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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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tantôt l’aventurer dans l’abstraction la plus poussée, ne tenant plus compte que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

échanges et non <strong><strong>de</strong>s</strong> individus qui se tiennent <strong>de</strong>rrière. Cela le conduit à préciser ce qu’est<br />

une société rationnelle ; société dans laquelle les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme ont une place ambiguë.<br />

Ainsi, en économie pure, la libre-concurrence est tout, et les facteurs <strong>de</strong> production<br />

se répartissent selon ses règles. Les facteurs <strong>de</strong> production sont le travail, le capital et la<br />

terre, et leurs revenus sont déterminés par le marché. L’individu ne peut être considéré que<br />

comme un ven<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> services, en même temps qu’il est un consommateur <strong>de</strong> biens. Une<br />

fois réduit à cet état, il n’a plus d’autre choix que <strong>de</strong> suivre l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> prix et <strong>de</strong> s’y<br />

conformer. Les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme se dissolvent dans l’échange, ils n’y ont pas leur place.<br />

A cette vision d’une individualité totale où les individus n’ont aucun contact direct et où<br />

l’équilibre <strong><strong>de</strong>s</strong> offres et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> chacun va être obtenu par tâtonnement, s’oppose<br />

une vision <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong> la société qui laisse place à un souci constant du service du<br />

public, proche <strong><strong>de</strong>s</strong> exigences <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ce sont les <strong>de</strong>ux dimensions<br />

parallèles <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> Walras, avec d’un côté une économie pure et, <strong>de</strong> l’autre, une<br />

économie sociale. C’est notamment dans ce cadre que les profits doivent être nuls à<br />

l’équilibre, puisque pour Walras, la fonction d’entrepreneur est un service gratuit qui ne<br />

doit pas spolier les autres agents, cf. (Blaug, 1986, p. 693), (Dockès, 1999, p. 30).<br />

De la même façon, les terres et les ressources naturelles appartiennent à l’Etat,<br />

c’est-à-dire à tous, y compris aux générations futures 38 ; la rente remplace, dans ce<br />

contexte, tout autre impôt. La rente sert à financer les services publics fournis gratuitement,<br />

au nom du droit naturel ou, dans le cas <strong>de</strong> services d’intérêt privé (voie <strong>de</strong> communication,<br />

poste, etc.), au nom <strong>de</strong> l’intérêt social. Ces services garantissent à chaque personne la base<br />

nécessaire pour qu’elle soit en mesure <strong>de</strong> déployer elle-même toutes ses capacités<br />

physiques et psychiques qui, seules, créeront une inégalité – mais une inégalité <strong>de</strong> mérite,<br />

tout à fait légitime. Pour Walras, nous dit Charles Gi<strong>de</strong> – qui était en correspondance avec<br />

Walras – « l’Etat est chargé d’assurer les conditions générales d’existence communes à<br />

tous les hommes. L’individu est chargé <strong>de</strong> réaliser, en fonction <strong>de</strong> ses aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, son travail<br />

et sa persévérance propre, sa position personnelle dans la société. » (Gi<strong>de</strong> et Rist, 1920, p.<br />

678). Walras envisage en fait une société idéale basée sur la concurrence libre bornée par<br />

un Etat doté d’une rationalité parfaite, qui réglemente les conditions <strong>de</strong> travail et contrôle<br />

les monopoles naturels, cf. (Dockès, 1999, p. 30-31).<br />

38 Les développements présentés ici sont re<strong>de</strong>vables <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux suivants : (Dockès, 1999), (Lallement,<br />

1990), (Nakakubo, 1999), (Potier, 1998 ; 1999) et (Van Daal, 1999).<br />

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