l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

sociale » dans les rapports commerciaux, ce qui est vu par les pays du Sud comme une
tentative de protectionnisme.
Du point de vue théorique, conformément à la théorie du libre-échange et des
avantages comparatifs, parler de « concurrence déloyale » et de « dumping social » n’a, à
notre avis, aucun sens. Soit on accepte cette théorie et on prône la libéralisation totale du
commerce, soit on la remet en cause. Par conséquent, il nous semble légitime d’interpréter
la proposition d’une clause sociale par les pays occidentaux comme une volonté de
protectionnisme 8 . Instaurer une clause sociale au sein des mécanismes du commerce
international n’aurait ainsi aucun sens et serait même contre-productif 9 . D’une part, elle
réduirait les exportations des pays du Sud et, d’autre part, elle présenterait le risque de
nuire aux emplois des travailleurs que la clause vise pourtant – au moins en apparence – à
protéger, un peu comme un embargo nuit aux populations locales, plus qu’aux dictateurs.
A contrario, des mesures comme celle proposée par Maurice Lauré (1994) nous
semblent plus pertinentes. Cet auteur propose d’instaurer une taxe sur certaines
marchandises, en accord avec les pays exportateurs, le produit de celle-ci revenant à ces
pays par le biais de programmes de développement visant l’amélioration des conditions de
travail et de protection sociale. Ce type de projet, toutefois, se heurte au problème de
l’existence d’un fort secteur informel dans les pays du Sud et ne tient pas compte du fait
que le secteur exportateur, dans ces pays, reste finalement marginal. Rappelons que dans le
cas du travail des enfants, seuls 5 % de celui-ci se situent dans le secteur exportateur
(FTN), les 95 % qui restent se trouvant dans l’agriculture vivrière et le secteur informel.
Cependant, cela est aussi un encouragement favorable au développement local, puisque la
nécessité d’insertion dans la concurrence internationale ne concerne qu’un secteur
minoritaire 10 . Il convient donc de sortir de la logique de la théorie standard du libreéchange,
afin de pouvoir faire des propositions plus cohérentes et efficaces. Si l’on reste,
toutefois, sur le plan commercial, nous pouvons déjà rappeler que dès Adam Smith, les
droits de l’homme justifiaient un certain protectionnisme, favorable à toutes les parties. En
effet, Adam Smith était pour un traitement réciproque équitable et, s’il défendait les
8 Ce qui était clairement le cas, dans le cadre de l’ALENA, de la position du président Clinton qui dénonçait,
sous la pression des syndicats US, la concurrence déloyale du Mexique. La nature explicite des positions des
Etats-Unis est, bien souvent, leur seule qualité, et mérite donc d’être soulignée.
9 Sur les questions relatives à la clause sociale, cf. (Robert, 1996) et (Servais, 1989).
10 Le cas de l’Afrique est typique à cet égard, puisqu’en favorisant son ouverture commerciale à partir des
années 1980, on n’a fait que l’exclure toujours plus des échanges mondiaux.
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