02.10.2014 Views

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

évoquées section II, et le passage par les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme (droit d’association, droit<br />

syndical) nous semble être plus pertinent.<br />

Second élément <strong>de</strong> critique, sur le plan théorique, le capital social est souvent vu<br />

comme la tentative d’inclure à l’analyse néo-classique <strong><strong>de</strong>s</strong> préoccupations « sociales ». Le<br />

capital social est alors réduit à un phénomène producteur d’externalités dont il s’agit <strong>de</strong><br />

savoir si elles sont positives ou négatives quant à leur impact sur le marché. Le capital<br />

social n’est plus envisagé que par rapport à la norme capitaliste et n’a donc plus<br />

d’existence en soi. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la remise en cause du centrage exclusif sur le marché, il<br />

convient <strong>de</strong> remarquer que cela appuie une démarche <strong>de</strong> type impérialiste 26 . En effet,<br />

puisque la question est <strong>de</strong> savoir ce qui est bon pour le marché, les recommandations en<br />

faveur <strong>de</strong> celui-ci peuvent détruire le capital social, et ce à plus forte raison lorsque les<br />

normes sociales en vigueur qui alimentent ce capital, vont à l’encontre <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong><br />

marché. C’est le cas, par exemple, en Afrique, comme nous l’avons déjà noté. En outre,<br />

dès lors que l’on encourage le capital social parce qu’il est favorable au marché (permet<br />

une meilleure information, <strong><strong>de</strong>s</strong> économies d’échelle, etc.), on défend <strong><strong>de</strong>s</strong> normes sociales<br />

qui ne sont pas nécessairement adéquates dans toutes les situations. Mais surtout, la<br />

question qui reste en suspens est <strong>de</strong> savoir si le capital social que le marché lui-même va<br />

promouvoir, si tel est le cas, a forcément un impact positif sur la société. De fait, cela n’est<br />

pas nécessairement vrai.<br />

Effectivement, notre troisième critique repose sur le fait que le capital social a aussi<br />

un « côté obscur », pour reprendre l’expression <strong>de</strong> Putzel (1997). Le capital social recoupe<br />

toutes les formes d’interactions sociales qui créent l’efficience d’un groupe <strong>de</strong> personnes<br />

réunies par un but commun, <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs propres et une confiance collective. De ce fait, la<br />

mafia, tout comme les relations <strong>de</strong> corruption ou <strong>de</strong> népotisme, relève du capital social et<br />

le capitalisme (l’économie <strong>de</strong> marché), qui provoque la montée <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />

individualistes et opportunistes, éro<strong>de</strong> nécessairement le capital social traditionnel<br />

(entrai<strong>de</strong> clanique, etc.) au profit <strong>de</strong> ces comportements <strong>de</strong> corruption. Joseph Stiglitz<br />

(1998, p. 29) note ainsi que les sociétés traditionnelles ont souvent un haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> capital<br />

26 Précisons que l’impérialisme est nécessairement une démarche négative, allant à l’encontre du droit au<br />

développement. Jusqu’à présent, il n’a jamais permis le développement économique, si ce n’est <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

puissances impérialistes. D’ailleurs, c’est ce que mettait en lumière André Gun<strong>de</strong>r Frank (1971), en<br />

expliquant comment le sous-développement était le fruit du développement capitaliste qui s’est appuyé sur le<br />

colonialisme et l’impérialisme. Une exception possible serait la Corée du Sud, qui a « bénéficié » <strong>de</strong> la guerre<br />

froi<strong>de</strong> en <strong>de</strong>venant une base <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats-Unis. Mais quant à son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement, la Corée n’a pas<br />

réellement subi d’impérialisme, en ce sens que les gouvernements autoritaires en place ont agi à leur guise et<br />

non sous le joug <strong>de</strong> décisions externes.<br />

446

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!