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Portraits

Edmund Baranowski
Vétéran de l'insurrection de 1944
Edmund Baranowski a fêté ses 80 ans en 2005. Les années n'ont
rien enlevé à la force de caractère de cet homme qui entretient, avec
les derniers témoins de l'époque, le souvenir du soulèvement de
l'été 1944. Président de l'Association des vétérans de l'insurrection,
il raconte inlassablement et passionnément les années d'occupation,
dans un but didactique, mais aussi sans doute parce qu'elles furent
celles de ses 20 ans…
Les fenêtres du bureau de l'Association donnent sur la place
Krasinski, là où se dresse le monument dédié aux héros de
l'insurrection, là on l'on peut encore voir l'entrée d'un réseau
d'égouts, des voies de communication qui ont souvent permis aux
résistants de circuler à travers la ville occupée. L'immeuble, dans
lequel la municipalité accueille gracieusement les vétérans, abrite
aussi une exposition sur la période : cartes, plans, photos, blasons
et divers souvenirs permettent de retracer l'épopée du premier
soulèvement d'une capitale de l'Europe occupée contre les
Allemands.
Lorsque la guerre éclate, en septembre 1939, Edmund Baranowski
est sur le point d'avoir 14 ans. Il habite avec sa famille à Wola, un
quartier ouvrier proche du centre. Pour la Pologne, le conflit est de
courte durée : le 29 septembre, Varsovie capitule, le 6 octobre Hitler
en personne vient parader triomphalement dans les rues de la ville.
Les heures les plus sombres de l'histoire du pays commencent.
Arrestations, exécutions sommaires, c'est le règne de l'arbitraire et
de la terreur. Pourtant, très rapidement, une résistance s'organise,
opérations armées mais aussi sauvegarde d'une certaine idée de la
dignité. Il semble hors de question de ne pas réagir. Ainsi, tandis
que seul l'enseignement primaire demeure autorisé, les enseignants
organisent chez eux des cours pour des petits groupes d'élèves qui
veulent continuer à apprendre. Au péril de leur vie et de celle des
étudiants. Ces efforts ne seront pas vains : après la guerre, des
jeunes gens pourront faire valoir des diplômes de l'université
clandestine ! Le jeune Edmund, lui, doit gagner sa vie. Pompier
volontaire plusieurs jours par semaine, il est embauché chez Philips
où il travaille à la chaîne à la production d'ampoules et de
transistors. Tandis que les mouvements de résistance se
structurent, il est « recruté » par un ami chargé de créer une cellule
de cinq personnes, l'unité de base. Il colle des affiches, distribue des
tracts mais surtout participe à des opérations de sabotage sur son
lieu de travail même. Dans son usine, sous contrôle direct de la
Gestapo, on produit des pièces destinées à équiper les radars des
sous-marins allemands. Les Polonais ont découvert que déposer
quelques gouttes d'un mystérieux produit sur un des composants
faussait complètement les appareils, mais surtout que rien ne
permettait de déceler la manœuvre à terre. Edmund sourit encore en
pensant aux nombreuses commissions dépêchées par les
Allemands, perplexes devant ces radars qui fonctionnaient si mal en
mer mais semblaient parfaits à leur sortie d'usine ! Bientôt le jeune
homme a envie de se sentir plus utile. Sur ses papiers de l'époque, il
est né en 1923… et non 1925. Un vieillissement indispensable pour
passer au maniement des armes. Pourtant, des armes, la résistance
en a peu : celles prises aux Allemands, celles cachées en 1939 mais
qui fonctionnent souvent mal, celles qui sont fabriquées en pièces
détachées dans des ateliers clandestins. A partir de 1942,
l'occupation se durcit —Edmund perdra cinq de ses amis les plus
proches dans des exécutions arbitraires —, la résistance de l'Armia
Krajowa (AK, Armée de l'intérieur) aussi. Le pays doit être prêt à
participer à sa libération qui ne fait de doute pour personne, même si
elle semble encore bien lointaine et si nul ne sait si elle viendra par
l'est ou par l'ouest. A Varsovie, le moment arrive le 1er août 1944.
Depuis plusieurs mois, l'Armée rouge talonne les Allemands, le front
se rapproche ; la défaite d'Hitler semble inéluctable. Encouragée par
les appels au soulèvement lancés sur les ondes soviétiques, la

ésistance polonaise décide de passer à l'action. Tout l'été, les
habitants de la ville se sont préparés du mieux qu'ils ont pu. Le 1er
août au matin, les femmes de l'AK, généralement chargées des
transmissions, font passer le message : l'heure H est fixée le jour
même à 17 heures. L'insurrection débutera en fait deux heures plus
tôt que prévu car les Allemands ont repéré des transports d'armes.
Edmund est mobilisé à Wola. Il raconte les bombardements, les
rationnements et les privations, les morts qu'on doit se résoudre à
enterrer dans les trottoirs mis à nu puisqu'ils ont été dépavés pour la
construction des barricades. Les 63 jours de combat sont un déluge
de feu et de sang. Il ne peut expliquer comment il a traversé
l'épreuve sain et sauf : sur les 1600 combattants de son groupe,
seuls 70 ont survécu. Et ses yeux sont embués de larmes lorsqu'il
évoque les camarades blessés qui ont du être abandonnés.
Varsovie capitule le 3 octobre, et pour Edmund, commence un long
et pénible voyage vers l'ouest où il est… prisonnier de guerre des
Allemands ! Il rentre en Pologne en septembre 1945 et retrouve
Halina, celle qui deviendra sa femme deux ans plus tard, et qu'il a
rencontré aux premiers jours de l'insurrection où elle servait comme
infirmière.
Aujourd'hui, l'ancien ingénieur ne s'est pas totalement mis à la
retraite. Cet arrière grand-père qui « refuse de comprendre comment
fonctionne l'internet et le téléphone portable » pose un regard
affectueux sur sa ville et sceptique sur ses contemporains. Il
reconnaît volontiers qu'on ne peut pas qualifier Varsovie de belle,
mais lui, sait qu'elle s'est reconstruite sur un champ de ruines, avec
peu de moyens au début : pas moins de 100 millions de m3 de
gravats à dégager au moyen de pelles et de charrettes tractées par
des chevaux. Le vent de liberté qui souffle sur le pays depuis les
années 1990 n'est pas pour lui déplaire, mais il regrette avec
amertume les écarts qui se creusent entre les différentes couches
de la population… Mais ainsi va le monde : les quelques 3000
vétérans de l'insurrection, âgés en moyenne de 80 ans, sont
progressivement vaincus par « le général Temps ». Lui, conscient
d'être un peu un « monument historique », témoigne, dès qu'il en a
l'occasion, des années troublées de sa jeunesse…
Lien : Le musée de l'insurrection de Varsovie(en polonais)
www.www.1944.pl/

Andrzej Smolik
Compositeur, musicien et producteur
Tout semble lui être arrivé un peu par hasard. Andrzej Smolik, qui
cultive simplicité et modestie, est pourtant très présent dans le
paysage musical polonais contemporain… et pas forcément là où on
l'attend ! Rencontre avec un homme de musique qui ne se prend
pas au sérieux.
Son grand-père jouait de l'accordéon, sa mère et ses oncles
aimaient bien chanter… S'il a été sans doute encouragé par cet
environnement familial, Andrzej Smolik ne semblait pas vraiment
prédestiné à devenir le grand nom de la musique qu'il est
aujourd'hui. Il naît en 1970 à Swinoujscie, petite ville de 40 000
habitants située sur une île de la mer Baltique. Les occasions de se
distraire sont plutôt limitées ; celles de voyager encore plus rares.
Un grand événement – et il est de taille – s'y déroule cependant tous
les étés : un festival de la création étudiante qui draine quelque 100
000 personnes venues des quatre coins du pays et transforme deux
mois durant le lieu en une « île de Wight » du Nord. Andrzej se
passionne déjà pour la musique et apprend le piano… tout seul ! Le
paysage musical de sa jeunesse est plutôt terne. Impensable de se
procurer des disques occidentaux qui coûtent une véritable fortune.
Il faut se contenter d'enregistrements polonais ou russes,
soigneusement sélectionnés. Au cours des années 1980,
cependant, la situation commence à évoluer : la radio nationale se
met à diffuser chaque semaine quelques heures de programmes
venus de l'autre côté du rideau de fer. Tout le pays est à l'écoute et
enregistre des cassettes ! Véritable éponge, Andrzej s'imprègne de
tout ce qui passe à sa portée : des Pink Floyds à Peter Gabriel et à
Jean-Michel Jarre. A l'heure des études supérieures, ses parents le
poussent à devenir ingénieur. Pas question d'entreprendre la
carrière musicale dont il rêve, pas assez sérieuse, ce qui ne
l'empêche pas de continuer à jouer avec des groupes locaux. Mais
la chance ne tarde pas à lui sourire. L'un de ses amis fait alors partie
du groupe pop-rock polonais le plus en vogue, Wilki (Les loups)… et
lui propose de rejoindre la bande. Andrzej accepte volontiers, même
s'il n'est pas précisément fan de leur musique. Le voilà lancé ! Au
bout de deux ans, le groupe se sépare mais le jeune homme
commence une carrière solo, désormais soutenu par sa famille.
Curieux et perfectionniste, il passe beaucoup de temps à s'initier aux
nouvelles technologies numériques de création musicale.
Compositeur, le voilà aussi bientôt producteur. Il donne ainsi un «
coup de jeune » à Krzysztof Krawczyk, grande vedette de l'ère
communiste et véritable icône de la culture polonaise, en produisant
l'un de ses albums (2002) pour lequel il compose même quelques
morceaux. Lui-même compte deux disques à son nom, deux albums
auxquels il n'a pas jugé nécessaire de donner un titre. Quand on lui
demande de citer un morceau qu'il estime représentatif ou dont il est
particulièrement satisfait, il refuse : « Je n'ai pas assez de distance
pour juger. » Il qualifie sa musique de « musique du milieu »,
agréable à écouter et sans revendication : il n'a pas de message à
transmettre, bien qu'il y mette presque toujours des paroles,
estimant que la voix est l'instrument qui fait le mieux passer ses
mélodies. Lui ne chante presque jamais : il invite des artistes à
travailler avec lui. Si une grande partie de ces chansons est en
anglais, ce n'est pas pour conquérir une audience plus large : les
sonorités un peu dures de la langue polonaise ne sont pas
forcément faciles à mettre en musique et à mixer… Alors, le style et
l'atmosphère Smolik ? Une ambiance électro-lounge subtile, qui
n'est pas sans rappeler celle du groupe Air, mâtinée « d'âme slave
», d'un soupçon de nostalgie et d'une part d'improvisation. Ses
albums sont indiscutablement des succès mais Andrzej est lucide :
ils ne sont pas formatés pour les grandes radios commerciales. Pour
rester fidèle à lui-même, il refuse les compromis, préférant diversifier
ses activités. Il a ainsi composé de nombreuses musiques pour des
publicités télévisées, atteignant des taux d'écoute qu'il n'aurait pas

osé imaginer ! Toujours partant pour de nouvelles aventures
musicales, il s'apprête à travailler avec le célèbre Leszek Mozdzer,
un pianiste représentant de la tendance « yazz », courant musical
jazzy apparu en Pologne à la fin des années 1990. Il vient aussi de
signer deux morceaux pour « Spirit of polish jazz », un hommage à
Kzrysztof Komeda (1931-1969), pianiste considéré comme un
précurseur jazz européen, un album qui devrait constituer une sorte
de carte de visite de la musique polonaise et lui permettre d'être plus
connue à l'étranger. Celui qui se définit comme « une bonne
poubelle » tant ses goûts musicaux sont éclectiques, regrette parfois
de ne pas être un virtuose du clavier comme Mozdzer, mais voit le
bon côté des choses : sa créativité n'a pas été bridée par un
savoir-faire qui aurait pu s'avérer encombrant. Varsovien d'adoption
depuis une dizaine d'années, il a choisi d'habiter Stare Ochota, l'un
des rares quartiers résidentiels proche du centre. Il porte sur la ville
un regard indulgent et affectueux. Il ne va pas jusqu'à la qualifier de
belle, mais trouve que sa « laideur ne manque pas d'âme »,
regrettant un peu tout l'acharnement mis à vouloir la faire ressembler
à tout prix à une ville occidentale. « Un jour, on comprendra sans
doute à quel point Varsovie était intéressante et originale dans cette
période de transition » mais ce sera trop tard. En attendant, lui en
profite, comme acteur et comme spectateur.
Musique : extrait du CD “Smolik“. “Home made“ 2003 copyright
BMG
Lien :
www.smolik.com.pl

Jacek Nikiel
Homme d'affaires
Il vient juste de rentrer d'Autriche où il est allé faire du ski. Bronzé et
détendu, Jacek Nikiel affiche une mine souriante. A 37 ans, il est à
l'origine d'une véritable « success story » à la polonaise : sa volonté,
sa capacité d'adaptation et son sens des affaires — et à l'en croire,
une série de heureux hasards — l'ont amené à fonder une chaîne de
restaurants en vue dans la capitale, les Jazz Bistro. Un concept
original qui a exactement répondu à une attente, presque un style de
vie. Mais le (jeune) homme d'affaires ne s'endort pas sur ses lauriers
: curieux et toujours attentif à l'air du temps, il se lance aujourd'hui
dans l'hôtellerie.
Comme la plupart des natifs de Varsovie, Jacek est prompt à
critiquer sa ville. Elle manque de charme, n'a pas de style
architectural propre, n'affiche aucune cohérence, ne possède pas de
centre… Dès qu'il peut, il file à Cracovie qu'il aime tant, une cité qui
le rend fier d'être polonais. Pourtant, comme beaucoup de ses
compatriotes, il sait qu'il doit tout ou presque à cette capitale, objet
de rapports plutôt ambigus. Il est d'ailleurs le premier à reconnaître
que les Varsoviens sont des ingrats. En ce qui le concerne et malgré
ses critiques, il n'envisage pourtant pas d'aller vivre ailleurs : sa
famille et ses amis sont ici ; ses affaires aussi. Ses affaires ? Ce
sont aujourd'hui à Varsovie six restaurants et une centaine
d'employés. Des lieux qui ont réussi à créer une ambiance originale
et qui ont immédiatement rencontré leur public. La clientèle est
constituée pour l'essentiel de cette classe moyenne qui émerge en
Pologne, des gens dont les goûts culinaires sont raffinés et qui ont
intégré les sorties au restaurant dans leur budget. Pas des
étudiants, pas des employés, ni des ouvriers : ses clients, le
fondateur des Jazz Bistro sait que pour le moment ils se trouvent à
Varsovie et nulle part ailleurs. Pour lui, tout a été un affaire de
circonstances… Dans les années 1980, le jeune homme choisit de
s'orienter vers des études d'économie. A la fin de la décennie, la
situation se détend en Pologne. Contrairement à ses aînés, il a
l'occasion de voyager facilement. Le voilà à Londres pour
perfectionner son anglais. Il gagne sa vie en faisant tous les « petits
boulots » d'usage et travaille notamment dans la restauration. Le
milieu lui plaît. Il observe, apprend et se met à rêver : pourquoi pas
un restaurant à lui, un jour ? En attendant, il intègre les grands
groupes occidentaux qui se lancent à la conquête du marché de la
nouvelle Pologne. Après avoir travaillé chez Procter, chez Nestlé, il
se lance à la fin de l'année 1999 et ouvre le premier Jazz Bistro.
Pour mener à bien l'opération, il a rassemblé ses économies et
emprunté l'autre moitié de la somme nécessaire. Un emplacement
exceptionnel — une galerie marchande dans le quartier de Mokotow
—, de bonnes relations publiques, l'endroit connaît rapidement un
grand succès. Jacek l'attribue aussi à l'époque : la Varsovie d'il y a
seulement cinq ans n'avait rien à voir avec celle d'aujourd'hui. Pour
qui voulait sortir, le choix était vite fait : entre les restaurants
élégants à l'ambiance un peu guindée et les bars et les fast-food
populaires, pas de moyen terme. Le Jazz Bistro occupe donc une «
niche ». Depuis, des centaines de restaurants ont ouvert leurs
portes dans la capitale et certains ont copié le concept Jazz Bistro.
Mais, c'est de bonne guerre, dit Jacek. Lui-même a été
particulièrement séduit par l'ambiance d'un restaurant qu'il a
fréquenté à San Francisco, se promettant de chercher à la
reproduire si un jour il ouvrait sa propre affaire… Justement : en quoi
les Jazz Bistro se différencient-ils de leurs concurrents, à quoi
doivent-ils leur succès ? Une partie de la réponse se trouve dans
leur nom même. S'il avoue qu'il n'est pas un grand connaisseur, le
propriétaire des lieux reconnaît bien volontiers aimer le jazz. Dans
ses restaurants, des musiciens, en solo ou petites formations, se
produisent presque tous les soirs. Mais là n'est pas selon lui
l'essentiel : il ne dirige pas des salles de spectacles mais des
restaurants et les clients des Jazz Bistro apprécient avant tout la

onne chère. Ils viennent y déguster une excellente cuisine « fusion
» et des vins soigneusement sélectionnés. Jacek ne cuisine pas
mais élabore les recettes avec sa femme. « On sert ici ce que nous
aimons manger, et d'ailleurs, ce que nous mangeons à la maison ! »,
dit-il. Au menu : quelques grands classiques de la cuisine polonaise,
comme les crêpes aux cèpes ou le gâteau au fromage blanc, mais
aussi des plats inspirés par les cuisines du monde : nêms aux
aubergines sauce citronnelle, sole en tempura ou salade au
camembert frit… Le succès est également indiscutablement lié à
l'investissement personnel de l'inventeur du concept. Jacek aurait pu
créer des franchises Jazz Bistro mais il refuse. « La qualité, dit-il,
demande beaucoup d'attention et de travail. Tous mes restaurants
sont à Varsovie, je peux en faire le tour en une soirée et vérifier que
tout se passe bien. » Toujours partant pour de nouvelles aventures,
notre businessman ne compte pas en rester là. Il a déjà eu
l'occasion de participer à la création d'un beau complexe hôtelier en
Mazurie, dans un site idyllique, en bordure du lac Lasmiady.
L'histoire ressemble à un rêve puisque ses deux partenaires ne sont
autres que ses meilleurs amis d'enfance. « Ca nous permet de
passer plus de temps ensemble » dit-il simplement. Aujourd'hui, il a
envie de se lancer dans la construction d'un immeuble de bureaux à
Varsovie. Et pourquoi pas d'investir dans la région de Zakopane, la
grande station de sports d'hiver des Tatras. Pour l'heure, il attend le
printemps : le moment du « pèlerinage » annuel qu'il effectue à
Rome, avec son épouse. L'idée ? Profiter de la vie et combler leur
amour des vieilles pierres. « On loge dans un petit hôtel, on loue une
Vespa, et pendant une semaine, on est les rois du monde ! »
Musique : extrait de la compilation du Jazz Bistro . Kasia Rodowicz,
chant.
Liens :
www.jazzbistro.pl
www.siedliskomorena.pl

