Partie 2 - Terres Australes <strong>et</strong> Antarctiques Françaises z<strong>et</strong> <strong>et</strong> sur l’île Saint Paul. Il fut lâché dans ces îles pour subvenir aux besoins d’éventuels naufragés. Sur l’archipel de Kerguelen, les premiers individus introduits étaient originaires de l’île Robben en Afrique du sud sur laquelle des lapins domestiques furent introduits en 1656 [40] . A Kerguelen, les lapins rencontrèrent des conditions favorables à leur installation <strong>et</strong> leur développement : une niche écologique vide, l’absence de prédateur <strong>et</strong> des conditions climatiques <strong>et</strong> édaphiques favorables. En 1871, six bovins ont été introduits à <strong>par</strong>tir de La Réunion sur l’île Amsterdam pour y développer l’élevage. Trois mois plus tard le proj<strong>et</strong> est abandonné <strong>et</strong> les individus sont relâchés dans la nature. Des comptages aériens effectués en 1985 <strong>et</strong> 1986 estimaient le cheptel à 1600 têtes. Un nouveau comptage en 1988 estimait la population à 2000 têtes, occupant les 2/3 de l’île [40, 62] . Entre 1909 <strong>et</strong> 1925, plusieurs tentatives d’élevage de mouton sur Kerguelen échouèrent. L’installation permanente de la base scientifique à Port-aux- Français s’est traduite <strong>par</strong> une relance de l’élevage de mouton avec l’introduction sur l’île aux Moules de 90 têtes en trois reprises (5 individus en 1952, 15 en 1955 <strong>et</strong> 70 en 1956). En 1958, l’île au Moules devenant insuffisante pour alimenter le troupeau, 185 individus furent transférés sur l’île Longue. En 1990, le troupeau était estimé 3000 individus, la majorité étant de la race Bis<strong>et</strong> [40] . Deux paires de mouflons de Corse (Ovis ammon) en provenance du zoo de Vincennes furent introduites dont une en 1956 sur l’île Blakeney <strong>et</strong> l’autre en 1957 sur l’île Haute. Seuls les individus de l’île Haute survécurent <strong>et</strong> donnèrent naissance à une p<strong>et</strong>ite population estimée à une centaine d’individus en 1971 [40] . Dix rennes (Rangifer tarandus) en provenance de Suède furent introduits en 1955-56 sur deux îles de l’archipel de Kerguelen. 7 animaux furent relâchés sur la Grande-Terre <strong>et</strong> 3 sur l’île Haute. Ces trois derniers individus ont donné naissance à un p<strong>et</strong>it troupeau estimé à 115 individus en 1971. Par la suite, les effectifs ont diminué progressivement à cause du manque de nourriture <strong>et</strong> des prélèvements <strong>par</strong> la chasse mais aussi de leur migration à la nage vers Grande-Terre distante de moins de 500m. En 1980, il n’y avait plus aucun renne sur l’île Haute [40] . C<strong>et</strong>te population est difficile à suivre <strong>et</strong> l’effectif actuel est mal connu. Toutefois, de grands troupeaux de plusieurs centaines d’individus sont régulièrement observés dans la <strong>par</strong>tie Nord de Kerguelen. Ces observations laissent supposer une population de plusieurs milliers d’individus (C. Marteau, comm. pers., 2008). Le chat (Felis catus) fut introduit avant 1887 sur l’île aux Cochons (Croz<strong>et</strong>), observé pour la première fois en 1931 sur Amsterdam [270] , <strong>et</strong> introduit sur Grande-Terre (Kerguelen) en 1956 pour endiguer la prolifération des rats qui avaient eux-mêmes été introduits involontairement <strong>par</strong> des baleiniers au 19ème siècle. Deux individus furent initialement introduits sur Grande-Terre. Malgré la mise en place d’un programme de contrôle dès 1960, les chats se multiplièrent rapidement. Après l’arrêt des campagnes de contrôle en 1977, une estimation prévoyait que la population de chats compterait plus de 10 000 individus en 1984 [271] . La population actuelle de chats sur la Grande-Terre serait estimée à 7000 [41] . Les trois espèces de rongeurs commensaux, le rat noir (Rattus rattus), le rat surmulot (Rattus norvegicus) <strong>et</strong> la souris grise (Mus musculus) ont été introduites accidentellement entre le 18 ème siècle <strong>et</strong> le 20 ème siècle <strong>par</strong> les marins. Parmi les poissons exotiques, la truite fario (Salmo trutta) a été introduite il y a 20 ou 30 ans dans les lacs. On la rencontre également en eau saumâtre <strong>et</strong> aux embouchures des rivières [41] . 2.2.2 Impacts <strong>et</strong> menaces Toutes les espèces de mammifères sont <strong>envahissantes</strong> <strong>et</strong> leurs introductions ont eu des impacts importants sur la flore, la faune <strong>et</strong> les habitats. L’impact le plus important sur la végétation est dû à l’action directe des herbivores introduits [272] . Sur Amsterdam, à cause du surpâturage <strong>et</strong> des piétinements occasionnés <strong>par</strong> les boeufs, les colonies d’albatros d’Amsterdam (Diomedea amsterdamensis), espèce endémique, étaient menacées du fait de la destruction de leurs habitats de nidification [62] . Le seul arbre indigène des Terres australes, Phylica arborea, déjà fortement affecté <strong>par</strong> des incendies de grande ampleur au cours des derniers siècles, voyait ses peuplements relictuels menacés <strong>par</strong> les troupeaux en liberté [20] . Les communautés végétales dans les zones de basse altitude fréquentées <strong>par</strong> les bovins étaient largement dominées <strong>par</strong> des espèces introduites peu sensibles <strong>et</strong> favorisées <strong>par</strong> le pâturage (Leontodon taraxacoides notamment). Suite à un programme de contrôle en 1987-1988, le troupeau d’environ 350 têtes (TAAF, 2008) est confiné depuis dans la <strong>par</strong>tie nord de l’île. 159
Partie 2 - Terres Australes <strong>et</strong> Antarctiques Françaises Date d’introduction des mammifères exotiques des îles subantarctiques françaises [40] Tableau 31 Espèce Nom commun Kerguelen Croz<strong>et</strong> Amsterdam St Paul Bos taurus Bœuf 1871 Felis catus Chat 1956
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