demographic yearbook annuaire demographique 1951

CHAPITRE II.
DEVELOPPEMENT DES STATISTIQUES DES
CAUSES DE DECES
Les statlstlques des causes de deces ont pour ongme Ie
besoin de posseder des renseignements sur les maladies epidemiques
qui ont preleve, de temps aautre, de lourds tributs
sur la population. Ces donnees se sont revelees inestimables
en ce qu'elles ont permis de situer Ie theatre et de mesurer
la severite des epidemies, d'evaluer l'efficacite des tentatives
destinees a prevenir leur propagation et d'enregistrer les
progres accomplis dans la guerison des maladies contagieuses
en general. Elles ont ete des jalons precieux sur la voie
menant aux programmes modernes d'hygiene et de sante
publique. Elles sont capitales pour la comprehension des
tendances et des perspectives de mortalite.
Avec 1'elargissement des programmes de sante qui se
limitaient initialement a la lutte contre les maladies contagieuses
(surtout dans les contrees ou ces maladies n'etaient
plus une cause importante de deces), ces statistiques prouverent
leur utilite dans d'autres domaines de la mortalite.
Les renseignements obtenus sur la frequence relative des
deces dus a des maladies non contagieuses (par exemple, a
des maladies organiques ou de degenerescence, telles que Ie
cancer, a des maladies du coeur ou de 1'appareil circulatoire
etc., a des maladies mentales, ades accidents, traumatismes
ou suicides) indiquent dans quelles directions il faut faire
porter les recherches medicales et servent de guides dans la
lutte entreprise pour remedier aux diverses conditions qui
predisposent a des morts prematurees ou evitables.
Alors que les statistiques des causes de deces determinent
dans quelle proportion les differentes maladies sont mortelles
pour 1'ensemble d'une population, elles ne permettent pas
de mesurer ou d'estimer la frequence avec laquelle ces
diverses maladies frappent la meme population (taux de
morbidite). Les taux de mortalite s'appliquant a des personnes
souffrant d'une maladie donnee (taux de fatalite ou
de lethalite) varient enormement selon les maladies. Certaines
affections (par exemple, Ie rhume ordinaire) ont
rarement une issue fatale; d'autres peuvent atteindre un
taux de fatalite tres proche de 100 pour cent. Dne maladie
donnee peut avoir, a une certaine periode, un taux de
fatalite beaucoup plus grand qu'une autre, selon la virulence
de l'affection (dans Ie cas d'une maladie contagieuse),
l'etat des connaissances medicales, et bien d'autres facteurs.
Neanmoins, tout changement important, toute orientation
particuliere, se manifestant dans Ie taux de mortalite d'une
maladie donnee se refletent generalement dans 1'incidence
de cette maladie. En consequence, les statistiques des causes
de deces, quoique limitees dans leur objet, n'en ont pas
moins une valeur certaine qui consiste a indiquer 1'etat de
sante ou de morbidite de la population.
Le probleme du developpement de la comparabilite des
statistiques des causes de deces est un des plus complexes
et des plus ardus de la science demographique, les difficultes
provenant a la fois de la multiplicite des situations susceptibles
de provoquer la mort et des disparites dans les
diagnostics ou les pratiques medicales suivant les epoques
dans une region donnee ou durant la meme periode dans
les divers pays. Par suite, les ecarts constates entre les
chiffres enregistres, meme si les donnees sont precises au
point de vue statistique, doivent etre interpretes avec beaucoup
de prudence. Cette remarque s'applique particulierement
aux statistiques relatives a des pays differents.
La question de la comparabilite internationale de ces
statistiques a ete resolue en partie, par 1'adoption d'une
nomenclature internationale des causes de deces qui est
revisee de temps a autre lorsque les conditions Ie requierent.
Toutefois, comme il ressort de 1'expose ci-apres, de nombreuses
difficultes restent encore a surmonter.
NOMENCLATURES INTERNATIONALES DES CAUSES DE
DECES
Aper~u
historique
On a reconnu depuis longtemps la necessite d'une classification
uniforme des causes de deces. Le premier congres
international de statistique, tenu a Bruxelles en 1853,
chargea Ie Dr. William Farr, du General Register Office oj
England and Wales, et Ie Dr. Marc d'Espine, de Geneve, de
preparer une liste des maladies, susceptible d'etre employee
par tous les bureaux de statistique pour la classification des
causes de deces. Ils presenterent, au second congres de
statistique en 1855, deux listes distinctes, et un compromis
fut adopte par Ie congres sous la forme d'une seule liste.
Cette nomenclature fut revisee de temps en temps durant
les trente annees qui suivirent sans toutefois recevoir une
approbation universelle.
Ce n'est qu'a partir de 1893 que des progres importants
furent accomplis. A cette epoque, l'Institut International
de Statistique ratifia une nomenclature des causes de deces
presentee par Ie Dr. Jacques Bertillon au nom d'un comite
prealablement reuni a cet effet par l'Institut. C'est cette
classification, plus ou moins revue, qui est encore connue
sous Ie nom de "Nomenclature Internationale des Causes
de Deces".
En 1898, l'American Public Health Association proposa une
revision decennale de la Nomenclature pour l'adapter aux
progres de la medecine et de la technique statistique. Cette
suggestion fut approuvee par 1'Institut International de
Statistique en 1899, et six revisions eurent lieu depuis,
ocuvres des conferences reunies a cet effet par Ie Gouvernement
fram;ais en 1900, 1909, 1920, 1929, 1938 et 1948.
Le programme des trois premieres revisions decennales fut
etabli par Jacques Bertillon. Apres sa mort, en 1922, une
commission mixte de 1'Institut International de Statistique
et de 1'Organisation d'Hygiene de la Societe des Nations
se chargea de cette question.
Apres la dissolution de la Societe des Nations, la Conference
Internationale de la Sante, tenue a New York en
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