LE PROJET D'INTERVENTION PRÃCOCE II: CONTEXTE ... - UQAM
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Cet article a été publié dans Les Cahiers du GREASS, 1, (2), 1-49.<br />
<strong>LE</strong> <strong>PROJET</strong> <strong>D'INTERVENTION</strong> PRÉCOCE <strong>II</strong>:<br />
<strong>CONTEXTE</strong> THÉORIQUE ET RÉSULTATS DE LA RECHERCHE<br />
par:<br />
Bernard Terrisse et Stéphanie Dansereau<br />
Professeurs au département des Sciences de l'éducation de l'<strong>UQAM</strong><br />
Cette recherche a été subventionnée par la Fondation, Marcel Vaillancourt, le FCAC et le<br />
C.R.S.H.C.
TAB<strong>LE</strong> DES MATIERES<br />
Page<br />
I. L'INTERVENTION PRÉCOCE, UNE NECESSITÉ 4<br />
<strong>II</strong>.<br />
PRINCIPES, OBJECTIFS ET CONDITIONS D'IMPLANTATION<br />
DU <strong>PROJET</strong> <strong>D'INTERVENTION</strong> PRÉCOCE (P.I.P,) 6<br />
1- Les principes du programme d'intervention précoce 7<br />
2- Les autres paramètres du projet d'intervention précoce 9<br />
<strong>II</strong>I. DÉROU<strong>LE</strong>MENT DU <strong>PROJET</strong> 10<br />
1ère étape: Sensibilisation 10<br />
2ième étape: Évaluation – Enfants<br />
Évaluation – Parents 11<br />
3 ième étape: Diagnostic 13<br />
4 ième étape: Organisation 14<br />
5 ième étape: Intervention 14<br />
6 ième étape: Réévaluation 16<br />
IV. LA NOUVEL<strong>LE</strong> TAXONOMIE ET <strong>LE</strong> PROGRAMME D'ACTIVITÉS 18<br />
- Une taxonomie en éducation préscolaire : un défi è relever 18<br />
- Buts et structures de la nouvelle taxonomie 20<br />
- Le programme d'activités 24<br />
V. <strong>LE</strong>S RÉSULTATS DE LA RECHERCHE EN 1985-1986 27<br />
- Les difficultés de l'évaluation 32<br />
- L'analyse des résultats 28<br />
- Les effets de 1'intervention 32<br />
CONCLUSION 34<br />
2
BIBLIOGRAPHIE 45<br />
ANNEXES 50<br />
1- Modèle de fiche I<br />
2- Tableau I : échantillon <strong>II</strong><br />
3- Tableau <strong>II</strong>, A, B, C et D: Comparaison groupe<br />
expérimental/groupe témoin, pré post-test<br />
<strong>II</strong>I et IV<br />
4- Tableau <strong>II</strong>I, A, B et C: Comparaison groupe<br />
expérimental/groupe témoin. Pentes de régression.<br />
Domaine psycho-moteur.<br />
V<br />
5- Tableau IV : A, B et C. Comparaison groupe<br />
expérimental/groupe témoin. Pentes de régression.<br />
Domaine cognitif.<br />
VI<br />
6- Tableau V : A, B et C. Comparaison groupe<br />
expérimental/groupe témoin. Pentes de régression.<br />
Domaine du langage.<br />
V<strong>II</strong><br />
7- Tableau VI : A, B et C. Comparaison groupe expérimental/groupe témoin.<br />
Pentes de régression.<br />
Domaine socio-affectif.<br />
V<strong>II</strong>I<br />
3
<strong>LE</strong> RAPPORT D’INTERVENTION PRÉCOCE :<br />
<strong>CONTEXTE</strong> THÉORIQUE ET RÉSULTATS DE LA RECHERCHE<br />
I- L’INTERVENTION PRÉCOCE : UNE NÉCESSITÉ<br />
« Avant la période obligatoire de la scolarisation, et même du choix de présence à la<br />
maternelle, le système scolaire doit se préoccuper de l'intervention précoce... Le dépistage et le<br />
diagnostic précoces des facteurs pathogènes permettent d'app1iquer un traitement dès que<br />
possible ». (pp. 116-120 et p. 582). L'auteur de ces directives dans le Rapport COPEX (1976)<br />
n'est autre que le ministère de l'Education du Québec (MEQ), qui les réitère deux ans plus tard<br />
dans l’École Québécoise (1976) : « Par ailleurs, la présence de l'enfance en difficulté doit nous<br />
amener à adopter pour l'ensemble de la population scolaire une attitude préventive constante et<br />
des mesures concrètes de prévention... La prévention de l'inadaptation... nécessite aussi des<br />
mesures de dépistage des enfants en difficulté... » (p. 20 et pp. 38-39). Plus de dix ans après, ces<br />
recommandations ont-elles été suivies d'effets tangibles et qu'en est-il de 1a situation actuelle en<br />
terme de dépistage et d'intervention précoces ?<br />
Le M.E.Q. offre, en dehors des maternelles cinq ans, Quelques pré-materne1les quatre<br />
ans aux enfants lourdement handicapés ainsi qu'aux enfants de milieux socio-économiquement<br />
faibles, à condition qu'ils aient « 1a chance » de résider sur le territoire d'une commission<br />
scolaire reconnue comme étant globalement défavorisée et quelques pré-maternelle « Passe-<br />
Partout », telle que la pré-maternelle « Soleil » de la Commission Scolaire des Manoirs.<br />
En contre partie, les pré-maternelles d'accueil pour les immigrants allophones ont été<br />
fermées en 1982. De plus, les services à la petite enfance relèvent davantage, au Québec, du<br />
ministère des Affaires sociales (MAS), que du MEQ. Les enfants handicapés, comme tous les<br />
autres enfants, peuvent bénéficier de services médico-socio-psychologiques gratuits dans la<br />
plupart des hôpitaux et centres locaux des services communautaires (C.L.S.C.). Enfin, des<br />
centres de jour existent dans plusieurs hôpitaux et des programmes sont offerts par certaines<br />
institutions, centres d'accueil ou associations. Quant au réseau des garderies, il est encore<br />
nettement insuffisant. Les chiffres avancés par les instances les plus optimistes (ceux de l'Office<br />
des services de garde à l'enfance (OSGE)) montrent qu'environ 30% des besoins réels seraient<br />
4
satisfaits dans ce domaine, les plus pessimistes par1ent de 11%. Seulement deux cent cinquante<br />
enfants handicapés, d'après Garon (1985), bénéficiaient en 1983 de services de garderies.<br />
Encore faudrait-il analyser la durée et la fréquence hebdomadaires des services offerts<br />
soit par le M.E.Q. soit par le M.A.S., les programmes, les activités éducatives qui y sont<br />
proposées et surtout connaître leur impact.<br />
Il faut donc noter, d'une part, que lorsque des services spécialisés sont offerts aux jeunes<br />
enfants, ils ne le sont qu'à ceux d'entre eux qui sont lourdement handicapés (et qui sont donc loin<br />
de former la majorité des enfants en difficulté d'adaptation et d'apprentissage) et qu'ils ne sont<br />
pas mis à 1a disposition de l'ensemble de la population, comme le recommandait le M.E.Q. en<br />
1978 ; par conséquent, la fonction de prévention n'est pas assumée. Enfin, ils sont très souvent<br />
dispersés, peu coordonnés, difficiles à identifier pour la majorité des parents et insuffisants en<br />
terme de durée.<br />
Une éducation préscolaire accessible à toutes les familles, permettant d'exercer la<br />
prévention, la compensation des difficultés et des inégalités chez les jeunes enfants ainsi que<br />
l'éducation précoce des jeunes handicapés, constitue cependant l'une des priorités de notre<br />
société.<br />
Les différents programmes d'éducation précoce et d'éducation préscolaire auprès de très<br />
jeunes enfants (2-5 ans) expérimentés dons de nombreux pays, tant en Europe qu'aux États-Unis,<br />
ont pourtant prouvé que l'intervention éducative ou cours de cette période aboutissait à des<br />
résultats significatifs en termes d'adaptation et d'apprentissage.<br />
Les grands projets d'éducation compensatoire dans la mouvance de « Head-Start » (1971)<br />
aux États-Unis, ont toutefois connu des débuts difficiles et leurs effets ont fait l'objet de<br />
nombreuses critiques, en particulier par Cicirelli et al (1969). Au Québec, le projet<br />
D.E.D.A.P.A.M (« Développement d'enfants de milieux défavorisés d'âge préscolaire et apport<br />
de la maternelle quatre ans »), de la Commission des écoles catholiques de Montréal, (Bonnier-<br />
Tremblay et al.) n'a pas abouti à des résultats concluants. Ainsi que l'indique Van Dromme<br />
(1979), ces premières recherches, de 1965 à 1975, ont cependant permis de préciser les<br />
5
conditions requises pour l'implantation et le développement d'un programme d'intervention<br />
précoce de qualité.<br />
White et al. (1974), Karnes et Teska (1975), Zimiles (1978) et, plus récemment,<br />
Schweinhart et Weikart (1985) ont dégagé les caractéristiques d'un programme d'intervention<br />
efficace<br />
− le modèle conceptuel doit être clairement défini et l'organisation curriculaire qui en<br />
découle doit être cohérente avec le modèle. Ellis (1977) distingue quatre grandes<br />
catégories de modèles ; cognitiviste, behavioriste, humaniste et développementaliste. Les<br />
deux premiers obtiendraient les meilleurs résultats d'après cet auteur.<br />
− l'évaluation des effets de l'intervention doit être continue et les instruments d'évaluation<br />
doivent être également cohérents avec le modèle choisi.<br />
− l'intervention doit être structurée, et, si nécessaire, individualisée.<br />
− les lieux, la durée et la fréquence d'intervention, le nombre d'enfants par groupe ainsi que<br />
la formation des intervenants ont aussi une influence certaine sur les résultats.<br />
− l'implication active des parents dans ces programmes constitue l'un des éléments<br />
essentiels à la réussite de l'intervention et à la persistance des effets à long terme.<br />
Un élément commun peut aussi se dégager de ces programmes: les populations visées<br />
sont « homogènes », soit sur le plan socio-économique, soit sur le plan ethnique, soit sur le plan<br />
du handicap présenté par les enfants. Pourtant Chilman (1973), puis Hewett et al. (1978) ont<br />
critiqué cette homogénéité du public-cible dans les programmes d'intervention. Aucune<br />
recherche cependant ne fait référence à des projets où les populations seraient .hétérogènes et où<br />
les enfants handicapés ou en difficulté seraient intégrés aux autres enfants.<br />
<strong>II</strong>- PRINCIPES, OBJECTIFS ET CONDITIONS D’IMPLANTATION DU <strong>PROJET</strong> D’INTERVENTION<br />
PRÉCOCE (P.I.).<br />
C'est à la suite de ces différentes analyses que 1e Groupe de recherche en Adaptation<br />
Sco1aire et Sociale (GREASS) de l'Université du Québec à Montréal a élaboré, implanté et<br />
