l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

Nous pouvons observer qu’il existe certains liens avec les droits de l’homme
comme, par exemple, la défense du droit de propriété, de l’abolition de l’esclavage ou de la
liberté de former des syndicats. Cependant, d’autres indicateurs contrebalancent ce lien
apparent, jusqu’à le transformer en opposition, latente ou non. Par exemple, toute limite à
la propriété est jugée nocive, ce qui est un non-sens, en plus d’être une interprétation
erronée du droit de propriété dès lors qu’il est vu sous l’angle des droits de l’homme 19 .
Par ailleurs, « l’encouragement à faire participer toutes les minorités » à l’économie
de marché, c’est-à-dire au capitalisme, illustre à nouveau la volonté impérialiste d’imposer
des normes, juridiques ou sociales, à l’ensemble des groupes humains. Que l’accès au
marché fasse partie des besoins des droits humains est une chose, encourager – le terme est
important – tous les individus à participer à l’économie de marché en est une autre. La
formulation correcte d’une telle liberté pourrait donc être : garantie d’accès le plus large
possible aux facilités offertes par le marché. A contrario, indiquer qu’il convient – qu’il
faut – encourager les gens à participer, cela signifie qu’il n’y a rien de naturel à cet égard et
que certaines personnes peuvent ne pas vouloir participer à cette économie. Vouloir et non
pas pouvoir, car dans ce dernier cas, il suffirait de leur donner les moyens d’accéder au
marché et non de les y encourager.
Ceci étant, deux études, l’une économique et l’autre plus politique, nous permettent
de préciser les relations entre croissance et démocratie, par le biais des libertés
économiques, dont l’utilité est toutefois ici remise en question. Puis, nous continuons avec
des travaux plus proches des sciences politiques, qui utilisent également ces indicateurs
mais qui inversent la logique des modèles précédemment évoqués, en plaçant les droits de
l’homme ou la démocratie à la gauche de l’équation n° 0 (définie supra), la croissance étant
renvoyée à la droite, dans son rôle de moyen au service d’autres fins.
A. La pertinence des « libertés » économiques en question.
Jakob de Haan et Jan-Egbert Sturm (2000) mènent une étude comparative des
libertés économiques définies par le Fraser Institute et l’Heritage Foundation, et testent
leur impact sur la croissance, ce qui les conduit à nuancer la vision très optimiste des
défenseurs de ces « libertés ». Ross E. Burkhart (2000), qui se base sur l’indice des libertés
19 Sur ces questions, cf. (Meyer-Bisch, 1995a).
407