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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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pour une économie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme qui se base sur les <strong>droits</strong> légitimes <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres<br />

humains et tâche <strong>de</strong> trouver comment les mettre en œuvre (il propose notamment, quant à<br />

lui, l’actionnariat ouvrier).<br />

Le troisième <strong>de</strong> ces auteurs, Pierre-Joseph Proudhon, est un peu plus ambigu,<br />

comme il se doit pour le précurseur <strong>de</strong> l’anarchisme. Il se veut clairement l’un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

successeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> 1789 et base son argumentation, notamment vis-à-vis <strong>de</strong> la<br />

propriété, sur les <strong>droits</strong> naturels. Il est ainsi pour un traitement égalitaire <strong>de</strong> tous les<br />

hommes, parce que toutes les fonctions sociales sont interdépendantes, et donc <strong>de</strong> même<br />

valeur ; ce qui ne l’empêche pas, toutefois, <strong>de</strong> considérer que la femme est inférieure,<br />

autant physiquement qu’intellectuellement. Par ailleurs, il est extrêmement favorable à la<br />

libre-concurrence, puisqu’il va même jusqu’à s’opposer au droit <strong>de</strong> coalition et au droit <strong>de</strong><br />

grève. En effet, il lui semble qu’au moment où il écrit, seule la libre-concurrence peut être<br />

une garantie du juste prix (cf. Denis, 1966, p. 382). Il faut dire que, s’il reconnaît l’utilité<br />

<strong>de</strong> l’Etat dans ses <strong>de</strong>rniers écrits, il n’en reste pas moins qu’il s’est d’abord farouchement<br />

opposé à celui-ci et à la démocratie, leur préférant une société tout entière basée sur les<br />

contrats, seule susceptible d’échapper à la tyrannie <strong>de</strong> la majorité.<br />

De même, sa position sur le droit <strong>de</strong> propriété va être à double facette, ce qui la<br />

rend particulièrement intéressante. Il s’oppose tout d’abord à la propriété qu’il assimile à<br />

un vol, un « effet sans cause ». Elle est contraire à la fois à la société, puisqu’elle viole le<br />

droit naturel garantissant à tous l’accès aux moyens <strong>de</strong> subsistance, et à la nature <strong>de</strong><br />

l’homme, puisque ce <strong>de</strong>rnier a <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités « confiées par la nature pour vivre, connaître,<br />

aimer ; il n’en a pas le domaine absolu, il n’en est que l’usufruitier ; et cet usufruit, il ne<br />

peut l’exercer qu’en se conformant aux prescriptions <strong>de</strong> la nature » (Proudhon, 1839).<br />

Nous suivons Proudhon <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons : tout d’abord, nous considérons que le droit <strong>de</strong><br />

propriété est relatif à l’être humain et non pas inhérent. Ensuite, l’homme n’a pas un droit<br />

<strong>de</strong> propriété absolue sur son propre corps. Ce <strong>de</strong>rnier, tout comme la liberté, ne peut être<br />

aliéné par l’homme. En fait, le droit <strong>de</strong> propriété en tant que droit <strong>de</strong> l’homme, y compris<br />

la liberté sur son propre corps, doit être compris à la fois comme une protection face à<br />

autrui – il est interdit <strong>de</strong> blesser autrui – et comme un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> responsabilité inhérent au<br />

droit <strong>de</strong> propriété. Ce <strong>de</strong>voir signifie que l’homme doit veiller sur ce qui est en sa<br />

possession pour éviter sa dégradation inutile et pour qu’il n’en soit pas fait un mauvais<br />

usage. Il faut toutefois différencier le droit <strong>de</strong> propriété sur les choses et ce que l’on appelle<br />

à tort le droit <strong>de</strong> propriété sur notre propre corps. Ce <strong>de</strong>rnier, en effet, est davantage une<br />

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