expérimenté dès 1981 le Projet d'intervention précoce (Terrisse et Boutin, 1983) dans 1a région<br />
de Laval.<br />
6
Les principes du programme d’intervention précoce<br />
− Il était nécessaire de définir clairement un modèle conceptuel ainsi qu'un curriculum<br />
cohérent permettant une intervention structurée Les chercheurs ont donc entrepris de<br />
construire une Taxonomie des objectifs d’apprentissage pour les enfants de 2 à 5 ans<br />
(Terrisse et Lemay, 1983), respectant des niveaux de difficulté, en s'inspirant des règles<br />
taxonomiques de Bloom et al. (1969), Kratwohl et.al. (1976) et Harrow (1980). À ces<br />
objectifs devaient correspondre des activités spécifiques, éga1ement graduées en termes de<br />
difficulté. Il s'agissait donc là d'un modèle d'inspiration plutôt behavioriste. Toutefois, pour<br />
éviter les situations d' « entraînement » trop rigides, trop répétitives et peu signifiantes pour<br />
l'enfant, les objectifs pouvaient être atteints, en a1ternance, 6 travers des situations<br />
imposées par l'éducateur (behaviorisme) ou à travers des activités 1ibres, choisies par<br />
l'enfant et lui permettant l'exp1oration, l'assimilation et l'accommodation (cognitivisme).<br />
− L'intervention devait être individua1isée pour les enfants en difficulté. Chaque activité,<br />
(jumelée à un objectif d'apprentissage), devait donc être présentée, d'abord, à tout le groupe<br />
d'enfants puis, en cas d'échec, être reprise individuellement dans le cadre d'une autre<br />
situation. L'intégration des enfants en difficulté devait être planifiée et dosée afin de ne pas<br />
causer de préjudice aux autres enfants et afin de ne pas regrouper ensemble les mêmes<br />
types de difficulté (par exemple, ne pas placer dans le même groupe plusieurs enfants<br />
hyperactifs et agressifs ou plusieurs enfants ayant des troubles de la parole)<br />
Un autre principe important de ce programme était 1e respect de l'a1ternance dans<br />
l'organisation et la succession des activités :<br />
collectives/individuelles<br />
− Alternance des activités dirigées/libres<br />
intérieures/extérieures<br />
− Alternance du mouvement et de l'immobilité ou repos<br />
− Alternance du bruit et du silence<br />
− Alternance dans le matériel: concret/abstrait<br />
7
Cette nécessité de faire varier ces composantes correspond aux différents besoins et<br />
capacités de l'enfant. Ce principe devait donc toujours présent à l'esprit des éducateurs lorsqu'ils<br />
planifiaient la journée d'intervention :<br />
Planification d'une journée d'intervention<br />
1- Arrivée en autobus<br />
2- Entrée en classe<br />
3- Déshabillage<br />
4- Cercle de discussion<br />
5- Activité collective I (intérieure ou<br />
extérieure)<br />
6- Activité libre (semi-collective ou<br />
individuelle ou reprise de l’activité<br />
précédente en cas de difficulté)<br />
7- Collation<br />
8- Toilette<br />
9- Activité collective <strong>II</strong><br />
10- Activité libre <strong>II</strong><br />
(semi-collective ou individuelle)<br />
11- Nettoyage et rangement<br />
12- Habillage<br />
13- Sortie de classe<br />
14 Départ en autobus<br />
Il faut noter que toutes les périodes (et non seulement celles intitulées « Activités libres et<br />
collectives ») sont des activités où des objectifs d'apprentissage sont visés. par exemple, pendant<br />
la période « cercle de discussion », des objectifs de 1angage et de vocabulaire puis d'expression<br />
des sentiments sont travaillés; durant la période « nettoyage et rangement », on vise des objectifs<br />
de type cognitif (c1asser, catégoriser, analyser, observer…), des objectifs du domaine des<br />
compétences sociales (nettoyer, frotter, laver) ainsi que 1'intériorisation des règles sociales<br />
(propreté, ordre, respect des outres, coopération, etc.)<br />
La programmation des activités devait permettre aux jeunes enfants de se réaliser dans<br />
l’action. Comme ces derniers se situent au stade pré-opératoire, ils commencent à mieux<br />
percevoir 1'environnement dont i1s se différencient et à en tirer plus d'informations. Il est donc<br />
indispensable qu'ils puissent découvrir et exp1orer activement l’espace par tous leurs sens, qu'i1s<br />
puissent manipuler, transposer et combiner la matière, observer et identifier les objets et étab1ir<br />
des liens entres eux ainsi qu'entre les êtres et les événements. Il faut aussi qu'i1s développent<br />
leurs capacités motrices, tant sur le plan global (muscles 1arges) que sur le plan de la<br />
coordination et de la motricité fine (muscles fins), donc qu'ils puissent vivre des situations où ils<br />
8
expérimentent force, rapidité et vitesse et d'autres situations où i1s expérimentent le contrôle de<br />
leur tonus musculaire et du geste ainsi que leur adresse. Ces activités sont concrétisées le p1us<br />
souvent dans le jeu, tantôt co11ectif, tantôt individuel, favorisent aussi la socialisation, le<br />
langage et la communication.<br />
Il fallait donc présenter à l'enfant, dans le cadre du programme, un univers ordonné où les<br />
objets furent regroupés par centres d'intérêt, à partir de leur taille, de leur forme ou de leur<br />
usage ; le but visé étant de faci1iter les opérations mentales (pairer, sérier, catégoriser, etc.) et de<br />
permettre, par l'exp1oration de cet environnement éducatif, l'accès « intentionnel » au matériel<br />
(inspiré par un désir ou un projet personnel) lors des activités libres. Comme le principe de<br />
l'apprentissage « naturel » est éga1ement privilégié dans le programme, il fallait mettre à 1a<br />
disposition du jeune enfant toute une variété d'objets réels et culturellement « signifiants » pour<br />
lui. Enfin, lorsque cela fut possible, les processus d'apprentissage devaient favoriser le passage<br />
du concret vers l'abstrait. C'est-à-dire que chaque notion devait être :<br />
− Vécue en premier lieu au niveau corporel ;<br />
− Transposée ensuite au niveau des êtres et des objets réels ;<br />
− Représentée au niveau des images et des dessins ;<br />
− Représentée par des symboles sonores ou écrits.<br />
Les autres paramètres du projet<br />
En dehors du programme lui-même, d'autres paramètres de\laient être respectés dans le<br />
projet :<br />
− Les acquisitions des enfants devaient faire l'objet d'une évaluation continue et devaient<br />
pouvoir être mesurées avant et après l'intervention afin de cerner les effets du<br />
programme. De nombreux chercheurs, dont Lazar et al. (1977), ont déjà mentionné que<br />
l'évaluation des progrès des enfants ne pouvait se limiter au seul plan cognitif, à l'aide de<br />
tests d'intelligence, car les enfants font des gains dans d'autres domaines, tels que psychomoteur,<br />
socio-affectif et langagier. Les acquisitions dans ces domaines devaient faire<br />
l'objet d'une éva1uation continue afin de pouvoir éventuellement modifier certaines<br />
activités du programme en fonction des résultats obtenus et informer régulièrement les<br />
parents des progrès de leur enfant, pour favoriser leur participation à l'intervention en cas<br />
9
de difficulté. Il fut donc nécessaire de prévoir une batterie d'instruments d'évaluation<br />
permettant une évaluation globa1e, non seulement des enfants, mais encore de leur milieu<br />
de vie et adaptés à la population québécoise francophone.<br />
− Les lieux d'intervention devaient être « normatifs », c'est-à-dire qu'ils ne devaient pas<br />
présenter de caractéristiques les associant à une marginalité quelconque (tels qu'hôpitaux<br />
et C.LS.C,)<br />
− La durée et la fréquence de l'intervention devaient tenir compte, d'une part, de la<br />
nécessité d'atteindre un seuil suffisant en terme de stimulation et, d'outre part, de la<br />
capacité des très jeunes enfants à suivre un programme éducatif continu.<br />
− Les intervenants devaient acquérir une formation spécifique, dans le domaine de<br />
l'éducation auprès de la petite enfance, tant ou niveau de l'évaluation que de l'intervention<br />
auprès des familles; ce secteur d'enseignement étant peu développé dans les programmes<br />
des universités.<br />
− Les différentes ressources communautaires devaient être identifiées afin de pouvoir<br />
éventuellement prévoir d'autres interventions, surtout auprès des enfants en difficulté et<br />
afin de pouvoir référer, si nécessaire, les parents à des services complémentaires<br />
− L'ensemble de la population, d'une port, devait être informé de l'existence de ce projet,<br />
afin que le groupe de recherche puisse entrer en contact avec les familles d'enfants de<br />
trois à cinq ans. D'autre part, l'ensemble des collectivités locales, (municipalités,<br />
associations, organismes publics et privés, etc.), y compris les services communautaires,<br />
devaient être contactés afin de pouvoir bénéficier de leur appui et de leur collaboration<br />
éventuels.<br />
− Les effets du programme sur les enfants devaient pouvoir être évalués, non seulement à<br />
court terme, mais également à moyen et long terme, donc il fallait prévoir des structures<br />
permettant d'assurer un « follow-up » auprès de leur famille et de leurs enseignants<br />
jusqu'à la fin du premier cycle du primaire. Il était aussi nécessaire de prévoir<br />
l'orientation des enfants en difficulté à la fin de l'intervention pour leur admission à<br />
l'école maternelle l'année suivante<br />
C'est en tenant compte de l'ensemble de ces paramètres que le Projet d’intervention<br />
Précoce fut expérimenté à Laval depuis 1981.<br />
10
<strong>II</strong>I. DÉROU<strong>LE</strong>MENT DU <strong>PROJET</strong><br />
- Première étape<br />
En septembre, la population est sensibilisée ou projet par l'envoi de lettres personnelles<br />
offrant aux familles de faire le bilan des acquisitions de leur enfant. Si certaines difficultés ou<br />
