Esprit libre - Université Libre de Bruxelles

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| PLANÉTE! |
Hot spot de diversité
Isolé depuis près de 40 millions d’années des autres océans
par le courant circumpolaire, l’Océan austral est un secteur
caractérisé par une grande diversité des peuplements
benthiques. Il compte actuellement près de 9000 espèces
décrites de métazoaires, une situation remarquable dans la
mesure où il ne constitue que 8,5 % de l’océan mondial.
« C’est un hot spot de diversité », affirme Bruno Danis
du Laboratoire de biologie marine, qui s’intéresse à la
biodiversité et à la biologie du benthos dans l’océan austral
et plus particulièrement aux échinodermes, membres
incontournables des écosystèmes en Antarctique. Les
échinides, par exemple, comptent près de 80 espèces
(10% des espèces connues) et appartiennent à un large
spectre de guildes écologiques. Ces dernières décennies,
dans le contexte du changement global, les recherches
internationales se sont centrées sur la fragilité des
écosystèmes antarctiques, en tentant notamment de cerner
le seuil de sensibilité des organismes face au réchauffement
et à l’acidification de l’eau de mer.
Bien représentés dans les écosystèmes antarctiques,
les échinodermes sont-ils capables de s’acclimater à de
nouvelles conditions de milieu ? Leurs larves vont-elles
pouvoir élaborer leur squelette calcaire dans une eau plus
acide ? Ces questions font l’objet de recherches menées au
Laboratoire de biologie marine par Bruno Danis, Philippe
Dubois, Isabelle George et Chantal De Ridder. Ils étudient
actuellement les patrons de diversité des échinides au sein
des écosystèmes antarctiques et leurs traits biologiques.
L’objectif ? Cerner leur rôle et leur « degré » de fragilité au
sein des communautés benthiques.
L’Antarctique, région riche en oursins
« 10% des oursins vivent dans l’Océan austral : un chiffre
impressionnant par rapport aux autres océans », expliquent
Bruno Danis et Chantal De Ridder, du Laboratoire
de biologie marine. Les échinides antarctiques se
répartissent en neuf familles et sept ordres. Ils présentent
différents comportements alimentaires (omnivores,
détritivores, carnivores ou phytophages/algivores)
et différents modes de reproduction (développement
indirect avec larves planctoniques, développement direct
avec embryons et juvéniles incubés par les femelles).
« Ils montrent également une grande diversité en terme de
physiologie et constituent un excellent modèle pour l’étude
de l’impact du changement global en milieu marin », précise
Philippe Dubois.
Les recherches menées actuellement au Laboratoire
de biologie marine sur le macrobenthos antarctique
s’inscrivent dans la ligne directrice qui correspond
aux nouveaux programmes-cadre du SCAR (Scientific
Committee on Antarctic Research). « Il s’agit d’un thème
revêtant une importance cruciale dans le contexte du
changement global en cours dans l’Océan austral »,
précise le chercheur. « L’approche globale permettra
de mieux comprendre l’effet des facteurs de stress
environnementaux sur les écosystèmes antarctiques et
d’informer des processus décisionnels au niveau de la
conservation de l’Antarctique ».
} Damiano Di Stazio
Comme les études de l’ULB le montrent, l’Antarctique offre
des possibilités extrêmement diversifiées aux chercheurs du
monde entier… Malgré les différences entre les recherches,
un élément lie tous ces laboratoires : le besoin de mieux
comprendre le fonctionnement de ce continent de glace et
de l’océan qui l’entoure. Avec les projets en cours et à venir,
nul doute que l’Antarctique réservera encore des surprises
aux chercheurs de l’Université.
Un élément lie tous ces
laboratoires : le besoin de mieux
comprendre le fonctionnement
de ce continent de glace et de
l’océan qui l’entoure.
esprit libre | juin - juillet 2013 | n° 28