l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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économiques de la Freedom House, va un peu plus loin puisque son étude le conduit à remettre partiellement en cause la nécessité de ces « libertés ». 1. L’apport de J. de Haan et J.-E. Sturm (2000). L’étude de ces auteurs porte sur 80 pays, durant la période 1975-1990. La forme générale de l’équation qu’ils testent, est la suivante : ∆ Y i = α M i + β F i + γ Z i + u i (1f) Où l’indice i renvoie au pays i ; ∆ Y i est la croissance moyenne du PNB par habitant ; M i est un vecteur de variables économiques standards, expliquant la croissance ; F i est un indicateur des libertés économiques ; Z est un vecteur de trois variables additionnelles qui peuvent avoir un impact sur la croissance ; u i est le terme d’erreur. L’objectif est de mesurer l’impact spécifique des libertés économiques sur la croissance. Le résultat obtenu se décompose en deux temps. Tout d’abord, il est possible d’observer que plus de libertés économiques nourrissent effectivement la croissance. Cependant, il est ensuite remarquable de constater que le niveau des libertés économiques n’est pas corrélé avec la croissance. Autrement dit, il est possible qu’un pays atteigne plus vite son niveau optimal de croissance (son niveau de croisière), mais ce niveau d’équilibre ne peut être dépassé – ni influencé en soi – par le jeu des libertés économiques. Par conséquent, l’extension des libertés économiques dans un pays qui a déjà atteint son niveau de croissance optimal, ne sert à rien et, serions-nous tenté de dire, peut se révéler contre productif, comme le montre en partie Burkhart 20 . 2. L’étude de R. Burkhart (2000). Ross Burkhart (2000) teste la question suivante : est-ce que le capitalisme, le socialisme ou une combinaison des deux, conduit à la démocratie ? Des réponses antérieures laissent penser qu’une combinaison des deux expliquerait les différences entre 20 Par ailleurs, en ce qui concerne la croissance, une autre étude récente montre que certaines libertés économiques ont un impact négatif : la réduction de la taille de l’Etat (réduction de ses dépenses et des transferts), ainsi que l’accroissement de la liberté de commercer avec l’étranger pénaliseraient la croissance ; cf. (Carlsson et Lundström, 2002). 408

les démocraties. Mais ces études se basent sur des données des années 1960. Burkhart (2000) veut donc tester une éventuelle corrélation dans les années plus récentes, les années postérieures à la guerre froide, au cours desquelles des changements politiques majeurs sont survenus. Pour ce faire, il définit le capitalisme comme la propriété privée de la production et la ‘capacité de travailler’ librement, alors que le socialisme est la propriété publique de la production et la répartition centralisée et planifiée du travail, sans tenir compte des forces du marché. L’indice des libertés économiques de la Freedom House est une bonne représentation du capitalisme et sert ici à sa mesure. La démocratie est envisagée, de façon générale, en suivant la définition de Bollen qui pose qu’un système est plus démocratique à mesure que les élites deviennent responsables face à la non-élite. Plusieurs mesures et séries d’indices de la démocratie sont disponibles, dont celui de la Freedom House, ainsi que l’indice POLITY. L’auteur utilise la quatrième version de ce dernier, POLITY IV, qui se concentre sur des aspects de la démocratie plus institutionnels que ceux utilisés par la Freedom House 21 . POLITY IV mesure le degré de compétition de la participation politique, l’ouverture du recrutement de l’exécutif et les contraintes placées sur le chef de ce dernier. Le modèle de base inclut ces différentes variables de la manière suivante : D = b 1 C + b 2 C 2 + b 3 E + e (1g) Où D est la démocratie mesurée par POLITY IV ; C représente le capitalisme mesuré par l’indice des libertés économiques de la Freedom House ; E représente le développement mesuré par l’Indice de Développement Humain (IDH) du PNUD ; b 1 , b 2 et b 3 sont les paramètres à estimer ; e est le terme d’erreur. Si les croyances des défenseurs du capitalisme (de l’économie de marché) sont correctes, c’est-à-dire si plus de régulation économique de la part de l’Etat provoque moins de démocratie, alors b 1 doit être positif. Si, au contraire, ce sont les socialistes qui ont davantage raison, plus de régulation gouvernementale et plus de redistribution des richesses impliquent plus de pouvoir politique pour tous, donc plus de démocratie, auquel cas b 1 doit être négatif. Si b 1 est égal à 0, cela signifie qu’il n’y a pas de corrélation entre démocratie et capitalisme ou socialisme. Si l’on envisage le cas d’une économie mixte, mélangeant des principes capitalistes avec une redistribution et une régulation étatique, 21 Cette dernière couvrait, en 1996, 191 pays sur une période partant de 1972 ; POLITY IV couvrait, à la même date, 157 pays, depuis 1800. L’étude de Burkhart porte sur 81 pays, du Nord comme du Sud. 409