Gosia et Tomek
Parents au foyer
Gosia et Tomek habitent au deuxième étage d'un vieil immeuble de
la rue Dietla, à Cracovie. Agés tous les deux d'une trentaine
d'années, ils sont issus de cette génération de Polonais qui s'est
trouvée à l'aube de sa vie professionnelle dans les premières
années de la transition politique et économique. Une génération
pour laquelle tout, ou presque, semble avoir été possible. Mais
n'est-ce qu'une illusion ? A les en croire, oui… Ces deux là sont
pourtant de jeunes « rentiers » !
Il est plus de 21 heures et Marcel dort déjà. Rien de plus normal
pour un petit garçon. Le fils de Gosia et Tomek a 3 ans. La famille
occupe un appartement situé dans le quartier de Stradom, à
mi-chemin entre la vieille ville et Kazimierz, le quartier juif. L'intérieur
est simple et les papiers peints, aux dires de la maîtresse de
maison, auraient bien besoin d'être changés. De fait, le décor est le
même depuis plusieurs décennies. C'est celui de l'enfance de Gosia,
qui s'est déroulée dans ces murs en compagnie de sa grand-mère ;
sa mère, remariée, part alors vivre dans un immeuble voisin avec
son nouvel époux et la petite fille préfère rester là. Après un cursus
au lycée technique, Gosia rêve d'entrer dans la vie professionnelle
et de fonder « sa » famille. Comme la plupart des filles de sa
génération, elle se marie jeune. A 20 ans, la voilà mère. Elle travaille
alors dans une boutique de vêtements d'occasion, un secteur
florissant. Elle a bientôt l'opportunité de gérer sa propre affaire, puis
d'acheter sa boutique. Quelques années plus tard, elle divorce,
épouse Tomek dont elle a un fils. Lui n'est pas né à Cracovie mais
dans « les montagnes ». Diplômé de l'école des Beaux-Arts, il
fabrique des petits souvenirs en bois vendus aux touristes sur le
Rynek. Plus pour ne pas perdre la main et pour s'occuper que pour
gagner sa vie, car les revenus engendrés sont tout à fait
symboliques. Elle non plus ne travaille pas. De quoi vivent-ils ? De la
mise en location de la boutique ! Les affaires sont devenues difficiles
et la jeune mère dit clairement préférer rester chez elle en percevant
ce revenu modeste plutôt que de se tuer à la tache pour pas
grand-chose, ou pire, des « patrons exploiteurs ». Le taux de
chômage national tourne en effet autour de 20%, autant dire qu'il y a
plus de candidats que de postes. Et si le salaire moyen est
officiellement de 2000 zlotys (513 euros), dans de nombreuses
professions — infirmière, instituteur, employé… — il faut se
contenter de 800 zlotys (205 euros). Comment faire dans un pays où
les salaires sont bloqués depuis 1995 mais où les prix augmentent ?
Les indemnités de chômage sont maigres : 300 zlotys (77 euros) par
mois pendant 9 mois pour qui a travaillé 4 mois minimum. Les
allocations familiales accordent 42 zlotys (10,7 euros) pour un enfant
quand l'inscrire à la cantine revient à 75 zlotys (19,2 euros) par mois.
Dans beaucoup de familles, y compris la leur, le quotidien n'est
facile et on doit se serrer les coudes. Voire compter sur les initiatives
de fondations privées qui parrainent des écoles ou des enfants et
contribuent à améliorer, par exemple, une alimentation souvent
carencée. La Pologne est pourtant un pays qui possède de
nombreux atouts, des richesses naturelles non négligeables (houille,
gaz naturel, plomb, zinc…), une agriculture et une industrie…
autrefois puissantes et qui connaissent depuis le début des années
1990 des restructurations douloureuses sur le plan social, comme
c'est le cas du complexe sidérurgique de Nowa Huta, voisin de
Cracovie, pour n'en citer qu'un. Et l'Europe dans tout ça ?
L'enthousiasme est modéré. Pour eux, l'entrée de la Pologne dans
l'Union européenne s'inscrit dans l'ordre des choses. Sans cet «
accident de l'Histoire » que fut le régime communiste, le pays aurait
du en faire partie depuis longtemps. Ils sont sceptiques sur les
avantages à tirer sur le plan économique. La Pologne, comme les
autres pays d'Europe de l'Est, est devenue trop chère pour espérer
voir arriver des emplois délocalisés. Tout se passe désormais loin
du Vieux Continent, en Chine et en Inde, même pour l'industrie

polonaise ! En revanche, appartenir à un tel ensemble devrait avoir
un impact sur la classe politique nationale, responsable selon eux de
la plupart des maux du pays, du fait de son incompétence et de la
corruption qui la caractérise. Peu d'exemples pour étayer ce
sentiment néanmoins tenace... L'avenir ? Ils l'espèrent forcément
meilleur… et attendent. Et si c'était à refaire ? Gosia, elle, étudierait
les langues, le marketing, Tomek, lui, les nouvelles technologies.
C'est ce qu'ils conseilleront à leurs enfants en tout cas.

Magda et Andrzej
Noctambules
Ils nous ont donné rendez-vous à l'Alchemia, un bar situé dans le
quartier de Kazimierz, centre des nuits de la bohème cracovienne.
Entre Magda, la trentenaire sceptique, et Andrzej, le presque
quinquagénaire pas aussi débonnaire qu'il en a l'air, c'est une
longue histoire… Pas si longue d'ailleurs : quand ils pensent, ils ne
se connaissent pas depuis si longtemps. Cinq ans ? Six ans ? Ils ne
savent plus très bien. Ils se voient surtout la nuit, et la nuit tous les
chats ne sont-ils pas gris ?
Vodka pour tout le monde ! Il est 22 heures et la soirée promet d'être
longue. Nous sommes pourtant un jour de semaine. Ne travaillent-ils
pas le lendemain ? Andrzej, vice-président du conseil municipal et «
faiseur d'affaires » dans l'immobilier, a certes quelques obligations
mais il s'arrange généralement comme il veut. Magda, journaliste à
Radio Krakow, station publique régionale, est en congé. Ils se sont
connus dans un cadre professionnel : l'une interviewait l'autre. Ils
sont devenus amis et se sont rendus compte qu'ils fréquentaient
souvent les mêmes endroits. Andrzej et Magda, tous deux natifs de
Cracovie, sont amoureux de leur ville, comme leurs concitoyens. Ils
savourent leur bonheur d'être né dans une ville aussi belle, une ville
où l'on sait prendre le temps de vivre, contrairement à Varsovie. «
Là-bas, on fait, ici, on pense », dit Andrzej, « C'est une ville où
personne ne se connaît. On y va uniquement pour “réussir“ »,
renchérit Magda. La jeune femme sait de quoi elle parle. Pour son
travail, elle vient de passer un mois à Varsovie et a décliné une offre
sur place : « C'est sûr, j'y aurais certainement plus d'opportunités
qu'à Cracovie. Dans mon milieu, c'est un passage obligé. Mais c'est
quand même la loi de la jungle. Réussir d'accord, mais pas à
n'importe quel prix. » D'abord placée sur le plan professionnel, la
conversation n'a pas tardé prendre un tour plus personnel. De
constations sur la société polonaise en considérations sur les
rapports hommes-femmes, les deux amis mènent un peu un
dialogue de sourds.
Magda est née dans une « famille de base », comme elle dit : père
ingénieur, mère institutrice, un frère. Elle a fait des études de
philologie orientale. Elle est arrivée au journalisme après une
succession de hasards et d'opportunités, comme souvent dans ce
métier. Célibataire, elle gagne sa vie et s'assume. Elle est certes
atypique en comparaison à ses cousines qui n'habitent pas dans
une grande ville comme elle. Un peu plus âgées, ces dernières sont
mariées et déjà mères. « Pour ma famille de province… je suis un
cas désespéré ! » s'amuse t-elle. Magda connaît pourtant un certain
nombre de jeunes femmes qui partagent sa situation. Elle n'est
pourtant pas une arriviste prête à tout sacrifier pour faire carrière,
loin de là. Si elle n'a pas encore fondé une famille, c'est avant tout
parce qu'elle n'a pas trouvé avec qui. « Un enfant pourquoi pas,
mais pas un bébé éprouvette quand même ! », lance-t-elle sous
forme de boutade. Les hommes polonais… On pourrait en noircir
des pages sur leur compte ! Ils ont, selon elle, de bien mauvaises
habitudes. Pourris-gâtés par des mères qui ont tout fait pour eux
depuis leur enfance, ils refusent de grandir et d'assumer quoi que ce
soit. Leur occupation favorite ? « Regarder leur ventre pousser en
jonglant avec la télécommande ! » Tout un programme. Et si l'un
semble se détacher du lot, on ne tarde pas à lui découvrir un vice,
même pas vraiment caché : la boisson… Elle avoue sans doute un
peu forcer le trait mais le constat n'en demeure pas moins amer. Et
les femmes dans tout ça ? Bien sûr, elles ont leur part de
responsabilité dans l'éducation qu'elles ont donnée à leurs enfants,
des deux sexes. « Les filles de ma génération, dit Magda, n'ont pas
été élevées pour être avant tout des ménagères. Nous avons fait
des études, nous nous sommes émancipées. Et puis, nous avons eu
bien plus de possibilités que nos aînées. » Plus indépendantes et
donc plus exigeantes. Les hommes n'ont pas compris.
Andrzej n'est pas d'accord. A 49 ans, il a reçu une éducation que

Magda qualifierait sans doute de classique. Pour l'heure, les
femmes… ce n'est pas trop ça. Il se sépare de la sienne. Ses deux
filles adolescentes n'ont cessé de leur dire qu'ils n'avaient aucune
raison de rester ensemble s'ils ne s'aimaient plus… Le couple a fini
par les écouter. « Ici, les femmes sont tombées sur la tête ! »
lance-t-il. « Elles ne savent pas ce qu'elles veulent ! D'ailleurs elles
veulent tout et son contraire. Il ne faut pas s'étonner que de plus en
plus d'hommes aillent chercher une épouse en Ukraine ou en
Russie. » « Evidemment, dans ces pays moins favorisés, un
Polonais apparaît comme une chance de s'en sortir ! » rétorque
Magda. Dialogue sans fin…. Elle insiste pour payer une tournée.
Signe d'indépendance. « Ca ne se fait pas ! » dit Andrzej. Elle paie
quand même. Il la gronde en plaisant sur sa mauvaise éducation
puis redevient sérieux. « La Pologne aujourd'hui… c'est un pays
morose. Les Polonais se sentent perdus. Ils n'ont pas confiance
dans leur classe politique et ils ne se font pas confiance non plus.
Au début des années 1990, la situation était bien différente. On avait
tous des projets, tout semblait possible ! On avait tellement pris
l'habitude de se débrouiller à l'époque du communisme, on aurait pu
conquérir le monde ! » Ca ne s'est pas fait. A cette époque, lui a
monté deux sociétés. Aujourd'hui, pour rien au monde il ne referait
des affaires ici. Il a des projets en Ukraine et en Sibérie. On n'en
saura pas plus.
La soirée est vite passée. Les tournées de vodka se sont succédé.
Les amis aussi : plusieurs connaissances de ce faux couple sont
venues saluer ; un signe de la main, une bise, un toast… Pour une
fois, les deux amis sont d'accord : « Ca c'est Cracovie ! Un vrai
village ! Quand on sort, on est toujours sûr de rencontrer un ami… ».
Pour l'heure, il est temps de rentrer. Ils se donnent rendez-vous le
lendemain. Où ? « On finira bien par se retrouver ! »

Agnieszka Cianciara
Etudiante
De son arrière-grand-père venu de la région de Trieste au temps de
l'Empire austro-hongrois, elle a hérité un nom qui ne sonne pas du
tout polonais et de belles boucles brunes. De sa mère, qui a
multiplié voyages et contacts à l'étranger dans son travail, elle a
acquis le goût des langues et une véritable ouverture sur le monde.
A 24 ans, Agnieszka parle quatre langues et mène de brillantes
études. Une tête bien faite et bien pleine.
Agnieszka s'exprime dans un excellent français. Elle a commencé à
apprendre la langue de Molière à l'école en Pologne puis a
largement pratiqué dans le cadre du séjour d'un an qu'elle a effectué
à l'université libre de Bruxelles. Vive l'Europe et le programme
Erasmus qui favorise les échanges ! Cette année, elle a repris son
cursus en sciences politiques à l'université de Varsovie et s'apprête
à soutenir un mémoire de DEA intitulé « Le populisme organisé face
à l'intégration européenne : le cas de l'Autriche, de la Belgique et de
la France ». L'Europe encore. Et elle ne compte pas s'arrêter là. Elle
vient d'être admise au collège d'Europe à Bruges, avec l'idée de se
spécialiser… dans les questions européennes. L'Europe toujours. Le
but de tant d'efforts ? Une carrière à la commission européenne,
pourquoi pas ? Ou alors la diplomatie : le ministère des Affaires
étrangères en Pologne a récemment créé une école pour former une
nouvelle génération de diplomates. Ca, ce serait le « plan B »
comme elle dit. Pas de plan C : c'est une étudiante douée et
travailleuse qui devrait arriver à ses fins. Une chose est sûre : elle
n'envisage pas une carrière sans dimension internationale. Le
monde est vaste mais l'Europe suffirait à ses ambitions. C'est tout
naturel car la Pologne fait clairement partie de l'espace européen.
Non pas qu'elle se sente trop à l'étroit dans son pays… mais elle
possède un esprit qu'elle qualifie de cosmopolite. Curieuse et
adaptable, douée pour les langues, elle se sent à l'aise partout. Bien
sûr, elle est attachée à Varsovie, la ville où elle est née, « mais
avant tout parce que ma famille et mes amis s'y trouvent, dit-elle. Il
n'y a rien que j'aime plus que tout ici. J'habite à Ursinow, un quartier
d'immeubles d'habitation construit dans les années 1980, qui ne
présente aucun intérêt particulier. A Varsovie, on trouve les mêmes
problèmes que dans n'importe quelle grande ville… le charme en
moins ! Il n'y a pas de vie de quartier, comme à Paris par exemple.
La ville n'est pas spécialement belle… Quand je suis loin, rien ne me
manque, à part mes amis. Et puis, je pense que je suis encore trop
jeune pour attacher une grande valeur sentimentale aux lieux ! »
Quand on lui demande ce qu'elle pense de l'évolution générale de
Varsovie depuis une dizaine d'années, elle fait une réponse assez «
diplomatique » : il y a du contre… et du pour. « Il règne à Varsovie
une ambiance digne d'un pays d'Amérique latine en ce qui concerne
la politique de développement : chacun y va de son projet, la plupart
du temps sans se soucier d'esthétique ni d'environnement, et sans
projet à long terme. C'est l'anarchie complète et ça n'améliore pas la
beauté de la ville… » Elle déplore la multiplication des grands
centres commerciaux, temples sans âme de la grande
consommation dans lesquels elle ne se retrouve pas… mais
reconnaît aussi qu'il y a maintenant à Varsovie de plus en plus
d'endroits sympas pour sortir, des bars ou des cafés comme elle a
pu en fréquenter à Londres, Paris ou Bruxelles.
Quelles sont donc les envies des jeunes gens de Varsovie
aujourd'hui ? On ne s'étonnera pas que dans le cercle de ses amis,
Agniezka en compte beaucoup qui souhaitent vivre et travailler à
l'étranger, ne serait-ce qu'un temps. Les autres ? « Tout le monde a
évidemment envie d'avoir une bonne formation, préalable à un bon
travail. L'université de Cracovie est réputée pour la philosophie mais
Varsovie est imbattable pour le reste. Tous ceux qui veulent réussir
– et qui en ont les moyens ! – viennent étudier ici. » C'est aussi dans
la capitale que se trouvent la plupart des grandes entreprises
nationales et des entreprises étrangères. Il y a plus d'opportunités,

nettement moins de chômage qu'ailleurs : « comparé en beaucoup
d'autres régions en Pologne, Varsovie est un petit paradis
économique ». Et à quoi les heureux élus aspirent-ils ? Des choses
qui nous semblent très banales : « gagner de quoi vivre pas trop
mal, de quoi prendre un crédit pour un appartement, sans oublier la
voiture ! » Agniezka n'en est pas encore là. Elle rappelle que depuis
longtemps les Polonais partent travailler à l'étranger, en Allemagne,
en Italie, en Espagne… souvent au noir, et dans ce cas de façon
temporaire, avec pour seul but de gagner de l'argent. Entre 1980 et
1990, on a enregistré 100 000 départs officiels par an… Ira-t-elle
grossir les rangs de l'émigration ? Il est encore trop tôt pour le dire.
Elle avoue qu'elle a envie de fonder une famille un jour, mais pas
tout de suite. Elle se sent encore bien jeune ! Elle ne veut pas avoir
de regrets, ni brûler les étapes. Pour le moment, elle trouve
dommage d'avoir commencé sa scolarité l'année où le russe n'était
plus obligatoire pour les écoliers polonais : « On a tellement de
contacts avec la Russie maintenant ! » Il n'est sans doute pas trop
tard pour apprendre.

