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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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<strong>de</strong> propriété. Le second débat s’intéresse, quant à lui, aux liens entre rejet du capitalisme,<br />

société idéale et <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

I. Critique marxienne <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme : limites et contreexemples.<br />

Si Karl Marx, d’abord philosophe libéral et étudiant en droit hégélien, commence<br />

par comprendre toute la portée politique <strong>de</strong> la Révolution française <strong>de</strong> 1789, notamment en<br />

suivant les traces <strong>de</strong> Sieyès 4 , il rejette assez vite les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> 1789 qu’il<br />

considère comme <strong><strong>de</strong>s</strong> abstractions. Il le fait dans un article <strong><strong>de</strong>s</strong> Annales Franco-<br />

Alleman<strong><strong>de</strong>s</strong>, « La Question Juive » 5 . Ce rejet se poursuit à travers la critique plus générale<br />

<strong>de</strong> la philosophie alleman<strong>de</strong>, celle-ci voulant que les idées dirigent le mon<strong>de</strong> et sont<br />

capables par elles-mêmes <strong>de</strong> le changer ; c’est tout le thème <strong>de</strong> L’idéologie alleman<strong>de</strong><br />

(Marx et Engels, 1846). Cette critique d’une position philosophique le mène à contester,<br />

outre les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, les idées abstraites comme celle <strong>de</strong> « liberté » ou <strong>de</strong><br />

« justice » 6 . Ainsi, en 1849, dans Le Panslavisme démocratique, il écrit :<br />

« La « Justice », l’« Humanité », la « Liberté », etc. peuvent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r mille fois<br />

ceci ou cela ; mais si la chose est impossible, alors elle ne se produit pas et elle<br />

reste malgré tout cela une chimère (…). Avec tous les vœux pieux et les beaux<br />

rêves, on ne peut rien faire contre la nécessité… » (cité par d’Hondt, 1986).<br />

Il y a pourtant chez Karl Marx aussi – et nécessairement, puisqu’il se veut théoricien – une<br />

conceptualisation abstraite, à la fois <strong>de</strong> la société et <strong>de</strong> l’être humain lui-même, ce qui ne<br />

l’empêche donc pas, dans un premier temps, <strong>de</strong> s’attaquer fortement aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme. Un premier point précise cette critique et en montre les limites. Après quoi, un<br />

second point développe la vision que Karl Marx se donne <strong>de</strong> l’homme ainsi que <strong>de</strong> la<br />

notion <strong>de</strong> <strong>droits</strong> naturels. Nous verrons alors qu’il a une structure d’analyse qui défend les<br />

4 Cf. (Guilhaumou, 1999) ; voir aussi (Bourdin, 1986). Pour un historique rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> Marx, cf. Pierre<br />

Bailly in (Vigezzi, 1995).<br />

5 Il peut toutefois être observé qu’à l’occasion <strong>de</strong> la défense <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> politiques <strong><strong>de</strong>s</strong> juifs concernés ici,<br />

Marx s’est montré un défenseur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ce point particulier est défendu par Joubert (1988),<br />

avec lequel nous sommes en accord.<br />

6 Ainsi, sur la notion <strong>de</strong> justice chez les marxistes, un point <strong>de</strong> vue veut que ceux-ci rejettent la justice sociale<br />

au profit <strong>de</strong> la justice politique, cf. (<strong>de</strong> Laubier, 1980). Un autre point <strong>de</strong> vue distingue plusieurs projets <strong>de</strong><br />

Marx sur la justice (par exemple, « à chacun selon son travail » face à « à chacun selon ses besoins ») pour<br />

conclure à la négation <strong>de</strong> la justice, celle-ci <strong>de</strong>venant inutile dans une société communiste, cf. (Boltanski,<br />

1990, p. 205s). Sur une théorie mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la justice chez les marxistes, voir par exemple la présentation<br />

faite par Fleurbaey (1996, p. 168s), ainsi que celle <strong>de</strong> Van Parijs (1991, p. 95s). On peut voir aussi (Garaudy,<br />

1966).<br />

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