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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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social ou organisationnel, mais pas toujours d’une façon qui puisse favoriser le<br />

changement. Par conséquent, le processus <strong>de</strong> développement détruit souvent ce capital,<br />

avant qu’un autre ne soit créé en remplacement 27 . Ce qui le pousse à conclure que le mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> développement doit être adapté à l’habileté qu’a chaque pays en matière <strong>de</strong> création <strong>de</strong><br />

capital social.<br />

Mais plus simplement, R. Putnam met l’accent sur la famille comme ferment <strong>de</strong> la<br />

société, source du capital social nécessaire à la démocratie 28 . Or, la famille est certes un<br />

élément essentiel <strong>de</strong> la société, protégée à ce titre par les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme 29 , mais elle<br />

n’est pas nécessairement source <strong>de</strong> démocratisation. Bien au contraire, c’est souvent la<br />

famille qui est un vecteur d’immobilisme économique et social, et qui véhicule et entretient<br />

les sentiments et les comportements <strong>de</strong> repli i<strong>de</strong>ntitaire, <strong>de</strong> racisme, <strong>de</strong> sexisme ou autres.<br />

Il convient donc <strong>de</strong> faire la part <strong><strong>de</strong>s</strong> choses entre, d’un côté, le capital social traditionnel<br />

qui contient <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments positifs (entrai<strong>de</strong>, solidarité, etc.) et négatifs (repli i<strong>de</strong>ntitaire,<br />

perpétuation <strong><strong>de</strong>s</strong> discriminations, résistance au changement, etc.), et, d’un autre côté, le<br />

capital social né du marché qui contient également <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments positifs (promotion <strong>de</strong> la<br />

confiance, effets d’atmosphère, etc.) et négatifs (montée <strong>de</strong> l’opportunisme, <strong>de</strong> la<br />

corruption, etc.). Le capital social est donc un concept fortement ambigu qui, a priori,<br />

n’apporte rien <strong>de</strong> nouveau par rapport aux éléments théoriques et empiriques antérieurs. En<br />

particulier, il nous semble plus optimal d’avoir recours à une approche en termes <strong>de</strong><br />

« capabilités » et <strong>de</strong> droit au développement. La question est alors <strong>de</strong> savoir si l’autre<br />

concept « fétiche », la gouvernance, est à même <strong>de</strong> mieux servir une telle approche.<br />

27 Voir aussi, pour les pays asiatiques, Ghai (1999) qui note que : « la dislocation <strong><strong>de</strong>s</strong> structures<br />

traditionnelles n’a pas, pour l’essentiel, produit <strong>de</strong> libération <strong>de</strong> l’oppression. Souvent, l’oppression du<br />

marché est venue s’ajouter aux anciennes discriminations sociales, par exemple à l’égard <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

enfants ». Notons que c’est d’ailleurs bien pour lutter contre ces discriminations anciennes que la remise en<br />

cause <strong><strong>de</strong>s</strong> normes sociales traditionnelles peut être légitime, mais à condition <strong>de</strong> ne pas en créer <strong>de</strong> pires.<br />

28 Cf. (Putzel, 1997) qui relève l’idéalisation faite par Putnam d’un « âge d’or » américain, basé sur les<br />

familles puritaines <strong><strong>de</strong>s</strong> pères fondateurs. Il note également que dans le célèbre ouvrage sur l’histoire <strong>de</strong><br />

l’Italie, Putnam passe sous silence la pério<strong>de</strong> fasciste.<br />

29 Dans une optique évolutionniste, on peut remarquer que la croissance <strong>de</strong> la taille du cerveau humain cause<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes en matière d’accouchement. Les contraintes liées aux capacités motrices font que le pelvis<br />

féminin ne peut se modifier <strong>de</strong> façon suffisante. Par conséquent, les enfants humains naissent <strong>de</strong> plus en plus<br />

tôt et nécessitent ainsi une plus gran<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> d’attention et <strong>de</strong> formation postnatales. Cela, naturellement,<br />

contraint les capacités <strong>de</strong> la mère à prendre soin d’elle-même et <strong>de</strong> son enfant, ce qui appelle une intervention<br />

plus présente du père ou, le cas échéant, <strong>de</strong> la société ; cf. (Gifford, 1999, p. 137-138). Le développement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mesures en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> foyers monoparentaux peut s’inscrire dans ce cadre, mais, <strong>de</strong> fait, la société reste<br />

encore très en retrait à ce niveau.<br />

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