l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

dans la continuité », c’est-à-dire de l’équilibre entre le respect des traditions et
l’innovation.
Alors que certains auteurs appuient l’importance des droits culturels comme moyen
de mise en œuvre des droits de l’homme 38 , il nous semble que cet aspect est essentiel à la
logique du développement face à l’impérialisme des politiques économiques occidentales.
Par ailleurs, la notion de « changement » est au cœur du processus économique, nous y
reviendrons. Pour l’appréhender d’abord dans le cadre du développement soutenable,
l’approche systémique que nous avons adoptée est, sans doute, la plus adéquate 39 . Cette
approche considère les interactions systémiques entre les sphères sociales, économiques et
écologiques. Par exemple, Fischer-Kowalski et Haberl (1998) déterminent la notion de
métabolisme socio-économique comme les échanges d’énergie nécessaire à la pérennité
d’une société. Ce métabolisme est basé sur la transformation des matières premières en
biens manufacturés et en services, puis en déchets. Pour pouvoir maintenir ce métabolisme,
la société doit coloniser la nature afin d’en maximiser l’utilité sociale et de garantir ainsi la
disponibilité des ressources naturelles.
Une telle approche, similaire à celle de l’évolutionnisme anglo-saxon, est
intéressante par les réponses qu’elle apporte aux problèmes de régulation des sphères. La
logique systémique précise, en particulier, que la sphère économique qui transforme la
nature pour la sphère sociale, peut enfreindre la régulation de ces sphères. Pour éviter cela,
il est impossible de partir des outils de régulation de la sphère économique, puisque c’est le
mode de fonctionnement même de cette sphère qui détruit ceux, différents, des autres
sphères (Passet, 1998). Les recommandations qui émanent d’une telle constatation, se
basent nécessairement sur la remise en cause de l’extension de la logique marchande à
l’ensemble des sphères. Alors que la question écologique a d’abord été internalisée aux
mécanismes économiques, perpétuant ainsi la croyance en la perfection du marché 40 , le
développement soutenable doit, au contraire, reconnaître l’existence d’une « dimension
sociale autonome dont l’interaction avec les dimensions écologiques et économiques
circonscrit l’aire [de ce développement] » (Gendron et Revéret, 2000, p. 119). Par
conséquent, c’est un véritable changement sociétal qui est proposé, afin de garantir la
pérennité des régulations écologiques nécessaires à la survie des autres sphères. Fischer-
38 Cf. Boris Martin (1999a), ainsi que les travaux de P. Meyer-Bisch et de l’IIEDH de Fribourg :
http://www.unifr.ch/iiedh/recherche/recherche.html
39 Rappelons que notre démarche se base sur les travaux d’Henri Bartoli (1991) et de René Passet (1979),
ainsi que sur ceux de Paul Boccara (1993a, b, c, d), et qu’il ne s’agit là que d’une première étape.
40 Sur cette question, voir aussi (Van Griethuysen, 2002, p. 1-3).
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