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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> civils (notamment <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> la presse) qui fait qu’un gouvernement doit<br />

rendre compte <strong><strong>de</strong>s</strong> situations <strong>de</strong> famine et est davantage susceptible <strong>de</strong> prendre les mesures<br />

adéquates <strong>de</strong> prévention, cf. (Sen, 1991a). De même, c’est la reconnaissance et<br />

l’application du droit à la vie qui permettent l’exercice <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> civils et politiques : seul<br />

un homme vivant, ayant un niveau <strong>de</strong> vie suffisant, peut être à même d’exercer librement<br />

et réellement ses <strong>droits</strong> civils et politiques.<br />

Mais c’est surtout à travers sa <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> la Commune <strong>de</strong> Paris que Karl Marx<br />

indique qu’une société idéale, communiste, ne peut se passer <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme dans<br />

leur ensemble. Un élément fondamental est toutefois remis en cause par K. Marx : la<br />

séparation <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs, en particulier du législatif et <strong>de</strong> l’exécutif qui, au sein <strong>de</strong> la<br />

Commune, dépen<strong>de</strong>nt d’un même organe. Cette remise en cause est justifié par la vision<br />

que Marx se fait <strong>de</strong> l’Etat et qu’il trouve dans la Commune : un Etat dans la société, et non<br />

au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus d’elle, fait pour la servir (Marx, 1871, p. 43) 16 . Thème <strong>de</strong> l’Etat serviteur qui,<br />

comme tous les autres organes <strong>de</strong> la société, doit respecter et promouvoir les <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme. Il est ainsi possible <strong>de</strong> voir une passerelle entre Karl Marx et les libéraux<br />

puisqu’il ramène explicitement l’Etat à un rôle subalterne – bien qu’essentiel – face à la<br />

société dan son ensemble. En outre, il constate avec satisfaction que la Commune a aboli<br />

les « <strong>de</strong>ux gran<strong><strong>de</strong>s</strong> sources <strong>de</strong> dépenses : l’armée permanente et le fonctionnarisme d’Etat »<br />

(…) fournissant « à la République la base d’institutions réellement démocratiques »<br />

(Marx, 1871, p. 45).<br />

Une autre question ambiguë est celle du mandatement, puisque tout membre <strong>de</strong> la<br />

Commune est révocable à tout moment. Est-ce à dire que les élus doivent être les<br />

représentants d’intérêts particuliers, ce qui serait contraire aux valeurs démocratiques<br />

mo<strong>de</strong>rnes ? En montrant la beauté et la force <strong>de</strong> cette « initiative historique », <strong>de</strong> cette<br />

tentative <strong>de</strong> « société nouvelle » (Marx, 1871, p. 52), où est visible « la tendance d’un<br />

gouvernement du peuple par le peuple » (I<strong>de</strong>m, p. 50), Karl Marx rejoint Sieyès en<br />

considérant la force du mouvement politique. Autrement dit, il s’agit <strong>de</strong> reconnaître<br />

l’importance du mouvement en politique, le besoin <strong>de</strong> l’action, <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> décision et <strong>de</strong><br />

la responsabilité qui lui est associée. Il ne convient donc pas que les élus défen<strong>de</strong>nt les<br />

16 Un point <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la conjoncture peut aussi justifier l’inutilité <strong>de</strong> la séparation <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs<br />

apparemment exposée par Marx : c’est que Napoléon Ier adoptait la position suivante : si les pouvoirs sont<br />

indépendants, le pouvoir exécutif doit voir son indépendance respectée par le pouvoir législatif qui doit se<br />

contenter <strong>de</strong> légiférer conformément à la science <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce. Autrement dit, la représentation<br />

populaire (le Parlement) n’aurait eu aucun contrôle sur le gouvernement, ce qui va à l’encontre <strong>de</strong> la<br />

démocratie. Il est possible <strong>de</strong> dire que c’est à ce genre <strong>de</strong> vision que Marx s’oppose en considérant comme<br />

superflue, voire néfaste, la séparation <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs, dès lors que ceux-ci sont démocratiques.<br />

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