l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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Ainsi, en mettant en avant le phénomène de développement parallèle de la sphère économique et des autres sphères (écologique et sociale) qui provoque l’émergence de l’expression toujours plus affinée des droits de l’homme, nous avons montré à la fois l’utilité de ces derniers pour la régulation de la sphère économique et leur nécessaire autonomie à l’égard de celle-ci. En effet, les droits de l’homme sont des principes supérieurs à ceux de l’économie marchande, principes qui ont vocation à réguler l’ensemble des sphères et de leurs interactions. Il y a donc une nécessité, pour l’économiste, à prendre en compte les droits de l’homme comme norme légitime et supérieure d’efficacité, ce qu’illustrent par exemple, d’une part, les dangers de la dérégulation des relations de travail et, d’autre part, les limites des « réglementations privées » que constituent les codes de conduite issus des firmes transnationales. Chapitre IV. Les dangers précédemment détaillés nous ayant conduit à réaffirmer l’importance des mécanismes de régulation nationaux et internationaux, la question se pose du rôle de la mondialisation dans la promotion des droits de l’homme et, par voie de conséquence, de l’importance du développement et de l’interaction de celui-ci avec ces droits. Le chapitre IV donne les éléments de compréhension nécessaires à l’élargissement des arguments avancés dans les chapitres précédents. Il précise ainsi les liens paradoxaux qui unissent mondialisation économique et droits de l’homme, et permet de défendre un « universalisme démocratique » face à la mondialisation néo-libérale. Pour ce faire, il met en exergue les analyses économiques du rapport entre croissance et démocratie, et s’interroge sur la portée de tels travaux. Il montre au final que la démocratie peut être défendue par les économistes, contrairement à une certaine pratique dominante. Dans ce cadre, ce chapitre a aussi tenté d’éclairer le fait que les droits de l’homme peuvent faire l’objet d’une formalisation mathématique (même si cela doit être fait avec prudence), ce 468

qui permet de les inclure plus globalement à la recherche économique, tout en enrichissant celle-ci 4 . Par ailleurs, en indiquant comment les droits de l’homme peuvent être au cœur du processus de développement notamment à travers le concept de « droit au développement », il s’est agi, d’une part, de dénoncer les politiques réellement existantes qui vont à l’encontre de ces droits et, d’autre part, d’indiquer que l’alternative existe et est clairement définie. S’il y a là la possibilité d’un fort pessimisme, puisque comment s’opposer aux puissances qui gouvernent (si mal) le monde ? La mise en pratique, même limitée, de certains principes, ainsi que leur approfondissement théorique, nous semblent faire partie d’un travail de long terme, seul susceptible de faire reconnaître les droits de l’homme dans leur intégrité pleine et entière. Autrement dit, comme le revendiquait Léon Walras (cf. chapitre I, supra), l’économiste doit être l’un des jalons d’une longue lutte dont nous ne verrons sans doute pas la fin, mais en laquelle nous devons croire. Sinon, pourraiton dire, à quoi bon faire de la recherche à vocation scientifique ? Et c’est pourquoi ce chapitre IV se termine par une recherche plus générale sur le concept même de développement et sur les concepts qui lui sont associés actuellement, le « capital social » et la « gouvernance ». Les limites de ces concepts nous conduisent à préciser deux axes particuliers de recherche : la double nécessité du changement et de la permanence dans le processus de développement ; la nécessité de la coopération qui implique un aller-retour constant et approfondi entre le « bas et le haut », entre les citoyens et l’Etat, entre les mouvements locaux et les institutions internationales, et ainsi de suite. Bien sûr, il est possible de considérer que ces résultats restent modestes. Cependant, ils sont un premier pas qui donne les clefs d’une interprétation économique cohérente des droits de l’homme. Ils incluent ces droits dans une perspective globale et réaffirment l’importance de l’humanisme scientifique qui autorise de penser l’économie dans son 4 N’oublions pas, en effet, la raison principale pour laquelle nous avons pris la peine de présenter notre démarche sous la forme d’une étude « métaéconomique ». Il s’agissait essentiellement d’éviter le risque – sans doute tentant mais extrêmement pernicieux – d’inclure purement et simplement les droits de l’homme aux modèles économiques, comme une simple variable de plus. Nous récusons très nettement ce type de méthode qui a été utilisé, par exemple, pour l’affection ou l’altruisme. Si les théories sur ces questions ont pu se développer de manière parfois intéressante, elles restent généralement fermées sur des considérations « strictement » économique (de maximisation de l’utilité, etc.) fondées uniquement sur les postulats de l’économie orthodoxe (utilitarisme, économie du bien-être, équilibre général). Or, comme nous l’avons explicité dans notre chapitre II, ces démarches présentent des analyses qui, par certains aspects, se révèlent insuffisantes et, en tout état de cause, inadéquates pour tenir correctement compte des droits de l’homme. Une analyse métaéconomique permet, au contraire, d’inclure réciproquement les droits de l’homme au sein de l’économie et cette dernière au sein des premiers. L’inclusion des droits de l’homme dans la réflexion économique doit élargir celle-ci et non affaiblir ces droits. 469