des retards sont constatés à partir du bilan, un programme éducatif (à raison de trois demi<br />
journées par semaine) leur est proposé. Ces lettres sont envoyées aux familles ayant un enfant de<br />
3 à 5 ans, à l'ensemble des services communautaires (C.L.S.C., écoles, garderies, centres des<br />
services sociaux, services municipaux, hôpitaux et polycliniques, associations des parents,<br />
paroisses, etc.) ainsi qu'aux professionnels appe1és à intervenir auprès de la petite enfance<br />
(pédiatres, pédo-psychiatres, orthophonistes, psychologues, etc) 1 Cette campagne d'information<br />
est ensuite complétée par d'autres moyens: articles et communiqués dans la presse locale,<br />
communiqués et émissions à la télévision et aux postes de radio, affichage dans les locaux<br />
publics, rencontres avec les comités d’école et avec les intervenants des C.L.S.C. Environ 70%<br />
de la population potentielle est en général intéressée à prendre contact avec les responsables du<br />
projet. Les zones cibles, bien qu’ayant varié d’année en année, ont été délimitées sur le territoire<br />
de Laval, d’est en ouest (du quartier St-Vincent-de-Paul à celui de Chomedey, et du sud au nord<br />
(de l’autoroute Laval jusqu’à la rivière des Prairies). Une étude de la population est toujours<br />
effectuée au préalable pour déterminer les strates de population représentées, afin de s’assurer de<br />
la présence de différents milieux socio-économiques et de minorités ethniques.<br />
Cette période d'information et de recrutement se déroule en généra de septembre octobre.<br />
À cette étape, les locaux des centres d'intervention sont aménagés, le matériel d'évaluation et<br />
d'intervention recensé, renouvelé et préparé pour l'intervention. Les centres d'intervention sont<br />
localisés soit dans différentes écoles de quartier (où des salles de classe ont été prêtées par le<br />
Réseau Scolaire Chomedey et, de 1981 à 1984, par la Commission Sco1aire des Ecores), soit<br />
dans des locaux de centres communautaires prêtés par la municipalité de Laval Les intervenants,<br />
étudiants de dernière année de baccalauréat (enseignement en Adaptation Scolaire et Socia1e ou<br />
au Préscolaire) bénéficient durant cette période d'une formation intensive à l'évaluation et à<br />
l'intervention. En ce qui concerne les procédures d'évaluation, ils se familiarisent, d'abord eu<br />
1<br />
La liste des familles, fut établie à partir des recensements municipaux et des commissions scolaires ainsi qu’à<br />
des certificats de naissance et de vaccination des C.L.S.C.<br />
11
niveau théorique, avec les différents instruments utilisés dans la recherche, puis les administrent,<br />
chacun leur tour, à des enfants et à des parents ayant accepté de participer, en sal1e d'observation<br />
à 1'université, sous la supervision d'un professeur (psychologue). Ce dernier analyse ensuite avec<br />
eux leur approche, notamment à l'aide d'un enregistrement vidéo réalisé pendant ces séances<br />
- Deuxième étape :<br />
En octobre, les enfants, avec leurs parents, sont invités à venir participer, dans les<br />
différents centres, à l'établissement du bilan des acquisitions afin de dépister les difficultés ou<br />
retards éventuels. Ils répondent à différents questionnaires permettant de cerner les<br />
problématiques familiales respectives.<br />
Plusieurs instruments sont utilisés pour cette 1ère évaluation, qui constitue le pré-test :<br />
- Avec les enfants<br />
- L'inventaire de développement et de maturité préscolaire I.D.M.P., 2 instrument conçu et<br />
expérimenté à l'occasion de cette recherche (Terrisse et al., 1983), Qui permet de faire le bilan<br />
des acquisitions des jeunes enfants de deux à six ans dans les domaines cognitif, langagier,<br />
psycho-moteur et socio-affectif.<br />
- Le « Denver developmental screening, D.D.S. T, (Frankenburg et al., 1973), test de dépistage<br />
du même type que le précédent qui est administré en test parallèle puisque l'IDMP n'était pas<br />
validé ou début de la recherche.<br />
- La Fiche de comportement en entrevue, FC.E., (Terrisse, 1963), qui est une grille d'observation<br />
lors de l'entrevue d'évaluation.<br />
- Le “Joseph Primary Preschool Self concept screening test”, J.P.P.S.C.S.T. (Joseph, 1979, qui<br />
fut administré à titre expérimental en 1986-87 seulement, pour tenter d'évaluer 1es modifications<br />
de « l'image de soi' » des enfants participant au projet.<br />
2<br />
Cet inventaire fut validé au cours de la recherche et l’homogénéité interne s’est révélée satisfaisante. La fidélité<br />
des quatre sous-échelles est bonne, avec des coefficients alpha (α ) respectivement de 0,90, 081, 090<br />
12
Lorsque l'enfant collabore mal, est fatigué, anxieux, etc., une deuxième ou une troisième<br />
entrevue est fixée à une date ultérieure.<br />
- Avec les parents<br />
- Le questionnaire d'information familiale Q.I.F. (Terrisse et Andreani 1964) qui permet d'une<br />
part, d'accorder une cote au statut socio--économique de la fami1le et, d'autre part, d'établir<br />
l'histoire de 1'enfant de zéro à trois ans.<br />
- Le questionnaire d'attitudes et de pratiques éducatives des QEAPEP, (Rouzier, 1966), qui vise<br />
à situer le type d'attitude(s) et de pratique(s) éducatives des parents, avant l'intervention, sur des<br />
axes bipolaires, allant des attitudes et des pratiques 1es plus négatives aux plus positives face à<br />
l'adaptation et aux apprentissages de l'enfant (Cet instrument a été validé durant la recherche).<br />
- Le questionnaire de perception des parents. Q.P.P. (Terrisse et Joly, 1985) qui vise à dégager<br />
l'image plus ou moins positive qu'ont les parents de leur propre enfant. (Cet instrument n'a été<br />
utilisé qu'en 1965-66 et 1986-87).<br />
L'ensemble des données recueillies grâce à ces instruments, ainsi que les autorisations des<br />
parents sont rassemblés dans le Dossier synthèse d'évaluation, D.S.E. (Terrisse, 1983) pour<br />
dresser le bilan global de l'enfant et de son contexte familial. Les résu1tats de l'évaluation à<br />
l'I.D.M.P. permettent également de construire une courbe de développement de l'enfant dans le<br />
but de suivre son évolution durant le projet. À l'issue de ce bilan, les enfants sont répartis en trois<br />
catégories : les enfants en difficulté (EAD), présentant un an de retard et plus dans deux<br />
domaines, les enfants en difficulté mineure (E.A.D.M), présent ont un an et moins de retard, et<br />
les enfants sans difficulté (E.S.D). Les recommandations et le plan d'intervention prévu sont<br />
indiqués ou dossier ainsi que les services des hôpitaux, centres de jour, C.L.S.C. ou garderies<br />
dont l'enfant ou la famille pourrait déjà bénéficier. Dans ce cas, les rapports d'évaluation sont<br />
sollicités avec l'autorisation des parents et le contact établi avec ces autres ressources. Toutes ces<br />
opérations sont effectuées par les intervenants, supervisés par le psychologue et par le<br />
responsable du projet.<br />
13
- Troisième étape<br />
En novembre, les résultats du bilan sont communiqués aux parents selon deux procédures<br />
différentes :<br />
Si l’enfant présente des difficultés, majeures ou mineures (EAD et EADM), les parents<br />
sont reçus en entrevue individuelle. le Psychologue, avec la participation des intervenants, leur<br />
explique 'es résultats du bilan, leur indique les points faibles et les points forts de l'enfant, sans<br />
dramatiser et sans les culpabiliser et leur offre de faire participer leur enfant au projet.<br />
Dans certains cas, l'enfant ne peut être admis car il présente des difficultés trop<br />
importantes (niveau de développement inférieur à dix huit (18) mois, handicaps physiques et<br />
sensoriels compromettant sa sécurité dans le groupe, cas de psychose et d'autisme pour lesquels<br />
l'intervention serait de trop courte durée). Le psychologue s'assure alors que l'enfant est pris en<br />
charge par une autre ressource plus spécialisée et, à défaut, aide les parents dans leurs<br />
démarches. Dans d'autres cas, des examens plus spécialisés paraissent souhaitables (neurologie,<br />
orthophonie, audiologie, etc.) et les parents bénéficient également d'une aide dans leurs<br />
démarches, si nécessaire. Si l'enfant ne présente aucune difficulté (E.S.D), les parents reçoivent<br />
une lettre les informant, d'une part, que le développement de leur enfant est tout à fait<br />
satisfaisant, et que le Groupe de recherche leur offre d'effectuer une réévaluation au mois de mai<br />
suivant pour déterminer si leur en font bien fait toutes les acquisitions nécessaires à l'entrée en<br />
maternelle. D'autre part, il leur est indiqué que leur enfant pourrait être admis dans le projet dans<br />
la limite des places disponibles, bien qu'il n'ait pas de difficulté et qu'il pourrait donc bénéficier<br />
d'un programme éducatif préscolaire structuré.<br />
- Quatrième étape<br />
En novembre, les groupes d'intervention sont organisés selon les critères suivants :<br />
Les groupes-classe comportent chacun dix huit enfants pour deux éducateurs (Ce ratio a<br />
été retenu car il est conforme 0 celui des garderies).<br />
14
Tous les enfants en difficulté (EAD et EADM) sont admis eu projet et intégrés dans un<br />
groupe, dans une proportion d'un tiers pour deux tiers d'enfants sans difficulté, donc six enfants<br />
en difficulté pour douze enfants sans difficulté.<br />
Le répartition des enfants en difficulté s'effectue se1on certains principes. Ainsi, plus de<br />
deux enfants ayant 1es mêmes difficultés ne doivent pas être placés dans 1e même groupe, Le<br />
même dosage est effectué, si possible, dans le répartition des différents milieux socioéconomiques,<br />
des appartenances ethniques, des sexes, et des enfants de la même fami1le, y<br />
