l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

essort, il considère « qu’il faut des représentants des colonies américaines au Parlement
britannique, à proportion des impôts qu’ils payent » (Smith, 1776, p. 717). Comme le dit
Thomas Paine, « c’est la nation qui paie tout, et tout doit se conformer à sa volonté
générale » (Paine, 1790, p. 149).
Il est alors visible que, si un certain système démocratique est rejeté par Adam
Smith, c’est au profit d’un pouvoir souverain guidé par des assemblées représentatives.
Smith nous permet ainsi de comprendre le but de toute démocratie qui est l’expression de
la multiplicité des droits de l’homme : une démocratie ne peut pas seulement consister en
un suffrage universel, d’autant plus que cela peut conduire à la dictature de la majorité
qu’Adam Smith redoute par ailleurs au sein des regroupements corporatistes (1776, p.
152). Il convient, au contraire, de voir dans la démocratie le système à double sens qui
consiste à garantir les droits de tous par un pouvoir fort, tout en garantissant le contrôle de
ce pouvoir par l’ensemble du peuple. Un tel système repose sur l’éducation du peuple et la
séparation des pouvoirs qu’Adam Smith reconnaît comme nécessaires et fondamentales.
4. Education et séparation des pouvoirs.
Un passage célèbre de la Richesse des Nations évoque le fait que la division du
travail donne naissance à des métiers extrêmement routiniers et pauvres intellectuellement
(Smith, 1776, p. 877-878), (Lewis, 1977, p. 40-41). Il convient alors que le gouvernement
intervienne pour ne pas laisser tomber le peuple dans l’ignorance la plus totale. Certains
auteurs, comme Petkantchin (1996), soutiennent que Smith n’entend pas par là que l’Etat
doit prendre en charge l’éducation. De fait, nous pouvons les suivre dans cette voie puisque
Smith souhaite avant tout réduire les dépenses de l’Etat. Mais il est faux de dire que le
gouvernement n’a pas une responsabilité fondamentale en matière d’éducation. Il en a une
et elle est d’autant plus forte que l’éducation est profitable à l’Etat lui-même. C’est, entre
autres, contre la « lâcheté » du peuple que l’Etat doit s’efforcer de lutter, à la fois pour la
bonne santé de l’économie et des institutions à vocation démocratique. Le passage suivant
nous semble essentiel, et ce à plus fort égard si « lâcheté » est remplacée par « inculture »
ou « ignorance », ce que précise d’ailleurs Adam Smith lui-même.
« L’esprit martial du peuple serait-il inutile à la défense de la société que le
gouvernement devrait veiller très sérieusement à prévenir la propagation dans la
grande masse du peuple de cette sorte de mutilation, de difformité et de misère
mentales, que la lâcheté y entraîne, de la même manière qu’il devrait veiller très
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