent apporter un complément intéressant aux mesures expérimentales<br />

pour comprendre ce phénomène. La simulation aux grandes échelles permet d’avoir des informations<br />

instationnaires sur l’écoulement contrairement aux calculs RANS. La position<br />

des espèces ou de la zone de réaction est connue précisément et non en moyenne. Ce stage<br />

a pour but de juger les capacités de la simulation aux grandes échelles dans un calcul de<br />

combustion sans flamme. La configuration choisie est une expérience ayant lieu au CORIA<br />

à Rouen, four de 20 kW fonctionnant au méthane.<br />

mots-clés :<br />

combustion sans flamme, simulation aux grandes échelles (<strong>LES</strong>), turbulence<br />

abstract :<br />

Flameless combustion has been developed about fifteen years ago. Its properties are smooth<br />

temperature gradients and an invisible flamme. This very clean new technology has been<br />

applied to industrial furnaces for now on but seems to be usable for other fields. The knowledge<br />

of flameless combustion is young and although the global parameters which run the<br />

process are known, the way fuel burns locally remains dark. Precised simulation tools would<br />

be a good complement to experimental data to understand this phenomenon. Large eddy<br />

simulation brings instationnary information about the flow, contrary to RANS methods.<br />

Species and flame position are precisely known. RANS methods give the average position.<br />

This internship’s goal is to judge the abilities of large eddy simulation in a flameless case.<br />

The chosen configuration is an experiment taking place at CORIA in Rouen, 20 kW furnace<br />

working with methane.<br />

keywords :<br />

flameless combustion, mild combustion, large eddy simulation (<strong>LES</strong>), turbulence.


Remerciements<br />

Je tiens à remercier l’ensemble des thésards de l’équipe CFD pour l’ambiance de<br />

travail très agréable.<br />

Un grand merci aussi à Matthieu Boileau et à Guilhem Lacaze pour avoir<br />

partagé leur expérience avec moi.<br />

Merci aussi à Bénédicte Cuenot et Laurent Gicquel pour leurs réponses à<br />

mes questions.<br />

Ma gratitude va également aux membres de l’équipe CSG pour leur travail<br />

quotidien.<br />

Enfin, je remercie tout particulièrement Thierry Poinsot auprès duquel j’ai<br />

beaucoup appris. Il a très bien orienté mon travail et a été disponible pour répondre<br />

à toutes mes interrogations.


Table des matières<br />

Introduction 7<br />

Travailler au CERFACS 9<br />

1 Introduction à la combustion sans flamme 11<br />

1.1 Les caractéristiques de la combustion sans flamme . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

1.2 Réduction de l’émission des oxydes d’azote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

1.3 Dilution des réactifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

1.4 Préchauffage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

1.5 Autres propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />

1.6 Mécanismes et modèles de la combustion sans flamme . . . . . . . . . . . . . 23<br />

1.7 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

2 Paramètres du calcul 29<br />

2.1 La simulation aux grandes échelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

2.2 Configuration choisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

2.3 Conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31<br />

2.4 Modèle de rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32<br />

2.5 Validation du schéma cinétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33<br />

2.6 Injection de turbulence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33<br />

2.7 <strong>Flamme</strong> mono-dimensionnelle non-étirée instationnaire . . . . . . . . . . . . 36<br />

3 Résultats et interprétations du calcul 3D 39<br />

3.1 Champs d’espèces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />

3.2 Pertes thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40<br />

3.3 Zone de réaction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42<br />

3.3.1 Présence d’une "flamme" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42<br />

3.3.2 Diagrammes en z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43<br />

3.3.3 Indice de Takeno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44<br />

3.4 <strong>Combustion</strong> sans flamme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

3.4.1 Faible température . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

3.4.2 Température uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46


3.4.3 Recirculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47<br />

3.4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47<br />

Conclusions et perspectives 49<br />

ANNEXES 50<br />

A Détails du four 53<br />

B Les équations et modèles de la simulation aux grandes échelles 57<br />

Bibliographie 64


Introduction<br />

Le CERFACS<br />

Le CERFACS (Centre Européen de Recherche et de Formation Avancée au <strong>Calcul</strong> Scientifique)<br />

a été créé en 1987. Il s’agit d’un centre de recherche de renommée internationale dans<br />

le domaine du calcul scientifique à haute performance. Il regroupe une centaine d’employés<br />

permanents : chercheurs, ingénieurs et post-doctorants de toutes nationalités, ainsi que de<br />

nombreux stagiaires, doctorants et visiteurs.<br />

L’activité du laboratoire se divise en cinq branches :<br />

– Climatologie et environnement<br />

– Traitement du signal<br />

– Electromagnétisme<br />

– Algorithmes et calcul parallèle<br />

– CFD (Computational Fluid Dynamics) : mécanique des fluides numérique<br />

Cette dernière branche est subdivisée en deux équipes : aérodynamique et combustion.<br />

L’équipe combustion dans laquelle ce stage s’est déroulé, oriente principalement ses travaux<br />

de recherche autour de deux types de simulations :<br />

– la <strong>LES</strong> (Large Eddy Simulation ou Simulation aux Grandes Échelles) : utilisée avec<br />

des géométries complexes de chambre de combustion industrielle et aéronautique pour<br />

étudier le mélange, les instabilités de combustion et la combustion turbulente gazeuse<br />

ou diphasique (gaz-liquide).<br />

– la DNS (Direct Numerical Simulation ou Simulation Numérique Directe) : destinée dans<br />

des configurations simples à l’étude des intéractions flamme/turbulence avec chimie<br />

complexe et à l’élaboration de lois de paroi.<br />

Présentation du contexte industriel et scientifique<br />

La combustion sans flamme est l’une des technologies de combustion qui se développe le plus<br />

rapidement (Katsuki et Hasegawa, 1998). Ceci est dû au très faible taux de polluants émis<br />

et aux économies en combustible que permet cette technologie, atouts indéniables dans le<br />

contexte énergétique actuel : la hausse du prix de l’énergie fossile et les normes antipollution<br />

de plus en plus sévères expliquent l’engouement pour ce mode de combustion très prometteur.<br />

Les applications actuelles de la combustion sans flamme sont les fours industriels (verre,<br />

acier, céramiques). Katsuki et Hasegawa (1998) affirment que si ce procédé était appliqué<br />

à l’ensemble des fours industriels du Japon, la consommation nationale totale en énergie<br />

diminuerait de 5%.<br />

7


8 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Le Japon a été le pionnier dans ce domaine au début des années 90, beaucoup de fours fonctionnent<br />

aujourd’hui en combustion sans flamme. Il a été ensuite suivi par les Etats-Unis et<br />

l’Europe (Allemagne et Suède principalement). La connaissance scientifique sur ce nouveau<br />

mode de combustion est encore limitée. La combustion sans flamme peut être caractérisée<br />

par des paramètres globaux (température d’injection, débit, température de sortie) mais la<br />

manière dont brûle les réactifs (propagation de flamme, flamme de diffusion, auto-allumage)<br />

est encore mal comprise. De multiples définitions (Milani et Soprano, 2001) du mode de<br />

combustion sans flamme ont été déterminées à partir de plage de variation de paramètres<br />

globaux :<br />

• FLOX r○ (Flameless Oxidation) (Wünning et Wünning, 1997)<br />

• HiTAC (High Temperature Air <strong>Combustion</strong>) (Cavaliere et de Joannon, 2004; Milani<br />

et Soprano, 2001)<br />

• HPAC (Highly Preheated Air <strong>Combustion</strong>) (Katsuki et Hasegawa, 1998)<br />

• MILD <strong>Combustion</strong> (Moderate or Intense Low Dilution) (Cavaliere et de Joannon, 2004)<br />

L’abondance d’acronymes montre qu’il n’y a pas d’accord unanime sur la définition. Les<br />

effets physico-chimiques mis en jeu ne sont pas encore tous expliqués. Ainsi de nombreuses<br />

campagnes de mesures expérimentales sont réalisées sur des bancs d’essais afin de mieux<br />

paramètrer ce mode de combustion et d’en comprendre le fonctionnemnt. En plus de cette<br />

recherche expérimentale, les calculs numériques, moins coûteux, peuvent apporter un complément<br />

à la compréhension de la combustion sans flamme.<br />

La simulation aux grandes échelles (<strong>LES</strong>) résout l’écoulement instantané sur le maillage<br />

considéré et modélise l’effet des plus petites structures (Poinsot et Veynante, 2005). Elle est<br />

très bien adaptée aux écoulements turbulents réactifs et de nombreux exemples témoignent<br />

de sa nature prédictive. Cependant très peu de travaux l’ont testée dans les conditions de<br />

la combustion sans flamme (Duwig et Fuchs, 2006). Dans le cadre de ce stage réalisé au<br />

CERFACS pour Gaz de France, les capacités de la simulation aux grandes échelles vis à<br />

vis de la combustion sans flamme ont pu être appréciées. La première partie du rapport est<br />

dédiée à une présentation de ce mode de combustion qui résume le travail de bibliographie<br />

effectué. Aucune étude sur la combustion sans flamme n’avait été réalisée précédemment au<br />

CERFACS. La deuxiéme partie décrit les différents paramètres réglables et justifie les valeurs<br />

choisies. La troisième et dernière partie présente les résultats obtenus.


Travailler au CERFACS<br />

L’équipe <strong>Combustion</strong> est constituée d’une vingtaine de personnes dont la large majorité<br />

est composée de thésards. L’équipe est donc très jeune et dynamique. L’accueil et l’intégration<br />

de nouveaux arrivants se fait sans difficulté. L’ambiance de travail est très agréable. Il y<br />

a toujours quelqu’un qui se rend disponible pour répondre aux questions et aider si besoin.<br />

Une réunion sur l’actualité concernant le travail de l’équipe a lieu chaque semaine. Elle commence<br />

par une personne présentant un article ou son travail actuel puis le chef, Thierry<br />

Poinsot, dirige la suite. On parle alors de l’avancement du développement du code, de l’écriture<br />

des articles, des réunion importantes à venir, des échéances du travail de certains et de<br />

toute nouvelle sur le domaine de la combustion. Ces réunions où sont rappelées les décisions<br />

stratégiques prises permettent de se sentir impliquer au sein du laboratoire même si les sujets<br />

ne concernent pas directement son propre travail. C’est tout l’avantage d’une entreprise de<br />

taille modeste où l’impact des efforts fournis est rapidement visible.<br />

9


10 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme


Chapitre 1<br />

Introduction à la combustion sans<br />

flamme<br />

Une recherche bibliographique a été effectuée au début du stage pour faire l’état de l’art du<br />

domaine. Elle était nécessaire car le CERFACS n’avait pas étudié la combustion sans flamme<br />

auparavant. Cette partie permet au lecteur de se familiariser avec ce mode de combustion.<br />

La méthode a consisté à rechercher sur internet d’abord des informations générales puis plus<br />

détaillées dans des publications scientifiques.<br />

1.1 Les caractéristiques de la combustion sans flamme<br />

Le mode de combustion sans flamme possède plusieurs caractéristiques :<br />

– Gradients de température faibles<br />

– Très peu polluant<br />

– Economie de combustible<br />

– Peu bruyant<br />

– Pas de flamme visible<br />

Il est obtenu en diluant les réactifs et en préchauffant au moins l’un d’eux (généralement<br />

l’air) au-delà de la température d’autoinflamation. Les combustibles les plus utilisés sont le<br />

méthane et le gaz naturel. Si le préchauffage est réalisé sans dilution, il s’agit alors d’une<br />

combustion avec de l’air à haute température (HiTAC) qui est caractérisée par une très<br />

haute température de flamme. Au contraire si la dilution a lieu sans préchauffage, on risque<br />

de dépasser la limite d’inflammabilité et le combustible ne brûle pas. Si aucun des deux<br />

procédés n’est utilisé, il se produit une combustion classique. La figure (Fig. 1.1) représente<br />

le domaine de combustion sans flammes. On constate que la plage de température est réduite<br />

par rapport à une flamme conventionnelle.<br />

Le phénomène le plus impressionnant est l’absence de flamme visible (Figures 1.2 et 1.3).<br />

