l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

de l’homme, dont la liberté et la notion de propriété, sont bien, tout à la fois, des droits
individuels et des droits collectifs. Ils sont des droits naturels attachés à l’être humain et
des droits sociaux qui dépendent de l’organisation de la société et des comportements qui y
prédominent.
Deux auteurs primordiaux, à la fois scientifiques de profession, aristocrates
d’origine russe, révolutionnaires activistes, ont marqué leur époque : Michel Bakounine
(1814-1876) et Pierre Kropotkine (1842-1921).
1. Michel Bakounine.
Michel Bakounine 46 a été l’un des fondateurs de l’Internationale au sein de laquelle
il s’est opposé à Karl Marx. Voyageant constamment, participant à la propagande et aux
actions révolutionnaires, cet homme d’action n’a pas laissé de théorie structurée
conséquente et n’était certes pas un économiste au sens strict. Sa doctrine possède toutefois
un intérêt certain pour la définition de certains concepts ou principes.
La liberté est l’un de ces concepts et, pour Bakounine, il s’agit d’abord d’un fait
social, plutôt que d’un fait individuel. La liberté d’un individu dépend de la liberté des
autres qui, loin d’être une limite de la liberté de l’individu, est sa condition nécessaire et sa
confirmation. L’extension de la liberté d’un individu accroît celle de tous les autres ou, ce
qui revient au même, ne s’accroît qu’à mesure que la liberté des autres s’accroît. Principe
de liberté que l’on retrouve chez Marx et chez Perroux, notamment, et qui fait partie de la
dignité humaine, de la capacité que doit avoir chaque être de n’obéir à aucun autre en ne
déterminant ses actes que conformément à ses convictions propres, et susceptible d’obtenir
l’assentiment général. Cela ne va pas sans poser problème toutefois, et l’on peut clairement
percevoir les limites de la pensée anarchiste qui se situe dans une société sans Etat. Il
convient, en effet, d’y insérer les droits de l’homme pour fixer des limites, non pas à la
liberté/dignité, mais bien aux libertés des actes qui en découlent. Ainsi, comment définir
l’assentiment de tous ? Si chacun suit le modèle comportemental anarchiste, il ne devrait
pas y avoir de problème ; oui mais voilà, ce modèle n’est pas plus exclusif dans le monde
réel que ne l’est l’homo-œconomicus. Ensuite, prendre des décisions en suivant ses
convictions propres, peut amener à des actes bien éloignés de la liberté anarchiste : si les
comportements ne sont pas idéaux, il se trouvera des homo-œconomicus pour vouloir la
46 Cf. (Bakounine,1873 ; 1882) et (Gide et Rist, 1920).
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