Synthèse par collectivité et annexes - Especes-envahissantes ...
Synthèse par collectivité et annexes - Especes-envahissantes ...
Synthèse par collectivité et annexes - Especes-envahissantes ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Partie 2 - martinique<br />
2.2.2 Impacts <strong>et</strong> menaces<br />
L’impact avéré ou potentiel de 14 espèces exotiques<br />
de vertébrés est documenté localement ou<br />
ailleurs dans le monde. En outre, 6 espèces figurent<br />
sur la liste de l’UICN des espèces dérangeant le plus<br />
les écosystèmes d’accueil [81] . Il s’agit du crapaud<br />
géant, de la mangouste, de la souris grise, du rat<br />
noir, du tilapia du Mozambique <strong>et</strong> de la trachémyde<br />
à tempes rouges.<br />
Mammifères<br />
La faune mammalienne terrestre indigène des<br />
P<strong>et</strong>ites Antilles (hors les chiroptères) qui était limitée<br />
aux seuls rongeurs sigmondontes aujourd’hui<br />
éteints a probablement été entièrement remplacée<br />
<strong>par</strong> des espèces exotiques introduites <strong>par</strong> l’homme [21] .<br />
La biologie des espèces d’introductions anciennes<br />
est peu connue <strong>et</strong> les impacts sur les écosystèmes<br />
d’accueil sont difficilement appréciables du<br />
fait de l’ancienn<strong>et</strong>é de leur intégration. Cependant,<br />
l’opossum est connu pour intégrer dans son régime<br />
alimentaire des œufs <strong>et</strong> des couvées d’oiseaux [21] .<br />
Plusieurs auteurs considèrent que les deux espèces<br />
de rats <strong>et</strong> la mangouste ont contribué à la<br />
dis<strong>par</strong>ition ou à l’extinction de différentes espèces<br />
de lézards, de serpents, d’oiseaux <strong>et</strong> de mammifères<br />
des P<strong>et</strong>ites Antilles [21, 115, 116] . L’introduction de<br />
la mangouste est notamment évoquée comme la<br />
source de raréfaction de certaines espèces de l’herpétofaune<br />
<strong>et</strong> d’oiseaux nichant au sol ou à proximité<br />
du sol comme le moqueur gorge blanche (Ramphocinclus<br />
brachyurus) classé en danger <strong>par</strong> l’UICN.<br />
Le rat noir <strong>et</strong> le rat surmulot sont soupçonnés avoir<br />
[21, 106,<br />
<strong>par</strong>ticipé à l’extinction des rongeurs endémiques<br />
115]<br />
. L’impact du rat noir a été identifié <strong>et</strong> quantifié sur<br />
les îl<strong>et</strong>s de Saint Anne. Il réduit de 30% à 100% le taux<br />
de succès à l’envol de plusieurs espèces d’oiseaux marins<br />
(puffin d’Aubudon, noddi brun) ainsi que l’indice<br />
d’abondance de certaines espèces de la carcinofaune<br />
terrestre comme le crabe zombi (Gecarcinus ruricola)<br />
[66]<br />
. Les rats sont identifiés comme des ravageurs des<br />
cultures <strong>par</strong>ticulièrement celle de la canne à sucre.<br />
Une étude réalisée en Martinique a évalué la perte<br />
imputable aux rongeurs (les 2 espèces de rat <strong>et</strong> la<br />
souris grise) à 40% du chiffre d’affaire <strong>par</strong> hectare [117] .<br />
En outre, les rongeurs sont vecteurs <strong>et</strong> réservoir de la<br />
leptospirose dont le taux de prévalence est 40 fois supérieur<br />
en Martinique <strong>et</strong> Guadeloupe <strong>par</strong> rapport à<br />
celui de la France métropolitaine [118, 119] .<br />
Les populations de souris grises peuvent être<br />
abondantes dans les agroécosystèmes, notamment<br />
dans les plantations de canne à sucre, où elles occasionnent<br />
des pertes importantes [114, 117] . L’impact<br />
de la souris grise sur les espèces indigènes n’est pas<br />
documenté à la Martinique. Mais son régime alimentaire<br />
réputé granivore peut comporter en milieu<br />
insulaire une <strong>par</strong>t importante d’invertébrés ce<br />
qui pourrait avoir un impact sur les peuplements<br />
d’invertébrés indigènes.<br />
Des populations de ratons laveurs (ou racoon)<br />
sont observées depuis 1954 <strong>et</strong> semblent durablement<br />
installées. Du fait de son caractère exotique<br />
aujourd’hui démontré <strong>et</strong> de son régime alimentaire<br />
omnivore, il représente une menace écologique potentielle<br />
(voir Encadré 10). Il se nourrit de crustacés,<br />
de mollusques, de poissons, d’anoures <strong>et</strong> d’oiseaux,<br />
mais il est également un gros consommateur de<br />
fruits, de canne à sucre <strong>et</strong> de patates douces, ce qui<br />
en fait un nuisible potentiel pour les cultures [107] . Il<br />
peut constituer une menace pour l’iguane des P<strong>et</strong>ites<br />
Antilles [23] . Des études perm<strong>et</strong>tant d’estimer<br />
l’impact réel du racoon sur la biodiversité indigène<br />
devraient être engagées rapidement.<br />
Le manicou pourrait être responsable de la dis<strong>par</strong>ition<br />
du crapaud de la Dominique (Leptodactylus<br />
fallax) qui est peut-être une espèce introduite<br />
<strong>par</strong> les Amérindiens comme vient de le montrer<br />
une étude récente [111] .<br />
Oiseaux<br />
Parmi les oiseaux, la tourterelle turque a une<br />
grande faculté à coloniser de nouveaux milieux<br />
en s’appuyant principalement sur son comportement<br />
erratique exploratoire <strong>et</strong> sur son régime alimentaire<br />
plastique lui perm<strong>et</strong>tant de s’adapter aux<br />
ressources locales notamment celles disponibles<br />
en milieu périurbain. Son impact n’a pas été étudié<br />
spécifiquement mais elle est fortement suspectée<br />
d’entrer en concurrence avec la tourterelle à queue<br />
carrée (Zenaida aurita), endémique des Caraïbes.<br />
L’hybridation entre les deux espèces est évoquée<br />
mais aucune étude génétique de perm<strong>et</strong> d’étayer<br />
c<strong>et</strong>te thèse.<br />
Remarque : le merle de Sainte-Lucie (Molothrus<br />
bonariensis) est arrivé de manière naturelle depuis<br />
les îles voisines vers 1960 <strong>et</strong> <strong>par</strong>asite les nids d’espèces<br />
indigènes comme le carouge (Icterus bonana),<br />
endémique de la Martinique.<br />
68