compris les jumeaux qui sont séparés. À l'issue de cette répartition, les intervenants étab1issent le<br />
parcours de ramassage pour 1es autobus scolaires, en évitant que 1e trajet excède vingt minutes à<br />
l'al1ée et ou retour, Les parents assurent une partie des frais d'autobus préscolaire, 1'autre partie<br />
étant assumée par 1e Réseau scolaire Chomedey. Les parents ayant des prob1èmes financiers<br />
bénéficient de la quasi gratuité ; ces frais sont alors assumés par la Fondation M.D. Vail1ancourt<br />
de Laval, ainsi que les coûts de fournitures scolaires. Les parents doivent cependant payer<br />
l'assurance de l'enfant,<br />
- Cinquième étape :<br />
En décembre, débute 1'intervention proprement dite, à raison de trois demi-journées par<br />
semaine et se termine la première semaine de mai. En tenant compte des vacances de Noë1 et du<br />
printemps, vingt semaines d'intervention sont offertes, soit quatre vingt dix demi-journées ou<br />
quarante cinq jours pleins, à raison de trois heures par demi-journée. Les enfants bénéficient<br />
donc, dans l'ensemble, de deux cent soixante dix heures d'intervention.<br />
Les éducateurs sont supervisés, une fois par semaine, durent toute l'intervention, par un<br />
maître d'application itinérant. Ce dernier conseille surtout ou début pour organiser leur c1asse,<br />
structurer 1eur intervention et individualiser 1es activités destinées aux enfants en difficu1té. Ce<br />
maître d'app1ication est étudient à 1e maîtrise en éducation, détenant un baccalauréat<br />
d'enseignement en Adaptation Scolaire et sociale, un brevet d'enseignement spécialisé ainsi<br />
qu'une expérience pratique d'au moins deux ans. Il a également pour fonction d'organiser une<br />
réunion synthèse bi-mensuelle pour analyser le déroulement de l'intervention avec les éducateurs<br />
et pour les aider à préparer les activités à venir.<br />
15
Le programme d'activités éducatives repose sur les principes suivants :<br />
- Toutes les activités doivent être faites d'abord en groupe et en situation de jeu. Elles doivent<br />
viser un objectif principal, et des objectifs complémentaires. 3 Les enfants qui présentent des<br />
difficultés lors d'une activité sont dépistés par les éducateurs. À la fin de l'activité, l'un des<br />
éducateurs propose aux enfants sans difficulté des activités libres sous sa responsabilité alors que<br />
l'autre retravaille plus individuellement l’objectif non atteint avec les enfants ayant eu des<br />
difficultés lors de l'activité de groupe. En cas d'échec ou de difficulté persistante, l'objectif sera<br />
retravaillé ultérieurement en classe et les parents recevront également des fiches d'intervention<br />
ou des indications par écrit pour continuer l'activité ou consolider l'acquisition à la maison.<br />
Au début de l'intervention, en décembre et janvier, les objectifs travaillés sont des<br />
objectifs inférieurs à l'âge moyen des enfants, afin de s'assurer qu'ils maîtrisent les habiletés<br />
visées ou afin de les conso1ider, si nécessaire ; De plus, ceci permet de travailler plus<br />
spécifiquement avec ceux qui seraient en retard et de sécuriser l'ensemble des enfants, qui<br />
débutent dans le programme, à partir d'activités à leur portée.<br />
L'ensemble des objectifs reposait jusqu'en 1985 sur la Taxonomie des objectifs<br />
d’apprentissage pour les enfants de 2 à 5 ans (Terrisse et Lemay, 1983). Après expérimentation<br />
et en fonction de l'analyse des effets du programme, cette taxonomie fut complètement<br />
reformulée (Terrisse et Dansereau, 1986). Les buts et la structure de la nouvelle taxonomie et du<br />
programme d'activités sont exposés plus loin dans cet article. Par ailleurs, durant toute la période<br />
d’intervention, les parents bénéficient de douze sessions d'éducation familiale 4 qui se déroulent<br />
en soirée, à raison de deux sessions mensuelles. Il faut encore mentionner que les parents<br />
reçoivent, tous les quatorze jours, le Bulletin des acquisitions, le B.A., (Terrisse, 1982) de leur<br />
enfant. Ce bulletin correspond aux objectifs du programme et il est constitué de deux fascicules,<br />
le fascicule A (1er niveau, 2-4 ans) et le fascicule B (2e niveau, 4-6 ans). Un code, constitué par<br />
des cercles de couleur, permet aux parents de vérifier les acquisitions de leur enfant.<br />
Ce bulletin comporte une partie réservée à la correspondance entre parents et éducateurs.<br />
Ces derniers peuvent ainsi indiquer aux parents les difficultés éventuelles de leur enfant et<br />
3<br />
4<br />
À titre d’exemple, « Découper avec des ciseaux » objectif principal du domaine psycho-moteur, qui peut impliquer<br />
une coopération entre les enfants, peut donc viser un objectif complémentaire du domaine socio-affectif.<br />
Il s’agit du Programme d’éducation familiale, le P.E.F. (Terrisse, 1985) qui fait l’objet d’un autre article dans cette<br />
publication.<br />
16
peuvent leur conseiller des activités à la maison. Un bulletin maître demeure toujours en<br />
possession de l'éducateur, mise à jour chaque semaine. Tous les quatorze jours, l’enfant apporte<br />
son bulletin « familial » à la maison, afin que ses parents puissent suivre ses progrès, puis le<br />
rapporte à l'éducateur la semaine suivante avec les commentaires des parents. Les bulletins font<br />
l’objet de discussions entre parents et intervenants lors des rencontres bi-mensue1les lorsque<br />
certains enfants présentent des difficultés particulières, qui ne se résorbent pas lors du premier<br />
mois d'intervention, en particu1ier des problèmes de comportement, les éducateurs bénéficient<br />
du support du psychologue. Ils rédigent une Fiche de signalisation, 1a F.S. (Terrisse, 1986) sur<br />
l'enfant et la communiquent au psychologue qui vient ensuite l'observer en classe la semaine<br />
suivante. À la suite de ces observations, le psychologue procède à une analyse de cas avec les<br />
deux éducateurs et établit un plan d'intervention en classe. Si nécessaire, il invite également les<br />
parents à venir le rencontrer et établit également avec eux un plan d'intervention à la maison. Ces<br />
plans d'intervention sont révisés tous les mois en fonction de leurs effets.<br />
- Sixième étape<br />
Au début mai, les éducateurs procèdent à une réévaluation de tous les enfants participant<br />
eu projet à l'aide de 1'I.D.M.P., du « D.D.S.T. » de F.C.E. et, en 1986-87, du J.P.P.S.C.S.T. Ceci<br />
constitue le post-test pour les enfants. Les parents sont conviés à une réunion-synthèse au cours<br />
de laquelle ils donnent leur opinion sur l'ensemble du projet qu'ils évaluent ensuite à l'aide du<br />
Questionnaire d’évaluation du projet d'intervention précoce. Le Q.E.P. (Terrisse, 1983), qui<br />
concerne le Programme d’intervention précoce ainsi que le Programme d’éducation familiale. Ils<br />
répondent également ou deux questionnaires Q.E.A.P.E.P. et Q.P.P. Ceci constitue le post-test<br />
pour les parents.<br />
À la même époque, les parents des autres enfants n'ayant pas participé au programme,<br />
mais ayant été évalués en octobre, sont invités à revenir au centre pour effectuer un nouveau<br />
bilan des acquisitions de leur enfant afin de déterminer leur niveau de préparation à l’entrée en<br />
maternelle et eux-mêmes répondent aux deux questionnaires ; l'un sur les attitudes et 1es<br />
pratiques éducatives l'autre sur la perception qu'ils ont de leur enfant. (Q.E.A.P.E.P. et OP.P.)<br />
Ces enfants et ces parents constituent le groupe témoin.<br />
L'ensemble de ces réévaluations constitue le post-test et permet de mesurer les effets du projet à<br />
court terme.<br />
17
Chaque année, à la fin du mois de mai, les parents du groupe expérimental ainsi que les<br />
parents du groupe témoin reçoivent le Questionnaire « follow-up » pour les parents, le<br />
(Q.F.U.P.), (Terrisse et Fortin, 1985) et une feuille d'autorisation pour envoyer un autre<br />
questionnaire, le Questionnaire « follow-up » pour les maître, (Q.F.U.M.), (Terrisse et Fortin,<br />
1985), ou professeur de leur enfant ainsi que pour consulter leur bulletin scolaire. Ce « followup<br />
» est effectué jusqu'à la fin du premier cycle du primaire afin de vérifier les effets du projet à<br />
moyen terme (durant quatre ans). Ultérieurement, il est prévu de vérifier également les effets à<br />
long terme, à la fin du secondaire, selon les mêmes procédures, en ajoutent toutefois un<br />
questionnaire pour les enfants eux-mêmes.<br />
Lors de la dernière rencontre, les parents reçoivent le bulletin final des acquisitions de<br />
leur enfant, Qu'ils pourront remettre, s'ils le jugent opportun, au professeur de maternelle, lors de<br />
l'entrée à l'école à l'automne. Tous les parents des enfants dont les retards ou les difficultés<br />
persistent à la fin du projet (il s'agit essentiellement des enfants handicapés) sont informés qu'un<br />
plan d'orientation a été établi par le psychologue du projet pour l'année suivante et qu'il est<br />
possible de le rencontrer afin d'en discuter<br />
Pendant l'été, toutes les réponses aux pré-tests et post-tests sont ensuite codifiées et<br />
traitées à l'aide du programme informatique S.P.S.S. « Statistical Package for the Social<br />
Sciences », Ramsay, 1985) sur l’ordinateur Amdahl 470V6 (Paiement, 1983). Les résultats<br />
statistiques sont analysés d l'automne suivant.<br />
Chaque année donc, l'ensemble de ces procédures s'est répété durant la recherche qui<br />
couvre une période de cinq ans, allant de 1982 à 1987.<br />
IV – LA NOUVEL<strong>LE</strong> TAXONOMIE ET <strong>LE</strong> PROGRAMME D’ACTIVITÉS<br />
« Un rôle essentiel qu’une taxonomie peut jouer en éducation est celui de fil connecteur<br />
entre l’élaboration du programme et l’évaluation des apprentissages » peut-on lire dans le Guide<br />