La figure 1.4 montre que la transition entre les gaz frais et les gaz brûlés se fait beaucoup<br />

plus lentement dans la combustion sans flamme que dans le cas d’une flamme de prémélange.<br />

Cette figure montre bien que le terme "sans flamme" ne signifie pas qu’une zone de réaction<br />

11


12 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 1.1 – Diagramme comparant différents modes de combustion (Milani et Soprano, 2001).<br />

Fig. 1.2 – Comparaison d’une combustion avec/sans flamme (Milani et Soprano, 2001).<br />

ne peut être localisée, elle est plus large et incolore. Le faible écart de température donne une<br />

température presque uniforme dans le four, ce qui est idéal pour l’échange thermique avec<br />

une charge. C’est pourquoi la première application industrielle concerne les fours industriels.<br />

De plus, la faible température à laquelle se trouve le matériau de l’enceinte comparée à celle<br />

des points chauds qui peuvent apparaître avec une flamme classique permet une plus longue<br />

durée de vie, une meilleure tenue mécanique.<br />

1.2 Réduction de l’émission des oxydes d’azote<br />

Le faible taux en émissions d’oxydes d’azote (NOx) est le but recherché par la combustion<br />

sans flamme. Issu du principe de préchauffage de l’air pour faire des économies de combustible,<br />

elle n’en garde que les atouts. En effet, le problème majeur du préchauffage est<br />

l’élévation de la température de fin de combustion qui accroît la production de NOx (par<br />

voie thermique) de façon exponentielle.<br />

Les trois principales voies de la production d’oxyde d’azote sont les suivantes :


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 13<br />

(a) Air (21% 0 2 ) préchauffé à<br />

250 ◦ C<br />

(b) Air (12% 0 2 ) préchauffé à 500 ◦ C<br />

Fig. 1.3 – Brûleur conventionnel et sans flamme de fuel lourd. Puissance : 100 kW (Milani<br />

et Soprano, 2001).<br />

– voie de production thermique décrite par le mécanisme de Zel’dovich<br />

N 2 + O ⇄ NO + N (1.1)<br />

N + O 2 ⇄ NO + O (1.2)<br />

N + OH ⇄ NO + H (1.3)<br />

– voie de production précoce où le diazote réagit avec des radicaux du combustible :<br />

CH + N 2 ⇄ HCN + N (1.4)<br />

C 2 + N 2 ⇄ CN + CN (1.5)<br />

Ces composés azotés vont ensuite donner des oxydes d’azote une fois l’oxydation du<br />

combustible terminée.<br />

– voie de production "combustible". Certains combustibles contiennent au départ des<br />

dérivés azotés. Ce n’est pas le cas du méthane dont la voie de production "combustible"<br />

est alors absente.<br />

La voie thermique de production des NOx est souvent prédominante. Les émissions sont<br />

importantes lorsque l’oxygène contenu dans les gaz brûlés est soumis à une température :<br />

– > 1600 ◦ C pendant quelques secondes<br />

– > 2000 ◦ C pendant seulement quelques millisecondes<br />

Du fait de cette forte dépendance en température, la plupart des techniques anti-NOx essaient<br />

de réduire les pics de température et le temps de séjour de l’oxygène dans les zones chaudes<br />

de l’écoulement. Dans la suite, les technologies les plus employées pour réduire les NOx sont<br />

décrites et enfin comparées à la combustion sans flamme.


14 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 1.4 – Comparaison d’images du champ de température instantané et du radical OH<br />

(LIPF) entre une flamme de prémélange soumise à une forte turbulence (en haut) et une<br />

combustion sans flamme (en bas) (Plessing et al., 1998).<br />

Refroidissement de flamme<br />

Le but est de réduire la température des produits de combustion. La combustion peut devenir<br />

incomplète et l’émission de monoxyde de carbone (CO) s’accroît. Le refroidissement peut<br />

être effectué en mélangeant les produits soit avec des gaz brûlés recirculés soit avec de la<br />

vapeur d’eau. En présence d’une charge à chauffer, une grande partie du dégagement de<br />

chaleur se fait par radiation. Des tubes refroidissants sont insérés au sein de la chambre<br />

de combustion pour prendre de l’énergie à la flamme et l’émettre sous forme radiative à la<br />

charge. La température finale des gaz est alors diminuée ainsi que la formation de NOx.<br />

Ce procédé est utilisé dans les chaudières et chauffe-eau domestique. Une autre manière de<br />

refroidir par pertes radiatives est la création de suies dans une longue flamme lumineuse<br />

mais une grande attention doit être portée au dépôt de ces suies et à leur émission en sortie.<br />

Etagement<br />

La combustion étagée comporte une zone primaire avec une combustion non-stœchiométrique<br />

suivie d’un refroidissement des gaz brûlés et une combustion secondaire. Le plus souvent,<br />

c’est l’apport d’air qui est étagé. La première combustion a alors lieu dans un régime riche<br />

et l’air secondaire est injecté dans la seconde zone. Le refroidissement est réalisé soit par<br />

radiation ou pour convection ou encore par dilution avec des gaz brûlés plus froids pris en


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 15<br />

Fig. 1.5 – Brûleur haute vitesse avec injection d’air étagée (Wünning et Wünning, 1997).<br />

aval. La figure 1.5 montre un exemple de dispositif à combustion étagée. Les gaz issus de la<br />

zone primaire rentre avec une grande vitesse (100m/s) dans le four, ce qui entraîne les gaz<br />

brûlés du four pour les refroidir.<br />

<strong>Combustion</strong> pauvre prémélangée<br />

Cette combustion a surtout été employée pour les turbines à gaz : il n’y a plus de refroidissement<br />

et le processus a lieu dans des conditions adiabatiques. La température adiabatique<br />

de fin de combustion est alors contrôlée par l’excès d’air. Les inconvénients sont les instabilités<br />

de ce type de flamme et le risque de retour de flamme qui peut dégrader voire détruire<br />

l’installation. La combustion pauvre prémélangée n’a pas pu être appliquée avec de l’air<br />

préchauffé à très haute température à cause du danger d’auto-inflammation.<br />

Recombustion<br />

Alors que les techniques précédentes réduisent la formation d’oxydes nitriques, la recombustion<br />

réduit les NOx existants. Un combustible de recombustion peut être ajoutée aux<br />

produits afin de réduire NO en N 2 . Ce combustible peut être le même que celui qui a été<br />

utilisé lors de la première combustion ou un autre. La réduction n’est efficace que dans une<br />

plage spécifique de température et pour un mélange très homogène. Une injection d’air secondaire<br />

est nécessaire pour achever l’oxydation du combustible restant. La recombustion<br />

est utilisée dans les centrales à charbon, les usines d’incinération de déchets et les usines<br />

chimiques.


16 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Oxycombustion<br />

Une manière radicale d’éliminer les NOx est de ne pas introduire d’azote en premier lieu et<br />

d’utiliser de l’oxygène pure. Plusieurs précautions doivent alors être prises pour éviter toutes<br />

intrusions d’azote :<br />

– L’oxygène doit être pur<br />

– Le combustible doit être exempt d’azote<br />

– La combustion doit avoir lieu dans un endroit hermétique pour empêcher toute entrée<br />

d’air<br />

L’oxygène pure conduit à une température de fin de combustion très élevée qui donnerait<br />

des émissions importantes de NOx en présence d’azote. Ces conditions sont difficiles à tenir.<br />

Le gaz naturel par exemple contient 1 à 14% d’azote (Wünning et Wünning, 1997). De plus<br />

l’oxygène pur est cher et la tenue mécanique des matériaux à une telle température n’est pas<br />

garantie si le four a été conçu pour une combustion avec de l’air.<br />

La combustion pulsée<br />

Elle consiste à obtenir une combustion en moyenne stœchiométrique tout en oscillant entre<br />

des conditions riches et pauvres (Fig. 1.6). La température baisse car on brûle soit en excès<br />

d’air ou en excès de fuel. La production de NOx peut diminuer d’un facteur deux (Ferrand,<br />

2003; Nicolle, 2005). La fréquence des cycles peut aller de 3 à 50 Hz.<br />

Fig. 1.6 – Injection pulsée. Figure citée dans Nicolle (2005).<br />

Mesures secondaires<br />

Les mesures secondaires n’influencent pas le processus de combustion. Ce sont par exemple<br />

les réductions sélectives catalytiques ou non. Ces mesures sont appliquées lorsque la qualité<br />

du produit est primordiale et qu’on ne veut alors pas dégrader le mode de combustion. Les<br />

NOx produits en masse seront alors traités en fin de chaîne. C’est le cas de l’industrie du<br />

verre, elle émet beaucoup d’oxydes d’azote car le processus de fonte du verre est la prorité.<br />

Ces mesures secondaires peuvent coûter très cher.<br />

La combustion sans flamme<br />

La dilution des réactifs et le préchauffage mène à un faible écart de température entre gaz<br />

frais et brûlés. La température restant faible, la production de NOx par voie thermique est<br />

très faible. Contrairement aux technique de refroidissement de flamme, peu de monoxyde de


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 17<br />

carbone est émis en sortie, le long temps de résidence des gaz au sein de la chambre permet<br />

au monoxyde de carbone de s’oxyder. De plus, il n’y a pas de système complexe à mettre en<br />

place comme pour une combustion étagée ou pulsée. Aucune méthode de stabilisation n’est<br />

nécessaire non plus. La conception d’un four à combustion sans flamme est donc peu coûteuse.<br />

Enfin la combustion sans flammes obtient les meilleures résultats en matière d’émissions de<br />

NOx (Fig. 1.7).<br />

Fig. 1.7 – Emissions de NOX vs Température du process (Milani et Soprano, 2001).<br />

1.3 Dilution des réactifs<br />

Comment diluer ?<br />

Le diluant choisi est un gaz inerte vis à vis de la combustion. Ce sont généralement des gaz<br />

brûlés qui sont utilisés en étant recirculés. Il faut distinguer deux types de recirculation :<br />

les recirculations externes et internes. Une recirculation externe consiste à aller chercher ces<br />

gaz brûlés en sortie du brûleur ou d’un brûleur secondaire (de Joannon et al., 2003; Wünning<br />

et Wünning, 1997) et à les mélanger avec un ou plusieurs réactif(s) avant leur injection<br />

dans la chambre. Ce système est coûteux car il nécessite des installations supplémentaires<br />

(tuyauterie, pompe). Pour une recirculation interne, la dilution est effectuée dans la chambre<br />

elle-même. Une attention particulière doit être portée à la géométrie de la chambre pour que<br />

la zone de recirculation, créée par de fortes vitesses d’injection, entraîne suffisamment de gaz<br />

brûlés au niveau des injecteurs. En effet, la dilution doit avoir lieu avant que les réactifs ne


18 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 1.8 – Diagramme combustion sans flamme (Wünning et Wünning, 1997).<br />

brûlent sinon la température de flamme ne baisse pas. Ce système est le plus communément<br />

utilisé car moins coûteux (Wünning et Wünning, 1997; Plessing et al., 1998; Katsuki et Hasegawa,<br />