Ewa et Maja
“Enfants du post-modernisme“
On croise souvent Ewa et Maja au Madame, le QG des branchés un
peu décalés de la Vieille Ville. Ce soir-là, la chanteuse Aldona
Nowowiejska donne un récital, accompagnée par deux musiciens.
Comme souvent, le public est très mélangé. Installées sur l'un des
lits qui fait office de banquette dans un coin de la salle, nos deux
amies peaufinent l'un des happenings de la soirée : la présentation
des bijoux créés par Maja.
Elles peaufinent leur look aussi. Ewa, béret vissé sur la tête, a
décidé d'improviser une nouvelle tenue pour la deuxième partie de
soirée. Elle troque son pull contre un T-shirt blanc qu'une bonne
âme l'aide à customiser : 5 trous sont découpés sur un côté. « Au
cas où quelqu'un aurait envie d'y mettre les doigts » dit en souriant
la nouvelle créatrice de mode. « Il faut bien avoir des idées
puisqu'on a pas beaucoup d'argent ! » Mais il ne faut pas se fier à
leur allure délurée. Leur discours révèle une vraie maturité et des
interrogations sans réponse. Et ce n'est pas seulement une question
d'âge.
Les deux amies, âgées de 22 ans, ne sont pas nées à Varsovie
mais dans la région des Sudètes. « Dans les montagnes, précise
Ewa avec un regard énigmatique. Elles nous ont toujours protégées.
Il y beaucoup de légendes à ce sujet… » Pour l'heure, on n'en saura
pas plus. Elle est arrivée dans la capitale voici trois ans pour suivre
des études supérieures. Son cursus ? « Sciences de la Culture ».
Mais son rêve, c'est de devenir actrice. Elle ne se contente pas de
rêver. Elle se donne les moyens de ses ambitions en prenant des
cours et « en sortant le plus possible. Ici, tout va très vite. Il faut
bouger, voir du monde. Tout fonctionne par réseau et bouche à
oreille ». Dans la course, les deux amies sont en bonne place. Le
portable d'Ewa ne cesse de sonner : il faut bien organiser les soirées
à venir ! Elles vivent en multipliant les petits boulots, notamment de
serveuse dans les bars : « On est aux premières loges ! » Leur vie
ne saurait cependant pas être résumée à un tourbillon de festivités.
« Pour nous, le communisme, ça n'a jamais voulu dire grand-chose.
Je suis née en 1983, raconte Ewa, le régime est tombé quand j'avais
6 ans et je n'en garde quasiment aucun souvenir. Pour la génération
de mes parents, en revanche, ça a été un choc. Comme tout le
monde, ils ont été contents, mais je me rends compte qu'ils ont
perdu une partie de leurs repères. Ils ont su s'adapter mais ça n'a
pas été toujours facile. Et ce n'est pas plus facile pour nous, les
enfants de ces hommes et de ces femmes. D'une certaine façon,
leur monde était plus facile à vivre, plus codifié. Nous, c'est comme
si il nous manquait des clés. Et nos parents, forcément, n'ont pas pu
nous les donner. A priori, nous avons plus de possibilités qu'eux.
Nous pouvons voyager facilement, choisir nos études, nos vies. En
réalité, nous ne savons pas trop où nous allons. Bien sûr, je suis
certaine que la plupart des gens de notre âge se posent les mêmes
questions, où qu'ils soient, mais pour nous, gens de l'Est, c'est
encore autre chose. » Maja poursuit : « Je me souviens quand je
suis allée à Paris l'hiver dernier. Rien dans mon apparence ne me
distinguait spécialement des gens que j'ai rencontrés. Je porte
généralement un jean, des baskets. J'ai fréquenté pas mal de
monde et notamment des Polonais de Paris, donc je ne n'étais pas
absolument perdue. Et pourtant, je me suis sentie diminuée, je ne
sais pas comment dire… Je me suis fait l'effet d'être la cousine de
province en visite dans la grande ville. Un malaise vague et assez
indescriptible. Et pourtant, je dois être honnête : tout le monde a été
sympa, je n'ai jamais perçu un regard ou une remarque qui auraient
pu me faire me sentir nulle ou plouc. C'est vraiment difficile à
expliquer. Et plus j'y pense, plus je me dis que ça vient de moi. C'est
moi qui ai “fabriqué“ ce sentiment, c'est mon complexe. » Ewa
acquiesce. Pourtant, elles l'affirment , et pas seulement pour nous
faire plaisir ! : « Paris, c'était génial ! On aimerait y retourner dès que
possible. » Pour l'heure, elles nous dévoilent en avant-première les

créations de Maja. Epinglés sur une immense cage à oiseaux en
métal, plusieurs paires de boucles d'oreilles, des bracelets, des
colliers colorés souvent fabriqués à partir d'épices : bâtons de
cannelles, étoiles d'anis et autres ingrédients exotiques détournés.
La conclusion revient à Maja : « Nous sommes en quelque sorte les
enfants du post-modernisme. A nous d'inventer nos règles et notre
vie. »

Agnieszka Graff
Professeur et féministe militante
Agnieszka Graff est quelqu'un qui s'engage et qui agit. Question de
génération selon elle ; question de personnalité aussi. Cette jeune
femme, professeur de littérature américaine à l'université de
Varsovie, est l'une des grandes figures du mouvement féministe qui
a émergé en Pologne à la fin des années 1990. A des années
lumière de l'image de la « harpie » que certains médias veulent
parfois donner d'elle, elle raconte avec humour son parcours. La
lutte est loin d'être terminée, mais elle est prête à se battre aussi
longtemps que nécessaire.
Agnieszka commence par s'excuser du désordre qui règne chez
elle. Installée depuis peu dans un nouvel appartement, elle est
encore dans les cartons. Elle a quitté la rive gauche de la Vistule et
le quartier de Mokotow pour venir vivre de l'autre côté du fleuve,
dans le district de Saska Kempa. Dans cette zone résidentielle,
épargnée par les ravages de la Seconde Guerre mondiale qui ont
tant marqué la ville, les immeubles coquets s'alignent le long de rues
et de passages calmes qui portent pour la plupart le nom d'une ville
ou d'un pays. À Varsovie plus qu'ailleurs sans doute, on est attaché
aux bâtiments construits avant 1945… Ils sont si rares ! Agnieszka
occupe un duplex dans un petit immeuble qui date de 1938. Comble
du bon goût, elle connaît le nom de ceux qui y ont vécu avant elle :
tout a commencé dans les années 1930 avec une actrice d'origine
juive…
Agnieszka est née à Varsovie en 1970. Son père est aussi natif de
la capitale, sa mère, elle, est née à Cracovie mais elle a grandi à
Varsovie. La jeune femme ne manque pas de souligner l'importance
que revêt le fait d'être né, ou non, dans la ville. L'importance aussi
du quartier dans lequel on vit, en terme de classe. Saska Kempa est
à la mode. Pour certains, c'est le quartier gay de Varsovie. Une
chose est sûre : il y règne une ambiance « village » peu commune
dans une grande ville. Les voisins se connaissent et s'entraident
volontiers. C'est aussi un des souvenirs qu'elle garde de sa
jeunesse. « Beaucoup évoquent la Varsovie des années 1980
comme une ville morose, mais pour moi, c'est tout le contraire,
raconte-t-elle. Les gens de ma génération ont passé une grande
partie de leur temps libre dans les cages d'escalier… à discuter
politique ! » La brillante étudiante, née dans une famille de
professeurs de philosophie, n'échappe pas à la règle. « Discuter,
mais pas seulement. Nous avons inventé à cette époque une
manière particulière de montrer notre opposition au régime : des
manifestations… d'un genre un peu spécial ! » Dans le pays où
l'élection de Jean-Paul II en 1978 et les mouvements lancés par le
syndicat Solidarité ont ouvert une fenêtre contestataire, les étudiants
ne sont pas en reste. « Une fois, la mine sombre, nous nous
sommes mis à distribuer du papier toilette aux passants dans les
rues. C'était une denrée rare à l'époque ! Que pouvait faire la police
? Rien, parce que nous ne faisions rien de mal ! Pourtant, tout le
monde savait que c'était une façon de montrer notre désaccord avec
le régime. » En 1988, elle part poursuivre ses études aux Etats-Unis
puis en Grande-Bretagne. « Le dépaysement a été grand.
L'effervescence que j'avais laissée à Varsovie m'a manquée. » C'est
en rentrant en Pologne en 1995 qu'elle devient « féministe, par
défaut » selon sa propre expression. Comme si aucun autre choix
n'était possible. « Etre une féministe radicale en Pologne, c'est être
une femme ordinaire ailleurs » : la formule est de son compagnon,
un journaliste d'origine française. La voilà donc placée devant le
besoin de faire quelque chose. Elle raconte : « A l'Est, les droits des
femmes n'ont cessé de régresser depuis 1989, alors que partout
ailleurs ils ont progressé depuis mai 68. La société polonaise
contemporaine a créé un mythe, selon lequel la période communiste
a été un matriarcat. Peu importe de savoir si c'est vrai ou pas : c'est
ce que l'on croit. L'idée repose notamment sur le fait que sous le
communisme, les droits des femmes étaient pris au sérieux. C'est

évidemment faux : à cette époque, personne ne pouvait imaginer
voir ses droits pris au sérieux et être respectés ! Ce qui est vrai, en
revanche, c'est que les femmes de l'Est ont acquis un certain
nombre de droits avant celles de l'Ouest : elles travaillaient, elles
avaient la possibilité d'avorter… La chute du régime en 1989 a
marqué une rupture : la Pologne devait redevenir un pays “normal“.
Nous avons alors assisté à une réappropriation du pouvoir et de
l'histoire par les hommes. Les femmes ont purement et simplement
disparu du paysage public. » C'est dans ce contexte que paraît Un
monde sans femmes (2001), un essai dans lequel la jeune
intellectuelle s'interroge sur ce phénomène qu'elle semble être une
des premières à remarquer… qu'elle est en tout cas la première à
dénoncer. L'un des chapitres évoque l'omission des femmes dans
l'histoire de Solidarité. Ces femmes-là réagissent vivement : «
Laissez-nous en dehors de tout ça ! Nous ne sommes pas des
féministes ! » s'entend-t-elle répondre. Il faut attendre la publication
d'un ouvrage d'une universitaire américaine trois ans après pour que
le débat s'ouvre enfin et que le féminisme fasse irruption dans la vie
publique nationale. Agnieszka est engagée dans « l'action »
autrement qu'avec sa plume depuis un certain temps. « En 1997,
nous avons commencé par peindre des affiches publicitaires que
nous jugions sexistes. L'important était ? et reste ? d'occuper
l'espace urbain, de changer les symboles de cette qui en regorge,
d'en prendre possession, car elle nous appartient aussi, à nous, les
Polonaises. » Il existe alors déjà des ONG féministes dans le pays.
Mais leur action, pour indispensable qu'elle soit, reste limitée. « Elles
ne disposaient d'aucune “visibilité“. Je voulais quelque chose de plus
fort. » Agnieszka participe alors à la création du mouvement Manifa.
« En 2000, nous avons organisé notre première manifestation pour
le 8 mars, la journée de la Femme. Nous étions 100. La veille, nous
avons passé la nuit à sillonner la ville par groupes de 3 pour coller
des affiches. Le lendemain, on ne voyait qu'elles ! Il faut dire qu'il n'y
avait pas encore autant de publicité sur les murs. » Il faut dire aussi
que le poster est particulièrement réussi : on y voit la « Mère
Pologne » dire son ras-le-bol… et son homologue masculin lui
annoncer qu'il est à ses côtés. Huit manifestations plus tard, les
défilés attirent au moins 2 000 participants, mais l'ambiance a
changé. « Il y a trois ans, c'était vraiment un rassemblement bon
enfant ; aujourd'hui, les groupuscules d'extrême droite peuvent nous
lancer des pierres… Celles et ceux qui participent savent qu'ils
prennent des risques. » Car le mouvement est soutenu par de
nombreux hommes. Ce n'est pas le moindre des paradoxes. Tout
aussi paradoxal selon elle : les rapports des Polonais avec la
religion. « Ici, il est impossible de lutter avec l'Eglise car elle a très
longtemps donné du sens à ce qu'être Polonais veut dire. Elle a
aussi joué un grand rôle dans la chute du communisme. Personne
ne l'oublie. Le catholicisme polonais est sentimental, et c'est une
bonne chose. Mais si on en croit les sondages, 90% des Polonais
seraient pour l'éducation sexuelle à école, 60% pour la légalisation
de l'avortement, et 40% des mariages seraient célébrés alors que la
femme est enceinte ! Les catholiques purs et durs, c'est en
Amérique que je les ai rencontrés. Là-bas, ils le sont par choix. Ils
ont des familles de 5 enfants et ne veulent pas entendre parler de
contraception ! Evidemment, pour ce qui est de la Pologne, il faut
nuancer le propos entre milieu rural et milieu urbain, mais les
catholiques sont souvent bien moins radicaux ici qu'ils ne le sont aux
Etats-Unis ! » La légalisation de l'avortement, interdit depuis 1993,
fait partie des questions pour lesquelles les féministes polonaises se
battent, mais il y a aussi l'égalité pour les salaires. « En Pologne,
50% des femmes croient en la nécessité du féminisme et 80%
estiment que la discrimination est une réalité. Pourtant, rares sont
celles qui se disent féministes. Et c'est très bien comme ça. Ne pas
aimer le féminisme, je dirais que c'est nécessaire ! Il faut qu'une
bande “d'agitées“ s'active pour les autres, pour qu'elles puissent dire
: “Nous n'en sommes pas, mais… “ A chaque époque, des femmes
ont accepté d'être stigmatisées pour faire reculer les limites de
l'acceptable pour l'ensemble des sujets de leur sexe.
Souvenez-vous des suffragettes au début du XXe siècle ; prononcer
leur nom équivalait à dire la pire des grossièretés ! Les choses
évoluent, progressivement. Moi, je veux bien être classée dans la
catégorie des “ folles furieuses “, ça n'a pas grande importance. Je
sais que c'est pour la bonne cause ! »
Le site de la principale organisation féministe polonaise (en anglais)
: www.oska.org.pl/english/index.php

24 heures

8h00
Sur les chapeaux de roue
Près du rond-point de Gaulle, au croisement des rues Nowy Swiat et du boulevard Jerozolimski, les bus, tramway et métro
ne manquent pas. Une deuxième ligne de métro de 20 km devrait être mise en service d'ici 2010, ce qui désengorgera sans
doute le centre-ville et le trafic des quinze stations déjà existantes.

8h30
Un ramoneur qui porte bonheur
Ils sont une quarantaine à Varsovie et on les aime car ils portent aussi bonheur ! La recette : en repérer un, toucher le bouton
en argent de son uniforme puis immédiatement chercher (et trouver !) du regard un homme ou une femme à lunettes (trois
dans l'idéal mais il y a des tolérances...). Le grand amour est garanti.

10h00
Au zoo
L'endroit figure toujours parmi les grands favoris pour les sorties du dimanche. Katarzyna et sa mère y viennent depuis...
toujours.

9h30
Fans de Citroën
Tout a commencé en 1994 par un problème mécanique... Depuis, ils ont pris l'habitude de se réunir les week-ends entre avril
et septembre. Eux, ce sont les heureux propriétaires de l'une des 200 Citröen de collection que compte la Pologne.
Principalement des 2 CV et des Ami 8.