docimologique. (M.E.Q., fasc. 3, 1977, p. 5).<br />
18
- Une taxonomie en éducation préscolaire : un défi à relever<br />
Le défi de créer un programme d'éducation préscolaire de 2 à 5 ans, basé sur une<br />
taxonomie d'objectifs d'apprentissage, est de taille. Au départ, on reconnaît le caractère artificiel<br />
d'une taxonomie, quelle qu'elle soit. La distinction des trois domaines classiques : cognitif,<br />
affectif et psycho-moteur va à l'encontre d'une réalité fondamentale, celle de l'être humain<br />
agissant comme un tout dynamique<br />
Ceci dit, il y a de nombreux avantages à travailler à 1'oide d'un tel instrument si la<br />
détermination des objectifs est comprise comme un guide plutôt que comme une recette<br />
garantissant l'acte éducatif. L'intérêt premier de créer une taxonomie en éducation préscolaire est<br />
de permettre non seulement de déterminer, de façon organisée et hiérarchisée, des objectifs<br />
d'apprentissage mais aussi de planifier l'intervention éducative. Ceci est d'autant plus important<br />
lorsqu'il s'agit de .prévenir d'éventuelles difficultés d'apprentissage ou d'adaptation, de<br />
compenser" des difficultés appréhendées ou de stimuler des enfants handicapés.<br />
La première taxonomie, à l'usage, s'est révélée critiquable à maints égards. Elle classait<br />
les types de comportements en quatre domaines : langagier, cognitif, psycho-moteur et socioaffectif.<br />
Or, à la suite des expérimentations et de l'analyse des effets du programme fondé sur<br />
cette taxonomie, deux domaines demeuraient précaires : le domaine langagier et le domaine<br />
socio-affectif. D'une part, les objectifs s'y rattachant ont été plus difficiles à mesurer et ont<br />
nécessité des activités où l'on devait faire « par1er » l'enfant individue11ement, même s'il n’avait<br />
pas de problème apparent. Le rôle psycho-social de la langue comme moyen de communication<br />
est l'un des aspects les plus importants de la fonction langagière Ainsi que l'écrit Lentin :<br />
« Il s'agit de le (l'enfant) faire parler seul, individuellement et dans 1e cadre précisé du<br />
déve1oppement défini d'une fonction », 1972, (p. 114).<br />
D'autre part, la formu1ation des objectifs des domaines langagier et socio-affectif est<br />
apparue comme trop rigide, même si les activités s'y rattachant se voulaient signifiantes ou<br />
stimulantes pour l'enfant. Aucun cadre ne précisait le développement d'une fonction langagière<br />
particulière.<br />
19
En outre, le souci d'énoncer des objectifs spécifiques en fonction de l'âge chronologique<br />
des enfants est apparu comme prob1ématique. Certains parents, dont les enfants étaient en<br />
difficulté, se sont sentis faci1ement inquiets face aux objectifs non atteints et pourtant classés<br />
dans la catégorie d'âge de leur enfant.<br />
Une refonte complète de la taxonomie fut donc entreprise. La séparation du domaine<br />
langagier des autres domaines est apparue comme un choix inapproprié. D'une port, le langage<br />
étroit déjà utilisé, soit ou niveau de la compréhension orale des consignes par l'enfant soit ou<br />
niveau de son expression verbale. D'autre part, comme l'apprentissage du langage est étroitement<br />
lié au développement de l'intelligence, nous avons préféré l'intégrer dons le domaine cognitif où<br />
des sous-domaines ont alors été distingués.<br />
Il est parfois difficile de classer certains objectifs dans un domaine spécifique, à moins de<br />
se rallier à une école particulière de pensée. Ce fut le cas des capacités perceptives qui, au départ,<br />
avoient été classées dans le domaine psycho-moteur. Or, dons le pratique, la perception (directe<br />
ou médiatisée) devient une opération mentale, plus ou moins élaborée, où l'esprit construit une<br />
représentation des toits. La perception ainsi comprise est étroitement liée à la pensée et à la<br />
mémoire. C'est pourquoi, nous avons reclassé ce volet dans le domaine cognitif où il apparaît<br />
comme première étape du développement de la pensée et du langage du jeune enfant :<br />
« L'entraînement des sens de la vue et de l'ouïe est indispensable pour que l'enfant apprenne à<br />
parler dans de bonnes conditions" (Lent1n, 1972, p. 42).<br />
- Les domaines psycho-moteur et socio-effectif demeurent comme tels. Nous avons<br />
cependant créé un quatrième domaine, celui de l'autonomie fonctionnelle (antérieurement<br />
assimilée ou domaine socio-effectif). La raison principale qui nous e amené à séparer du<br />
domaine socio-offectif cette recherche d'indépendance par l'enfant, dans ses déplacements et les<br />
soins personnels, est d'ordre pratique: ce domaine se travaillant davantage à la maison qu'à<br />
l'école et sur une base individuelle.<br />
Enfin, tous les objectifs spécifiques ont été reformulés afin d'exclure les seuils de<br />
performance, les moyens ou les conditions particu1ières selon l’âge. Ce sont les fiches d'activités<br />
qui vont préciser des degrés de difficulté, indépendamment de l'âge chronologique de l'enfant.<br />
20
Ceci n'exclut pas cependant des niveaux dans la mise en ordre des objectifs spécifiques. Le<br />
principe de la complexité croissante y est respecté pour chaque domaine et sous-domaine<br />
- Buts et structure de la nouvel1e taxonomie<br />
La refonte de la taxonomie était donc essentielle si nous voulions un programme cohérent<br />
permettant une intervention structurée et, si nécessaire, individualisée. Le but général que nous<br />
poursuivons est d'aider l'éducateur à observer les comportements de l'enfant à l'aide de directives<br />
qui lui permettront d'organiser son observation selon des rubriques conformes à une réalité<br />
établie et à un but éducatif déterminé.<br />
La structure générale de la nouvelle taxonomie repose sur quatre domaines<br />
d'apprentissage :<br />
(A) le domaine psycho-moteur<br />
(B) le domaine cognitif<br />
(C) le domaine de l'autonomie fonctionnelle<br />
(D) le domaine socio-affectif.<br />
Pour chacun des domaines, on a dégagé un but et des objectifs généraux. Pour chaque<br />
objectif général, on a identifié des objectifs intermédiaires et pour chaque objectif intermédiaire,<br />
des objectifs spécifiques ou terminaux. Ce processus se schématise de la façon suivante :<br />
21
Structure de la nouvelle taxonomie<br />
E<br />
BUT<br />
A<br />
L<br />
É<br />
A<br />
V<br />
B<br />
O<br />
R<br />
OBJECTIFS<br />
GÉNÉRAUX<br />
1 2 3<br />
A<br />
L<br />
U<br />
A<br />
A<br />
T<br />
I<br />
O<br />
N<br />
OBJECTIFS<br />
INTERMÉDIAIRES<br />
a<br />
b<br />
a<br />
b<br />
a<br />
b<br />
T<br />
I<br />
O<br />
N<br />
OBJECTIFS<br />
SPÉCIFIQUES<br />
22
Voici maintenant les contenus des objectifs généraux selon la structure précédemment<br />
illustrée.<br />
Domaines Psycho-moteur Cognitif Autonomie<br />
fonctionnelle<br />
Buts<br />
Objectifs<br />
généraux<br />
A. Développer la<br />
maîtrise du corps<br />
chez l’enfant.<br />
1. Développer le<br />
contrôle des<br />
mouvements non<br />
locomoteurs sans<br />
objet.<br />
2. Développer le<br />
contrôle des<br />
mouvements non<br />
locomoteurs sans<br />
objet<br />
3. Développer le<br />
contrôle des<br />
mouvements<br />
locomoteurs.<br />
B. Développer la<br />
pensée et le<br />
langage chez<br />
l’enfant.<br />
1. Développer les<br />
capacités<br />
perceptives.<br />
2. Développer les<br />
habiletés<br />
opératoires.<br />
3. Développer les<br />
habiletés<br />
langagières.<br />
C. Développer<br />
l’autonomie et la<br />
sécurité<br />
personnelle chez<br />
l’enfant<br />
1. Développer<br />
l’autonomie dans<br />
l’alimentation.<br />
2. Développer<br />
l’autonomie dans<br />
les soins<br />
personnels ;<br />
(hygiène,<br />
habillage).<br />
3. Développer<br />
l’autonomie dans<br />
les déplacements<br />
et la sécurité<br />
physique.<br />
Socio-affectif<br />
D. Développer la<br />
conscience de<br />
soi, d’autrui et<br />
des valeurs chez<br />
l’enfant.<br />
1. Favoriser<br />
l’expression des<br />
sentiments.<br />
2. Favoriser la<br />
relation et la<br />
collaboration<br />
avec autrui.<br />
3. Favoriser<br />
l’intériorisation<br />
des valeurs et<br />
des règles<br />
sociales.<br />
Il n'y a pas de hiérarchie comme te11e dons 1es objectifs généraux et intermédiaires.<br />
Cependant, dons 1es objectifs spécifiques, on trouve dans l'ensemble, un souci de gradation en<br />
terme de difficu1té.<br />
- Nous ne rentrerons pas dans le détail des objectifs intermédiaires et spécifiques pour<br />
chacun des domaines. Cependant, dans le domaine cognitif particu1ièrement, la formulation de<br />
ces objectifs s'appuie sur le modèle binaire de la communication, c'est-à-dire « émetteurrécepteur<br />
». Pour chaque volet du domaine cognitif, l'enfant est amené altemotivement à<br />
connaître puis à agir. Sur les « objets » du monde 5 qui l'entoure. Ce principe d'alternance où le<br />
sujet est d'abord récepteur, actif cognitivement, pour devenir émetteur de ses propres messages<br />
(impliquant une activité motrice) est un moyen de nous assurer que 1'apprentissage ne se limitera<br />
5<br />
Parmi les objets de perception, nous avons retenu les suivants : le corps humain (et ses parties), les objets<br />
physiques (matière, forme, couleur), les objets symboliques (lettres, chiffres), les objets sonore (musique –<br />
paramètres de la voix – phonèmes) et les êtres vivants (humains-animaux-végétaux).<br />
23
pas à la simple acquisition de connaissances. L'utilisation de ces connaissances sera également<br />
favorisée. C'est ainsi que l'enfant pourra intégrer de nouvelles connaissances et les réutiliser ou<br />
besoin. La mémorisation (visuelle et/ou auditive) est également un processus qui fait l'objet<br />
d'apprentissages dans les deux étapes (acquisition-utilisation).<br />