1998; Murer et al., 2006; Guoqiang et al., 2006; Dally et al., 2004). La dilution et<br />

donc la combustion sans flamme est alors pilotée par le mélange des réactifs et des fumées<br />

dans la chambre.<br />

La méthode de recirculation des gaz brûlés pour baisser la formation des NOx n’est pas spécifique<br />

à la combustion sans flamme. Ce principe est déjà utilisé avec des flammes stabilisées<br />

par des injections vrillées ou des obstacles pour créer des points de stagnation. La quantité de<br />

gaz recirculés est alors limitée au risque de perdre la stabilité de ces flammes. La combustion<br />

sans flamme, elle, n’a pas besoin de méthode de stabilisation. C’est un grand gain d’argent<br />

et de réflexion sur la conception de ces fours. Pour quantifier le volume recirculé, Wünning<br />

et Wünning (1997) définissent un taux de recirculation :<br />

K V =<br />

Ṁ E<br />

Ṁ A + ṀF<br />

(1.6)<br />

Ṁ A et Ṁ F désignent les débits d’air et de combustible injectés. Ṁ E est le débit de gaz<br />

brûlés qui se mélange avec les réactifs avant la zone de réaction. La température du four en<br />

fonction du taux de recirculation est représentée à la figure 1.8. La zone A est le domaine<br />

de flamme conventionnelle (faible recirculation, grande plage de température), la zone B est<br />

la zone d’instabilité de flamme et la zone C celle où la combustion sans flammes a lieu.<br />

Certains dispositifs de laboratoire utilisent du diazote en tant que diluant pour étudier les<br />

bases fondamentales de la combustion diluée et préchauffée (Maruta et al., 2000; Dally et al.,<br />

2004). Ils s’affranchissent alors du coût de grandes installations nécessaires pour obtenir une<br />

recirculation interne (grand volume de chambre) ou externe (récupération des gaz brûlés).<br />

Température des gaz brûlés<br />

Pour réduire les NOx, la température de fin de combustion doit être la plus basse possible.<br />

Dans un four en plus des pertes radiatives et celles dues aux parois, il y a une charge à


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 19<br />

Fig. 1.9 – Différents types d’injections (Katsuki et Hasegawa, 1998).<br />

chauffer. Ces conditions non adiabatiques refroidissent les gaz.<br />

Le mode de combustion sans flamme est obtenu le plus facilement à l’aide d’injections d’air<br />

et de combustible séparés. Les réactifs se mélangent alors d’abord avec les fumées avant de se<br />

rencontrer. Si les deux arrivées ne sont pas assez espacées (Fig. 1.9), une flamme de diffusion<br />

très chaude s’installe car le mélange avec les gaz brûlés n’a pas eu lieu.<br />

Dans le cas où les injections sont séparés, la réaction est stœchiométrique ce qui donne une<br />

température élevée. Il est donc nécessaire de refroidir les gaz brûlés avant qu’ils ne se mélangent<br />

avec les réactifs. Les fours industriels, de nature non-adiabatiques, sont donc des<br />

applications immédiates. Si les gaz n’étaient pas refroidis, la dilution n’abaisserait pas la<br />

température finale.<br />

Il est toutefois possible d’obtenir un régime de combustion sans flamme sans séparer les injections.<br />

On a alors une combustion prémélangée. On peut alors opérer dans des conditions<br />

adiabatiques car la température finale est fixée par l’excès d’air dans le prémélange. Cependant<br />

le régime est beaucoup plus délicat à obtenir car les réactifs déjà mélangés doivent se<br />

diluer dans les gaz brûlés avant de réagir. L’avantage est que la température est piloté bien<br />

plus facilement par la richesse du mélange que par des pertes. De plus, la méthode permet de<br />

brûler dans des conditions très pauvres, proches de la limite d’extinction (Guoqiang et al.,<br />

2006). Elle semble être plus prometteuse pour des applications dans les turbines à gaz où le<br />

confinement de la chambre de combustion donne des conditions quasi-adiabatiques.<br />

1.4 Préchauffage<br />

Comment préchauffer ?<br />

Le préchauffage est effectué sur l’air le plus souvent. Cette technique permet de faire des<br />

économies en combustible considérable et donc aussi des rejets de dioxyde de carbone moins<br />

importants. Cependant dans le cas d’une flamme classique, elle crée beaucoup de NOx.<br />

Dans la combustion sans flamme, le chauffage de l’air assure l’inflammabilité du mélange de


20 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 1.10 – Deux cycles d’un couple de brûleurs régénératifs (Masson, 2005).<br />

combustible, d’air et de gaz brûlés. Il faut toutefois préciser que ce régime peut être obtenu<br />

sans préchauffage si le mélange avec les gaz chauds est suffisamment efficace (Wünning et<br />

Wünning, 1997; Katsuki et Hasegawa, 1998; Masson, 2005). L’abondance des fumées donne<br />

une température au mélange suffisante. D’un point de vue pratique, même si un faible taux de<br />

NOx est possible sans préchauffer, on a tout intérêt à le faire pour économiser du carburant.<br />

Dans les fours industriels, l’utilisation d’un couple de brûleurs régénératifs est très efficace<br />

pour chauffer l’air (Fig. 1.10). Lors d’un premier cycle l’un des brûleurs injecte les réactifs<br />

tandis que l’autre évacue les fumées. Au cycle suivant, leurs rôles s’inversent. Comme ils sont<br />

équipés de capacité thermique, l’air est chauffé par cette capacité qui avait été à son tour<br />

chauffée par les gaz brûlés au cycle précédent. Les cycles peuvent durer de trente secondes à<br />

une minute. Ce système permet d’atteindre des température d’injection de 1200 ◦ C (Masson,<br />

2005). Ces cycles sont en outre très efficaces pour brasser les fumées avec les réactifs. Il<br />

existe aussi des systèmes dits autorégéneratifs où un seul brûleur accomplie alternativement<br />

les deux phases (Fig. 1.11). Le mélange est d’autant plus fort car la sortie des gaz se trouve<br />

au niveau des entrées.<br />

Comme dit précédemment, la plupart des installations à combustion sans flamme utilise des<br />

recirculations internes pour amener les gaz brûlés à se mélanger avec les réactifs. Cependant<br />

au démarrage, il n’y a pas de gaz brûlés. La majorité des brûleurs possède alors deux modes<br />

d’injection :<br />

– le premier débite l’air et le carburant par la même entrée pour créer une flamme de<br />

prémélange. Celle-ci va chauffer le four et le remplir de gaz brûlés


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 21<br />

Fig. 1.11 – Brûleur autorégénératif de la société WS. Un injecteur d’air au centre, six<br />

injecteurs périphériques (trois de carburant, trois en tant que sortie des fumées s’alternant<br />

au cours des cycles).<br />

Fig. 1.12 – Domaine d’inflammabilité en tant que fonction de la valeur calorifique du fuel<br />

Q f , la température initiale du mélange et de sa richesse, φ (Katsuki et Hasegawa, 1998).<br />

– une fois que la température du four est suffisamment haute, le second mode d’injection,<br />

celui de la combustion sans flamme, se met en route. Si la température du four est trop<br />

basse, le mélange risque de ne pas s’allumer.<br />

Domaine d’inflammabilité<br />

La température d’injection fait varier le domaine d’inflammabilité. Ceci est valable pour une<br />

combustion de type prémélangée et de type diffusive. La figure 1.12 montre clairement cette<br />

tendance. De plus, il est possible de brûler des carburants à faible dégagement calorifique qui<br />

étaient ininflammables à température ambiante. Dans l’expérience d’une flamme à contrecourant<br />

décrite par Maruta et al. (2000), l’air préchauffé est injecté d’un côté et la fuel<br />

dilué dans du diazote de l’autre côté. Les essais ont été menés en gravité normale et en<br />

microgravité. La limite d’extinction pauvre s’éloigne lorsque la température de préchauffage<br />

augmente (Fig. 1.13).


22 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 1.13 – Courbe d’extinction (taux d’étirement vs concentration du fuel dilué avec l’azote)<br />

(Maruta et al., 2000).<br />

Fig. 1.14 – <strong>Flamme</strong> non-prémélangée de propane avec de l’air préchauffé dilué ou non. (T air<br />

=1273 K). A gauche, 21% d’O 2 , à droite 4%. (Katsuki et Hasegawa, 1998).<br />

1.5 Autres propriétés<br />

Propriétés radiatives<br />

L’émission d’une flamme dépend des espèces chimiques mises en jeu lors de la réaction. Les<br />

mécanismes chimiques impliqués dans une combustion préchauffée et diluée sont différents<br />

de ceux en jeu dans une flamme conventionnelle (Gupta et al., 1999; Nicolle, 2005). Les<br />

radicaux responsables de la luminosité d’une flamme sont C 2 ∗ et CH∗ principalement. Leur<br />

participation dans le chemin réactionnel suivi par la combustion sans flammes est amoindri,<br />

ils sont aussi comme les réactifs dilués, d’où l’invisibilité de la zone de réaction. Elle s’efface<br />

devant le rayonnement des parois plus intense. La chimie étant différente suivant le combustible<br />

utilisé, il est à noter que dans le cas du propane, on peut voir une flamme de teinte<br />

verte (Gupta et al., 1999; Dally et al., 2004) (Fig. 1.14). Elle possède cependant toutes les<br />

caractéristiques d’une oxydation sans flamme (peu polluante, large zone de récation).<br />

Le bruit<br />

Un autre avantage est le faible bruit émis par ce mode de combustion. Le faible écart de<br />

température entre les réactifs et les fumées est dû à un faible dégagement de chaleur et une


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 23<br />

Fig. 1.15 – Température en fonction du temps (Wünning et Wünning, 1997).<br />

zone de réaction étalée. Le couplage entre le champ acoustique et ce dégagement thermique<br />

est faible. La figure 1.15 donne l’historique de la température en un point de la chambre<br />

fonctionnant en combustion avec ou sans flamme selon le type d’injection du carburant (prémélange<br />

ou séparé) dans l’expérience décrite par Wünning et Wünning (1997). Trois régimes<br />

ont pu être identifiés :<br />

• un régime de flamme de prémélange classique<br />

• un régime de combustion sans flamme<br />

• un régime de flamme de diffusion décollée avec le même type d’injection que le mode<br />

sans flamme mais avec des vitesses d’entrée différentes<br />

On constate que la température est plus faible dans le cas sans flamme (FLOX) et que le<br />

bruit est de 82 dB comparé à 98 dB pour la combustion prémélangée. La concentration<br />

en polluant est divisée par un facteur 25 (6 ppm de NOx pour le cas FLOX et 160 pour<br />

le prémélange). De plus, les 82 dB ne représente qu’une élévation de 4 dB du bruit de la<br />

chambre à froid.<br />

1.6 Mécanismes et modèles de la combustion sans flamme<br />

Bien que les paramètres globaux nécessaires à la combustion sans flamme soient aujourd’hui<br />

connus, la manière dont brûlent localement les réactifs est encore mal comprise. Etant donné<br />

le grand brassage des gaz, le modèle le plus simple consiste à assimiler une chambre à combustion<br />

sans flamme à un réacteur parfaitement mélangé (Cavaliere et de Joannon, 2004; de<br />

Joannon et al., 2003; Duwig et Fuchs, 2006; Oberlack et al., 2000). Le système est alors piloté<br />

par l’auto-inflammation. La combustion sans flamme , du fait de son faible dégagement de<br />

chaleur, devient un cas particulier où les points d’extinction et d’allumage se confondent


