l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

que l’on peut effectuer un arbitrage en faveur de la seule croissance (ou des libertés
économiques), puisque le reste suivra automatiquement. Elle donne ainsi des arguments
aux régimes autoritaires qui s’appuient sur un tel arbitrage pour négliger les droits
politique, de sécurité et de subsistance, alors que Milner, Poe et Leblang (1999), en
indiquant que les différents droits progressent de concert, enlèvent toute pertinence à ces
arguments.
Milner (2001) s’axe davantage sur l’aspect économique et étudie 81 pays, sur la
période 1976-1996. Il définit les inégalités soit comme celles de la répartition des terres,
soit comme celles des revenus, ces dernières étant mesurées par la mesure de Theil : T =
(1/n) * (Y i /µ) log(Y i /µ), où n est le nombre de personnes, Y i le revenu de la personne et µ
le revenu moyen de la population 33 . Il estime ensuite la mondialisation par le degré
d’ouverture commerciale de chaque pays, c’est-à-dire ses exportations plus ses
importations, exprimées en pourcentage de son PNB. Son objectif est de déterminer
l’impact des inégalités et de l’ouverture commerciale sur les droits de l’homme, ici
résumés par les droits de sécurité et les droits de subsistance précédemment explicités.
Pour ce faire, il étudie également l’impact d’autres variables qui peuvent influencer ces
droits : la démocratie, le développement économique (ici entendu comme le PNB par
habitant, c’est-à-dire la richesse présente), la croissance économique (croissance du PNB
par habitant, exprimée en pourcentage), les guerres civiles et internationales, et la
croissance démographique.
Si la démocratie et le développement économique ont un impact positif sur les
droits de l’homme, la présence de guerres et la pression démographique ont un effet négatif
sur les droits de sécurité, mais pas sur les droits de subsistance 34 . Par contre, la croissance
économique apparaît comme n’ayant absolument aucun effet, ni sur les uns, ni sur les
autres. S’il convient donc de favoriser le développement de la démocratie et le
développement des ressources – qui peut passer, selon nous, par un transfert du Nord vers
le Sud ou, au moins, par l’annulation de la dette – ainsi que de limiter les guerres et la
pression démographique, encourager la croissance en soi apparaît clairement comme
n’ayant pas grand sens.
33 Cet indicateur est notamment disponible pour une longue période et pour 75 pays, sur le site de
l’Université du Texas : http://utip.gov.utexas.edu/web/ ; pour d’autres méthodes de calcul de la pauvreté, cf.
(Genné, 1998) et (Piketty, 1997).
34 A cet égard, il est intéressant de relever le point de vue de Kirkby, O’Keefe et Howorth (2001) qui
montrent qu’une forte population peut être profitable dans les pays du Sud, y compris en matière de
protection de l’environnement (ils se basent notamment sur les articles connexes du numéro de la revue qu’ils
introduisent).
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