Pour illustrer ce principe, voici un exemple :<br />
B1. Capacités perceptives : amener l’enfant à :<br />
a) (Re) connaître le corps humain<br />
1. identifier différentes parties du corps sur lui ;<br />
2. identifier différentes parties du corps sur autrui<br />
ou sur du matériel concret ;<br />
3. identifier, dans une série de dessins d’un<br />
personnage, la partie du corps identique au<br />
modèle ;<br />
4. identifier, dans une série de dessins d’un<br />
personnage, la partie du corps différente du<br />
modèle ;<br />
5. se rappeler, à partir d’une série de dessins d’un<br />
personnage, de la partie du corps<br />
identique/différente du modèle.<br />
B) Agir sur le corps humain 1. Ajouter les parties du corps manquantes à un<br />
personnage.<br />
2. Assembler toutes les parties du corps d’un<br />
personnage.<br />
3. Placer les parties du corps d’un personnage dans<br />
une planche à encastrements.<br />
4. Tracer le contour du corps humain.<br />
5. Dessiner le corps humain.<br />
Pour ce qui est des habiletés opératoires, trois types d'habiletés ont été retenues: le<br />
pairage, la sériation et la catégorisation. Ces trois opérations s'appuient toujours,<br />
alternativement, sur la connaissance et l'action et portent sur des « objets » non fugitifs 6 .<br />
Les notions de longueur, surface, volume, masse et température y sont abordées en<br />
termes d'identité et de degrés.<br />
Enfin, le dernier objectif général dans le domaine cognitif vise les habiletés langagières.<br />
Deux parties ont été distinguées :<br />
6 Le son ou vibration sonore est fugitif.<br />
24
1 ère : Structuration de la phrase<br />
2 ème : Structuration des messages<br />
La première partie se subdivise en trois niveaux :<br />
- 1’identification des objets familiers, des sensations, des sentiments et des actions familières<br />
où l'article, le pronom et 1es auxi1iaires « être » et « avoir » sont travaillés,<br />
- 1a description des objets, des agents et des actions où le sujet, verbe et complément sont<br />
travaillés progressivement (l'enfant répond à des questions telles que « qui ? fait quoi ? où ?<br />
comment ? quand ? »),<br />
- 1'interjection où 1'enfant est amené è donner une directive (formu1e affirmative et<br />
négative) qui se précisera en fonction des questions auxquelles il aura pu répondre<br />
antérieurement.<br />
La deuxième partie s'articule autour des trois fonctions-clés de la communication :<br />
expressive, informative et incitative (régulatoire) Ces fonctions sont traitées selon l'alternance<br />
récepteur(R)-émetteur(E), ce qui s'énonce de la façon suivante :<br />
Fonction expressive<br />
Fonction informative<br />
Fonction régulatoire<br />
Écouter, mémoriser (R) (des chansons,<br />
comptines, histoires, poésies).<br />
S’informer sur…(R)<br />
Informer autrui sur…(E)<br />
Comprendre des conduites régulatoire (R)<br />
Dicter des conduites régulatoires (E)<br />
Ces comportements vont s'appuyer sur des signes pictographiques, d'abord autonomes<br />
(isolés) puis en séquence.<br />
- Le programme d’activités<br />
Le programme s'appuie sur la taxonomie où, à chaque objectif ou groupe d'objectifs<br />
associés, correspond une activité d'apprentissage. L’activité est présentée sous forme de jeu aux<br />
25
enfants et peut être reprise sur une base individuelle, si certains enfants du groupe n'atteignent<br />
pas l'objectif à la fin de l'activité.<br />
Chaque activité est structurée selon un modèle et présentée sous forme de fiche (cf.<br />
annexe 1). Le modèle est le suivant :<br />
Dans la section de gauche : le code et l'objectif spécifique prioritaire, sont indiqués, c'està-dire<br />
le comportement attendu de l'enfant. Un tableau synthèse précise, s’il y a lieu, les degrés<br />
de difficultés (initial, intermédiaire, avancé) selon le moyen, les conditions particulières de<br />
réalisation ou le seuil de performance. Enfin, si un ou plusieurs objectifs spécifiques<br />
complémentaires seront identifiés à titre indicatif 7 .<br />
Dans la section de droite le matériel et la démarche à suivre pour réaliser l'activité sont<br />
présentés dans l'ordre, il y a d’abord la présentation du matériel, puis le but de l'activité que l'on<br />
doit annoncer aux enfants pour qu'ils comprennent ce que l'on attend d'eux, -enfin, les règles et<br />
étapes à suivre. Une démonstration sera souvent utile pour illustrer concrètement la tâche à faire.<br />
Le retour est la reprise partielle ou totale de l'activité dans laquelle des variations sont<br />
introduites pour lui éviter un caractère répétitif. C'est ici que l'intervenant peut vérifier si<br />
l'apprentissage est réussi. Enfin, sur la partie supérieure de la fiche, apparaissent le titre et le<br />
numéro de l'activité (au centre), en haut, à gauche, le domaine et à droite les symboles référant à<br />
la forme de l'activité (collective, individuelle, familiale).<br />
Ces activités sont, à l'heure actuel1e, à l'étape de validation. Nous avons retenu les<br />
critères suivants qui touchent ou matériel, à la démarche et aux objectifs que l'on retrouve sur<br />
chaque fiche :<br />
7<br />
Si l’objectif complémentaire est un préalable pour réussir l’activité, il est important de le vérifier et d’en tenir<br />
compte lors de l’activité.<br />
26
1 er critère : représentativité/adéquation<br />
Il s'agit de va1ider les activités ou niveau du matériel proposé. Il faut donc vérifier si le<br />
matériel est représentatif, c'est-à-dire s'il respecte les caractéristiques socioculturelles du milieu<br />
(famille) ainsi que les contraintes physiques (maison, centre d'intervention).<br />
2ième Critère : opérationnalité<br />
Il s'agit de valider les activités au niveau de la démarche il faut donc vérifier si les étapes<br />
prévues sont opérationnelles, c'est-à-dire si elles permettent l'exécution de l'activité et l'atteinte<br />
des objectifs.<br />
3ième Critère : intérêt<br />
Il s'agit de vérifier si « la mise en situation » de "activité et le matériel sont signifiants<br />
(suscitent intérêt et plaisir) pour l'enfant et adapté au niveau de la durée.<br />
V-<strong>LE</strong>S RÉSULTATS DE LA RECHERCHE EN 1985-1986<br />
Les effets de l'intervention mesurés à l'aide de l'Inventaire de développement et de<br />
maturité préscolaire ont fait l'objet de nombreuses analyses statistiques, en corrélation avec les<br />
autres paramètres de la recherche (tels que la fréquence de participation des parents aux sessions<br />
du P.E.F., leur perception de l'enfant, l'évo1ution de leurs attitudes et de leurs pratiques<br />
éducatives, leur statut économique et socia1...). Les résultats de ces corrélations apparaissent<br />
dans d'autres études et, seuls seront présentés, dans cette publication, 1es résultats concernant les<br />
effets globaux de l'intervention pour tout l'échantillon, que1s que soient le fréquence de 1a<br />
participation des parents, leur statut, leur attitudes, etc.<br />
Les difficultés de 1’évaluation<br />
L'analyse statistique des effets d'un programme d'intervention auprès de jeunes enfants de<br />
trois à cinq ans se révèle délicate. De nombreux chercheurs tels que Lazar et al. (1977), Bagnato<br />
et Neisworth (1980) ont déjà signalé les difficultés les plus évidentes :<br />
27
Tous les enfants de cet âge, qu'ils soient en difficulté ou non, font des progrès<br />
considérables très rapidement. Il s'agit là de l'effet de la maturation. Il est donc difficile de<br />
discerner ce qui est imputable à la maturation de ce qui est imputable à l'intervention puisque<br />
tous les sujets, qu'ils fassent partie du groupe expérimental ou du groupe témoin, font en général<br />
des progrès statistiquement significatifs.<br />
Les enfants font diverses expériences à l'extérieur du projet et sont soumis à des<br />
influences éducatives très diversifiées en termes de qualité et de quantité. Ces variables sont<br />
donc incontrôlables.<br />
Les parents apprécient de façon subjective les acquisitions de leur enfant, selon leur<br />
propre personnalité, en surestimant ou en sous-estimant leur enfant. Ceci influence 1es résultats<br />
de certaines évaluations, en particulier dans le domaine socio-affectif où une partie de<br />
l'évaluation, au pré-test, relève du jugement des parents. Ce facteur joue aussi quand on leur<br />
demande d'évaluer le progrès de leur enfant dans le projet.<br />
Enfin, ainsi que l'indiquent Somers et al. (1980), ce type de recherche pose des problèmes<br />
d'ordre éthique en raison du dépistage des enfants en difficulté. Si 1’on dépiste en effet des<br />
enfants ayant des difficultés ou des retards, il est impossible de ne pas en informer les parents<br />
afin qu'une intervention soit entreprise rapidement, avant la scolarisation. Dès 1ors, même si<br />
l'enfant ne participe pas au projet, mais bénéficie d'autres services spécialisés, il est évident qu'il<br />
est soumis à une intervention et il ne peut plus faire partie d'un groupe témoin d'enfants en<br />
difficulté. Comme, en général, à une ou deux exceptions près par année, tous les parents<br />
d'enfants en difficulté sollicitent l'admission de ceux-ci au projet, il est impossible de constituer<br />
un groupe témoin d’enfants en difficulté (EAD). On ne peut donc, d’une part, comparer<br />
statistiquement l’évolution des enfants EAD et EADM du groupe expérimental avec un groupe<br />
témoin similaire. Il est difficile, d’autre part, de comparer l’évolution d’un groupe expérimental<br />
incluant 12 enfants en difficulté (EAD) et 18 enfants en difficulté mineure (EADM) avec un<br />
groupe témoin n'incluant que des enfants sans difficulté (ESD). Les performances du groupe<br />
témoin sont évidemment, dès le pré-test, supérieures à celles du groupe expérimental. Un autre<br />
inconvénient, réside dans le fait que, pour les deux groupes, certains enfants sans difficulté<br />