24 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

(a) <strong>Flamme</strong> conventionnelle. E = 10 et<br />

Q = 4.<br />

(b) <strong>Combustion</strong> sans flammes. E = 20 et<br />

Q = 0.25.<br />

Fig. 1.16 – Température stationnaire adimensionnée d’un réacteur parfaitement mélangé en<br />

fonction du nombre de Damköhler. E : énergie d’activation adimensionnée. Q :dégagement<br />

de chaleur adimensionnée. (Oberlack et al., 2000).<br />

(Fig. 1.16). La transition entre gaz frais et gaz brûlés se fait de manière bien plus douce,<br />

ce qui expliquerait le faible bruit de la combustion sans flamme (Plessing et al., 1998). Ce<br />

n’est pas pour autant que c’est l’auto-inflammation qui régit une combustion sans flamme<br />

réelle où le mélange air-carburant-gaz brûlés n’est pas instantané. L’auto-inflammation par<br />

contre assure le démarrage de la combustion. Il n’y a pas besoin de systèmes de stabilisation<br />

de la flamme ni de système d’allumage comme une flamme pilote ou un arc électrique ou<br />

un impact LASER. Le préchauffage de l’air au-delà de la température d’auto-inflammation<br />

et le temps de résidence important dû aux zones de recirculation assure le démarrage de la<br />

réaction.<br />

Dans leur expérience, Dally et al. (2004) montre que la fonction de densité de probabilité de<br />

la température présente un comportement bimodal dans certaines zones. La présence d’une<br />

"flamme" (sous-entendu zone de réaction) est donc plus liée à un phénomène de propagation<br />

qu’à de l’auto-allumage. On peut aussi voir des "flammes" de prémélange dans le système<br />

décrit par Guoqiang et al. (2006). D’autre part, un régime de combustion sans flamme a<br />

aussi pu être observé dans des conditions où la combustion est de type diffusion (Maruta<br />

et al., 2000; Masson, 2005). La combustion sans flammes est donc un cas particulier des mécanismes<br />

de combustion déjà connus où les réactifs sont dilués, ce qui donnent des flammes<br />

plus épaisses (Figures 1.4 et 1.17). La dilution affecte également les temps caractéristiques<br />

chimiques qui deviennent plus long.<br />

Les différentes définitions du régime de combustion sans flamme (page 8) permettent d’assurer<br />

une combustion diluée et un faible taux de NOx sans préciser le processus exact de<br />

combustion. C’est pourquoi il existe, comme on vient de le voir, différentes manières d’obtenir<br />

ce régime. On peut parler de combustion sans flamme pour le propane alors qu’une<br />

flamme est visible (Fig. 1.14), c’est le taux de formation des NOx qui importe. Ainsi Dally<br />

et al. (2004) propose de rajouter au diagramme de Wünning (Fig. 1.8) une limite supérieure<br />

en température pour supprimer la formation des NOx.


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 25<br />

Fig. 1.17 – Profiles des fractions massiques de méthane et de dioxygène dans une flamme à<br />

contre-courant. Air préchauffé contre méthane dilué dans de l’azote. (Maruta et al., 2000).<br />

(a) avec des couples de brûleurs régénaratifs<br />

(Katsuki et Hasegawa, 1998)<br />

(b) avec des brûleur autorégénératifs (Milani<br />

et Soprano, 2001)<br />

Fig. 1.18 – Chaîne de chauffage<br />

1.7 Applications<br />

Les fours<br />

Les fours industriels sont la seule application industrielle actuelle de la combustion sans<br />

flamme, en particulier au Japon. Le carburant utilisé est du gaz naturel ou du méthane.<br />

Les pertes thermiques dues aux charges à chauffer baissent la température des gaz brûlés et<br />

la température uniforme obtenue est un bon atout pour ces applications. Les charges sont<br />

chauffées à la chaîne, des couples de brûleurs régénératifs ou des brûleurs autorégénératifs<br />

sont installés en parallèle le long de la chaîne de production (Fig. 1.18). Un autre moyen<br />

est d’utiliser des tubes radiants : la combustion sans flammes à lieu à l’intérieur et les tubes<br />

rayonnent vers la charge (Figures 1.19 et 1.20). Leur forme permet la recirculation des fumées.


26 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

(a) Forme en double P<br />

(b) Forme en A<br />

Fig. 1.19 – Différentes géométrie de tubes radiants de la société WS (image issue de<br />

www.flox.com)<br />

Applications futures<br />

Beaucoup d’espoirs concernent la production d’électricité à partir de turbine à gaz fonctionnant<br />

"sans flammes". Contrairement à un four, il est plus difficile de baisser la température<br />

finale par pertes significativement, ce qui explique pourquoi Guoqiang et al. (2006) réalisent<br />

une combustion sans flamme prémélangée plutôt qu’avec une injection des réactifs séparée.<br />

La température est donc fixée par la richesse. Le régime sans flamme (peu de NOx) est<br />

obtenu proche de la limite d’extinction. La nécessité de la dilution des réactifs changent<br />

considérablement la géométrie de la chambre de combustion. Dans l’expérience de Guoqiang<br />

et al. (2006), les injecteurs encerclent une cavité centrale qui recircule les gaz brûlés (Fig.<br />

1.21). Cette expérience a lieu sous une pression nominale de un bar, il reste encore à étudier<br />

le phénomène à des pressions plus élevés pour être appliqué à des turbines réelles. Rappelons<br />

aussi que la température d’injection d’un prémélange ne peut pas être trop élevée par risque<br />

d’auto-inflammation et de retour de flamme.<br />

Une autre application concerne le secteur automobile, plus précisément les moteurs diesel<br />

hybrides. On parle d’allumage de charge homogène sous compression (HCCI : Homogeneous<br />

Charge Compression Ignition). Le paramètre principal est ici l’auto-allumage car il faut assurer<br />

la combustion du mélange à chaque cycle. De plus, comme on l’a vue au paragraphe 1.4,<br />

il est possible d’utiliser des carburants faiblement énergétiques. Ces moteurs pourraient donc<br />

marcher avec des biocarburants par exemple. La difficulté de la réalisation de ces moteurs<br />

vient de la forte dépendance du temps d’auto-inflammation en fonction de la pression, de<br />

la température et du mélange (Cavaliere et de Joannon, 2004). Un calculateur de bord est<br />

nécessaire pour régler ces différents paramètres suivant le régime-moteur.<br />

Conclusion<br />

On a vu au cours de ce chapitre que la combustion sans flamme permet d’obtenir un très faible<br />

taux de polluants et est caractérisé par une zone de réaction large et incolore (sauf exception).<br />

Ce mode de combustion obtenu par dilution et préchauffage des réactifs possède en plus de<br />

son faible impact écologique d’autres atouts : faible bruit, réduction de la consommation


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 27<br />

(a) 30 tonnes d’acier par heure<br />

(b) 54 tonnes d’acier par heure<br />

(c) Vue d’artiste à lintérieur de la chaîne<br />

Fig. 1.20 – Fours industriels utilisant des tubes radiants (images issues de www.flox.com)<br />

(a) Photographie des<br />

injecteurs et de la cavité<br />

centrale<br />

(b) Variation des NOx, CO, UHC (imbrûlés : C x H y )<br />

et de la température des gaz brûlés en fonction de la<br />

richesse<br />

Fig. 1.21 – Exemple de brûleur pour une chambre de combustion sans flammes et quelques<br />

résultats (Guoqiang et al., 2006)


28 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

de combustible, matériaux moins solicités, système de stabilisation inutile. Cette technologie<br />

très prometteuse est déjà intégrée dans les fours industriels et entend s’étendre aux domaines<br />

énergétiques et automobiles.<br />

Les propriétés locales de cette combustion sont encore mal comprises et semblent dépendre<br />

de la configuration du système. Afin de mieux apprécier ce qui se passe au sein de la chambre,<br />

un outil de simulation précis comme la simulation aux grandes échelles sera d’une grande<br />

aide.


Chapitre 2<br />

Paramètres du calcul<br />

Vers un calcul <strong>LES</strong> 3D<br />

La démarche qui m’a permis de me familiariser avec AVBP (le code développé au CERFACS)<br />

pour réaliser un calcul réactif <strong>LES</strong> en trois dimensions a été la suivante. Il faut d’abord bien<br />

entendu commencer par savoir ce que l’on fait, ce qui commence par comprendre le concept<br />

de la <strong>LES</strong> et les modèles utilisés. Puis en partant d’un calcul 0D avec le code EQUIL,<br />

on monte en complexité : une flamme 1D sur PREMIX, une flamme 1D sur AVBP, un<br />

écoulement non réactif 3D et enfin un écoulement réactif 3D. En procédant de la sorte,<br />

les différents problèmes sont abordés au fur et à mesure et non tous en même temps. Les<br />

différentes modifications des paramètres du calcul ont elles aussi été abordées par étape<br />

tout le long du stage (changement de condition aux limites, introduction du rayonnement,<br />

injection de turbulence). La compréhension des différents paramètres d’un calcul se fait<br />

surtout par la communication. Il ne faut pas hésiter à aller voir les personnes qui ont les<br />

réponses. L’ambiance au sein de l’équipe est très bonne et il y aura toujours quelqu’un qui<br />

se rendra disponible pour aider.<br />

2.1 La simulation aux grandes échelles<br />

Les équations générales de la mécanique des fluides sont les équations de Navier-Stokes. Elles<br />

sont valides tant que le milieu peut être considéré comme continu. La résolution de ces équations<br />

pour un écoulement turbulent sans modélisation nécessite que le maillage capte les plus<br />

petits tourbillons de la taille de l’échelle de Kolmogorov. On parle alors de Direct Numerical<br />

Simulation (DNS). Les moyens informatiques actuels ne permettent une résolution que sur<br />

des géométries simples (cube) de petite taille avec de faibles vitesses. Les méthodes RANS<br />

(Reynolds Averaged Navuer-Stokes) ne s’intéresse qu’aux valeurs moyennes de l’écoulement.<br />

Beaucoup moins gourmandes en ressources que la DNS, des configuration réelles peuvent<br />

être calculées.<br />

La simulation aux grandes échelles (<strong>LES</strong> pour Large Eddy Simulation en anglais) apporte<br />

plus d’informations que les approches RANS. Ces deux méthodes appliquent un opérateur<br />

aux équations de Navier-Stokes et modélisent des termes non fermés mais sont conceptuellement<br />

très différentes. Dans le cas RANS, on s’intéresse à la moyenne temporelle ou<br />

d’ensemble, toutes les échelles de la turbulence sont alors modélisées. En <strong>LES</strong>, les larges<br />

29


30 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

structures sont résolues et les plus petites jusqu’à l’échelle de Kolmogorov sont modélisées<br />

(Fig. 2.1). Le modèle <strong>LES</strong> permet alors d’avoir des informations instationnaires sur les<br />

Fig. 2.1 – Spectre d’énergie d’une turbulence homogène isotrope : concept <strong>LES</strong><br />

champs physiques. Cette approche est très bien adaptée aux écoulements turbulents réactifs<br />

et plusieurs exemples témoignent de son pouvoir prédictif (Veynante, 2006). Elle permet<br />

d’étudier les instabilités dues à l’acoustique et à la turbulence sur la combustion, chose qui<br />

est impossible avec une étude RANS. Les méthodes <strong>LES</strong> sont par contre plus gourmandes en<br />

ressources pour faire un calcul. Le détail des équations et des modèles de la <strong>LES</strong> est donné<br />

dans l’Annnexe B.<br />

2.2 Configuration choisie<br />

La configuration choisie est une expérience se déroulant au CORIA (Complexe de Recherche<br />