11h30
Un café de quartier
Au café Lokalna, dans le quartier de Stare Mokotow, on accueille les clients en amis, toutes générations confondues. “C'est
un endroit comme il y en a peu à Varsovie, dit Tomek, le propriétaire. J'ai voulu créer un lieu où on peut passer, comme ça,
juste pour prendre un café et bavarder. Etre un peu comme chez soi aussi“. Eternel couplet de la grande ville anonyme.

12h00
“La Pologne va mal“
C'est ce que nous apprend le fondateur de ce parti qui défend la santé et l'écologie. Derrière ce joli programme : les relents
d'un discours contre tout et tout le monde, en particulier les juifs et les investisseurs étrangers qui dépècent la Pologne.

13h00
Une partie de campagne
Chez Dietka : ambiance rustique et cuisine roborative dans le quartier de Praga. On s'attend à voir arriver les poules et les
oies !

14h00
Bronzette sur les remparts
Pause entre deux cours pour ces étudiantes : les remparts sont parfaits pour ça. “Regardez, on n'est pas les seules à avoir
eu l'idée !“

15h00
Culture au Palais
S'il s'est “embourgeoisé“ avec l'installation d'un cinéma multiplexe, le palais de la Culture et des Sciences conserve sa
vocation d'origine : une exposition sur le cerveau est en ce moment à l'affiche.

16h00
Pause gourmande chez Blikle
Très chic, le thé chez Blikle. Le célèbre café de l'avenue Nowy Swiat régale les gourmands de Varsovie et d'ailleurs depuis
1869. La spécialité à ne pas manquer : les paczki, sorte de beignets.

17h00
Un musée moderne
Le centre d'Art contemporain est installé dans le palais Ujazdowski, au coeur d'un parc magnifique. Collections permanentes,
expositions temporaires réputées, cinémathèque très courue, bibliothèque spécialisée particulièrement bien achalandée et
restaurant branché pour bruncher : l'endroit à tout pour plaire.

18h30
Lecture chez Empik
Toute la culture sur quatre étages chez Empik, “l'agitateur d'idées“ polonais. On y trouve une belle papeterie, la presse
nationale et internationale, des livres, des disques, et même une école de langues.

20h00
Veillée aux chandelles
Ici, on aime vraiment beaucoup les bougies, en particulier à l'occasion des fêtes religieuses, mais là, c'est un peu
exceptionnel : demain ont lieu les obsèques du pape (8 avril 2005).

21h30
Happy Hour
Les bars sont remplis tous les soirs. Comme partout, on aime y retrouver ses amis... voire s'en faire de nouveaux !

23h30 Hep taxi !
Les chauffeurs de taxi polonais sont très bien placés dans le palmarès européen : à eux, la palme de l'amabilité et de
l'efficacité !

0h00
Shopping nocturne
Certains supermarchés de quartier sont ouverts 24 heures sur 24. De quoi organiser un pique-nique à toute heure de la
nuit...

Visite virtuelle

Une ville en mouvement
Elle a la réputation d'être grise et triste, d'aligner ses cités HLM moroses le long d'avenues
sans charme. Elle est souvent critiquée pour le côté “toc“ de ses palais reconstruits de
toutes pièces après la Seconde Guerre mondiale. La capitale de la Pologne souffre d'un
déficit d'image auprès de ceux qui ne la connaissent pas et d'un manque d'indulgence
flagrant de la part de ses habitants. Beaucoup sont ici par obligation professionnelle et se
sentent un peu comme des “locataires“ de la ville. Les Varsoviens d'origine sont assez
rares... et tout aussi critiques. “Il n'y a pas de centre“, “Cette ville ne possède aucun
charme“, “Rien n'est harmonieux“ commencent-ils volontiers par dire, avant d'ajouter
généralement qu'ils n'imaginent pas vivre ailleurs. Le visiteur de passage, lui, est
généralement séduit, ou tout au moins soulagé : Varsovie a bien meilleure allure qu'il ne
l'avait imaginé. Le temps a fini par donner une certaine patine aux constructions
faussement anciennes. Les barres d'immeubles sont bien là... mais jamais très loin d'un
bâtiment qui a plus de prestance. Et puis il y a l'ambiance : la ville bouge, ne cesse
d'évoluer. Elle est animée et ses habitants se montrent ouverts, chaleureux même. Bref,
une bonne surprise et tout de même un petit miracle : il ne faut jamais oublier qu'en 1945,
Varsovie était détruite à 90%.
Varsovie du futur
Nom de code : PKiN
Le retour du fils prodige
Les nouveaux consommateurs
Warszawa Centralna
L'Express pour Cracovie

Varsovie du futur
Dans les quartiers du centre comme dans les quartiers périphériques, les chantiers vont bon train. On détruit pour mieux
reconstruire, ou plus incroyable encore dans une grande ville comme celle-là, on construit dans des espaces laissés en
friche depuis des décennies. Images d'une cité à l'allure (par endroits) futuriste.

Nom de code : PKiN
C'est l'édifice le plus haut de Varsovie, et d'ailleurs de toute la Pologne. Le palais de la Culture et des Sciences, 0palac
Kultury i Nauki dans le texte, également connu sous le sigle PKiN, est l'un des monuments les plus ambigus de la ville.
Les Varsoviens entretiennent avec lui des rapports un peu... schizophréniques. Conçu par Lev Roudniev, l'architecte des
gratte-ciel staliniens de Moscou et offert par le maître du Kremlin, le lieu est longtemps apparu comme un sinistre rappel
du triste sort de la Pologne d'après-guerre. Il a toujours ses détracteurs mais il fait partie du paysage depuis 1955. Ce
serait tout de même dommage de le démolir, non ?
Intérieur-extérieur
Sentinelles de pierre
Un balcon sur la ville
Au trentième étage du palais
de la Culture en 360°

Intérieur-extérieur
Quelques faits et chiffres. Le PKiN, c'est trois ans de travaux (1952-1955) menés par quelques 3500 ouvriers venus
spécialement d'URSS pour l'occasion, une hauteur de 230,68 m jusqu'au sommet de la flèche, 167,68 m jusqu'à la base de
la flèche, 42 étages, une superficie de 123 084 m2, une capacité de 817 000 m3, 3288 pièces... une banque, une poste, des
salles de conférences et de concert, des auditoriums, des musées, des cinémas, un restaurant, des cafétérias, des
boutiques...
Une entrée qui n'est pas sans rappeller celle de certaines stations du métro de
Moscou.

Sentinelles de pierre
Le palais de la Culture et des Sciences est gardé par un bataillon de statues monumentales et didactiques comme l'imposent
les canons du réalisme socialiste. Ce jeune homme qui tient un volume des oeuvres de Marx, Engels et Lenine ou cet autre
armé des outils du parfait ouvrier apparaissent comme les apôtres d'un monde disparu.

Un balcon sur la ville
L'ascenceur conduit en quelques secondes au 30e étage de la tour, d'où, à 114 m d'altitude, se découvrent
d'impressionnantes vues panoramiques sur Varsovie.
Les grilles de protection de la terrasse panoramique ont été installées en 1956...
après le suicide de huit personnes, un Français et sept Polonais.
Comme tous les écoliers de la région, Aneta est venue ici quand elle était enfant.
Diplômée en ressources humaines et en psychologie, elle a été recrutée comme
guide pour l'exposition sur le cerveau.

Au trentième étage du palais de la Culture et des Sciences

Le retour du fils prodige
Stanislas Fiszer est né à Varsovie en 1935, père architecte, mère peintre. Le jeune homme qui suit les traces de son père
trop tôt disparu étudie à Gdansk... et choisit l'exil à la fin des années 1960. Direction la France. Il y fera un brillante carrière
comme architecte de la fonction publique. Son pays d'adoption lui doit notamment des écoles, des logement, un théâtre
(Saint-Quentin-en-Yvelines) et une ambassade (celle du Japon, avenue Hoche à Paris). Dans sa ville natale, où il a ouvert
une agence en 2001, il a construit la nouvelle bourse et aménage les arcades du château royal.
Stanislas Fiszer dans l'antenne varsovienne de son agence, Atelier 41, rue
Sienkiewicz.
“Varsovie, c'est un grand désordre ! Tant de matériaux, tant de technologies
nouvelles sont mises aujourd'hui à la disposition des architectes. Ici, les nouvelles
constructions souffrent trop souvent du peu de soin qu'on apporte à leur réalisation,
d'un manque d'homogénéité, d'un manque de lisibilité.“
L'agence de Stanislas Fiszer participe au concours ouvert par la municipalité pour
réaménager les abords du palais de la Culture. Pour l'architecte, il faut “casser la
perspective moyenne du lieu“ et faire surgir le bâtiment, “comme une cathédrale“.
Une chaise conçue par Stanislas Fiszer pour les archives nationales de France.
L'Atelier 41 s'occupe de l'aménagement des arcades situées en contrebas du
château royal.
Rue Solariego, dans le quartier de Filtry, aménagé dans les années 1920 : un
immeuble d'habitation construit avant la guerre par Monsieur Fiszer père. Aujourd'hui,
le fils se désespère des aménagements qui dénaturent le bâtiment : volets roulants et
huisseries en plastique...

Les nouveaux consommateurs
Varsovie n'a plus de complexes à avoir : comme tous les autres Européens, ses habitants peuvent faire leurs courses chez
Carrefour, acheter leurs équipements sportifs chez Decathlon, leurs meubles chez Ikea, leurs vêtements chez H&M, leurs
hamburgers chez MacDonald's. C'est aussi ça le progrès ?
Galeria Centrum : le grand magasin polonais...
... On y trouve les mêmes produits que dans n'importe quel temple de la
consommation de la planète.
Un dimanche après-midi devant la galerie marchande avenue de Jérusalem (Al.
Jerozolimskie), à deux pas de la gare centrale. Dans cette partie de la ville, la plupart
des magasins sont ouverts sept jours sur sept.
De l'autre côté de l'avenue : “shopping“ culturel. L'austère palais de la Culture et des
Sciences abrite un multiplexe où se jouent les grands succès du cinéma
international... américain, donc.
Paris ? Londres ? Berlin ? Non, Varsovie. Mais en matière de fast food, c'est du pareil
au même.

Warszawa Centralna
La gare centrale de Varsovie est l'une des cinq gares de la capitale polonaise. C'est ici, au centre de la ville, qu'arrivent les
trains en provenance de l'étranger. Dans le grand hall froid et anonyme, les pas résonnent au son des annonces faites en
cinq langues.
Du premier étage de la gare, on apprécie l'ampleur du remodellage du centre de
Varsovie...

... Tous ces immeubles futuristes sont destinés à accueillir des bureaux et des
boutiques.

L'Express pour Cracovie
Depuis Varsovie, il faut compter 2h30 pour rejoindre Krakow Glowny, la gare centrale de Cracovie. Un voyage “à l'ancienne“,
dans des compartiments à six places, service compris.
Au wagon-restaurant, on travaille de manière traditionnelle : Jacek prend les
commandes et sert les boissons, Anna prépare les salades et cuit les omelettes sur
ses fourneaux !
Inutile de se déplacer pour une boisson : une aimable hôtesse circule dans les
couloirs du train.

Varsovie l'ancienne
La capitale de la Pologne est une ville un peu spéciale : si l'on en croit ses habitants... elle
n'a pas de centre. Certains sont toutefois prêts à lui en reconnaître plusieurs. La Vieille
Ville (Stare Miasto) et la Ville Nouvelle (Nowe Miasto) constituent indéniablement le centre
des touristes. Et des amateurs de vieilles pierres, à condition qu'ils ne soient pas trop
regardants sur l'ancienneté. Le coeur historique de Varsovie a en effet particulièrement
souffert des ravages de la Seconde Guerre mondiale. En 1944, il présente l'aspect d'un
champ de ruines. On raconte que les rares habitants de la ville ne pouvaient plus s'y
orienter sans l'aide d'une boussole... Dès les premières années de l'après-guerre, les
autorités décident de rebâtir le quartier à l'identique. Elles y mettent un point d'honneur : il
en va de l'identité nationale. Certains chantiers ne sont achevés que dans les années
1980. On reproche souvent à la ville de manquer d'authenticité mais on oublie trop souvent
à quoi elle ressemblait il n'y a pas si longtemps...
Le coeur de la Vieille Ville
Des visages...
La Nouvelle Ville
Le tour des remparts
Une fidèle reconstitution
La place du Château
Un pays catholique
Panoramas sur la Vieille Ville

Le coeur de la Vieille Ville
A mi-chemin entre la place du château et la Ville Nouvelle, le Rynek, place du Marché, forme le coeur palpitant de la Vieille
Ville. Ce vaste quadrilatère bordé de maisons aux façades colorées, de style baroque ou Renaissance, est une pure
reconstitution de la deuxième moitié du XXe siècle mais l'illusion est parfaite !
L'héroine de la place, c'est elle : la sirène. Ce personnage mi-femme, mi-poisson,
figurant sur les armoiries de la ville depuis le XIVe siècle, est l'objet d'une légende fort
ancienne qui fait d'elle la soeur de la sirène de Copenhague ! Si elle est armée d'une
épée et d'un bouclier, c'est pour défendre les habitants de Varsovie qui se sont
montrés si gentils avec elle.
Les cafés ont remplacé l'hôtel de ville et les étals des marchands qui occupaient le
centre de la place jusqu'en 1817.
L'église Saint-Martin, rue Piwna...

... a souvent changé d'allure depuis sa fondation au XIVe siècle. Reconstruite en
1955, elle a retrouvé son style baroque. De nombreux opposants au régime s'y
donnaient rendez-vous dans les années 1970 et 1980.

Des visages...
... croisés dans le centre historique de Varsovie.
Dans un restaurant de la place du Marché de la Nouvelle Ville.
Devant un café de la place du Marché de la Vieille Ville.
Au bar Polyester, rue Freta.
Sur la place du Marché de la Vieille Ville.
Place du Marché de la Vieille Ville, devant les peintres du dimanche.
Sur la place du Marché de la Vieille Ville.

Rue Piwna, non loin de la place du Château.

La Nouvelle Ville
En dépit de son nom, la Nouvelle Ville remonte au début du XVe siècle. Ancien quartier d'artisans, elle n'a été rattachée à
Varsovie qu'à la fin du XVIIIe siècle ; les maisons en bois furent alors remplacées par des édifices en briques.
Le Rynek de la Nouvelle Ville est un vaste espace de forme irrégulière. Difficile
d'imaginer qu'il a été un centre animé tant il semble n'être aujourd'hui qu'un lieu de
passage.
L'église Notre-Dame-de-la-Visitation (1409) est l'une des plus anciennes de la ville.
Elle a gardé son caractère gothique en dépit des nombreux aménagements dont elle
fait l'objet au cours des siècles.
Rue Freta, le jour...
... et la nuit.
A l'angle de la place du Marché et de la rue Freta.
Rue Koscielna, la galerie à arcades d'un hôtel particulier du XVIIIe siècle transformé
en hôtel de luxe : le Regina.

Le tour des remparts
De larges pans des anciennes fortications de la ville, érigées à l'origine dans la première moitié du XIVe siècle, ont été
reconstruits après la guerre. Les remparts sont aujourd'hui un lieu de promenade agréable mais pendant l'occupation, de
nombreuses exécutions se sont déroulées sous ces murs.
La Barbacane (vers 1548) était un élément important du dispositif de défense de la
ville. Ce donjon ceint de quatre tours semi-circulaires précédait la porte d'entrée nord
de la cité. Les douves sont aujourd'hui le domaine des flâneurs.
Comme il se doit, la Varsovie des touristes attire les vendeurs de souvenirs divers...
... et variés...
... mais aussi les musiciens amateurs.

Une fidèle reconstitution
Toutes les salles du château n'ont pas retrouvé leur décor d'avant 1939. Ainsi, la salle du Sénat a été reconstituée selon
l'aspect qu'elle avait en 1791, époque de l'adoption de la constitution du 3 mai. Tout un symbole, et c'est bien ce dont il est
question ici : plus que tout autre édifice de la ville, le château, ancien siège du parlement, incarne le pouvoir, en l'occurence,
sa continuité.
La salle des Chevaliers : elle servait d'antichambre à ceux qui attendaient une
audience auprès du roi. Elle est ornée de peintures qui figurent les grands
événements de l'histoire de la Pologne et de bustes des personnages les plus
illustres du pays.
La salle de Marbre : ses murs sont revêtus de panneaux de marbre de différentes
couleurs. Reconstituée dans les années 1980, elle avait perdu son aspect dès 1835 :
le tsar Nicolas Ier avait fait démonter le décor.
Le plafond de la salle de Marbre : La Renomée proclamant les hauts faits des
monarques polonais, peint à l'origine par Marcello Bacciarelli (1731-1818), également
auteur des portraits des souverains qui ornent les murs de la salle. Il est l'un des
nombreux artistes italiens, parmi lesquels le grand Canaletto, que les rois de Pologne
firent venir à leur cour.
La chambre à coucher du roi.