(ESD) obtiennent, surtout aux post-tests, des scores maxima aux différents tests. Il y a donc un<br />
effet de « plafonnement », c'est-à-dire qu'il n'est pas possible d'évaluer les effets de l'intervention<br />
28
une fois atteint le score maximum possible à ces épreuves. De plus, il est normal que les enfants<br />
en difficulté (EAD et EADM) fassent plus de gains durant l'expérimentation que les enfants sans<br />
difficulté (EAD) puisque les premiers sont en retard sur les seconds et que ceux-ci ont fait le<br />
maximum d'acquisitions pour leur âge.<br />
Ces réserves devaient être établies avant de procéder à l’analyse des résultats de<br />
l'intervention et afin d'interpréter ceux-ci avec circonspection.<br />
L’analyse des résultats<br />
Les résultats présentés sont ceux de l’expérimentation de 1985-86 et concernent un<br />
groupe expérimental de soixante-huit (68) sujets qui étaient répartis en quatre groupes de dix sept<br />
(17) à dix neuf (19) enfants. Le tableau I (cf. annexe 2) montre le nombre d'enfants en difficulté<br />
par rapport au nombre total de sujets. On note 1a présence, dans le groupe expérimental, de<br />
douze (12) enfants en difficulté grave (déficients mentaux, handicapés physiques, troubles de la<br />
parole, problèmes émotionnels et difficultés comportementales importantes, etc.) qui constituent<br />
le groupe des EAD. Ceux-ci, à quatre ans, présentent entre un an et deux ans et demi de retard<br />
par rapport à la moyenne des enfants de leur âge dans la plupart des domaines. À ces enfant en<br />
difficulté s'ajoutent dix huit (18) enfant en difficulté mineure (EADM), présentant moins d'un an<br />
de retard, ce qui représente donc en tout trente (30) enfants en difficulté, soit 44% de<br />
l'échantillon total. Quant ou groupe témoin, nous n'avons retenu que les enfant ayant passé le pré<br />
et le post-test et éliminé ceux qui n'avaient passé que les pré-tests. (Le groupe témoin potentiel,<br />
au pré-test était beaucoup plus élevé et constitué de cinquante et un (51) sujets mais les familles<br />
ne se sont pas présentées aux post tests). Il n'y a pas eu de « mortalité » dans le groupe<br />
expérimental. L'analyse des résultats permet de faire les constatations suivantes :<br />
- Comparaison du pré au post-test, des deux troupes expérimental et témoin<br />
Les tableaux <strong>II</strong>, A, B, C, et D (cf. annexe 3) montrent l'évolution du groupe expérimental<br />
et du groupe témoin, du prétest au post-test :<br />
- Dans le domaine psycho-moteur (<strong>II</strong>, A), le groupe témoin progresse plus que le groupe<br />
expérimental, de façon statistiquement significative dans cinq (5) sous-domaines, « Marche » et<br />
29
« Saut » (p=0,01), « Motricité fine » et « Schéma corporel » (p=0,05), « Course » (p=0, 10) et au<br />
« Total » (p=0,05).<br />
- Dans le domaine cognitif (<strong>II</strong>, B), le groupe témoin obtient des moyennes plus élevées que le<br />
groupe expérimental et progresse même plus, de façon statistiquement significative, dans deux<br />
sous-domaines, « Organisation spatia1e » et « Perception auditive » et au « Total ». (La présence<br />
des enfants déficients mentaux dans le groupe expérimental doit certainement affecter les<br />
résultats).<br />
- Dans le domaine du langage (<strong>II</strong>, C), le groupe témoin a toujours des moyennes plus élevées<br />
que le groupe expérimenta1, mais 1es différences s'amenuisent ou post-test entre 1es deux<br />
groupes dans un sous-domaine, « Vocabulaire » et au « Total », et disparaissent même dans un<br />
autre sous-domaine, « Expression ».<br />
- Dans le domaine socio-affectif (<strong>II</strong>, D), le groupe témoin a toujours des moyennes plus élevées<br />
que le groupe expérimental, mais dans un sous-domaine, « Relation avec les adu1tes », la<br />
différence ou post test est 1devenue très faible (p=0,007/p=0,095).<br />
En conclusion des analyses comparatives, il s'avère donc, tel que prévu, que cette<br />
méthode de comparaison est peu efficace puisque les deux groupes, expérimenta1 et témoin, ne<br />
sont pas équivalents; le premier comportant 44% d’enfants en difficulté (ESD et EADM) et le<br />
second étant constitué uniquement d'enfants sans difficulté (ESD). Il est donc nécessaire<br />
d'app1iquer ici une autre technique statistique pour des groupes non équivalents, soit la technique<br />
dite des « pentes de régression » pour corriger les inégalités initiales.<br />
Auparavant, d'autres types de comparaisons ont été effectués :<br />
- Comparaison, du pré test au post test, du groupe expérimental avec lui-même, puis du<br />
groupe témoin avec lui-même.<br />
On constate évidemment que les deux groupes progressent en raison du phénomène de 1a<br />
maturation, mais que le groupe expérimental progresse toujours plus que le groupe témoin, dans<br />
les domaines Cognitif, Langage et Socio-affectif. Dans le domaine « psycho moteur » le groupe<br />
témoin ne fait aucun progrès statistiquement significatif. L’ensemble tend à confirmer les effets<br />
positifs de l’intervention, mais il faut rester prudent dans cette interprétation car les ESD peuvent<br />
30
sans doute être affectés par l'effet de « plafonnement ». Ceci est particulièrement observable dans<br />
le domaine langage où le groupe témoin obtient des résultats très élevés dès le prétest.<br />
- Comparaison, du pré au post test, entre les trois sous groupes (EAD, EADM et ESD) du<br />
groupe expérimental par l’analyse de variance.<br />
On constate que, dans les domaines psycho moteur et langage, les EADM ne sont plus, de<br />
façon statistiquement significative, différents des enfants ESD. Dans le domaine Cognitif, ils ne<br />
se distinguent plus des ESD dans deux sous domaines, « Organisation spatia1e » et « Perception<br />
tactile ». Quant au domaine « Socio-affectif », dans trois sous-domaines, « Habillage »,<br />
« Alimentation » et « Relation avec les pairs », les EAD se distinguent des EADM au post-test,<br />
ce qui n'était pas le cas au pré test.<br />
L'ensemble parait donc traduire une progression des enfants EADM qui tendent à égaler<br />
les ESD mais, là encore, il est possible que ces derniers aient été limités par effet de<br />
« plafonnement ».<br />
- Comparaison du pré au post test, entre les trois sous-groupes du groupe expérimental<br />
Dans tous les domaines, les trois sous groupes progressent, de façon statistiquement très<br />
significative, les EAD et les EADM progressent légèrement p1us que les ESD en général. Il y a<br />
là encore peut être l'effet de « plafonnement » et dans tous les cas, l'effet de le « maturation » qui<br />
masquent les effets de l’intervention.<br />
Dans l'ensemble, toutes les comparaisons tendent à démontrer que les enfants du groupe<br />
expérimental progressent plus que ceux du groupe témoin mais, tel que prévu, les effets de la<br />
maturation et du plafonnement ne permettent pas de déterminer quelle est l'influence de<br />
l'intervention dans ces gains, la non équivalence des groupes ne permettant pas toujours de faire<br />
toutes les analyses. Il faut faire appel à la technique statistique dite des « pentes de régression »<br />
pour corriger ces inégalités.<br />
31
- Comparaison, du post au pré-test, entre les trois sous-groupes du groupe expérimental et<br />
le groupe témoin, par domaines (Pentes de régression).<br />
1- Le groupe expérimental, bien qu’il incluse les enfants EAD et EADM, progresse globalement<br />
plus que le groupe témoin.<br />
- Dans le domaine psycho-moteur, dans cinq (5) sous-domaines sur huit (8) : « Équilibre »<br />
(p=0,001) « Course », « Saut » et « Coordination oculo-manuelle » (p=0,05) « Marche »<br />
(p=0,10 ainsi qu’au « Total »)p=0,001) (cf. tableau <strong>II</strong>I, A).<br />
- Dans le domaine cognitif, dans trois (3) sous-domaines sur sept (7) : « Perception auditive »<br />
(p=0,001), « Organisation spatiale » (p=0,05) et « Organisation temporelle » (p=0,10). (cf.<br />
tableau IV, A).<br />
- Dans les domaines du langage et socio-affectif, on ne note pas de progression statistiquement<br />
significative (cf. tableaux V et IV, A).<br />
2- Le sous-groupe d’EAD du groupe expérimental progresse plus que les ESD du groupe<br />
témoin :<br />
- Dans le domaine psycho moteur, dans cinq (5) sous-domaines « Équilibre » (p=0,001),<br />
« Marche », « Saut » (p=0,05), « Motricité fine » et « Schéma corporel » (p=0,10) ainsi qu’au<br />
« Total » (p=0,001) (cf. tableau <strong>II</strong>I, B).<br />
- Dans le domaine cognitif dans deux (2) sous-domaines : « Perception auditive » (p=0,001) et<br />
« Raisonnement » (p=0,05) ainsi qu’au « Total » (p=0,05) (cf. tableau IV, B).<br />
- Dans le domaine socio-affectif, dans un (1) sous-domaine : « Alimentation » (p=0,05) (cf.<br />
tableau VI, B).<br />
- Dans le domaine du langage, on ne note pas de progression statistiquement significative (cf.<br />
tableau V, B). On ne peut, en effet, établir ni variance, ni corrélation avec les ESD du groupe<br />
expérimental, ceux-ci ayant atteint les scores maxima au post-test (effet de saturation).<br />
3- Le sous-groupe d’EADM du groupe expérimental progresse plus que les ESD du groupe<br />
témoin.<br />
- Dans le domaine psycho-moteur, au « Total » (p=0,05) (cf. Tableau <strong>II</strong>I, C).<br />
32
- Dans le domaine cognitif dans trois (3) sous-domaines : « Concept de qualité », « Organisation<br />
spatiale » et « Organisation temporelle » (p=0,10) ainsi qu’au « Total » (p=0,10) (cf. tableau IV,<br />
C).<br />
- Dans les domaines langage et socio-affectif, on ne note pas de progression statistiquement<br />
significative (cf. tableaux V et VI, C)<br />
En ce qui concerne les ESD des deux groupes, expérimental et témoin, nous n’avons pas<br />