Interprofessionnel Aérothermochimie) à Rouen. La géométrie est assez simple : une<br />

boîte rectangulaire 0.5m*0.5m*1m avec une arrivée d’air et une de méthane de chaque côté.<br />

La section de sortie est resserrée et terminée par une cheminée. Le combustible utilisé est du<br />

méthane. Les parois sont refroidies à l’aide d’un circuit d’eau afin de modéliser une charge<br />

chauffée par le four. Les détails de la géométrie et des débits sont donnés dans l’annexe A.<br />

La thèse de Masson (2005) contient d’autres informations complémentaires. Le maillage<br />

comprend le four lui-même est une partie de l’atmosphère extérieure pour que la condition<br />

au limite de pression soit rejetée le plus loin possible (Fig. 2.3). Notons que la taille de la<br />

boîte est très grande devant la taille des plus petites mailles, le temps convectif t c (rapport<br />

du volume du four sur les débits volumiques d’air et de méthane) nécessaire pour évacuer<br />

l’intérieur est énorme devant le pas de temps du calcul <strong>LES</strong> (t c =13s et ∆t=3.10 −7 s). Un<br />

grand nombre d’itérations est donc nécessaire. Les plus petites mailles se situent dans les<br />

tuyaux d’arrivée du méthane, il y a donc un compromis entre le raffinement de ces tuyaux


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 31<br />

Fig. 2.2 – Photographie de l’installation (Masson, 2005).<br />

et le pas de temps du calcul. Il a été choisi que la diamètre comporte cinq points, ce qui<br />

permet de passer correctement le débit.<br />

2.3 Conditions aux limites<br />

• Les entrées et sorties<br />

Dans un code compressible comme AVBP un grand soin doit être porté aux conditions<br />

imposées aux entrées et sorties. On ne peut pas simplement imposés une vitesse fixe en<br />

entrée et une pression fixe en sortie car les ondes acoustiques ne pourraient pas sortir<br />

du domaine et empêcheraient la convergence du calcul (Poinsot et Veynante, 2005,<br />

Chap.8). Des conditions aux limites NSCBC (Navier-Stokes Characteristic Boundary<br />

Conditions) sont utilisés (Poinsot et Veynante, 2005, Chap.9). En sortie par exemple,<br />

la pression oscille autour d’une valeur cible de la même manière qu’un ressort autour<br />

de sa position d’équilibre lorsqu’il est sollicité. Il faut donc choisir des coefficients de<br />

relaxation assez faible pour laisser passer les ondes acoustiques.<br />

• Les parois<br />

Les parois du four ne sont pas adiabatiques. Les pertes sont introduites soit par une<br />

condition isotherme sur les murs si on connaît la température soit en donnant une résistance<br />

thermique entre le noeud du fluide le plus proche du mur et l’extérieur. Comme<br />

on ne peut pas mailler assez finement au niveau de la paroi pour décrire correctement<br />

la couche limite, des lois de parois sont utilisées. Le principe consiste à obtenir les


32 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 2.3 – Maillage (900000 mailles)<br />

bonnes contraintes et pertes thermiques pariétales en faisant passer par les deux points<br />

les plus proches du mur une loi linéaire ou logarithmique caractéristique d’une couche<br />

limite turbulente (Schmitt, 2005).<br />

La thèse de Masson (2005) indique que les parois latérales du four sont à une température<br />

constante de l’ordre de 1000 ◦ C. Ces parois sont donc modélisées par des lois de<br />

paroi isotherme ainsi que le fond du four et la cheminée. La face dans laquelle s’incruste<br />

les arrivées d’air et de méthane semble plus froide sur les mesures que les parois latérales.<br />

Elle présente différents niveaux de température, une loi de paroi non-adiabatique,<br />

où seules la température extérieure (25 ◦ C) et la résistance thermique (10 −3 Km 2 /W )<br />

sont précisées, a été choisie.<br />

2.4 Modèle de rayonnement<br />

Dans un four, le transfert radiatif n’est pas négligeable. Les gaz chauds rayonnent vers la<br />

charge et les parois qui rayonnent à leur tour. Une partie du rayonnement est perdu vers<br />

l’extérieur. Le modèle de radiation implémenté dans AVBP par Schmitt (2005) suppose que<br />

le rayonnement n’a lieu qu’entre les gaz brûlés et les murs. Cette hypothèse est une bonne<br />

première approximation puisque ce sont les espèces H 2 O et CO 2 qui sont essentiellement<br />

responsables du rayonnement. L’air ne peut donc pas être réchauffé par radiation. D’autre<br />

part le champ radiatif n’est pas résolu, les pertes par rayonnement sont donc perdues, les<br />

gaz brûlés ne peuvent pas réabsorber ce qu’ils ont émis. Le terme Q r qui se rajoute au bilan<br />

d’énergie est le suivant :<br />

N∑<br />

Q r = 4σ(Ts 4 − T 4 )p X k a p,k (2.1)<br />

où σ est la constante de Stefan-Boltzmann, T s est la température de l’environnement froid,<br />

X k la fraction molaire de l’espèce k et a p,k est la constante d’absorption moyenne de Planck<br />

de l’espèce k. Comme l’échange a lieu avec les parois, T S a été fixée à 1300K.<br />

k=1


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 33<br />

Reaction Facteur preexponentiel Energie d’activation ν o ν F<br />

CH 4 + 1.5 O 2 → CO + 2 H 2 O 1.6e15 35000 1.1 0.9<br />

CO + 0.5 O 2 → CO 2 2.0e9 12000 0.5 1<br />

Tab. 2.1 – Schéma AS1 (le rôle des constantes cinétiques est donné dans l’Annexe B)<br />

2.5 Validation du schéma cinétique<br />

La chimie est considérée à l’aide de schéma cinétique réduit. Le schéma réactionnel complet<br />

de la combustion du méthane (plus de 50 espèces et quelques centaines de réactions pour le<br />

GRIMECH3.0) est trop lourd pour être pris en compte. Chaque nouvelle espèce introduit<br />

une nouvelle équation de transport à résoudre. De plus les réactions intermédiaires peuvent<br />

présenter des gradients très élevés qui peuvent ne pas être résolu sur le maillage. Le schéma<br />

utilisé, AS1 (Tableau 2.1), a été développé au CERFACS pour la combustion du méthane.<br />

Il a été construit de telle sorte à ce qu’il soit assez fidèle à la vitesse de flamme pour une<br />

température de prémélange à 600 K et une pression de 1.5 bar. Il a été décidé qu’avant de<br />

toucher à ce schéma, un calcul avec le schéma AS1 serait effectué pour déjà comprendre ce<br />

qui se passe qualitativement et quel phénomène pilote la combustion.<br />

Pour estimer les performances du schéma AS1 dans les conditions du four du CORIA, une<br />

comparaison avec le schéma GRIMECH3.0 a été faite pour une flamme de prémélange à une<br />

température de mélange de 850 K et une pression de 1 bar à l’aide du code PREMIX (Fig.<br />

2.4). La température de 850 K est l’ordre de grandeur d’un mélange stœchiométrique d’air<br />

à 873K et de méthane à 298 K. La vitesse de flamme laminaire est légèrement sous-estimée<br />

avec un mélange pauvre et faussée avec un mélange riche. Comme l’expérience au CORIA<br />

montre que les gaz brûlent à la stœchiométrie (φ = 1), l’erreur commise reste faible. La<br />

température adiabatique de fin de combustion est un peu sur-estimée. Alors que la vitesse<br />

de flamme peut être ajustée par les coefficients cinétiques des réactions, la température finale<br />

ne dépend que de paramètres thermodynamiques et ne peut être changée que par les<br />

réactions et donc les espèces intermédiaires considérées.<br />

2.6 Injection de turbulence<br />

L’injection de turbulence permet permet d’imposer en entrée un champ de vitesse plus fidèle<br />

à la réalité qu’un profil plat. Avec un profil plat, l’écoulement laminaire transitionne vers<br />

la turbulence en s’éloignant de l’entrée. En réalité, la turbulence est déjà présente dans<br />

les tuyaux. En injectant un champ approximé de vitesse turbulente, la transition vers la<br />

turbulence physique est plus rapide et le calcul plus juste. Cet outil a été utilisé au cours du<br />

stage pour déstabiliser l’écoulement qui était très asymétrique et conservé dans la suite du<br />

calcul.<br />

Comme il n’y a pas de donnée sur le champ de vitesse à l’intérieur des tuyaux. La turbulence<br />

est supposée isotrope et les profils de vitesse sont approximés. L’axe des tuyaux est selon


34 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

(a) Vitesse de flamme<br />

(b) Température<br />

Fig. 2.4 – Comparaison AS1 et GRIMECH3.0<br />

Débit (g/s) Rayon (mm) Densité (kg/m 3 ) w 0 caculé (m/s) w 0 corrigé (m/s)<br />

Air 7.53 12.5 0.403 20.95 22.44<br />

Méthane 0.205 1.5 0.658 24.26 28.42<br />

Tab. 2.2 – <strong>Calcul</strong> de w 0<br />

la direction z, il faut spécifier la vitesse moyenne longitudinale w et les moyennes RMS<br />

des vitesse fluctuantes, les vitesses moyennes transverses sont nulles. Dans un écoulement<br />

turbulent, w a un profil typique en "1/7" :<br />

w = w max (1 − r/R) 1 7 (2.2)<br />

r est la distance à l’axe du tuyau, R le rayon du tuyau et w max le vitesse maximale atteinte au<br />

centre du tuyau. Avec ce profil, la vitesse est nulle à la paroi or des lois de paroi caractérisées<br />

par des vitesses glissantes à la paroi sont utilisées. Une vitesse à la paroi est introduite et<br />

est estimée à la moitié de la valeur maximale atteinte au centre du tuyau :<br />

w = w 0 (1 − r/R) 1 7 + w0 (2.3)<br />

Le calcul du débit à travers une section cylindrique donne ṁ = 109πρw<br />

60 0R 2 . ρ est la densité<br />

massique du gaz circulant dans le tuyau. A partir des débits de méthane et d’air, on peut<br />

calculer le w 0 du profil à imposé. Enfin le maillage, donne une section circulaire imparfaite.<br />

La surface est légèrement inférieure à celle d’un disque, comme le débit est proportionnel à<br />

w 0 , il faut augmentait w 0 . Les valeurs sont données dans le tableau 2.2.<br />

Le profil des vitesses fluctuantes dans un tuyau est généralement de la sorte (ici u RMS =<br />

v RMS = w RMS ) : la courbe w RMS (r) passe par un minimum en r = 0, un maximum en<br />

r 0 ∈]0, R[ et s’annule en r = R. La valeur du maximum vaut approximativement 10%<br />

de la valeur maximale de w et la valeur du miminum 2 de celle du maximum de w 3<br />

RMS.<br />

Comme les tuyaux ne sont pas maillés finement, il est inutile de décrire précisément se profil,<br />

d’autant plus qu’aucune donnée expérimentale n’est disponible. Pour l’injection d’air, la<br />

courbe w RMS (r) est donnée par une droite passant par le minimum et le maximum donnés


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 35<br />

auparavant, la valeur est fixée à zéro sur la paroi. Le tuyau d’arrivée du méthane étant encore<br />

moins maillé (cinq points dans le diamètre), le profil est constant à la valeur du maximum<br />

et annulé sur les parois.<br />

Les figures 2.5 et 2.6 comparent les vitesse moyennes et RMS imposées dans une section<br />

cylindrique à celles calculées et corrigées pour retrouver les bons débits. Les profils sont<br />

comparés le long d’un diamètre, comme les points du maillage ne passent pas exactement<br />

par la ligne choisie, une interpolation est effectuée. Ainsi, l’erreur sur le profil RMS en<br />

périphérie du tuyau de méthane est due à une interpolation entre le point appartenant à la<br />

paroi où la vitesse est nulle et son premier voisin. En s’affranchissant de cette perturbation de<br />

l’interpolation sur les profils, on constate que les champs imposés sont assez bien reproduits.<br />

