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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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Tout d’abord, il s’agit pour Adam Smith d’éviter la violation <strong>de</strong> la vie privée en limitant la<br />

nécessité d’« investigations parfaitement insupportables dans un pays libre » (Smith, 1776,<br />

p. 963). Ce thème récurrent chez Smith est celui qui justifie le point II ; il faut que l’impôt<br />

soit simple, légitime et non arbitraire, et qu’il empêche ainsi les abus <strong>de</strong> pouvoir<br />

(notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> collecteurs). Il protège ainsi les individus <strong>de</strong> la même manière que<br />

souhaite le faire l’article 14 <strong>de</strong> la Déclaration <strong>de</strong> 1789.<br />

Ensuite, il veut éviter que les pauvres subissent les charges les plus lour<strong><strong>de</strong>s</strong> (Smith,<br />

1776, p. 984). Tout comme T. Paine après lui (1790, p. 278-279), Adam Smith défend un<br />

impôt qui soit fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités contributives, ainsi que ce qui est connu aujourd’hui<br />

sous le nom <strong>de</strong> principe « utilisateur-payeur ». Il défend ces principes pour <strong>de</strong>ux raisons :<br />

la justice et l’efficacité ; la première étant prioritaire, elle sous-tend la secon<strong>de</strong>. La justice<br />

veut que les plus pauvres, qui sont les moins à même <strong>de</strong> payer <strong>de</strong> fortes taxes, payent <strong>de</strong><br />

manière moindre que les plus riches qui, eux, ont les moyens <strong>de</strong> contribuer davantage aux<br />

fonds publics. Cette contribution supérieure <strong><strong>de</strong>s</strong> plus riches est d’ailleurs pleinement<br />

justifiée puisqu’ils sont ceux qui ont le plus à perdre et qui ont donc le plus besoin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

infrastructures publiques (armée <strong>de</strong> défense, institutions <strong>de</strong> justice, etc.) A cet égard,<br />

l’exemple <strong>de</strong> l’impôt sur la « rente <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons », c’est-à-dire l’impôt foncier, est une<br />

parfaite illustration <strong>de</strong> la pensée <strong>de</strong> Smith :<br />

« La proportion <strong>de</strong> la dépense <strong>de</strong> la rente <strong>de</strong> maison à la dépense totale pour vivre<br />

est différente suivant les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fortune. La proportion est peut-être la plus haute<br />

au plus haut <strong>de</strong>gré, et elle diminue peu à peu dans les <strong>de</strong>grés inférieurs, <strong>de</strong> façon à<br />

être en général la plus basse au <strong>de</strong>gré le plus bas. Ce sont les nécessités <strong>de</strong> la vie qui<br />

font la gran<strong>de</strong> dépense <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres. Ils trouvent difficile <strong>de</strong> se nourrir, et la plus<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur petit revenu est dépensée en subsistance. (…) Un impôt sur les<br />

rentes <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons frapperait donc en général plus lour<strong>de</strong>ment les riches ; et dans<br />

cette sorte d’inégalité, il n’y aurait peut-être rien <strong>de</strong> très déraisonnable. Il n’est pas<br />

très déraisonnable que les riches contribuent à la dépense publique, non seulement<br />

en proportion <strong>de</strong> leur revenu, mais aussi un peu au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette proportion »<br />

(Smith, 1776, p. 949-950) (souligné par nous).<br />

De la même manière, il s’oppose aux impôts qui frappent les <strong>de</strong>nrées <strong>de</strong> consommation<br />

courante, d’autant plus que ces impositions ne touchent pas toujours les riches. Ainsi, il<br />

dénonce le fait que les pauvres souffrent <strong>de</strong> l’augmentation artificielle, résultant <strong><strong>de</strong>s</strong> taxes,<br />

du prix <strong><strong>de</strong>s</strong> produits <strong>de</strong> base (sel, savon, cuir, chan<strong>de</strong>lles, etc.) (Smith, 1776, p. 288). Il<br />

dénonce en particulier, et Thomas Paine à sa suite (1790, p. 256-258), l’impôt sur la bière<br />

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