Plus prosaïque : le café du musée.

La place du Château
C'est ici, non loin de la Vistule, que s'élevait dès la fin du XIIIe siècle la forteresse des ducs de Mazovie et c'est naturellement
au même endroit que les souverains de Pologne, entrés en possession du duché en 1526, établirent leur résidence. Le
château royal n'a cessé d'être agrandi et réaménagé au gré de leur fantaisie, des modes de leur temps... et des tragédies de
l'histoire, parmi lesquelles le sac des Suédois (1655) et le dynamitage des Allemands (1944) sont les plus marquantes. Sa
fidèle reconstruction, achevée en 1988, s'est faite sur la base de photographies et des nombreuses peintures où le bâtiment
était visible.
Des images qui se passent de commentaires...
En 1974, la foule se massa devant la tour de Sigismond (au centre du bâtiment) pour
assister à un événement hautement symbolique : la nouvelle mise en route de
l'horloge après plusieurs décennies de “panne“ bien involontaire.
La château royal est souvent le but de sortie d'un dimanche placé sous le signe de la
culture. On le visite pour ses intérieurs magnifiquement reconstitués ou pour y
découvrir de prestigieuses expositions artistiques temporaires.
Halte nocturne au pied d'un des monuments emblématiques de la place et de la ville :
la colonne Sigismond...
... haute construction de 22 m, surmontée de la statue du roi Sigismond III
(1587-1632), premier représentant de la dynastie Vasa en Pologne et instigateur du
transfert du pouvoir de Cracovie à Varsovie. Le monument fut érigé en 1644 sur ordre
de son fils et successeur Ladislas IV.

Un “cireur de pompes“ original : notre homme fait la promotion du parti politique qu'il
a créé.

Un pays catholique
Tout a commencé en 966. Cette année-là, Miezko Ier, chef des Polanes, tribu barbare qui occupe le territoire de l'actuelle
Pologne, épouse une princesse chrétienne, Dubravka, la soeur du duc de Bohême. Il se convertit au christianisme, se fait
baptiser et place dès lors son royaume dans le camp chrétien. Depuis... les Polonais sont restés fidèles à cette religion.
On ne reviendra pas sur les vicissitudes de l'histoire de leur pays, victime de multiples invasions et de nombreux
partages au point qu'il a même cessé d'exister à certaines périodes. La religion dans tout cela ? Elle a joué, à travers
l'Eglise, un rôle de ferment national puissant, presque un garant de l'identité polonaise si souvent mise à mal. En son
temps, le régime communiste dut aussi apprendre à composer avec cette puissance... que certains considèrent
aujourd'hui comme l'un des éléments qui a causé sa perte.
La foi au quotidien
Un pape polonais
Une immense ferveur

La foi au quotidien
96% des Polonais sont baptisés mais seuls 30% respecteraient à la lettre le message du pape. Les Polonaises prennent la
pilule (à leurs frais), ont des rapports sexuels avant le mariage et se hasardent même (très très rarement) à avoir des enfants
sans être mariées. L'avortement leur est interdit depuis 1993 mais, à en croire les sondages, une grande partie de la
population souhaiterait revenir sur une loi jugée rétrograde. Comme quoi, on peut être attaché à la religion catholique et
même communier, utiliser des moyens contraceptifs et ne pas rester sans voix face à une Eglise qui n'est pas réputée pour
ses positions progressistes. Le débat sur le mariage des prêtres ? On en est encore loin !
Devant une église de Varsovie : horaires des offices et faire-part de décès.

La Pologne détient au moins un record mondial : celui du plus grand nombre de
séminaristes par habitant. En 2000, 12% des prêtres européens et un prêtre sur 20
dans le monde étaient polonais.

Un pape polonais
Le pape Jean-Paul II s'est éteint le 2 avril 2005 au Vatican. En Pologne, on pleure bien sûr le chef de l'Eglise catholique. On
pleure surtout Karol Wojtyla, cet homme né dans la région de Cracovie en 1920 et devenu pape en 1978, objet indéniable
d'une grande fierté nationale et héros indirect de l'effondrement du communisme à l'Est. Dans son pays d'origine, un deuil
d'une semaine a été proclamé à l'annonce de sa mort. Les drapeaux sont
en berne, les spectacles ont été annulés, les Polonais se sentent orphelins.
Sur la place du Château à Varsovie : les images de la vie et l'oeuvre de Karol
Wojtyla, alias Jean-Paul II, sont diffusées en boucle sur écran géant.
Les Polonais ont déposé bouquets et bougies aux pieds de la statue de Jean-Paul II,
devant l'église place Grzybowski.
L'événement fait naturellement la une de la presse.
Hommages au pape disparu : de la part des écoliers varsoviens...

... et de leurs aînés.

Une immense ferveur
Les églises sont pleines, les chandelles se consument, les fidèles se recueillent. Ces images n'ont rien d'exceptionnel en
Pologne. La mort du pape Jean-Paul II ajoute cependant une autre dimension à la ferveur des croyants... et des autres. En
ce début du mois d'avril 2005, toute la Pologne est en deuil.

La Vieille Ville en panoramas
S'il est difficile de faire table rase du passé et d'occulter un patrimoine qui a été autrefois radieux, Varsovie est toujours
en quête d'une identité visuelle après soixante ans de reconstructions. L'espace de la Vieille Ville est aujourd'hui perçu
comme un tout assez cohérent et la vision panoramique contribue certainement à en révéler la réussite parce qu'elle crée
un espace fictif plus apte à composer avec l'imaginaire. Elle permet également d'éviter un certain constat de placage qui
n'échappera pas in situ au promeneur attentif.
La place de la Vieille Ville en
360°
La place de la Vieille Ville de
nuit en 360°
Les remparts en 360°
La salle de Chevaliers au
château royal en 360°

La place de la Vieille Ville

La place de la Vieille Ville de nuit

Les remparts de la Vieille Ville

Le château royal : la salle des Chevaliers

Praga : une ville dans la ville ?
On ne semble pas vivre les choses de la même façon de chaque côté de la Vistule. Quand
on habite rive droite, dans le quartier de Praga, et que l'on doit se rendre dans l'autre partie
de la ville, on dit qu'on va à Varsovie. Quand on est rive gauche et qu'il faut traverser le
fleuve, on dit qu'on va à Praga... De fait, ici règne une atmosphère à part. Relativement
épargné par les destructions de la Seconde Guerre mondiale, Praga a conservé nombre de
bâtiments du XIXe siècle, époque de son grand développement. Mais le quartier possède
une réputation dont il a du mal à se défaire : celle d'un faubourg ouvrier planté d'affreuses
cités et bien mal fréquenté. Cela n'effraie pas les “branchés“ audacieux qui font souffler sur
Praga un vent de bohème. La Fabryka Trzciny, ancienne usine de confitures transformée
en salle de concerts et lieu de happenings variés, est devenue l'un des endroits les plus en
vue de Varsovie !
De l'autre côté du fleuve
“Nous, des mauvais
garçons ?“
Foi orthodoxe
Un dimanche...
La Pologne dans la guerre

De l'autre côté du fleuve
Personne ne sait expliquer pourquoi le quartier s'appelle Praga, Prague en polonais... Peut-être a t-il compté autrefois une
forte proportion d'émigrés tchèques ? L'endroit semble néanmoins plus marqué par la présence russe : cathédrale orthodoxe,
monument aux combattants de l'Armée rouge, “bazar russe“, sorte de marché aux puces... Et ce n'est pas forcément un
compliment.
La cathédrale orthodoxe Sainte-Marie-Madeleine et le monument aux combattants de
l'Armée rouge.
Les quatre soldats de pierre qui montent la garde autour de ce curieurx monument
ont été baptisés les “Quatre Endormis“. Curieux, en effet, de rendre un vibrant
hommage aux hommes de l'Armée rouge qui, s'ils ont effectivement libéré Varsovie
en janvier 1945, sont restés stationnés à Praga les bras croisés à attendre durant de
longues semaines que les combattants de l'insurrection se fassent massacrer par les
Allemands. Un épisode que les Polonais ont du mal à oublier.
Souvenir russe ? Non. La fabrique de vodka Koneser, authentiquement polonaise,
occupe un vaste rectangle de 50 000 m2 entre les rues Zabkowska, Bialostocka,
Nieporecka et Markowska. Elle abreuve les amateurs depuis 1897, date de sa
fondation !
La cathédrale Saints-Michel-Archange-et-Florian (fin XIXe siècle) : elle a été en
grande partie reconstruite après la guerre dans son style néo-gothique d'origine.

“Nous, des mauvais garçons ?“
Praga, ses cités et ses voyous... La réputation est tenace, l'image correspond en partie à la réalité.
Il y a quelques années encore, la rue Zabkowska avait plus que mauvaise presse : à
Varsovie, prononcer son nom faisait frémir ! Las des braquages, des vols à la tir, des
trafics divers et des délinquants variés, de l'incapacité de la police à réagir, les
habitants du quartier ont organisé des rondes de surveillance. A les en croire, tout va
beaucoup mieux depuis.
Autoproclamés “mauvais garçons“, ces deux-là avouent avoir déposé des fleurs et
des bougies sur les marches de l'église voisine. On ne saura rien de plus de ce qui
les occupe en dehors de ces pieuses activités...
Un air de banlieue pas vraiment favorisée...

Foi orthodoxe
En 1939, ils étaient 6 millions à dépendre d'une église, proclamée autocéphale depuis 1924. Avec la redéfinition des
frontières de l'après-guerre qui a amputée la Pologne de ses territoires ukrainiens, biélorusses et lituaniens, ils ne sont plus
environ que 600 000 aujourd'hui. Les orthodoxes seraient à présent 20 000 à Varsovie où ils disposent de quatre paroisses,
dont la cathédrale métropolitaine Sainte-Marie-Madeleine.
La cathédrale Sainte-Marie-Madeleine, construite en 1867, consacrée en 1869 et
épargnée par la guerre.
Les peintures sont récentes : à droite, hommage à saint Grigol Peradze, un moine
géorgien mort à Auschwitz en 1942 et cannonisé en 1995.

Un dimanche...
... de détente loin de l'agitation du centre de Varsovie.
Un plan d'eau artificiel dans un décor industriel...
... c'est ici que Pawel vient prendre l'air dès qu'il en a l'occasion. Ce qu'il pêche ? Il
n'en a pas la moindre idée. D'ailleurs, il relâche tous les poissons qu'il attrape !
Pique-nique improvisé dans le parc Skaryszewski.
Toujours aussi populaire : le zoo, ouvert en 1927 dans l'enceinte du parc Praski. Les
héros du jour sont...
... deux gentils ours bruns. Mais on n'en voit généralement qu'un : l'autre est très
timide.

La Pologne dans la guerre
Varsovie, ville martyre, est le symbole de la lutte de tout un peuple amené au fil de l'Histoire à devoir retrouver sans cesse et
dans la peine sa souveraineté. Démembrée, occupée, écrasée, recomposée, passant d'une orbite totalitaire à une autre, la
Pologne continue à être au coeur d'une Europe dans laquelle elle ne veut plus aujourd'hui jouer les seconds rôles, ou les
souffre-douleur.
En septembre 1939, la guerre commence par un déluge de bombes. Hitler inaugure
la Blitzkrieg (guerre éclair) en Pologne : les résultats sont foudroyants.
Images de l'occupation allemande. Un seul but pour les armées du Reich : semer la
terreur parmi la population pour mieux la soumettre. Humiliations et exécutions
sommaires sont le quotidien des Polonais.
Tous les témoins de l'époque sont formels : d'une manière ou d'une autre, dans
toutes les familles polonaises, on a participé à la résistance. Coller des affiches,
porter un message, donner le gîte ou le couvert... chaque acte, aussi modeste fut-il, a
compté. Ce soutien inconditionnel de la population a permis à l'Armée de l'Intérieur
(Armia Krajowa) de remporter de beaux succès et de lancer l'insurrection d'août 1944
pour tenter de libérer Varsovie.
La lutte est très inégale : la garnison allemande regroupe 28 000 hommes, les
Polonais alignent plus de 40 000 combattants mais ces derniers sont souvent peu
entraînés et mal armés. L'Armia Krajowa compte sur le soutien des Soviétiques qui
ont largement incité les Poloanis à passer à l'action. L'Armée rouge est si proche, elle
se tient sur le rive droite de la Vistule, à Praga.
Mais l'impensable se produit. Les Soviétiques attendent... que les Allemands
écrasent la résistance polonaise au cours d'une lutte sans pitié. Pour Staline, le calcul
est clair : certain de faire passer la Pologne dans sa “zone d'influence“, il laisse à
Hitler le soin de débarasser le pays de ses combattants.
Le bilan est effroyable : un accord de cessez-le-feu est signé dans la nuit du 2 au 3
octobre, entérinant l'échec de l'insurrection. Si les Allemands comptent 10 000 morts
00 blessés et plus de 15 000 prisonniers envoyés en captivité...

... tandis que plus de 150 000 civils ont péri des suites des combats. Quant à
Varsovie, elle est réduite en poussière : 90% de la ville a été détruit.

Nuits de Varsovie
La nuit sied à Varsovie. Autre éclairage, autre visage, autre ambiance. Les Varsoviens ne
semblent plus aussi affairés, ou alors ils sont affairés à se faire plaisir. Leur but ? Sortir,
retrouver amis et connaissances, partager, faire des rencontres, parfois se montrer...
La place des Trois-Croix
Idées de sorties
A la lumière des réverbères
L'académie des Sciences,
palais Staszic en 360°
L'ancien hôtel de ville en 360°
L'esplanade du palais de la
Culture et des Sciences de nuit
en 360°

La place des Trois-Croix
La place des Trois-Croix (Trzech Kzryzy) est au centre... d'une certaine vie nocturne. Cette grande esplanade qui prolonge la
rue du Nouveau Monde (Nowy Swiat) et ouvre vers le quartier des ambassades reflète l'image d'une ville contemporaine
dans ses goûts et dans plusieurs des édifices qui la bordent. Szpilka (l'aiguille), Szpulka (la bobine), Szparka (le chas), trois
cafés-clubs-restaurants refaits récemment de neuf y drainent une population branchée et plutôt aisée.
Il est plus de minuit. Harassés par une journée de travail, Maciej et Wojcech,
photographes de presse, prennent à leur tour la pause devant le café Spzilka.
Au café Szpilka.
Au centre de la place : l'église Saint-Alexandre (1818), construite en l'honneur du tsar
Alexandre Ier de Russie qui était, à cette époque, également roi de Pologne.
Republica Latina : un restaurant branché à l'accent sud-américain...
... et à déco futuriste.
Vue des fenêtres du Republica Latina : un bel immeuble de bureaux, à l'angle de la
rue Ksiazeca. La nouvelle bourse de Varsovie, conçue par les architectes Fiszer et
Choldzynski, se trouve dans le prolongement.

Idées de sorties
Impossible de dénombrer tous les bars et les clubs de Varsovie. Impossible aussi de prévoir leur avenir. Le public est
versatile et il a l'embarras du choix : quel sera le prochain endroit à la mode ?
Au Cinnamon, place Pilsudski, n'entre pas qui veut. Il faut avoir le look, et le bon.
Adriana et Kamila, étudiantes, aiment y venir de temps en temps : “La musique est
bonne et il y a toujours beaucoup d'étrangers. “ Un critère de qualité ? Plutôt le gage
de rencontrer “des gens différents“. En fin de semaine, on y danse.
Café Polyester, rue Freta : cocktails et bonne musique.
Café Antikvariat, rue Zuravia : ambiance intello-bohème. On y palabre sans fin dans
un décor de brocante.
Le Madame, rue Kozla, dans la Vieille Ville. Un lieu atypique, spécialement dans
cette partie de Varsovie. Concerts, expos, happenings... un public bigarré et curieux
des nouveaux courrants artistiques s'y retrouve dans un joyeux désordre. L'endroit
n'est cependant pas du goût de tous, en particulier des riverains et de la municipalité
qui tentent de le faire fermer en invoquant les uns des nuisances sonores, les autres
des problèmes administratifs.
Le Madame : Aldona Nowowiejska et ses musiciens en concert.
Une petite faim ? Falafels et chawarma recueillent tous les suffrages.

A la lumière des réverbères
Une promenade nocturne dans les rues de la ville, faussement désertée par ses habitants.
L'ambassade de Belgique, rue Senatorska (du Sénat).
Sur la place du Théâtre. Le Grand Théâtre, construit dans le style néoclassique par
l'Italien Antonio Corazzi en 1833, abrite deux salles distinctes : l'une destinée à
l'opéra et à la danse, l'autre au théâtre dramatique. Deux formes d'expression
artistique qui comptent un grand nombre d'amateurs en Pologne.
Sur la place du Théâtre. L'ancien hôtel de ville, face au Grand Théâtre. Le bâtiment
abrite ajourd'hui les bureaux d'un établissement bancaire.
Le palais de la Culture et des Sciences.
Des immeubles d'habitations dans le centre, non loin de l'avenue Jean-Paul II.
La statue de Nicolas Copernic (1830) trône devant le palais Staszic (1823.), siège de
l'Académie des sciences. L'ensemble se trouve au bout de la rue du
Faubourg-de-Cracovie (Krakowskie Przedmiescie) et ouvre, de manière symbolique,
le rue du Nouveau-Monde (Nowy Swiat).