Il n’est pas nécessaire de demander plus de précision car ces champs sont estimés.<br />

(a) Moyenne<br />

(b) RMS<br />

Fig. 2.5 – Comparaison entre les moyennes statistiques de vitesse théoriques et calculées<br />

pour l’injection d’air<br />

(a) Moyenne<br />

(b) RMS<br />

Fig. 2.6 – Comparaison entre les moyennes statistiques de vitesse théoriques et calculées<br />

pour l’injection de méthane


36 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

2.7 <strong>Flamme</strong> mono-dimensionnelle non-étirée instationnaire<br />

Pour comparer dans la suite la combustion sans flamme avec une combustion avec flamme,<br />

une flamme monodimensionnelle de diffusion a été calculée. Cet exemple permet aussi d’introduire<br />

des outils d’analyse de structure de flamme comme un diagramme en z. La configuration<br />

la plus simple est une flamme non-étirée instationnaire. Les profils d’espèces sont<br />

initialisés à l’aide de fonction tangentes hyperboliques, AS1 est le schéma chimique utilisé,<br />

les températures d’injections de l’air et du méthane sont les mêmes que celles du calcul<br />

de l’expérience du CORIA (873 K pour l’air et 298 K pour le méthane). La solution initiale<br />

n’étant pas nécessairement solution des équations de Navier-Stokes, il faut passer un<br />

court transitoire avant de tomber sur une solution physique. La figure 2.7 présente les profils<br />

d’espèces et de température au bout de 70 ms.<br />

Y k<br />

(-)<br />

1<br />

0.8<br />

0.6<br />

0.4<br />

0.2<br />

0<br />

Y CH4<br />

Y 02<br />

Y H2 O<br />

-0.04 -0.02 0 0.02 0.04<br />

x (m)<br />

Temperature (K)<br />

2500<br />

2000<br />

1500<br />

1000<br />

500<br />

-0.04 -0.02 0 0.02 0.04<br />

x (m)<br />

(a) Espèces<br />

(b) Température<br />

Fig. 2.7 – Profils pour une flamme 1D de diffusion<br />

La température et les fractions massiques peuvent être représentées en fonction de la fraction<br />

de mélange Z (Fig. 2.8) donnée par :<br />

z = sY F − Y O + Y 0 O<br />

sY 0 F + Y 0 O<br />

(2.4)<br />

où Y F et Y O sont les fractions massiques du combustible et de l’oxydant, s est le rapport de<br />

masse stœchiométrique (égal à 4 pour le méthane), YF 0 est la fraction massique du combustible<br />

côté riche et YO 0 celle de l’oxydant côté pauvre. Dans le cas présent, du méthane pur réagit<br />

avec de l’air donc YF 0 = 1 et Y O 0 = 0.233.<br />

Dans le cas d’une chimie infiniment rapide à une étape, la structure d’une flamme de diffusion<br />

dans un diagramme en z est constituée de segments de droite (Poinsot et Veynante, 2005,<br />

Chap. 3). La flamme brûle au point où le mélange entre les réactifs est stœchiométrique.<br />

Comme la chimie est infiniment rapide, le combustible et l’oxydant ne peuvent pas coexister


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 37<br />

en ce point. La flamme se situe alors en z = z st avec<br />

z st =<br />

1<br />

1 + sY 0 F<br />

Y 0 O<br />

(2.5)<br />

Les fractions massqiues sont donc données par :<br />

• Du côté du combustible (z > z st )<br />

• Du côté de l’oxydant (z < z st )<br />

Y F (z) = Y 0 F<br />

Y O (z) = 0<br />

z − z st<br />

1 − z st<br />

Y F (z) = 0<br />

Y O (z) = YO(1 0 − z )<br />

z st<br />

La figure 2.8(a) montre que même avec une chimie non infiniment rapide à plusieurs étapes,<br />

ici le schéma chimique AS1, les fractions massiques de méthane et d’oxygène en fonction de<br />

z correspondent aux segments de droites décrits par les équations précédentes. La flamme<br />

est bien localisée en z = z st et les réactifs se chevauchent très légèrement, ce qui témoigne<br />

d’un temps chimique fini.<br />

Dans le cas d’une chimie infiniment rapide à une étape, le champ de température dans le<br />

diagramme en z est lui aussi constitué de deux segments : ils passent par les trois points<br />

(0,TF 0), (z st,T max ) et (1,TO 0 ). La figure 2.8(b) compare le champ de température de la flamme<br />

calculée avec le schéma AS1 avec le cas d’une chimie infiniment rapide et un mélange pur<br />

entre les réactifs. La température maximale atteinte est de l’ordre de 2500 K.<br />

(a) Espèces<br />

(b) Température<br />

Fig. 2.8 – Structure de la flamme dans un diagramme en z


38 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme


Chapitre 3<br />

Résultats et interprétations du<br />

calcul 3D<br />

Le calcul a été réalisé avec le schéma numérique de Lax-Wendroff. Comme l’on s’attend à obtenir<br />

des zones de réaction larges en combustion sans flamme, aucun épaississement artificiel<br />

de la zone de réaction n’est appliqué (F = 1). Voir l’Annexe B pour plus d’informations.<br />

3.1 Champs d’espèces<br />

Les fractions massiques d’oxygène et de méthane sont représentées dans le plan médian<br />

contenant les injecteurs sur un champ instantané et un champ moyen. Il faut préciser que<br />

le temps de convergence vers un état statistiquement stationnaire est grand et n’a pas pu<br />

être atteint. Les moyennes observées ne sont donc pas convergées mais donnent une bonne<br />

information qualitative.<br />

La forme des isocontours de méthane sur le champ instantané (Fig. 3.1) montrent très bien<br />

la résolution des grandes échelles de la turbulence par la <strong>LES</strong>. Le champ moyen est plus lisse<br />

et la dissymétrie résulte de la non-convergence statistique du calcul.<br />

L’air est introduit en excès. La richesse globale est définie par :<br />

φ g = sY 0 F<br />

Y 0 O<br />

ṁ 1<br />

ṁ 2<br />

(3.1)<br />

Avec les paramètres de ce calcul, φ g = 0,93. Comme l’air n’est pas entièrement consommé,<br />

il recircule avec les gaz brûlés. Ceci est visible sur le champ instantané de la figure 3.2.<br />

La fraction massique de monoxyde de carbone révèle les zones où la réaction a lieu. Cette<br />

zone est plus élargie et plus diffuse sur le champ moyen (Fig. 3.3).<br />

La concentration des gaz brûlés n’a pas été représentée car leur grande homogénéité au sein<br />

du four rend les figures peu lisibles.<br />

39


40 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

(a) Champ instantané<br />

(b) Champ moyen<br />

Fig. 3.1 – Fraction massique en méthane<br />

(a) Champ instantané<br />

(b) Champ moyen<br />

Fig. 3.2 – Fraction massique en dioxygène<br />

3.2 Pertes thermiques<br />

Comme il l’a déjà été précisé, les pertes thermiques sont essentielles pour obtenir un régime<br />

de combustion sans flamme. Ces pertes vont abaisser la température des gaz brûlés. Dans<br />

AVBP, elles ont été introduites à partir d’un modèle de pertes par rayonnement et de lois<br />

de paroi. Ainsi la température maximale atteinte est de l’ordre de 1600 K (Fig. 3.4(a)). La<br />

température devient très homogène en aval de l’écoulement.


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 41<br />

(a) Champ instantané<br />

(b) Champ moyen<br />

Fig. 3.3 – Fraction massique en monoxyde de carbone<br />

(a) Champ instantané<br />

(b) Champ moyen<br />

Fig. 3.4 – Champ de température<br />

Les pertes obtenus sont comparées à celles mesurés dans Masson (2005). Seule la somme<br />

des pertes peut être comparée. Les parois sont refroidies par un système d’eau, en mesurant<br />

la différence de température entre l’arrivée et la sortie d’eau, Masson évalue l’énergie reçue<br />

par le fluide. Il appelle "pertes aux parois" le reste de l’énergie qui a été dissipée, ce qui<br />

comprend les transferts conducto-convectifs aux parois et les transferts radiatifs.<br />

Les pertes du calcul sont calculées à partir d’une moyenne temporelle sur 200 ms. et sont<br />

données dans Tab. 3.1. La puissance nominale du four est de 20 kW, la puissance calculée


42 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

est de 19,6 kW, ce qui témoigne de la bonne qualité de la prédiction numérique.<br />

Pertes Expérience Pertes <strong>Calcul</strong><br />

Pertes eau 39 % Pertes loi de paroi 17 %<br />

Pertes parois 26 % Pertes radiatives 63 %<br />

Somme 65 % Somme 80 %<br />

Tab. 3.1 – Proportions des pertes thermiques<br />

Les pertes semblent sur-estimées. La température moyenne du four et des parois est de 1310<br />

K, ce qui est de l’ordre de grandeur des données expérimentales. Les paramètres choisis dans<br />

le code pour calculer les pertes n’ont donc pas été changés.<br />

3.3 Zone de réaction<br />

3.3.1 Présence d’une "flamme"<br />

Le calcul numérique permet d’obtenir le champ de dégagement de chaleur, grandeur inaccessible<br />

par l’expérience. La figure 3.5 représente une isosurface du taux de dégagement<br />

de chaleur et une coupe dans le plan médian. La figure révèle nettement une structure de<br />

flamme : des zones plus réactives sont identifiables. Deux zones de flamme peuvent être distinguées<br />

:<br />

• La première correspond à une flamme décollée entre l’oxygène et le méthane qui ont<br />

été injectés. Cette réaction est la plus intense (foncée sur la coupe).<br />

• La seconde correspond à la combustion de l’oxygène excédentaire qui a recirculé avec<br />

les gaz brûlés jusqu’en amont de l’écoulement. La réaction au niveau des injections de<br />

combustible et celle qui a lieu plus près des parois latérales (éloigné de l’injection d’air)<br />

font partie de cette catégorie.<br />

Dans tous les cas la flamme est plissée par la turbulence.<br />

Afin de mieux comprendre la structure de cette flamme, trois coupes ont été effectuées à<br />

travers le front de flamme comme l’indique la figure 3.6. La température et les les fractions<br />

massique de dioxygène et de méthane sur chacune des coupes sont représentés sur la figure<br />

3.7.<br />

Les trois coupes montrent qu’il s’agit vraisemblablement de flammes de diffusion, les réactifs<br />

arrivent séparément dans la zone de réaction. Les coupes n ◦ 1 et 2 est un lieu où l’oxygène<br />

injecté brûle, la réaction le long de la coupe n ◦ 3 implique de l’oxygène recirculé. Dans les<br />

trois cas, une structure de flamme de diffusion est observée, ce qui indiquerait qu’il en est<br />

de même pour toutes les zones de réaction.


