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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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d’avoir également escamoté, ou du moins <strong>de</strong> ne pas avoir vu, le fait que la Révolution<br />

française, ayant reposé sur le mouvement populaire, relève en partie d’une doctrine<br />

rousseauiste <strong>de</strong> la démocratie du travail (Jedryka, 1974). Les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme sont aussi<br />

une concession au peuple que la bourgeoisie montante ne pouvait pas ne pas proclamer.<br />

En réalité, ces critiques sont déjà exprimées, nous semble-t-il, par Marx lui-même.<br />

En effet, face à la sélection <strong>de</strong> <strong>droits</strong> qu’il critique, il reprend ceux-ci dans leur ensemble<br />

afin <strong>de</strong> les défendre, et se contredit donc lui-même. Il sait que la Révolution française n’est<br />

pas que bourgeoise et que les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme eux-mêmes n’ont donc pas un caractère<br />

unique. Ainsi en est-il du droit <strong>de</strong> propriété dont Marx nous dit que les propriétaires ont été<br />

contraints <strong>de</strong> lui donner sont caractère libéral en en faisant un droit <strong>de</strong> l’homme (Marx et<br />

Engels, 1846, p. 201). Ainsi, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> moteurs <strong>de</strong> toutes les révolutions est la volonté <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

petits paysans <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r la terre qu’ils cultivent, donnant un aspect universel à la<br />

propriété face aux gros possédants. Karl Marx n’écrit-il pas lui-même que celui qui<br />

travaille réellement la terre est son possesseur effectif (Marx, 1867b, p. 727) ? En outre,<br />

s’il s’oppose aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme tels qu’ils sont pratiqués, c’est bien parce qu’ils<br />

constituent alors <strong><strong>de</strong>s</strong> privilèges, la propriété privée étant elle-même un monopole (Marx et<br />

Engels, 1846, p. 202).<br />

Ainsi, et alors qu’il entend critiquer l’attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> philosophes allemands qui font <strong>de</strong><br />

l’abstraction <strong><strong>de</strong>s</strong> idées le corps <strong>de</strong> leur analyse, c’est sur un autre terrain qu’il critique en<br />

réalité les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. En effet, ceux-ci ne sont critiqués comme idée abstraite que<br />

parce qu’en tant que tels, ils ne s’appliquent pas à tous concrètement. Ainsi, d’une critique<br />

qui se veut « anti-<strong>droits</strong>-<strong>de</strong>-l’homme » car idée abstraite, Karl Marx récuse la société<br />

capitaliste en montrant pourquoi et comment elle ne respecte pas les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. A<br />

travers sa critique du capitalisme, c’est-à-dire toute son œuvre économique, il s’évertue<br />

donc à défendre les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Bien sûr, il ne fait pas que cela ; ce n’est pas son<br />

objectif essentiel, ce n’est qu’une conséquence <strong>de</strong> ses analyses, même si elle est majeure.<br />

Par ailleurs, Marx envisage le dépassement <strong>de</strong> la société capitaliste par une société idéale<br />

où, par définition, les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme n’ont pas leur place, puisqu’ils y sont<br />

automatiquement réalisés.<br />

Dès lors, ce que nous souhaitons montrer ici, c’est comment il est envisageable, en<br />

se basant sur les écrits <strong>de</strong> Marx, <strong>de</strong> développer une analyse économique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme et non pas <strong>de</strong> démontrer à tout prix que celui-ci est un <strong>de</strong> leurs défenseurs, ce qui<br />

<strong>de</strong> toute façon est une évi<strong>de</strong>nce, cf. (d’Hondt, 1986, p. 83s). En effet, la société idéale, pour<br />

exister, implique l’existence et le respect <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme en tant que fin ultime en<br />

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