l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

ouvriers tout comme les institutions n’ayant aucune prise sur le salaire. Cette conclusion,
très pessimiste, va amener J. S. Mill à rejeter la théorie du « wage fund » et lui faire édicter
sa distinction entre production, soumise aux lois naturelles, et répartition, où il n’y a de lois
que celles faites par les hommes. Ce dernier point ouvre la porte aux mesures sociales,
ainsi qu’à certaines réformes comme le développement des coopératives de production que
J.S. Mill défend. Ces dernières paraissent, cependant, en contradiction avec la séparation
précédemment opérée. C’est pourquoi Charles Gide remarque que la distinction la plus
correcte est celle établie à la même époque que Mill par Rodbertus qui sépare les rapports
économiques des rapports juridiques.
Dès lors, les droits de l’homme sont pleinement justifiés en tant que rapports
juridiques qui s’opposent à l’inexorabilité apparente des rapports économiques, et qui
donnent lieu, ainsi, au progrès de l’humanité. Ainsi, outre l’ « humanisation » du salariat
par le biais des coopératives, on trouve dans la démarche de Mill, la socialisation de la
rente par l’impôt foncier et la limitation des héritages. Positions qui le font apparaître plus
socialiste que certains de ceux dont nous parlerons par la suite, et bien loin des analyses
néo-classiques qui lui ont succédé.
C. Les débuts de l’analyse néo-classique.
L’école néo-classique est plus hétéroclite qu’on ne le pense habituellement 34 , et ce
à plus forte raison à ses débuts, avec des auteurs comme Böhm-Bawerk (1851-1914), Carl
Menger (1840-1921), Irving Fisher (1867-1947), Stanley Jevons (1835-1882) ou Léon
Walras (1834-1910). Ses grands principes de départ se basent sur l’utilité, caractéristique
commune de toute marchandise ; l’utilité marginale est alors l’outil de mesure de la valeur
et elle consiste en l’utilité retirée de la dernière unité consommée.
34 Notons notamment que l’école autrichienne n’a généralement pas recours à l’outil mathématique, admis
comme seul gage de scientificité par les autres écoles néo-classiques, et que Léon Walras a particulièrement
mis en avant dans sa théorie de l’équilibre général, développée par la suite par Gérard Debreu et Kenneth
Arrow.
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