économiques <strong>de</strong> la Freedom House, va un peu plus loin puisque son étu<strong>de</strong> le conduit à<br />

remettre partiellement en cause la nécessité <strong>de</strong> ces « libertés ».<br />

1. L’apport <strong>de</strong> J. <strong>de</strong> Haan et J.-E. Sturm (2000).<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces auteurs porte sur 80 pays, durant la pério<strong>de</strong> 1975-1990. La forme<br />

générale <strong>de</strong> l’équation qu’ils testent, est la suivante :<br />

∆ Y i = α M i + β F i + γ Z i + u i<br />

(1f)<br />

Où l’indice i renvoie au pays i ; ∆ Y i est la croissance moyenne du PNB par habitant ; M i<br />

est un vecteur <strong>de</strong> variables économiques standards, expliquant la croissance ; F i est un<br />

indicateur <strong><strong>de</strong>s</strong> libertés économiques ; Z est un vecteur <strong>de</strong> trois variables additionnelles qui<br />

peuvent avoir un impact sur la croissance ; u i est le terme d’erreur.<br />

L’objectif est <strong>de</strong> mesurer l’impact spécifique <strong><strong>de</strong>s</strong> libertés économiques sur la<br />

croissance. Le résultat obtenu se décompose en <strong>de</strong>ux temps. Tout d’abord, il est possible<br />

d’observer que plus <strong>de</strong> libertés économiques nourrissent effectivement la croissance.<br />

Cependant, il est ensuite remarquable <strong>de</strong> constater que le niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> libertés économiques<br />

n’est pas corrélé avec la croissance. Autrement dit, il est possible qu’un pays atteigne plus<br />

vite son niveau optimal <strong>de</strong> croissance (son niveau <strong>de</strong> croisière), mais ce niveau d’équilibre<br />

ne peut être dépassé – ni influencé en soi – par le jeu <strong><strong>de</strong>s</strong> libertés économiques.<br />

Par conséquent, l’extension <strong><strong>de</strong>s</strong> libertés économiques dans un pays qui a déjà atteint<br />

son niveau <strong>de</strong> croissance optimal, ne sert à rien et, serions-nous tenté <strong>de</strong> dire, peut se<br />

révéler contre productif, comme le montre en partie Burkhart 20 .<br />

2. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> R. Burkhart (2000).<br />

Ross Burkhart (2000) teste la question suivante : est-ce que le capitalisme, le<br />

socialisme ou une combinaison <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux, conduit à la démocratie ? Des réponses<br />

antérieures laissent penser qu’une combinaison <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux expliquerait les différences entre<br />

20 Par ailleurs, en ce qui concerne la croissance, une autre étu<strong>de</strong> récente montre que certaines libertés<br />

économiques ont un impact négatif : la réduction <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> l’Etat (réduction <strong>de</strong> ses dépenses et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

transferts), ainsi que l’accroissement <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> commercer avec l’étranger pénaliseraient la croissance ;<br />

cf. (Carlsson et Lundström, 2002).<br />

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