Le pont Swietokrzyski (de la Sainte-Croix) relie les deux rives de Varsovie. Inauguré
en 2000, cet ouvrage à haubans a remplacé le pont Syreny (de la Sirène).

L'académie des Sciences , palais Staszic
Sur son piédestal la statue de Nicolas Copernic

L'ancien hôtel de ville de nuit
Le bâtiment est aujourd'hui transformé en banque.

L'esplanade du palais de la Culture et des Sciences de
nuit

La Pologne dans la guerre
La Pologne dans la guerre

La Pologne dans la guerre
Varsovie, ville martyre, est le symbole de la lutte de tout un peuple amené au fil de l'Histoire à devoir retrouver sans cesse et
dans la peine sa souveraineté. Démembrée, occupée, écrasée, recomposée, passant d'une orbite totalitaire à une autre, la
Pologne continue à être au coeur d'une Europe dans laquelle elle ne veut plus aujourd'hui jouer les seconds rôles, ou les
souffre-douleur.
En septembre 1939, la guerre commence par un déluge de bombes. Hitler inaugure
la Blitzkrieg (guerre éclair) en Pologne : les résultats sont foudroyants.
Images de l'occupation allemande. Un seul but pour les armées du Reich : semer la
terreur parmi la population pour mieux la soumettre. Humiliations et exécutions
sommaires sont le quotidien des Polonais.
Tous les témoins de l'époque sont formels : d'une manière ou d'une autre, dans
toutes les familles polonaises, on a participé à la résistance. Coller des affiches,
porter un message, donner le gîte ou le couvert... chaque acte, aussi modeste fut-il, a
compté. Ce soutien inconditionnel de la population a permis à l'Armée de l'Intérieur
(Armia Krajowa) de remporter de beaux succès et de lancer l'insurrection d'août 1944
pour tenter de libérer Varsovie.
La lutte est très inégale : la garnison allemande regroupe 28 000 hommes, les
Polonais alignent plus de 40 000 combattants mais ces derniers sont souvent peu
entraînés et mal armés. L'Armia Krajowa compte sur le soutien des Soviétiques qui
ont largement incité les Poloanis à passer à l'action. L'Armée rouge est si proche, elle
se tient sur le rive droite de la Vistule, à Praga.
Mais l'impensable se produit. Les Soviétiques attendent... que les Allemands
écrasent la résistance polonaise au cours d'une lutte sans pitié. Pour Staline, le calcul
est clair : certain de faire passer la Pologne dans sa “zone d'influence“, il laisse à
Hitler le soin de débarasser le pays de ses combattants.
Le bilan est effroyable : un accord de cessez-le-feu est signé dans la nuit du 2 au 3
octobre, entérinant l'échec de l'insurrection. Si les Allemands comptent 10 000 morts
00 blessés et plus de 15 000 prisonniers envoyés en captivité...

... tandis que plus de 150 000 civils ont péri des suites des combats. Quant à
Varsovie, elle est réduite en poussière : 90% de la ville a été détruit.

La communauté juive
Difficile de dire combien il y a aujourd'hui de juifs en Pologne ou à Varsovie. Sur quels
critères les dénombre-t-on ? La fréquentation de la synagogue ? La participation aux
institutions laiques ? Quid de ceux qui se tiennent en dehors ? A la synagogue Nozyk, on
annonce 400 juifs recensés dans la capitale et dix fois plus dans tout le pays. On estime
qu'ils pourraient être en fait 3000 à Varsovie et 10 000 en Pologne. Mais au fond, ces
chiffres n'ont d'importance que si on les compare à ceux d'avant 1939 : on comptait alors 3
millions de juifs en Pologne, soit 10% de la population du pays, dont 450 000 à Varsovie,
soit 30% de la population de la ville. Neuf sur dix sont morts pendant la Seconde Guerre
mondiale, les rares survivants de l'Holocauste n'ont généralement pas voulu revenir en
Pologne et ceux qui été revenus ont souvent pris le chemin de l'exil dans les années 1960
à cause des persécutions du régime communiste.
Aujourd'hui, la Pologne a du mal à se défaire de sa réputation de pays où l'on aime pas
beaucoup les juifs. Comme souvent, les choses sont loin d'être simples...
Ce qui reste du ghetto
La dernière synagogue
Entre tradition et folklore
Le cimetière de la rue
Okopowa
Le cimetière en panoramique

Ce qui reste du ghetto
Les ghettos sont peut-être nés en Italie mais c'est en Pologne, et particulièrement à Varsovie, que le mot résonne de ce qu'il
a de plus effrayant. Le ghetto de Varsovie, le plus grand de toute l'Europe occupée, a été créé par les nazis en novembre
1940, à l'ouest de la Vieille Ville. D'abord isolée par des grilles et des barbelées, la zone est ensuite ceinturée d'un mur de
briques de 3 m de haut. Ce très petit périmètre (2,4% de la superficie de la ville en 1939) va concentrer plus de 30% de la
population de Varsovie : près de 500 000 juifs de la capitale et des environs. Les conditions de vie sont effroyables, la
mortalité très élevée, les chances de s'échapper quasiment nulles. Après juillet 1942 et la mise en place de la “solution
finale“, les Allemands commencent à liquider les ghettos en déportant les populations. A Varsovie, une poignée de jeunes
résistants juifs choisit de mourir les armes à la main. Le soulèvement du ghetto, déjà vidé d'une grande partie de ses
habitants, éclate le 19 avril 1943 et durera près d'un mois. Quelques uns réussiront à s'évader et à rejoindre la résistance
polonaise dans la zone “aryenne“ de la ville, les autres seront fusillés sur place ou déportés. Le 15 mai 1943, Hitler reçoit la
nouvelle : “Le ghetto de Varsovie n'existe plus“. C'est en partie vrai seulement puisque les derniers bâtiments seront rasés en
octobre 1944, après l'échec de l'insurrection de la ville.
La rue Prozna (“vide“) porte aujourd'hui parfaitement son nom. Ce groupe
d'immeubles du XIXe siècle semble avoir inexplicablement survécu.
Sous le porche de l'un des immeubles, cette borne indique l'année 1898.
Froid, humidité... et une certaine angoisse : les lieux ne donnent pas envie de
s'attarder.
Dans la cour d'un immeuble, au 60 de la rue Zlota. Ce bout de mur du ghetto sert de
décor aux jeux des enfants. Ces deux là, âgés d'une dizaine d'années, ont une idée
assez précise de ce qui s'est déroulé derrière ces murs.

Rue Zamenhofa, dans le quartier de Muranow : le monument des Héros du ghetto.
Inauguré le 19 avril 1948, le jour du cinquième anniversaire du soulèvement du
ghetto, il est recouvert, ironie du sort, d`un revêtement en pierre de labradorite,
provenant d`une commande d'Hitler jamais réalisée et destinée à un monument
célébrant la victoire du Troisième Reich !
Face au monument des Héros du ghetto, se dressera d'ici quelques années un
musée consacré à mille ans de culture juive en Pologne.

La dernière synagogue
Les chiffres ne sont pas vraiment fiables. Selon certains, la Varsovie d'avant-guerre ne comptait pas moins de 300
synagogues. Pour d'autres, plutôt une vingtaine de synagogues et une multitude de stiebel (chambrettes), salles dans
lesquelles les offices pouvaient être célébrés dès le quorum de onze participants atteint. Aujourd'hui, une chose est sûre : il
ne reste qu'une seule synagogue à Varsovie, la synagogue Nozyk. Toutes les autres ont été détruites pendant la guerre,
celle qui avait survécu à Praga a été démolie par les autorités en 1950.
La synagogue a été construite entre 1898 et 1902 pour Zelman et Rywka Nozik qui
en firent ensuite don à la communauté. Elle est encore debout pour une raison très
prosaïque : pendant l'occupation, les soldats allemands l'avaient transformée en
écurie...
Guide professionnel, Boleslaw Zajac connaît parfaitement l'histoire des juifs de
Pologne. Il raconte comment en 1968, toutes les synagogues du pays furent laissées
à l'abandon après la deuxième vague d'émigration des juifs de l'après-guerre. Il
raconte aussi à quel point la restauration de la synagogue Nozyk fut un acte politique.
Les travaux débutèrent en 1977 en vue du 40e anniversaire du soulèvement du
ghetto et la synagogue refaite de neuf fut inaugurée en avril 1983. Il raconte enfin
combien la petite communauté juive de Pologne bénéficie de l'aide de la puissante
communauté juive américaine.

Entre tradition et folklore
Un pays où il n'y a quasiment plus de juifs, un pays réputé antisémite, un pays où la culture juive se porte bien. C'est
paradoxal mais c'est comme ça. A Varsovie comme à Cracovie, toutes les manifestations liées de près ou de loin à la
culture et à l'histoire juives remportent un grand succès. Konstanty Gebert, cofondateur de la revue Midrasz, consacrée à
la culture juive, est bien placé pour en parler. Pour lui, les Polonais ressentent aujourd'hui une “douleur fantôme“ après la
perte des juifs. Ils se rendent comptent qu'ils ont été amputés d'une partie de leur héritage culturel et s'emploient
désormais à le redécouvrir.
Le théâtre juif
Quelques survivances...
Des traces d'un monde
disparu à Cracovie

Le théâtre juif
Place Grzybowski, au coeur de l'ancien ghetto, se dresse le théâtre juif qui porte le nom de Rachel Kaminski, sa première
directrice. Véritable conservatoire de la langue et de la culture yiddish, il remplace comme il peut les 13 théâtres juifs que la
ville comptait avant la guerre. Les spectacles montés ici connaissent un vrai succès, auprès des visiteurs juifs de passage et
de tous ceux qui s'intéressent à cette culture disparue. Les pièces sont généralement jouées en yiddish mais tous les
spectateurs peuvent suivre l'action grâce à un système de traduction simlutanée. Le théâtre, qui effectue régulièrement des
tournées à l'étranger, compte une troupe permanente. Les acteurs, dont beaucoup ne sont pas juifs, ont tous dû apprendre le
yiddish !
Szymon Szurmiej dirige le théâtre juif depuis 35 ans. Né en 1923 dans la région de
Lwow, aujourd'hui en Ukraine, il a été déporté pendant la guerre... par les
Soviétiques, dans les camps de la Kolyma. Pour lui, il n'existe pas d'antisémitisme
polonais : “Il n'y a qu'un seul antisémitisme dans le monde, à Paris ou à Varsovie,
c'est le même;“ A Varsovie, cependant, cette haine des juifs présente un caractère un
peu particulier : “C'est un antisémitisme virtuel puisque nous sommes si peu
nombreux !“ Cela n'empêche pas les juifs de servir de bouc émissaire à l'occasion.
“On veut critiquer le président de la République ? On lui trouve une ascendance juive
!“
Infatiguable, Szymon Szurmiej continue à monter sur les planches et à mettre en
scène certaines des productions du théâtre.
La troupe du théâtre répète Un violon sur le toit, un des grands classiques du
répertoire yiddish, pièce musicale créée à Broadway en 1964 (musique Jerry Bock,
paroles Sheldon Harnick) et immortalisée par un film de Norman Jewison en 1971.
C'est Jan Szurmiej, le fils de Szymon, qui a assuré la mise en scène. Comme son
père, il joue et dirige. Sa mère était danseuse et chorégraphe, ses soeurs et sa fille
sont actrices, son fils fait une école de cinéma : une vraie dynastie d'artistes.

La façade du théâtre juif, un bâtiment des années 1960 qui, lui, a peu changé depuis
l'époque de sa construction...

Quelques survivances...
... du folklore et des traditions, à travers la musique et la cuisine, mais aussi les objets. L'imagerie traditionnelle du monde juif
n'a pas disparu.
Des souvenirs vendus dans la Vieille Ville : une image gentiment caricaturale.
Le restaurant Varsovie-Jérusalem : contrairement à ce que prétend la publicité, ce
n'est pas le seul rétablissement de cuisine juive-polonaise de la ville...
... voilà un concurrent !
Une boutique de produits casher à deux pas de la synagogue.
La culture juive se porte bien : le klezmer, musique traditionnelle des juifs d'Europe
centrale, remporte un vrai succès.

Kazimierz : un monde disparu
Le quartier de Kazimierz s'étend au sud de la colline du Wawel. Il constituait à l'origine une ville à part entière, fondée par le
roi Casimir le Grand en 1355. Au cours du XVe siècle, la population juive de Cracovie fut transférée dans cette cité prospère.
Rattaché administrativement à Cracovie en 1801, le quartier était devenu un foyer culturel rayonnant de la diaspora et
comptait, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, une communauté forte de près de 50 000 membres. Les juifs de
Cracovie connurent le même sort que ceux de Varsovie, Lodz ou Lublin : discriminations, enfermenent dans un ghetto,
déportation. Nul ne sait avec certitude combien il en reste maintenant à Kazimierz...En 1995, on a avancé le chiffre de 160
personnes. On aurait pourtant tort de réduire Kazimierz à un quartier exclusivement juif - on y trouve aussi des églises et les
deux communautés ont longtemps cohabité - ou à un quartier mort : depuis quelques années, c'est le fief des bars branchés
et des nuits sans sommeil, certes souvent bercées par les sons du klezmer...
Ulica Szeroka : “rue Large“. Bordée par plusieurs synagogues, cette artère qui
évoque plutôt une place constituait le coeur du quartier juif.
Les rues de l'ancien quartier juif font aujourd'hui parfois penser à un décor. Boutiques
et restaurants “à l'ancienne“ ont été reconstitués. Steven Spielberg ne s'y est pas
trompé : c'est ici qu'il a tourné La liste de Schindler (1994), dont l'histoire a d'ailleurs
pour cadre le ghetto de Cracovie et l'usine d'Oscar Schindler, située de l'autre côté de
la Vistule, à Zablocie.
Des gamins d'aujourd'hui place Nowy, où se tenait autrefois le marché juif.
Parmi les sept synagogues encore debout à Kazimierz, deux sont toujours ouvertes
au culte. La Vieille Synagogue, à l'une des extrémités de la rue Szeroka, est la plus
ancienne de Pologne que l'on puisse voir aujourd'hui. Construite initialement au début
du XVe siècle, elle a été rebâtie à de nombreuses reprises, presque toujours après
avoir été endommagée ou détruite par des incendies. Elle doit son allure néo
Renaissance à Zygmunt Hendel qui prit en charge les travaux de rénovation au début
du XXe siècle. Pendant l'occupation allemande, elle a partagé le destin des autres
lieux de cultes juifs en Pologne, devenant un entrepôt. Restaurée dans les années
1950, elle abrite depuis lors le musée du Judaïsme de la ville.
Derrière la synagogue Remuh se trouve l'un des cimetières juifs d'Europe les plus
importants... enfin, ce qu'il en reste. Créé au XVIe siècle, le lieu a été fortement
endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale et rénové dans les années 1950.
En 1939, les habitants du quartier eurent l'idée de recouvrir de terre une partie des
tombes, ce qui permit au cimetière, transformé en décharge par les Allemands,
d'échapper à une destruction totale.

Des touristes venus d'Israël. Nul doute que beaucoup d'entre eux effectuent un
pèlerinage au pays de leurs ancêtres.
Un autre visage de Kazimierz : rue Estery (rue d'Esther), l'Alchemia, fréquenté par la
bohème-branchée de la ville.

Le cimetière de la rue Okopowa
Arrivés à la fin du XIVe siècle à Varsovie, les juifs ont vécu hors des murs de la ville jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Ils se sont
longtemps concentrés dans l'actuel quartier de Praga où ils possédaient un cimetière dès 1780. Fondé en 1807, celui de la
rue Okopowa se trouve de l'autre côté du fleuve, non loin du territoire du ghetto. Il s'étend sur 33,5 hectares et renferme les
restes de quelque 250 000 personnes. C'est le deuxième d'Europe par la taille et l'un des derniers encore utilisés en
Pologne. Une image parfaite pour appréhender l'histoire des juifs dans ce pays où ils furent si nombreux et où les rares
traces matérielles qui demeurent sont les pierres tombales.

