l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

avant les comportements individualistes et égoïstes, qui servent de base à la théorie
économique standard 46 .
Si, de fait, la mondialisation économique actuelle se base presque exclusivement
sur ce type de comportements, il est possible de croire que cela est seulement parce que ces
comportements ont été justifiés et encouragés, plutôt que contrôlés et minimisés. A
contrario, la notion de capital social ou l’ensemble des éléments qu’elle recoupe 47 ,
amènent à envisager d’autres formes de comportement. Le droit au développement, tout
comme le développement soutenable, font de la coopération et de l’aller-retour du « bas
vers le haut », des moyens essentiels du progrès. Il y a là un pari comportemental, sans
lequel envisager la justice sociale mondiale est tout simplement impossible.
Un tel « pari » implique de rejeter la prédominance de la « compétitivité » au sein
des politiques économiques. Si les comportements individualistes ne peuvent être éliminés,
il n’est pas pour autant vrai qu’il convient de ne pas prendre des mesures en leur défaveur.
La coopération internationale, de ce point de vue, a toujours eu pour objet de limiter les
comportements opportunistes d’une minorité, au plus grand bénéfice du bien commun 48 .
Le Groupe de Lisbonne (1995) attire particulièrement l’attention sur cette nécessité de la
remise en cause de l’idéal de compétitivité 49 . Il envisage ainsi plusieurs scénarios possibles
pour l’évolution de la mondialisation, dont les deux extrêmes sont, du côté négatif, une
gouvernance mondiale par les marchés associée à une fragmentation des espaces. Ce serait
un scénario de survie et d’apartheid mondial. Du côté positif, il y aurait à l’opposé une
gouvernance mondiale fondée sur la coopération et la concertation, associée à une
intégration des espaces 50 .
La recherche de la coopération est au cœur du projet alternatif à la mondialisation
néo-libérale. Le droit au développement, par ses modalités, donne les outils de cette
46 Le dilemme du prisonnier pose que si deux prisonniers sont privés de tout moyen de communication,
chacun d’eux n’aura aucune confiance envers l’autre, ce qui fait qu’au lieu de se taire, ils avoueront chacun le
crime en dénonçant l’autre. Or, si les deux avaient agit de façon « honnête », c’est-à-dire ne s’étaient pas
dénoncés l’un l’autre, ils auraient fait moins de temps de prison cumulé.
47 Y compris dans son côté « obscur », puisque la loi du silence de certaines organisations, dont des
regroupements criminels, remet clairement en cause la problématique du dilemme du prisonnier, tout comme
les communaux réellement existants s’opposent à la « tragédie » d’Hardin.
48 Sur des questions connexes, voir aussi (Fourquet, 1994).
49 « Ce n’est pas en augmentant le nombre de chômeurs qu’un pays s’enrichit. Il ne gagne pas non plus à
appauvrir ceux qui conservent leur emploi en comprimant leurs salaires et en rognant sur leurs avantages
sociaux, façon socialement inacceptable de hausser la productivité » (Groupe de Lisbonne, 1995, p. 166).
50 « La leçon à tirer est qu’un marché compétitif sera vraiment efficace pour les entreprises s’il existe un
cadre clair de coopération entre les pays du monde entier, fait de règles de conduite et de dispositifs conçus
pour l’échelle planétaire » (Groupe de Lisbonne, 1995, p. 171).
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