établi les pentes de régression, car, en raison des effets de saturation, à l’IDMP, au pré-test en<br />
particulier, les résultats paraissent incertains.<br />
- Les effets de l’intervention<br />
En résumé, l'analyse de ces tableaux montre :<br />
- Que l'intervention est efficace, de façon hétérogène, puisque le groupe expérimental,<br />
incluant les enfants en difficulté (EAD et EADM), progresse proportionnellement plus que le<br />
groupe témoin constitué uniquement d'enfants sans difficulté (ESD), principalement dans les<br />
domaines pycho-moteur et cognitif.<br />
- Que l'intervention est efficace, de façon hétérogène, pour les enfants en difficulté<br />
(ESD), grave et mineure (EAD, et EADM) car ils progressent proportionnellement plus que les<br />
enfants sans difficulté du groupe témoin dans les domaines pycho-moteur et, cognitif plus que<br />
dans les domaines Langage et Socio-affectif.<br />
- Que le groupe expérimental progresse selon l'ordre suivant. Domaine Psycho-moteur<br />
puis domaine Cognitif, ensuite domaine Socio-affectif et enfin domaine du langage. Cette<br />
constatation doit être relativisée cependant en raison des difficultés d’évaluation dans les deux<br />
derniers domaines.<br />
Il s'avère donc très difficile d'éva1uer de façon précise, par les méthodes statistiques<br />
classiques, les effets d'une intervention sur un groupe de jeunes enfants. Les résultats sont<br />
affectés par la maturation, très importante à cet âge, par le « p1afonnement » et la « saturation »<br />
de nombreux sujets dans les tests, ainsi que par la nature des instruments de mesure. En effet, si<br />
l'on veut éviter de mesurer l’évolution des enfants, uniquement sur le plan cognitif, par 1e biais<br />
33
de tests d'intelligence, il est nécessaire d’utiliser des echel1es, bilans ou inventaires de<br />
développement ou d'acquisitions.<br />
Attendu qu'on ne peut imposer à des enfants de cet âge, en raison de 1eur seuil de fatigabilité et<br />
d'attention limité, des examens 1ongs et complexes, le nombre d'épreuves doit être réduit, ce qui<br />
nuit à la finesse de discrimination dans les résultats et accentue les effets de saturation. De plus,<br />
une partie de l'évaluation initiale dépend des observations des parents, donc il y a possibilité de<br />
subjectivité dans l'appréciation de certains domaines, surtout dans le domaine socio-affectif, en<br />
fonction de 1a perception positive, négative ou réaliste qu'ont les parents de leur enfant.<br />
Bagnato et Neisworth (1980) ont proposé une technique d'évaluation qui permet d'évaluer<br />
la progression individuelle des sujets en é1iminant certains de ces facteurs, dont 1a maturation.<br />
Ils l'ont appelée l' « Indice d'efficacité de l'intervention », I.E.I., qu'ils calculent pour chaque<br />
enfant selon la formule suivante :<br />
I.E.I. : Progrès exprimé en mois = Âge de maturation exprimé en mois<br />
Nombre de mois d'intervention<br />
Malheureusement, dans le cas de cette expérimentation, il n'était pas possible d'utiliser<br />
cette formule puisque tous les enfants bénéficiaient de la même durée d'intervention.<br />
Bien que 1es résultats de l'expérimentation s'avèrent dans 1'ensemble statistiquement<br />
positifs, il resterait donc à trouver une méthode plus discriminative d'évaluation. Certains<br />
auteurs, tels Que Schweinhert et Weikart (1985) pensent d'ailleurs que les véritables effets de<br />
l'intervention précoce ne s'évaluent qu'à long terme et ils ont prouvé, en suivant la progression<br />
des enfants sur une très longue période, de quatre à dix huit ans, ses impacts positifs. Ceci<br />
d'ailleurs a été confirmé par les statistiques des ministères de l'éducation de plusieurs pays, dont<br />
la France, (Ministère de l'Éducation Nationale, 1981), qui ont mis en corrélation le nombre<br />
d'années de scolarisation en maternelle et le pourcentage d'échecs à l'entrée dans l'enseignement<br />
secondaire, ainsi que le montre, de façon éloquente, le tableau ci-dessous :<br />
34
Service des études informatiques et statistiques (1981)<br />
Influence de l’enseignement préscolaire sur les résultats des enfants scolarisés en 1980<br />
Nombre d’années d’éducation préscolaire Pourcentage d’enfants ayant des difficultés<br />
4 ans (prématernelle 2 ans) 29,4%<br />
3 ans (prématernelle 3 ans) 30,3%<br />
2 ans (maternelle 4 ans) 3,7%<br />
1 an (maternelle 5 ans) 41%<br />
0 an (pas d’éducation préscolaire) 54%<br />
Dans le cadre du Projet d’intervention précoce, une telle étude est prévue, d'abord à<br />
moyen terme jusqu'à la fin du 1er cycle de l'enseignement primaire, puis à long terme à la fin de<br />
l'enseignement secondaire; ces résultats ne sont évidemment pas encore disponibles.<br />
CONCLUSION<br />
Le projet d’intervention précoce, un modèle systémique<br />
Le Projet d’intervention précoce constitue un ensemble qui, autour de l'enfant, tend à rassembler<br />
et à faire interagir les intervenants universitaires (étudiants, assistants et professeurs), les parents,<br />
les différents spécialistes relevant des services communautaires et les organismes de la santé, des<br />
affaires sociales et de l'éducation. La démarche éducative a non seulement pour objet l'enfant,<br />
mais encore la famille et l'étudiant à l'université.<br />
Au cours de l'intervention, que ce soit ou niveau du diagnostic, de l'évaluation, de<br />
l'élaboration des objectifs éducatifs, de la conception des programmes d'activités, de<br />
l'intervention des spécialistes, de la participation des parents, etc. l'ensemble des objectifs, des<br />
stratégies et des apprentissages des enfants est soumis à une évaluation constante qui permet de<br />
répondre, de façon rapide et adéquate, aux besoins de l'enfant et de sa famille. La précision de<br />
l'information sur les besoins de l'enfant permet de choisir le type d'intervention approprié,<br />
collective ou individuelle, à la maison ou au centre, avec référence externe ou non. La présence<br />
assidue des intervenants auprès des enfants et des parents permet d'intégrer ces derniers dans<br />
l'ensemble des activités éducatives, et un ajustement constant entre les besoins et les solutions.<br />
L'écosystème familial est continuellement sollicité ainsi que les spécialistes des services<br />
35
communautaires par l'équipe de recherche, dans une approche coopérative centrée sur l'enfant.<br />
Les intervenants sont en contact direct et régulier avec l'équipe de recherche, professeurs et<br />
assistants, par le biais des cours, des réunions et des supervisions; avec les familles, les différents<br />
spécialistes extérieurs et les organismes impliqués, dans le cadre d'un travail d'équipe (« Team<br />
teaching »). Cette facette du projet permet donc d'élaborer un modèle de formation pour les<br />
intervenants auprès de la petite enfance.<br />
Le projet d'intervention précoce, à partir de ces axes qui s'imbriquent et interagissent<br />
dans un processus éducatif interactif, constitue donc une approche de type systémique, qui<br />
devrait s'orienter ultérieurement vers une approche techno systémique dans les années futures par<br />
le biais de la gestions informatisées des apprentissages. Le schéma suivant présente la synthèse<br />
de l’ensemble du projet :<br />
36
ORGANIGRAMME DU <strong>PROJET</strong> D’INTERVENTION PRÉCOCE<br />
MODÈ<strong>LE</strong> SYSTÉMIQUE<br />
2.<br />
- Efficacité relative<br />
de la pédagogie<br />
curative.<br />
- Manque de<br />
ressources.<br />
- Ignorance du<br />
potentiel éducatif<br />
familial.<br />
1.<br />
Nombre<br />
important<br />
d’enfants en<br />
difficulté<br />
4.<br />
- Habiletés de base<br />
des enfants (4<br />
domaines)<br />
- Attitudes et<br />
pratiques<br />
éducatives des<br />
parents et<br />
intervenants<br />
5.<br />
Prévenir<br />
Compenser l’enfant<br />
Stimuler<br />
Former famille<br />
Informer intervenant<br />
6.<br />
- Dépistage<br />
- Évaluation continue<br />
- Bilans<br />
- Prétests et posttests<br />
3.<br />
- Enfants (2-5<br />
ans)<br />
- Famille<br />
- Intervenants<br />
8.<br />
- Programme<br />
structuré<br />
(taxonomie)<br />
- Alternance des<br />
activités<br />
- Normalisation<br />
- Imitation des pairs<br />
- Team teaching<br />
7.<br />
IDMP (2)<br />
DEMER (2)<br />
F.C.E.<br />
Bulletins<br />
Q.F. : QPP (2)<br />
QEAPEP (2)<br />
9<br />
- Plan d’intervention<br />
- Activités graduées<br />
- Matériel normalisé<br />
(concret-abstrait)<br />
- Session de<br />
formation-stage<br />
- Collaboration du<br />
milieu<br />
1. Nature du problème<br />
2. Situation du problème<br />
3. Public-cible<br />
4. Analyse du contenu<br />
10.<br />
- Fiches d’activités +<br />
matériel concret.<br />
- Fascicules<br />
d’exercices<br />
- Vidéos<br />
- F.S.<br />
- D.S.E.<br />
- Tableau-synthèse<br />
5. Formulation des objectifs<br />
6. Élaboration d’un modèle d’évaluation des apprentissages<br />
7. Production des instruments d’évaluation des apprentissages<br />
8. Choix des méthodes d’intervention<br />
9. Choix des moyens d’intervention<br />
10. Production des moyens d’intervention<br />
11. Expérimentation<br />
12. Évaluation<br />
13. Détermination des changements<br />
11.<br />
- Intervention enfants<br />
(stages) parents<br />
- Supervision 12.<br />
I.D.M.P. ; Denver<br />
Q.P.P. ; QEAPEP<br />
PEP<br />
QFU.P.- QFU.M.<br />
Fiches d’évaluation<br />
des activités<br />
13.<br />
- Approche<br />
(taxinomie<br />
- Lieu<br />
d’intervention<br />
- Session de<br />
parents<br />
- Formation des<br />
intervenants
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Fascicule <strong>II</strong>I : Aidez votre enfant à développer son raisonnement.<br />
Fascicule IV : Les habiletés corporelles de votre enfant.<br />
Fascicule V : Communiquer avec votre enfant.<br />
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