l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

= plus dépenses = moins de croissance). Enfin, les auteurs ne trouvent pas d’évidences
fortes d’un impact de la démocratie sur la croissance par le biais des autres canaux testés :
les distorsions liées à l’activité de l’Etat, l’instabilité politique, l’ouverture commerciale,
l’instabilité macro-économique.
Au total, l’impact négatif de la démocratie sur l’accumulation du capital a tendance
à l’emporter sur la somme de ses impacts positifs par la voie des autres facteurs, ce qui
conduit Tavares et Wacziarg à conclure que la démocratie repose sur un arbitrage entre un
coût économique mesurable et des bénéfices sociaux qui sont difficiles à évaluer 18 .
D’autres études vont nous permettent de préciser les relations entre ces différents facteurs.
C. Les nuances de J. Minier (1998).
Jenny Minier (1998), grâce à une étude comparative de longue période, obtient des
résultats un peu moins négatifs que les précédents. Formellement, cela passe d’abord par
l’estimation de l’équation qui suit :
ln( y
β X δ + ε
(1e)
I
i, t + T
) − ln( yi,
t
) =
0
+ β1
i
+ β
2δ
i
+ β
3
D
i
i
Où y représente la croissance, le terme de gauche étant l’écart de croissance entre deux
périodes, pour T = 5 et T = 20 ans. δ I et δ D sont des indicateurs qui reflètent les
fluctuations, respectivement positives et négatives, de la démocratie (passage à un régime
plus ou moins démocratique, à n’importe quel instant entre t et t + T). X i est un vecteur de
variables explicatives additionnelles (les niveaux initiaux du PNB par habitant, de
l’investissement, de l’éducation, et de démocratisation). Les β sont des variables muettes,
dont les plus importants sont β 2 et β 3 qui représentent des changements du régime
politique. Les estimations de β 2 restent proche de zéro, ce qui peut signifier qu’une
amélioration du régime vers plus de démocratie n’a qu’un effet faible sur la croissance, une
fois les autres variables prises en compte. Par contre, β 3 est négatif, et ce de manière
statistiquement significative, ce qui peut signifier que les bouleversements liés à un
changement de régime qui fait baisser le niveau de démocratie sont défavorables à la
croissance, cf. (Minier, 1998, p. 245-247).
18 Dans ce cadre, on peut préciser que pour Barro, la démocratie est une sorte de « bien de luxe » que seuls
les pays prêts à sacrifier de la croissance peuvent s’offrir. Nous discutons ce point in (Kolacinski, 2002c).
403