Le cimetière juif de la rue Okopowa

Cracovie : l'autre capitale
De ses origines légendaires, Cracovie possède une grotte, autrefois antre d'un dragon
devenu son emblème. De son passé de capitale (1038-1596) et de grand centre
universitaire, elle conserve un vrai prestige et une architecture exceptionnelle. De son
histoire tourmentée à l'image de celle de la Pologne, elle garde la valeur de son identité et
un certain sens de la dérision : en l'espace de deux siècles, elle a successivement été
République libre (1815), territoire sous domination autrichienne (1846-1918), intégrée à la
république de Pologne (1919-1939), siège du gouvernement général d'occupation
allemande (1939-1944), avant de tomber comme le reste du pays dans la zone d'influence
soviétique (1945-1989) et de conquérir la place de troisième ville d'un pays libre...
Le Rynek Glowny
La ville-musée
Boulevards de ceinture
Kazimierz : un monde disparu
Un tour au marché
Les héros sont fatigués
Nowa Huta en 360°

Le Rynek Glowny
A Cracovie, où que l'on soit, quoi que l'on fasse, on revient toujours vers le Rynek Glowny, la place du Marché. L'endroit
est remarquable à plus d'un titre. Sa taille d'abord : vaste espace carré de 200 m de côté, le Rynek de Cracovie est le
plus grand d'Europe. Son authenticité ensuite : aménagée au milieu du XIIIe siècle, la place, si elle a subi des
aménagements et les outrages du temps, n'a jamais été détruite comme ses équivalents varsoviens, et constitue donc un
témoignage exceptionnel d'urbanisme médiéval. Aujourd'hui, les terrasses des cafés ont remplacé les kiosques des
marchands qui autrefois occupaient l'essentiel de l'espace, mais la Halle aux draps, au centre de la place, demeure
dévolue au commerce : au menu, souvenirs en tout genre !
Un point névralgique
En l'honneur de Marie
Panaorama nocturne sur le
Rynek Glowny

Un point névralgique
Cracoviens ou touristes, tous ont une bonne raison de se retrouver sur le Rynek Glowny. Pour les uns, c'est un point de
passage souvent obligé de part sa situation géographique ; pour les autres, c'est un des lieux incontournables dans la
découverte de Cracovie. Pour tous, c'est l'un des endroits les plus agréables de la ville.
Au centre de la place se dresse la Halle aux draps. Reconstruit dans le style
Renaissance en 1555 après un incendie, le superbe édifice est coiffé d'un attique qui
masque le toit. Le premier étage est aujourd'hui occupé par le Musée national de
peinture tandis qu'au rez-de-chaussée...
... s'alignent les kiosques de souvenirs typiquement polonais. Mais ici, souvenir n'est
pas forcément synonyme de camelote. Parmi ce bel échantillon d'artisanat
traditionnel : bijoux en ambre, chaussons en fourrure, figurines et objets en bois
sculptés... Rien que de l'authentique !
Ils ne sont pas là uniquement pour le plaisir des touristes ! Les groupes en costume
folklorique et musique assortie recueillent pièces de monnaie et applaudissements de
la part de tous les passants.
Bruit caractéristique de la vieille ville : le pas des chevaux sur le pavé de la place.
Située juste derrière la Halle aux draps, la statue d'Adam Mickiewicz est LE lieu où
les Cracoviens se donnent le plus volontiers rendez-vous. Chantre du nationalisme,
le grand poète (1798-1855) continue de faire des émules : il n'est pas rare d'y
entendre des littérateurs déclamer leurs oeuvres à ses pieds.
Voici le dernier vestige de l'hôtel de ville qui fut démoli au XIXe siècle. Cette tour
gothique (XIVe siècle) haute de 70 m offre un beau panorama sur les toits du vieux
Cracovie.

En l'honneur de Marie
Reconnaissable à sa façade flanquée de deux tours, l'église Notre-Dame se dresse à l'angle nord-est de la place. L'édifice
actuel, commencé en 1355, est le troisième construit à cet emplacement. Le lieu, associé à une légende tragique, constitue
tout un symbole dans l'histoire de la nation polonaise.
Où il est encore une fois question de résistance... C'est ici que tout s'est déroulé. Au
XIIIe siècle, l'Europe orientale vit dans la terreur des raids tatars. A Cracovie, les
farouches cavaliers déferlent en 1241. La cité ne sera pas épargnée mais ses
habitants auront au moins été prévenus de l'imminence du danger : le sonneur de
l'église eut la gorge transpercée par une flèche ennemie alors qu'il était sur le point
de donner l'alerte...
Aujourd'hui, à chaque heure du jour et de la nuit, résonnent quelques notes de
trompette qui rappellent la mélodie interrompue, honorent le héros anonyme et
commémorent l'invasion tatare.
L'intérieur de l'église surprend par son décor abondant, revu au XIXe siècle. Des
frises de Jan Matejko (1838-1893) ornent les murs de l'impressionnante nef gothique,
haute de 28 m, lui donnant une opulence toute baroque.
Visible à bonne distance, le crucifix de pierre scultpté par Veit Stoss vers 1520
aimante le regard.
Mais c'est surtout pour ce retable que Stoss, artiste dont l'Allemagne et la Pologne se
disputent la paternité, est célèbre. Réalisée entre 1477 et 1489, l'oeuvre, cadeau des
bourgeois de la ville, illustre différents épisodes de la vie de la Vierge, autour d'un
panneau central représentant la Dormition. L'ensemble, baigné par la lumière dorée
des vitraux du XIVe siècle, inspire une certaine humilité : les personnages centraux
ne mesurent pas moins de 2,70 m !

Cracovie : la place du Marché de nuit

La ville-musée
S'il est une ville en Pologne que l'on associe volontiers - et à juste titre - aux termes culture et patrimoine, c'est bien
Cracovie. Le passé glorieux de l'ancienne capitale se lit encore à travers son architecture préservée et les trésors
amassés dans ses musées.
Des façades et des églises
L'université des célébrités
La cour du Collegium Maius
en 360°
La colline du Wawel

Des façades et des églises
Gothique, Renaissance, baroque, Art Nouveau... tous les styles ont eu leur expression “cracovienne“. Une promenade à
travers les rues de la vieille ville suffit pour s'en persuader.
Rue Saint-Jean (Sw. Jana) se succèdent les belles façades d'anciens hôtels
particuliers. Celui des princes Czatoryski (bâtiment jaune) présente la collection d'art
rassemblée par la puissante famille au fil des siècles. Clou de l'exposition : le portrait
Cecilia Gallerani, plus connu sous le nom de Dame à l'hermine, réalisé par Léonard
de Vinci vers 1490.
La façade rococo de l'église des Piaristes, à l'angle de la rue du même nom (Pijarski)
et de la rue Saint-Jean, conçue par l'Italien Francesco Placidi vers 1760. Elle
camoufle une façade de style baroque plus ancienne.
Construite au tout début du XVIIe siècle par les jésuites implantés alors depuis peu
en Pologne, l'église Saints-Pierre-et-Paul, rue Grodzka, constitue l'un des plus beaux
témoignages du baroque primitif dans le pays...
Elle est gardée par les statues des douze apôtres (1715-1722).
L'église des Franciscains, rue Grodzka, date à l'origine de la fin du XIIIe siècle.
Plusieurs fois remanié au cours de son histoire, le bâtiment gothique surprend par
son décor Art Nouveau : les vitraux et les fresques ont été réalisés au tournant du
XXe siècle par Stanislas Wispianski (1869-1907), maître du genre à Cracovie... et
donc en Pologne.

L'université des célébrités
Créé en 1364 à l'initiative de Casimir le Grand, le Collegium Maius était à la fin du Moyen Age l'une des plus fameuses
universités d'Europe. Intégré à l'université Jagelonne, il a largement contribué à donner à Cracovie sa réputation de grand
centre intellectuel. Parmi les anciens élèves : l'astronome Copernic et le futur pape Jean-Paul II.
Le beau bâtiment de style gothique, largement remanié au XIXe siècle, est situé à
l'angle des rues Sainte-Anne (Sw. Anny) et Jagellonne (Jagiellonska), au coeur du
quartier des universités qui s'est développé autour de l'établissement. Toute cette
zone de la ville était, avant le transfert des juifs à Kazimierz, majoritairement habitée
par des israélites.
Paisible atmosphère de cloître... La cour intérieure a conservé son style d'origine et
ses arcades. Les bâtiments accueillent aujourd'hui un musée.
Parmi les étudiants les plus célèbres du Collegium Maius... l'astronome Nicolas
Copernic (1473-1553), père du système héliocentrique, l'un des premiers à remettre
en cause la vision de l'univers de Ptolémée. Né à Torun, au nord du royaume, le
jeune homme était tout naturellement venu poursuivre ses études dans la
prestigieuse université de Cracovie. Plusieurs de ses instruments sont conservés
parmi les trésors du musée.
Le réfectoire des maîtres de l'université.
Plus ratio quam vis, “La sagesse plutôt que la force“ : c'est sous cette devise que se
tenaient les réunions les plus importantes de l'université Jagellonne. Les murs de la
salle, où les stales des professeurs et le siège du recteur sont encore visibles, sont
chargés des portraits des rois et des grands personnages de l'histoire polonaise.
Mais les rensponsables du lieu se trouve aujourd'hui confrontés à un vrai dilemne...

Quel tableau vont-ils décider de retirer pour laisser la place au portrait de Karol
Wojtila (1920-2005), alias le pape Jean-Paul II, lui aussi ancien élève de l'université
de Cracovie ?

Cracovie : la cour du Collegium Maius

La colline du Wawel
Cette éminence qui se dresse au sud de la vieille ville porte les traces d'occupation les plus anciennes de Cracovie. Et pour
cause : l'endroit surplombe la Vistule, ce qui en fait un poste d'observation ideal. Le légendaire roi Krak aurait déjà établi sa
résidence ici mais c'est Casimir Ier le Rénovateur qui, en 1038, transfère la capitale de son royaume de Gniezno à Cracovie.
Dès lors et jusqu'à l'inslallation de l'administration à Varsovie en 1596, le Wawel a été synonyme de pouvoir royal. Un titre
qu'il n'a jamais perdu au fond car les souverains polonais ont continué à se faire couronner et enterrer ici. Et puis dans un
pays à l'histoire si mouvementée, dans un pays qui a été purement et simplement rayé des cartes au XVIIIe siècle, le Wawel
a toujours incarné l'Etat, celui que l'on a souvent rêvé de restaurer. Un lieu vraiment à part dans l'histoire nationale; une visite
incontournable pour tous les écoliers polonais.
L'achat des billets d'entrée pour la cathédrale. Recueillement et méditation, le ton est
donné.
Boleslas le Vaillant (v. 966-1025), premier roi de Pologne, donna l'ordre 1020 de
commencer les travaux d'une cathédrale qui n'a pas résisté au poids des ans...
L'édifice actuel (1320-1364) est en effet le troisième construit à cet emplacement. Il
abrite un ensemble de splendides chapelles, aménagées à différentes époques,
souvent par les grandes familles de la noblesse polonaise. La crypte renferme les
tombeaux de nombreux membres des différentes dynasties et de plusieurs héros
nationaux comme les poètes Mickiewicz et Slowacki...
... mais certains monuments funéraires se trouvent aussi dans les différentes
chapelles. Celle de la Saint-Croix abrite le tombeau de Casimir IV Jagellon, réalisé en
marbre rouge de Hongrie par Veit Stoss, en 1492.

La scène ne se déroule pas en Italie mais bien à Cracovie ! Le premier chateau, de
style gothique, fut détruit lors d'un incendie en 1499 et Sigismond le Vieux appella à
sa cour des artistes et des artisans florentins pour rebâtir sa résidence. Les Italiens
surent adapter leur construction aux rigueurs du climat polonais comme en témoigne
la hauteur des piliers qui soutiennent le toit, destinés à faire pénétrer un maximum de
lumière dans les pièces. Très endommagé pendant l'occupation autrichienne,
restauré dès la fin du règne de François-Joseph, l'édifice a été épargné pendant la
Seconde Guerre mondiale : le gouverneur général de Pologne Hans Frank y avait
installé ses appartements privés. Le château abrite aujourd'hui plusieurs musées.

Boulevards de ceinture
Le coeur historique de Cracovie, quartier de rues piétonnes, est délimité par les Planty, agréable promenade arborée
aménagée au XIXe siècle. On peut y voir des vestiges de l'ancien système défensif de la cité...
... comme la barbacane qui se dresse devant la porte Saint-Florian (Brama
Florianska), bastion qui protégeait autrefois la principale entrée de la ville.
Comme tant de lieux dans la vieille ville, l'endroit est désormais dévolu aux souvenirs.
Autour des Planty, la circulation reprend ses droits...

Kazimierz : un monde disparu
Le quartier de Kazimierz s'étend au sud de la colline du Wawel. Il constituait à l'origine une ville à part entière, fondée par le
roi Casimir le Grand en 1355. Au cours du XVe siècle, la population juive de Cracovie fut transférée dans cette cité prospère.
Rattaché administrativement à Cracovie en 1801, le quartier était devenu un foyer culturel rayonnant de la diaspora et
comptait, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, une communauté forte de près de 50 000 membres. Les juifs de
Cracovie connurent le même sort que ceux de Varsovie, Lodz ou Lublin : discriminations, enfermenent dans un ghetto,
déportation. Nul ne sait avec certitude combien il en reste maintenant à Kazimierz...En 1995, on a avancé le chiffre de 160
personnes. On aurait pourtant tort de réduire Kazimierz à un quartier exclusivement juif - on y trouve aussi des églises et les
deux communautés ont longtemps cohabité - ou à un quartier mort : depuis quelques années, c'est le fief des bars branchés
et des nuits sans sommeil, certes souvent bercées par les sons du klezmer...
Ulica Szeroka : “rue Large“. Bordée par plusieurs synagogues, cette artère qui
évoque plutôt une place constituait le coeur du quartier juif.
Les rues de l'ancien quartier juif font aujourd'hui parfois penser à un décor. Boutiques
et restaurants “à l'ancienne“ ont été reconstitués. Steven Spielberg ne s'y est pas
trompé : c'est ici qu'il a tourné La liste de Schindler (1994), dont l'histoire a d'ailleurs
pour cadre le ghetto de Cracovie et l'usine d'Oscar Schindler, située de l'autre côté de
la Vistule, à Zablocie.
Des gamins d'aujourd'hui place Nowy, où se tenait autrefois le marché juif.
Parmi les sept synagogues encore debout à Kazimierz, deux sont toujours ouvertes
au culte. La Vieille Synagogue, à l'une des extrémités de la rue Szeroka, est la plus
ancienne de Pologne que l'on puisse voir aujourd'hui. Construite initialement au début
du XVe siècle, elle a été rebâtie à de nombreuses reprises, presque toujours après
avoir été endommagée ou détruite par des incendies. Elle doit son allure néo
Renaissance à Zygmunt Hendel qui prit en charge les travaux de rénovation au début
du XXe siècle. Pendant l'occupation allemande, elle a partagé le destin des autres
lieux de cultes juifs en Pologne, devenant un entrepôt. Restaurée dans les années
1950, elle abrite depuis lors le musée du Judaïsme de la ville.
Derrière la synagogue Remuh se trouve l'un des cimetières juifs d'Europe les plus
importants... enfin, ce qu'il en reste. Créé au XVIe siècle, le lieu a été fortement
endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale et rénové dans les années 1950.
En 1939, les habitants du quartier eurent l'idée de recouvrir de terre une partie des
tombes, ce qui permit au cimetière, transformé en décharge par les Allemands,
d'échapper à une destruction totale.

Des touristes venus d'Israël. Nul doute que beaucoup d'entre eux effectuent un
pèlerinage au pays de leurs ancêtres.
Un autre visage de Kazimierz : rue Estery (rue d'Esther), l'Alchemia, fréquenté par la
bohème-branchée de la ville.

Un tour au marché
Chaque matin, le marché Stary Kleparz ouvre ses portes à 7 heures. Pain, viande, poisson, fruits, légumes, fromages... les
ménagères y font provision de tout ce dont elles ont besoin. A côté des marchands bien établis se tiennent beaucoup de
paysannes, venues des environs vendre le produit de leurs récoltes et de leur savoir-faire.

Les héros sont fatigués
Nowa Huta... Le nom rappelle des lendemains qui ont chanté et des révoltes contre le pouvoir communiste. La construction
de cette ville nouvelle baptisée du doux nom de “Nouvelle Fonderie“ a été lancée au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale, selon un modèle économique très soviétique. Le choix de la localisation, à 10 km de Cracovie, ne doit rien au
hasard. Nul doute que les planificateurs ont alors dans l'idée de “prolétariser“ l'intellectuelle frondeuse si proche. Aujourd'hui,
Nowa Huta constitue une banlieue défavorisée de Cracovie...
... et la vie des anciennes acieries Lenine, considérées comme les plus grandes
d'Europe dans les années 1960, n'est plus ce qu'elle était. Rebaptisé en 1990
“Tadeusz Sendzimir“, du nom d'un glorieux ingénieur, le complexe semble en sursis.
L'avenir des quelques 10 000 ouvriers qui y travaillent encore - soit quatre fois moins
qu'à la grande époque - est suspendu à une reconversion inévitable : le paradis des
métallurgistes se doit d'être plus rentable. Eventuellement, moins polluant...
Perspectives tirées au cordeau, solides édifices de style stalinien, mais aussi
espaces verts et maisons de la culture : les concepteurs de cette “cité idéale“,
incarnation d'une utopie ouvrière, avaient pensé à tout.
Aujourd'hui, les grandes artères de Nowa Huta semblent être traversées par des
fantômes. Rien n'est décidément plus comme avant. Pour preuve, la place centrale
est désormais connue sous le nom de place centrale Ronald Reagan, hommage au
président américain disparu en 2004.
Anna (au centre) vend ses petits pains ronds sur la place centrale depuis 1981. Elle a
été la première à s'installer ici. Ses affaires vont plutôt bien, merci. Elle habite au
centre de Cracovie et pour rien au monde ne voudrait vivre à Nowa Huta, à la
différence de sa voisine qui, elle, a échangé son logement inconfortable du
centre-ville contre un appartement moderne de la ville nouvelle. Elle non plus ne
changerait pour rien au monde. Surtout que le quartier est devenu beaucoup plus sûr
depuis quelques années : les policiers multiplient leurs rondes et dispersent les
groupes d'hommes oisifs... et souvent éméchés.
Pour les laissés pour compte de la transition économique, retraités et chômeurs,
particulièrement nombreux dans le quartier, les temps sont durs. Il reste
heureusement les “bars à lait“, établissements populaires où il est possible de se
restaurer à très bas prix.
Il en a fallu du courage et de la tenacité pour la construire cette église ! Plus connue
sous le nom d'Arche, l'église Notre-Dame a été “arrachée“ dans les années 1970 au
pouvoir par les ouvriers. Intégralement financé par des fonds privés, construit grâce à
des pierres collectées par les fidèles eux-mêmes, le lieu, consacré en 1977, est
devenu par la suite un bastion de la résistance au régime, notamment à l'époque de
la loi martiale (1981-1983).

