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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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. Prémices <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> syndicaux.<br />

Pour garantir <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> salaires équitables, il y a <strong>de</strong>ux principes à<br />

respecter : l’égalité <strong>de</strong>vant la loi et l’instauration <strong>de</strong> salaires qui incluent les aléas du travail<br />

(une sorte <strong>de</strong> protection sociale avant l’heure). Tout d’abord, il convient <strong>de</strong> ne jamais<br />

favoriser les employeurs face aux ouvriers, car, (Smith, 1776, p. 166) :<br />

« quand le législateur tâche <strong>de</strong> régler les différends entre les maîtres et leurs<br />

ouvriers, il est toujours conseillé par les maîtres. Aussi, quand le règlement est en<br />

faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvriers, il est toujours juste et équitable ; mais il en est parfois<br />

autrement quand il est en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres. »<br />

Il est donc inadmissible que, alors que les maîtres peuvent se coaliser facilement, « si les<br />

ouvriers <strong>de</strong>vaient entrer dans une coalition contraire du même genre, pour ne pas accepter<br />

un certain salaire sous peine d’une certaine sanction, la loi les punirait très sévèrement »<br />

(Smith, 1776, p. 167). C’est pourquoi il convient <strong>de</strong> dénoncer la sévérité <strong><strong>de</strong>s</strong> lois qui<br />

interdisent les coalitions d’ouvriers – ce que l’on nomme aujourd’hui les syndicats – alors<br />

que dans le même temps, les coalitions patronales ne sont pas interdites (Smith, 1776, p.<br />

77-79). Ici, Adam Smith reste dans une optique relativement négative – c’est-à-dire que<br />

l’action <strong>de</strong> l’Etat doit consister à ne favoriser personne ; il faut enlever les interdictions.<br />

Mais on sent déjà chez lui l’aspect positif – l’action volontariste <strong>de</strong> l’Etat – puisqu’il<br />

s’inscrit dans une logique <strong>de</strong> besoins et s’oppose à l’esprit mercantile <strong><strong>de</strong>s</strong> marchands 11 . Au<br />

reste, les <strong>droits</strong> syndicaux tels qu’ils sont connus aujourd’hui, sont l’illustration même <strong>de</strong><br />

la complexité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme qui exigent tous une action à la fois positive et<br />

négative pour réellement exister 12 .<br />

En second lieu toutefois, Smith s’oppose aux corporations, et voit d’un très mauvais<br />

œil les systèmes d’assurance qui y existent. « Un règlement qui permet aux gens du même<br />

métier <strong>de</strong> percevoir eux-mêmes un impôt pour secourir leurs pauvres, leurs mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, leurs<br />

veuves et leurs orphelins, rend ces assemblées nécessaires, parce qu’il leur donne un intérêt<br />

commun à administrer. » (Smith, 1776, p. 152) ; or, ce rassemblement <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> même<br />

métier ne peut que les conduire à une « conspiration contre le public, ou en quelque<br />

machination pour faire hausser les prix » (I<strong>de</strong>m, p. 151). Mais Adam Smith défend malgré<br />

tout l’idée d’une garantie en cas <strong>de</strong> chômage ou <strong>de</strong> maladie. En effet, il précise que le<br />

11 Dans un autre domaine, l’intervention étatique doit « empêcher » la liberté <strong><strong>de</strong>s</strong> banques d’émettre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

billets sans aucun contrôle (Smith, 1776, p. 371).<br />

12 Cf. notamment Meyer-Bisch (1992, p. 141, 191s).<br />

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