qui permet <strong>de</strong> les inclure plus globalement à la recherche économique, tout en enrichissant<br />

celle-ci 4 .<br />

Par ailleurs, en indiquant comment les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme peuvent être au cœur du<br />

processus <strong>de</strong> développement notamment à travers le concept <strong>de</strong> « droit au<br />

développement », il s’est agi, d’une part, <strong>de</strong> dénoncer les politiques réellement existantes<br />

qui vont à l’encontre <strong>de</strong> ces <strong>droits</strong> et, d’autre part, d’indiquer que l’alternative existe et est<br />

clairement définie. S’il y a là la possibilité d’un fort pessimisme, puisque comment<br />

s’opposer aux puissances qui gouvernent (si mal) le mon<strong>de</strong> ? La mise en pratique, même<br />

limitée, <strong>de</strong> certains principes, ainsi que leur approfondissement théorique, nous semblent<br />

faire partie d’un travail <strong>de</strong> long terme, seul susceptible <strong>de</strong> faire reconnaître les <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme dans leur intégrité pleine et entière. Autrement dit, comme le revendiquait Léon<br />

Walras (cf. chapitre I, supra), l’économiste doit être l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> jalons d’une longue lutte dont<br />

nous ne verrons sans doute pas la fin, mais en laquelle nous <strong>de</strong>vons croire. Sinon, pourraiton<br />

dire, à quoi bon faire <strong>de</strong> la recherche à vocation scientifique ? Et c’est pourquoi ce<br />

chapitre IV se termine par une recherche plus générale sur le concept même <strong>de</strong><br />

développement et sur les concepts qui lui sont associés actuellement, le « capital social » et<br />

la « gouvernance ». Les limites <strong>de</strong> ces concepts nous conduisent à préciser <strong>de</strong>ux axes<br />

particuliers <strong>de</strong> recherche : la double nécessité du changement et <strong>de</strong> la permanence dans le<br />

processus <strong>de</strong> développement ; la nécessité <strong>de</strong> la coopération qui implique un aller-retour<br />

constant et approfondi entre le « bas et le haut », entre les citoyens et l’Etat, entre les<br />

mouvements locaux et les institutions internationales, et ainsi <strong>de</strong> suite.<br />

Bien sûr, il est possible <strong>de</strong> considérer que ces résultats restent mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes. Cependant, ils<br />

sont un premier pas qui donne les clefs d’une interprétation économique cohérente <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Ils incluent ces <strong>droits</strong> dans une perspective globale et réaffirment<br />

l’importance <strong>de</strong> l’humanisme scientifique qui autorise <strong>de</strong> penser l’économie dans son<br />

4 N’oublions pas, en effet, la raison principale pour laquelle nous avons pris la peine <strong>de</strong> présenter notre<br />

démarche sous la forme d’une étu<strong>de</strong> « métaéconomique ». Il s’agissait essentiellement d’éviter le risque –<br />

sans doute tentant mais extrêmement pernicieux – d’inclure purement et simplement les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme<br />

aux modèles économiques, comme une simple variable <strong>de</strong> plus. Nous récusons très nettement ce type <strong>de</strong><br />

métho<strong>de</strong> qui a été utilisé, par exemple, pour l’affection ou l’altruisme. Si les théories sur ces questions ont pu<br />

se développer <strong>de</strong> manière parfois intéressante, elles restent généralement fermées sur <strong><strong>de</strong>s</strong> considérations<br />

« strictement » économique (<strong>de</strong> maximisation <strong>de</strong> l’utilité, etc.) fondées uniquement sur les postulats <strong>de</strong><br />

l’économie orthodoxe (utilitarisme, économie du bien-être, équilibre général). Or, comme nous l’avons<br />

explicité dans notre chapitre II, ces démarches présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses qui, par certains aspects, se révèlent<br />

insuffisantes et, en tout état <strong>de</strong> cause, inadéquates pour tenir correctement compte <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

Une analyse métaéconomique permet, au contraire, d’inclure réciproquement les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme au sein<br />

<strong>de</strong> l’économie et cette <strong>de</strong>rnière au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers. L’inclusion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme dans la réflexion<br />

économique doit élargir celle-ci et non affaiblir ces <strong>droits</strong>.<br />

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