l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

des auteurs français de la première moitié du XIXe siècle (Saint-Simon, Proudhon,
Sismondi), des anarchistes et de celle de l’école historique allemande 42 .
A. Les auteurs socialistes français.
Au nombre des penseurs « socialistes » du début du XIXe siècle, se trouvent Saint-
Simon (1760-1825), Sismondi (1773-1842) et Proudhon (1809-1865) 43 .
Le premier de ces trois auteurs, Henry de Saint-Simon, voit les dirigeants
d’industrie comme les chefs légitimes, en raison des services éminents rendus au peuple ;
et s’il est socialiste, c’est parce qu’il place l’obligation et l’organisation du travail audessus
de tout. Il y a donc, chez Saint-Simon, une mise en avant de l’importance des
producteurs face aux tenants du pouvoir, soit politique, soit financier. Cependant, sa
conclusion est qu’il convient de donner de plus en plus de pouvoir politique aux industriels
les plus efficaces. Du point de vue qui nous préoccupe, une telle position n’est pas
forcément optimale. Une société axée sur la production industrielle et qui confond le
pouvoir économique et le pouvoir politique, peut être contre-productive en matière de
droits de l’homme. Son seul avantage potentiel est sa capacité à prendre en compte les
besoins des producteurs et des travailleurs. Dans ce cadre, l’analyse marshallienne est plus
aboutie.
Le second auteur, Sismonde de Sismondi, genevois d’origine, dénonce le
capitalisme qui fonctionne en ponctionnant la « mieux-value », c’est-à-dire le travail non
payé à l’ouvrier. Pour cet auteur, l’économie politique repose sur l’observation, et son
véritable objet est l’homme et son bien-être physique. Il inaugure ainsi ce qui s’appellera
par la suite l’économie sociale. Il soutient notamment la baisse du temps de travail avec
des salaires constants et considère qu’un faible prix est dommageable lorsqu’il est obtenu
par le sacrifice de la santé des ouvriers. Il est ainsi, par certaines de ses idées, le précurseur
de Marshall, de Marx ou d’Amartya Sen. Par exemple, lorsqu’il s’oppose aux thèses
malthusiennes, il constate que ce n’est pas le manque de production qui cause les famines,
mais l’impossibilité d’acheter les produits ou d’exploiter la terre. Il y a donc là une voie
42 Nous laissons donc de côté K. Marx, que nous traitons plus bas, ainsi que les utopistes (Cabet, Owen,
Fourier), les socialistes chrétiens et les socialistes anglais, parmi d’autres. Ce n’est pas qu’ils ne présentent
pas d’intérêt, mais c’est que nous manquons de place. Il ne s’agit ici, après tout, que de faire un rapide survol
des courants de pensées économiques afin de cerner les oppositions et les convergences avec une
problématique des droits de l’homme, et de distiller ainsi quelques idées générales qui seront retrouvées et
approfondies dans un contexte contemporain par la suite.
43 Nous nous appuyons sur Henri Denis (1966), Gide et Rist (1920) et sur le recueil, (Proudhon, 1839).
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