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 43<br />

(a) Isosurface du taux de dégagement<br />

de chaleur, colorée par la<br />

température (K)<br />

(b) Coupe dans le plan médian et<br />

isocontours<br />

Fig. 3.5 – Dégagement de chaleur (J/(m 3 s))<br />

3.3.2 Diagrammes en z<br />

Pour vérifier que la flamme brûle bien en diffusion, la structure de la flamme dans un diagramme<br />

en z est étudiée. La figure 3.8 représente les fractions massiques de différentes espèces<br />

en fonction de z, chaque point du maillage donne un point sur le graphique. Le diagramme<br />

3.8(a) et celui obtenu pour la flamme de diffusion monodimensionnelle (Fig. 2.8(a)) se ressemblent<br />

beaucoup. Cependant, il y a plus de mélange entre les réactifs que dans le cas 1D<br />

(Fig. 3.8(b)).<br />

Grâce aux pertes introduites, la température maximale est plus faible que la température<br />

adiabatique de fin de combustion théorique obtenue dans le cas 1D 2.8(b). La plus haute tem-<br />

3<br />

2<br />

1<br />

Fig. 3.6 – Représentation des coupes


44 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

(a) Coupe n ◦ 1 (b) Coupe n ◦ 2 (c) Coupe n ◦ 3<br />

Fig. 3.7 – Evolution le long des coupes<br />

pérature se trouve sur la ligne stœchiométrique (Fig. 3.9). Un point composé seulement de<br />

gaz brûlés se trouve sur cette ligne, comme ces gaz sont refroidis, ils se trouvent à différentes<br />

température, ce qui explique le "trait" vertical qui apparaît. On voit aussi deux "courbes"<br />

qui partent du méthane pur (z=1, T=298K) qui sont dues aux deux jets de méthane qui ne<br />

se diluent pas de la même façon. Enfin le dégagement de chaleur maximal se trouve aussi<br />

sur la ligne stœchiométrique (Fig. 3.10).<br />

La structure en z de la zone de réaction confirme bien qu’il s’agit d’une flamme de diffusion.<br />

Le terme "flamme" est ici employé comme synonyme de "zone de réaction". Les données du<br />

calcul ne permettent pas de dire directement si elle est visible ou non.<br />

3.3.3 Indice de Takeno<br />

L’indice de Takeno (Yamashita et al., 1996), G F O , est un outil permettant de distinguer une<br />

flamme de prémélange d’une flamme de diffusion. Il est donné par la formule suivante :<br />

G F O = gradY F · gradY 0 (3.2)<br />

L’indice est positif dans le cas d’une flamme de prémélange et négatif pour une flamme de<br />

diffusion. La figure 3.11 montre une coupe colorée par l’indice de Takeno et un isocontour<br />

de taux de dégagement de chaleur représentant la zone de réaction. La zone de réaction se<br />

situe bien dans la partie blanche de la figure (G F O < 0). La flamme est de type diffusion.


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 45<br />

(a) Y k vs z<br />

(b) Zoom<br />

Fig. 3.8 – Fractions massiques de CH 4 , O 2 et CO 2<br />

Fig. 3.9 – Diagramme en z de la température<br />

3.4 <strong>Combustion</strong> sans flamme ?<br />

Le mode de combustion du four révèle la présence d’une flamme de diffusion. Le calcul ne<br />

nous permet pas de dire si elle est visible ou non. Or l’invisibilité de la flamme n’est pas<br />

nécessairement liée aux propriétés d’une combustion sans flamme (paragraphe 1.5). Peut-on<br />

donc tout de même qualifier le calcul de combustion sans flamme ?<br />

3.4.1 Faible température<br />

Dans une combustion sans flamme, la température maximale atteinte est faible. La production<br />

des NOx par voie thermique en est considérablement diminuée. C’est l’intérêt de ce<br />

mode de combustion. La figure 3.9 montre que la température maximale chute de 900 K


46 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 3.10 – Diagramme en z du taux de dégagement de chaleur<br />

Fig. 3.11 – Indice de Takeno<br />

pas rapport à la température adiabatique de fin de combustion. Comme le schéma cinétique<br />

utilisé ne prend pas en compte l’oxydation de l’azote, la concentration de NOx ne peut pas<br />

être déterminée. Cependant la température maximale de 1600 K et la température moyenne<br />

de 1300 K permettent d’affirmer que la production des polluants est limitée.<br />

3.4.2 Température uniforme<br />

La faible élévation de température donne un champ de température assez uniforme. La figure<br />

3.12(a) compare les profils de température sur l’axe longitudinal de l’installation décrite par<br />

Wünning et Wünning (1997) entre un régime avec flamme et un autre sans. Dans le cas de<br />

la flamme, il y a un pic de température. L’axe n’a pas pu être parcouru entièrement par le<br />

thermocouple utilisé pour les mesures au risque de le dégrader aux plus hautes températures.<br />

Dans la configuration sans flamme (FLOX), la température augmente progressivement vers<br />

la température de sortie des gaz. Le profil de température moyenne du calcul sur l’axe longitudinale<br />

est représenté sur la figure 3.12(b). L’allure de la température sur l’axe s’identifie<br />

plus au cas d’une combustion sans flamme.


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 47<br />

(a) Comparaison combution avec/sans flamme.<br />

Abscisses : longueur 1m, échelle linéaire (Wünning<br />

et Wünning, 1997)<br />

(b) <strong>Calcul</strong> 3D<br />

Fig. 3.12 – Température sur l’axe du four<br />

3.4.3 Recirculation<br />

Dans le four, le régime de combustion sans flamme est atteint avec une recirculation des<br />

gaz brûlés. La quantité recirculée doit être suffisante pour diluer les réactifs. La figure 3.13<br />

affiche l’amplitude la vitesse (isocontours en gris) et localise la zone de recirculation dans le<br />

plan médian (ligne noire). L’asymétrie est attribuée au fait que le calcul n’est pas convergé.<br />

La quantité de gaz recirculé est évaluée par le taux de recirculation K V définit par Eq. 1.6.<br />

Le débit recirculant est calculé sur plusieurs plans perpendiculaires à l’axe longitudinal. La<br />

figure 3.14 donne K V en fonction de la distance sur l’axe. Dans le diagramme de Wunning<br />

(Fig. 1.8), seuls les gaz brûlés se diluant avec les récatifs sont significatifs. Avec un K V de<br />

l’ordre de 4 et une température moyenne de 1300 K, le calcul se trouve dans la zone de<br />

combustion sans flamme sur la figure 1.8.<br />

3.4.4 Conclusion<br />

Ces propriétés (gradients de température faible, dilution des réactifs, zone de réactions épaissies)<br />

sont celles de la combustion sans flamme. La simulation aux grandes échelles est donc<br />

capable de retrouver les caractéristiques de la combustion sans flamme. De plus, aucun nouvel<br />

outil n’a dû être ajouté au code de simulation numérique pour obtenir ce résultats. Il a<br />

suffit d’une géométrie propice à la combustion sans flamme (injection des réactifs séparés,<br />

recirculation), d’un schéma cinétique simple et d’introduire des pertes thermiques. Le calcul<br />

<strong>LES</strong> a permis de mettre en évidence une large flamme de diffusion décollée qui serait donc<br />

invisible lors de l’expérience.


48 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Fig. 3.13 – champs colorée par vitesse et isocontour à vitesse longitudinale nulle<br />

Fig. 3.14 – Taux de recirculation sur l’axe


Conclusions et perspectives<br />

La première partie du rapport a présenté les caractéristiques et les atouts de la combustion<br />

sans flamme, le plus important étant son faible impact environnemental. L’objectif du<br />

stage était de juger des performances de la simulation aux grandes échelles dans des conditions<br />

de combustion sans flamme avec les outils existants. Plusieurs caractéristiques de ce<br />

mode de combustion ont pu être retrouvées et le calcul a révélé une structure de flamme de<br />

diffusion plissée par la turbulence.<br />

Ce stage a été un travail préliminaire à la thèse CIFRE avec Gaz de France qui commencera<br />

en décembre 2006. Des mesures expérimentales seront disponibles pour les comparer au calcul<br />

<strong>LES</strong>. La thèse étudiera essentiellement l’influence d’ajout d’hydrogène au méthane dans<br />

la combustion sans flamme. La diminution du débit de méthane à puissance égale donne<br />

moins de dioxyde de carbone en sortie et donc un impact écologique encore plus réduit.<br />

49


50 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme


ANNEXES<br />

51


Annexe A<br />

Détails du four<br />

Géométrie<br />

Le four possède une arrivée d’air, deux de gaz. La sortie débouche dans la pièce avec une<br />

hotte au-dessus pour aspirer les fumées. Les dimension sont données sur les figures A.1, A.2<br />

et A.3. Un circuit d’eau primaire et secondaire assure l’équilibre thermique du four. Lors de<br />

la préchauffe du four (combustion avec flamme), du gaz naturel est utilisé, lors du régime<br />

de combustion sans flamme on utilise du méthane. Le préchauffage de l’air a lieu avec un<br />

réchauffeur électrique.<br />

Plan XZ<br />

100 cm<br />

50 cm<br />

6 cm<br />

28 cm<br />

Fig. A.1 – Géométrie (échelle non respectée). Plan XZ.<br />

53


54 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

Plan YZ<br />

100 cm<br />

50 cm<br />

5 cm<br />

28 cm<br />

Fig. A.2 – Géométrie (échelle non respectée). Plan YZ.<br />

3 mm<br />

Arrivee du gaz<br />

12,5 mm<br />

101,4 mm<br />

Arrivee d’air<br />

Axe de symetrie<br />

Fig. A.3 – Géométrie (échelle non respectée). Plan XZ, zoom.<br />

Fig. A.4 – Vue en trois dimensions


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 55<br />

Débits<br />

NOMINAL<br />

diamètre (m) densité volumique (kg/m3) Temperature (K) Vitesse débitante (m/s) Surface Débit (kg/s) Débit (m3/s) Débit(m3(n)/h)<br />

air 2,50E-02 4,06E-01 8,73E+02 3,78E+01 4,91E-04 7,53E-03 1,86E-02 2,09E+01<br />

méthane 3,00E-03 6,66E-01 2,98E+02 4,35E+01 7,07E-06 4,10E-04 6,15E-04 2,03E+00<br />

stochio<br />

manip<br />

Rapport Qa/Qf en m3(n)/h 9,70E+00 1,03E+01<br />

Taux d'aération<br />

phig<br />

1,06E+00<br />

9,33E-01<br />

débits Total Temps convectif<br />

Volume 1,92E-02 2,50E-01 1,30E+01<br />

Masse 7,94E-03 6,47E-02 8,15E+00


56 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme


Annexe B<br />

Les équations et modèles de la<br />

simulation aux grandes échelles<br />

Filtrage<br />

La méthode RANS utilise un opérateur de moyenne d’ensemble. La <strong>LES</strong> utilise un opérateur<br />

de filtarge, toutes les variables sont filtrées de la manière suivante :<br />

∫<br />

f(x) = f(x´)F(x − x´)dx´<br />

(B.1)<br />

où F est le filtre <strong>LES</strong>. Un exemple simple de filtre est une fenêtre centrée sur zéro et de<br />

largeur δ. Dans un calcul réel, le filtrage est implicite, il est réalisé en évaluant les variables<br />

aux noeuds du maillage. Il est aussi possible de définir un filtrage de Favre pondéré par la<br />

densité massique ρ :<br />

∫<br />

ρ ˜f(x) = ρf(x´)F(x − x´)dx´<br />

(B.2)<br />

Les équations<br />

On applique cet opérateur au équations de Navier-Stokes et on obtient les équations suivantes<br />