Cracovie : la ville périphérique de Nowa Huta

Auschwitz : “Ne jamais oublier“
Oswiecim n'évoque pas grand chose hors de Pologne. Cette petite ville située à moins de
100 km à l'ouest de Cracovie est pourtant connue dans le monde entier, une notoriété dont
elle se passerait bien : Auschwitz, son nom germanisé, suffit à inspirer l'horreur et l'effroi.
Dans ce lieu qui fut l'un des six camps installés par les nazis sur le territoire polonais, on
estime que deux millions de personnes appartenant à 28 nationaliés différentes ont péri
entre mai 1940 et janvier 1945. La visite est pénible mais indispensable, comme un
hommage à la mémoire des victimes mais aussi des survivants qui plus que tout redoutent
que l'on oublie ces temps de barbarie.
Auschwitz I
Auschwitz II - Birkenau
Témoignages de déportés

Auschwitz I
Dès septembre 1939, les Allemands contrôlent une bonne partie du territoire polonais et les nombreuses arrestations
auxquelles ils procèdent ne tardent pas à poser un problème. Les prisons sont déjà pleines ; que fera t-on des
prisonniers à venir? Dès la fin de l'année, l'idée d'ourvir un camp de concentration prend forme. Le terrain de l'ancienne
caserne d'Oswiecim constitue un bon choix. Sa situation en dehors de la ville permet - déjà - d'envisager des possibilités
d'agrandissement. Les travaux commencent en avril 1940 et deux mois plus tard, 782 prisonniers politiques polonais
arrêtés par la Gestapo inaugurent les lieux. Un début prometteur...
Un camp de concentration
Le musée de l'horreur
Des traces...

Un camp de concentration
Avec ses petits bâtiments en brique rouge et ses allées bien agencées, l'endroit évoque presque une cité ouvrière. Mais les
barbelés et les miradors ramènent à la triste réalité : Auschwitz I regroupait des prisionniers réduits en esclavage aux travaux
forcés ou soumis à des expériences médicales.
Un avertissement éloquent, et sur le portail, la sinistre devise de l'univers
concentrationnaire nazi : Arbeit macht frei, “Le travail rend libre“...
Quitter Auschwitz? Difficile à imaginer. Pourtant, 667 prisonniers ont tenté de
s'évader de cette véritable forteresse. Les deux tiers ont réussi à s'enfuir. Un
châtiment exemplaire attendait ceux qui étaient repris.
Ici comme dans tous les camps qu'ils ont dirigés, les nazis se sont livrés sur une
“matière première humaine“ abondante et impuissante à des expériences médicales
aussi douteuses que cruelles. Le docteur Mengele, de sinistre mémoire, s'est pour sa
part particulièrement intéressé à la génétique et à l'anthropologie, travaillant
beaucoup sur la gémellité.

Le musée de l'horreur
Auschwitz I abrite notamment aujourd'hui les principaux pavillions du musée. L'exposition est organisée autour de bâtiments
“nationaux“ qui évoquent le sort réservé aux opposants politiques et aux juifs, premières victimes en nombre, dans les
différents pays occupés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Le lieu reçoit de nombreux groupes
scolaires venus de tous horizons. Ils savent pour la plupart à quoi s'en tenir, pourtant la visite est rarement autre chose qu'un
moment d'effroi.
L'entrée du musée.
Dans les différents pavillons, des photos et des souvenirs retracent le calvaire des
populations civiles et les persécutions de la guerre.
Dans les rues du camp, chacun, les yeux remplis d'images cent fois déjà vues et
pourtant toujours aussi fortes, est livré à ses pensées...
Des cendres humaines recueillies dans l'un des fours crématoires.

Hors du camp, dans les rue de la ville : Oswiecim est une ville presque comme les
autres.

Des traces...
Des traces de l'horreur, palpables et impalpables. Une odeur, un éclairage, un courant d'air... Qu'importe la part de
“reconstruction“ effectuée a posteriori par les visiteurs. Ici, chacun a rendez-vous avec l'idée que l'on se fait du mal absolu.
Le premier bloc de gazage des prisonniers.
Au mépris de toutes les conventions internationales, les installations ont été
inaugurées par des prisonniers militaires soviétiques en septembre 1941 : le Zyklon B
a révélé sa redoutable efficacité.
Des fours crématoires.

Auschwitz II - Birkenau
Dès 1941, la construction d'un deuxième camp situé à 3 km du précédent commence. Il se trouve non loin du village de
Brzezinka, Birkenau en allemand, dont le nom évoque les bois de bouleaux voisins... Comme on s'en doute, la poésie n'a
pas sa place dans cette véritable usine à mort, pièce maîtresse dans le dispositif de la “solution finale“. Tout a été très
bien pensé. Les juifs arrivés en train jusque dans le camp sont immédiatement triés : la plupart se trouvent dirigés
directement vers les chambres à gaz ; les autres, jugés aptes au travail, se voient promis à une mort moins immédiate
mais presque aussi certaine. Par l'usage auquel ils étaient destinés et leur superficie (175 ha), les lieux font frémir.
L'intelligence et le savoir-faire déployés à de telles fins effraient tout autant.
Un camp d'extermination
En souvenir des victimes
L'intérieur d'une baraque en
360°

Un camp d'extermination
Dès le début, la vocation de Auschwitz II-Birkenau est claire : la plupart de ceux qui débarquent ici périssent dès les
premières heures de leur arrivée, un mouvement qui s'accélèrent particulièrement à partir d'août 1942. A la fin de la guerre,
les nazis ont tenté de détruire les preuves de leurs activités criminelles en détruisant notamment les chambres à gaz et les
baraquements. Il ne reste aujourd'hui que 45 baraquements en briques et 22 en bois sur plus de 300 mais l'emplacement
des bâtiments détruits se dévine aisément.
La voie ferrée permettait de débarquer les prisonniers à l'intérieur même du camp.
Les ruines d'un crématoire...
... Birkenau en comptait quatre.
Les baraquements destinés à loger les prisonniers réduits aux travaux forcés. Ces
blocs d'habitation étaient construits sans fondations sur un terrain marécageux. Le sol
en terre battue se transformait souvent en boue.
Dans les baraquements, les châlits de trois étages occupaient l'essentiel de l'espace.
La literie ? De la paille pourrie. Sur chaque niveau s'entassaient 8 à 10 personnes.
Dans le baraquement réservé à la compagnie pénale du camp, une fresque réalisée
par un détenu a miraculeusement été conservée : elle montre les prisonniers occupés
à creuser un fossé de drainage, sous la surveillance de leurs geôliers.

Dans les latrines, une inscription engage les détenus à se tenir tranquilles. Les
effroyables conditions d'hygiène, le froid et les rations alimentaires minimales ont fait
de nombreuses victimes.

En souvenir des victimes
La bataille des chiffres n'est pas terminée. A la fois enjeu politique et débat historiographique, elle continue de diviser ceux
qui se penchent sur la question. Combien de morts ? Et combien de juifs parmi les victimes : 1,3 million, 1,5 millions ? On ne
le saura jamais, mais on est certain qu'ils constituent la grande majorité de ceux qui ont perdu la vie ici.
Un mémorial international aux victimes du fascisme, comportant des inscriptions en
10 langues, a été inauguré en 1967. C'est ici que se recueillent les officiels qui
visitent le camp...
... et les anonymes aussi.
Tous les prisonniers étaient dépouillés de leurs biens dès leur arrivée au camp. Ceux
destinés à mourrir n'avaient plus besoin de rien. Aux autres, on donnait l'uniforme
rayé réglementaire, puis, plus tard, des effets priochés dans les bagages.
La douche collective, glacée ou brûlante mais toujours sans savon ni serviette : étape
obligatoire dans le parcours des nouveaux arrivants.
Les autoclaves destinés à désinfecter les effets récupérés. Une grande partie du
linge était acheminée en Allemagne, distribuée à la population ou recyclée. Le
recyclage a aussi concerné... les cheveux tondus des détenus qui sont entrés
notamment dans la fabrication de matières textiles. A la libération du camp, les
Soviétiques ont trouvé 7 tonnes de cheveux emballés dans des sacs, en attente
d'être expédiés vers les usines du Troisième Reich.
Le mur du Souvenir, dans le bâtiment du Sauna. Victimes anonymes ou identifiées de
la barbarie nazie... On les voit ici dans leur “vie d'avant“ : souvenirs de vacances,
réunions de familles, sourires de fête ou postures officielles. Autant de destins brisés.

Auschwitz II - Birkenau : l'intérieur d'une baraque
réservée aux femmes

Témoignages de déportés
Extraits du reportage “Auschwitz, le temps de la mémoire“
Il y a soixante ans ils ont été déportés depuis la France vers les camps d'extermination d'Auschwitz, mais restent
indéfectiblement liés à un passé qui malgré l'horreur et la disparition a fait d'eux des hommes et des femmes tournés vers
la vie.
Tous à leur manière sont des rescapés du génocide. Au travers de séquences vidéos, depuis leur domicile parisien, ils
livrent leurs témoignages entre sensation immédiate et analyse distanciée, entre évocation et réflexion, entre devoir et
urgence. Sans pathos mais avec passion.
Séquence sonore : Addy Fuchs , né le 26 février 1926.
Arrêté le 26 juillet 1942 et déporté à Auschwitz III / Blechhammer par le convoi N°35 (enregistré en janvier 2005)

Ressources

Varsovie et la Pologne sur la toile
Site du gouvernement polonais, informations de toutes sortes sur le pays.
polska.gov.pl/?command=languages/do_choose&language_id=fr
Site officiel de la Ville de Varsovie
www.e-warsaw.pl/france/index.php
L'office national polonais de tourisme
www.tourisme.pologne.net/
Pour tout savoir sur les sorties et la vie culturelle de la ville : hôtels, restaurants
programmes…(en anglais)
www.warsaw-life.com/
Site officiel du palais de la Culture et des Sciences (en polonais)
www.pkin.pl/
Tout sur la France et la Pologne
www.wirtualnafrancja.com/pol/
Le ministère des affaires étrangères de Pologne
www.pologne.gov.pl
L'ambassade de France en Pologne
www.ambafrance-pl.org/
L'institut français de Varsovie
www.ifv.pl/
Gazeto Beskid, le premier magazine francophone consacré à la Pologne.
www.beskid.com
Le site personnel du musicien compositeur Andrzej Smolik
www.smolik.com.pl/
Le musée de l'insurrection de Varsovie(en polonais)
www.1944.pl/
Site sur l'histoire de la résistance polonaise, créé à l'instigation d'anciens combattants avec des
articles d'historiens
www.polishresistance-ak.org
Encyclopédie multimédia de la Shoah, reliée au site du Musée de l'Holocauste (Etats-Unis)
www.ushmm.org/wlc/fr/
Le site officiel d'Auschwitz-Birkenau
www.auschwitz-muzeum.oswiecim.pl/
Cracovie
Association des amitiés franco-polonaises et de nombreuses informations sur Cracovie
www.tppf.krakow.pl/
Site officiel de la ville de Cracovie
www.krakow.pl/en/
Site officiel du Wawel à Cracovie (en polonais)
www.wawel.krakow.pl/
Cuisine française gastronomique à Cracovie.
www.cyranodebergerac.pl/

Bibliographie établie par ITINERAIRES
La librairie des voyages
60 rue Saint Honoré, 75001 Paris
tel: 01 42 36 12 63 Fax : 01 42 33 92 00 www.itineraires.com/
Guides
Le Petit Futé Pologne
Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette
Ed Le petit futé mai 2005
Le dernier né d'une collection à mettre dans toutes les poches.
Cracovie – le Guide Autrement
E. Kulakowska
Ed. Autrement
Contient une introduction littéraire avec deux textes inédits écrits par des écrivains
contemporains, et le guide culturel et pratique riche en informations, conseils, adresses,
par un auteur local, intime de la ville.
Le Grand Guide de la Pologne - La bibliothèque du voyageur
Ed. Gallimard
Un guide pour faire connaissance avec le pays par le biais de son histoire de façon assez
détaillée puis partir vers la découverte du territoire et de son patrimoine.
1995

Pologne et les capitales baltes - Guide du routard 05
Philippe Gloaguen, Collectif
Ed. Hachette
Publié en mai 2005 ce guide a le mérite de penser la Pologne dans un contexte
géopolitique résolument tourné vers l'Europe
Polonais express
T. Bartz
Ed. du dauphin
A la fois un guide de conversation et une introduction au pays.
Beaux livres
TATRAS, une légende dorée polonaise
Collectif
Ed Somogy
Le Musée des Tatras à Zakopane, au sud de la Pologne conserve en son sein une
collection exceptionnelle de peintures populaires anciennes sur verre. Représentant
souvent des sujets religieux, celles-ci ornèrent les maisons des montagnards dès le XVIIIe
siècle. Elles furent collectionnées entre 1880 et la Première Guerre mondiale pour des
raisons patriotiques et relancées après la Seconde Guerre mondiale
Pologne
A. Lorgnier
Ed. Vilo
Cet ouvrage fait découvrir un visage peu connu de la Pologne fraîchement européenne :
les différents peuples, l'emprise de la foi, la gastronomie, Gdansk et la côte baltique, la
région des lacs ...

Essais
Varsovie en mouvement
Collectif
Ed. Autrement
Description et visite de la ville à travers le portrait d'une vingtaine d'habitants aux activités
représentatives de la capitale polonaise d'aujourd'hui (culturelle, sociale, économique). On
en découvre le fonctionnement, les ressources, les blessures et les enjeux. Evocation des
grands bouleversements à l'oeuvre depuis quinze ans mais aussi de certaines
permanences. Un long entretien avec Andrzej Wajda.
Savoureuse Pologne
V. Bourdon
Ed. Noir sur Blanc
160 recettes culinaires et leur histoire. Une savoureuse façon de se pénétrer de la culture
du pays.
Littérature
La gloire et la renommée
J. Iwaszkiewicz
Ed. Noir sur Blanc (en deux volumes)
Décrit les destins de jeunes gens pris dans les tourmentes du début du siècle. Les
aventures et les amours de Janusz et de son ami d'enfance Jozio servent de prétexte à
dépeindre l'Europe des années folles, de Varsovie en pleine effervescence politique à la
bohème parisienne, de Madrid en guerre à Rome éternellement envoûtante.
Cracovie à vol d'oiseau
S. Germain
Ed. du Rocher
Raconter un pays, c'est raconter sa vie dans un pays. Dans cette balade cracovienne, ce
sont les voix de quelques poètes qui surtout tinteront hors de la rumeur ambiante et
scanderont le tempo de la marche.

Souvenirs de Pologne
Witold Gombrowicz
Ed. Gallimard
Ces "Souvenirs de Pologne" posthumes, cycle de feuilletons écrits au début des années 60
pour la Radio Europe Libre de Munich, mais jamais diffusés, ont été retrouvés en 1976
dans les écrits de l'auteur.
Le pianiste
Wladyslaw Szpilman, présentation Andrzej Szpilman
Ed. Pocket Jeunesse
L'extraordinaire destin d'un musicien juif dans le ghetto de Varsovie, 1939-1945.
Suivi des extraits du "Journal du capitaine Wilm Hosenfeld"
Histoire
La Pologne : histoire, société, culture
Daniel. Beauvois
Ed. La Martinière
Dix siècles d'histoire sont racontés, depuis la formation de la nation polonaise au Xe siècle
jusqu'à l'époque actuelle : les dynasties, les réformes politiques et religieuses, les vagues
d'épidémies du XXe siècle ...
Varsovie 44 : l'insurrection
Elisabeth G. Sledziewski.
Ed. Autrement
Récits de l'insurrection Août / octobre 44.
Le témoignage du martyre du peuple polonais pendant la Seconde Guerre mondiale et les
actes de courage d'un jeune combattant de l'AK, la résistance polonaise.

Auschwitz, résidence de la mort
Adam Bujak, Teresa et Henryk Świebocki.
Ed. Bialy Kruk
Simple clair et précis, l'alliance de documents du passé et d'un état des lieux aujourd'hui.
Pour mieux saisir l'ampleur de la Shoah.