(Poinsot et Veynante, 2005, Chap. 4) :<br />

• Masse<br />

• Quantité de mouvement<br />

• Espèces chimiques<br />

∂ρũ i<br />

∂t<br />

∂ρ<br />

∂t + ∂<br />

∂x i<br />

(ρũ i ) = 0<br />

+ ∂<br />

∂x j<br />

(ρũ i ũ j ) = − ∂<br />

∂x j<br />

[P δ ij − τ ij − τ ij t ]<br />

(B.3)<br />

(B.4)<br />

∂ρỸk<br />

∂t<br />

+ ∂<br />

∂x j<br />

(ρỸkũ j ) = − ∂<br />

∂x j<br />

[J j,k + J j,k<br />

t<br />

] + ˙ωk k = 1, N (B.5)<br />

57


58 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

• Energie totale<br />

∂ρẼ<br />

∂t<br />

+ ∂<br />

∂x (ρẼũ j) = − ∂ [<br />

]<br />

t<br />

u i (P δ ij − τ ij ) + q j + q j + ˙ω T + Q r (B.6)<br />

j ∂x j<br />

ρ est la densité massique, u i la ième composante de la vitesse, p la pression, τ ij le tenseur<br />

des contraintes visqueuses, τ ij t le tenseur de Reynolds, Y k la fraction massique de l’espèce k,<br />

J i,k la ième composante du flux diffusif de l’espèce k, ˙ω k le taux de production de l’espèce k,<br />

J i,k<br />

t<br />

la i ème composante du flux diffusif turbulent de l’espèce k, ˙ω k le taux de production de<br />

l’espèce k, E l’énergie totale (somme de l’énergie interne et de l’énergie cinétique), q i la ième<br />

composante du flux de chaleur, q i t la ième composante du flux de chaleur turbulent, Q r est<br />

l’énergie radiative et enfin ˙ω T est le taux de dégagement de chaleur.<br />

Les flux et tenseurs sont données par les équations suivantes :<br />

avec<br />

τ ij = 2ρν(S ij − 1 3 δ ijS ll )<br />

S ij = 1 2<br />

(<br />

ui<br />

x j<br />

+ u j<br />

x i<br />

)<br />

τ t ij = −ρ(ũ i u j − ũ i ũ j )<br />

(<br />

W k ∂X k<br />

J i,k = −ρV k,i Y k = −ρ D k<br />

W ∂x i<br />

J i,k<br />

t<br />

= ρ( ũ i Y k − ũ i Ỹ k )<br />

q i = −λ ∂T<br />

∂x i<br />

+<br />

N∑<br />

J i,k h s,k<br />

k=1<br />

q i t = ρ(ũiE − ũ i Ẽ)<br />

)<br />

− Y k Vi<br />

c<br />

(B.7)<br />

(B.8)<br />

(B.9)<br />

(B.10)<br />

(B.11)<br />

(B.12)<br />

(B.13)<br />

où ν est la viscosité dynamique laminaire, S ij le tenseur des déformations, V k,i la i ème<br />

composante du vecteur vitesse de diffusion de l’espèce k, D k le coefficient de diffusion de<br />

l’espèce k, W k la masse molaire de l’espèce k, W la masse molaire du mélange, X k la fraction<br />

molaire de l’espèce k, Vi c la vitesse corrective de diffusion et h s,k l’enthalpie sensible de<br />

l’espèce k.<br />

On constate que de nombreux termes restent inconnus (ũ i u j −ũ i ũ j , ũiY k −ũ i Ỹ k , ũih s −ũ i˜hs , ...)<br />

et nécessitent de modéliser l’influence des petites échelles de la turbulence sur les grandes<br />

qui sont résolues (Poinsot et Veynante, 2005). On parle de modèle de sous-maille.<br />

Les modèles de sous-maille


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 59<br />

• Le tenseur de Reynolds τ t ij est modèlisé par le modèle de Smagorinsky :<br />

τ t ij − δ (<br />

ij<br />

3 τ kk t ∂ũi<br />

= −ρν t + ∂ũ j<br />

− 2 ) (<br />

∂x j ∂x i 3 δ ∂ũ k<br />

ij = −2ρν t<br />

˜S ij − δ )<br />

ij<br />

∂x k 3 ˜S kk<br />

(B.14)<br />

où ν t est la viscosité de sous-maille modélisée par<br />

ν t = (C S ∆) 2 (2 ˜S ij ˜Sij ) 1 2<br />

(B.15)<br />

où ˜S ij est le tenseur filtré au sens de Favre des déformations, ∆ une taille caractéristique<br />

de la maille et C S est une constante du modèle. Le terme δ ij<br />

3 τ kk t est souvent négligé<br />

• Les flux de sous-maille d’espèce J i,k<br />

t<br />

et d’enthalpie qi t sont exprimés à partir de nombres<br />

de Schmidt S t c,k et de Prandt P t r turbulents :<br />

avec<br />

J i,k<br />

t<br />

= −ρD<br />

t<br />

k<br />

∂Ỹk<br />

∂x i<br />

D t k =<br />

ν t<br />

S t c,k<br />

(B.16)<br />

(B.17)<br />

avec<br />

q i t = −λ t<br />

∂ ˜T<br />

∂x i<br />

+<br />

N∑<br />

k=1<br />

J i,kt˜hs,k<br />

(B.18)<br />

λ t = ρν tC p<br />

(B.19)<br />

Pr<br />

t<br />

• Les flux diffusifs et le tenseur des contraintes laminaires filtrés sont modélisés par :<br />

J i,k = −ρ<br />

(<br />

D k<br />

W k<br />

W<br />

∂ ˜X k<br />

∂x i<br />

− ỸkṼ c<br />

i<br />

)<br />

(B.20)<br />

q i = −λ ∂ ˜T<br />

∂x i<br />

+<br />

N∑<br />

k=1<br />

J i,k˜hs,k<br />

τ ij = 2ρ˜ν( ˜S ij − 1 3 δ ij ˜S ll )<br />

(B.21)<br />

(B.22)<br />

• Le terme d’interaction entre la turbulence et la combustion ˙ω T peut être modélisé de<br />

différentes manières. Pour plus de détails sur l’éventail des modèles existants, on peut<br />

se reporter à Poinsot et Veynante (2005). Dans le code AVBP, le modèle utilisé est<br />

le modèle d’épaississement de flamme, il est particulièrement adapté aux flammes de<br />

prémélange. Le front de flamme trop mince pour être résolu sur le maillage est artificiellement<br />

épaissi en multipliant les coefficients de diffusion par un facteur F. La<br />

constante préexponentielle A, introduite au paragraphe B, est divisée par F, ce qui<br />

permet de conserver la vitesse laminaire de propagation et de multiplier l’épaisseur de<br />

la flamme par F. La flamme épaissie n’a pas la même intéraction avec la turbulence<br />

que la flamme non-épaissie, elle est moins plissée, or le plissement de la flamme donne<br />

une vitesse de propagation dite turbulente plus imortante que la vitesse laminaire. Les


60 ———————————— <strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme<br />

coefficients de diffusion et la préexponentielle A sont donc multipliés par une fonction<br />

d’efficacité E.<br />

Diffusion : D → F D → E F D<br />

Constante préexponentielle : A → A / F → E A / F<br />

épaississement plissement<br />

Modèle de chimie cinétique<br />

Le taux de production de l’espèce k est calculé comme ceci :<br />

˙ω k =<br />

M∑<br />

j=1<br />

M<br />

∑<br />

˙ω kj = W k ν kj Q j<br />

j=1<br />

(B.23)<br />

où M est le nombre de réactions considérées, ˙ω kj le terme de production de l’espèce k dans<br />

la réaction j, ν kj est le coefficient stochiométrique normalisé de l’espèce k : ν kj = ν kj ′′ − ν′ kj ,<br />

dans le cas où la réaction j s’écrit :<br />

N∑<br />

ν kjM ′ k ⇄<br />

k=1<br />

N∑<br />

k=1<br />

ν ′′<br />

kjM k<br />

(B.24)<br />

M est le symbole de l’espèce k, W k sa masse molaire et Q j est le taux d’avancement de la<br />

réaction j. Q j se calcule à partir des taux de réactions cinétiques directe et indirecte, K fj et<br />

K rj :<br />

∏ N<br />

∏ N<br />

Q j = K fj [X k ] ν′ kj − Krj [X k ] ν′′ kj<br />

(B.25)<br />

k=1<br />

K fj est alors modélisé par une loi d’Arrhenius :<br />

K fj = A fj T β j<br />

exp<br />

k=1<br />

(<br />

− E )<br />

j<br />

RT<br />

(B.26)<br />

A fj est une constante préexponentielle, β j l’exposant de la température, E j l’énergie d’activation<br />

de la réaction j et R est la constante des gaz parfaits. Dans un schéma cinétique<br />

réduit, les exposants ν kj<br />

′ et ν′′ kj sont remplacés par d’autres nombres optimisés selon que<br />

l’on cherche à obtenir la bonne vitesse de flamme ou autre. K rj est donnée à partir de la<br />

constante d’équilibre de la réaction :<br />

K ej =<br />

K rj = K fj<br />

K ej<br />

( pa<br />

) P N<br />

(<br />

k=1 ν kj ∆S<br />

0<br />

j<br />

exp<br />

RT<br />

R<br />

− ∆H0 j<br />

RT<br />

)<br />

(B.27)<br />

(B.28)<br />

p a = 1 bar, ∆S 0 j et ∆H 0 j sont respectivement les variations d’entropie et d’enthalpie au<br />

cours de la réaction j. Ces quantités sont calculées à partir des enthalpies et des entropies<br />

de formation de chaque espèce qui sont tabulées dans AVBP.


<strong>Calcul</strong> <strong>LES</strong> d’une combustion sans flamme ———————————— 61<br />

Le code AVBP<br />

AVBP est un code parallèle de CFD qui résout les équations de Navier-Stokes compressibles,<br />

laminaires et turbulentes en deux ou trois dimensions sur des maillages non structurés hybrides.<br />

Son champ actuel d’application est la modélisation d’écoulements instationnaires<br />

éventuellement réactifs. La prédiction de ces écoulements instationnaires repose sur l’approche<br />

<strong>LES</strong>. Une loi d’Arrhénius est ensuite prise en compte dans les cas réactifs pour<br />

modéliser la cinétique chimique.<br />

Le développement important des modèles physiques établis au CERFACS est complété par<br />

des études menées au laboratoire EM2C de l’Ecole Centrale Paris (ECP) et de l’Institut<br />

de Mécaniques des Fluides de Toulouse (IMFT). L’Institut Francais du Pétrole (IFP), copropriétaire<br />

du code, contribue également au développement pour les applications moteurs<br />

piston.<br />

AVBP est utilisé par les membres de l’équipe CFD dans le cadre des programmes d’été au<br />

Centre pour la Recherche en Turbulence (CTR) à l’université de Stanford. AVBP est intervenu<br />

dans de nombreux programmes de collaboration avec l’industrie ou le ministère de<br />

la recherche tels que COS (Comité d’orientation supersonique) ou PRC SNECMA ONERA<br />

mais aussi dans des programmes européens comme PRECCINSTA sur les faibles émissions<br />

de NOx dans les turbines à gaz, STOPP sur la pollution atmosphérique, MOLECU<strong>LES</strong>,<br />

DESIRE sur les intéractions fluide-structure dans les turbines à gaz, FUELCHIEF sur les<br />

instabilités de combustion, <strong>LES</strong>SCO2 pour les moteurs à piston ainsi que <strong>LES</strong>foil et <strong>LES</strong>blade<br />

sur de la <strong>LES</strong> appliquée aux ailes et aux aubages de turbine. Voici aussi quelques projets<br />

actuels : TIMECOP-AE, INTELLECT D.M., ECCOMET. A noter que l’utilisation d’AVBP<br />

n’est pas restreinte à la France, on peut citer par exemple le projet espagnol SIEMAT.


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