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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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continuer leurs pratiques dangereuses 64 . Il s’agit là, en outre et paradoxalement, d’une<br />

violation <strong>de</strong> la loi du marché par une contrainte étatique (pression <strong><strong>de</strong>s</strong> pays du Nord et <strong>de</strong><br />

leurs institutions internationales, FMI en tête), pourtant soutenue par <strong><strong>de</strong>s</strong> défenseurs <strong>de</strong><br />

« l’économie <strong>de</strong> marché » (Etats-Unis en tête). Nous voyons donc qu’en nous contentant<br />

d’inverser les termes d’une équation, il est possible <strong>de</strong> tirer <strong><strong>de</strong>s</strong> conséquences assez<br />

éloignées <strong><strong>de</strong>s</strong> discours orthodoxes. Cela est vrai pour la <strong>de</strong>tte, mais aussi pour les autres<br />

facteurs pris en compte.<br />

b. PNB, inflation et avoirs.<br />

Le PNB/habitant est une mesure <strong>de</strong> développement économique qui, tout comme le<br />

PIB, connaît <strong>de</strong> nombreuses limites. En effet, il convient <strong>de</strong> savoir comment il est<br />

réellement réparti. Si seule une élite profite <strong>de</strong> son accroissement – si celui-ci se cumule<br />

avec celui <strong><strong>de</strong>s</strong> inégalités – alors le développement ainsi mesuré n’est qu’un leurre. Certains<br />

pays exportateurs <strong>de</strong> matières premières (notamment le pétrole) peuvent avoir une rente<br />

qui leur donne une gran<strong>de</strong> richesse. Cela n’empêche pas le sous-développement <strong>de</strong> ces<br />

pays, lié à un manque <strong>de</strong> redistribution <strong>de</strong> ces ressources. Il se peut, en effet, que quelquesuns<br />

accaparent cette rente ou l’utilisent dans <strong><strong>de</strong>s</strong> dépenses somptuaires plutôt que dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

investissements productifs ou dans <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures <strong>de</strong> promotion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, les<br />

<strong>de</strong>ux pouvant d’ailleurs aller <strong>de</strong> pair.<br />

Le cas <strong>de</strong> l’inflation est plus ambigu encore. Si personne ne nie – pas même nous –<br />

que l’hyperinflation est un mal qu’il convient d’éradiquer, il n’empêche que l’inflation<br />

n’est pas nécessairement une « mauvaise chose » pour l’économie. Comme nous l’avons<br />

déjà noté au cours du chapitre II, tout dépend <strong>de</strong> son origine. Par ailleurs, <strong>de</strong>ux effets<br />

principaux et contradictoires <strong>de</strong> l’inflation peuvent être relevés. D’un côté, l’inflation<br />

permet le remboursement <strong><strong>de</strong>s</strong> prêts à une valeur plus faible, ce qui permet un gain pour les<br />

investisseurs productifs comme pour l’Etat. L’inflation peut donc être un moteur du<br />

développement. C’est d’ailleurs en partie pourquoi J. M. Keynes revendiquait<br />

64 Comme l’illustre la crise asiatique <strong>de</strong> la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1990, liée en partie à <strong><strong>de</strong>s</strong> placements que les<br />

intermédiaires financiers (banquiers et autres) savaient parfaitement être extrêmement risqués. Quant à<br />

l’argument qui consiste à dire que l’annulation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ttes provoquerait une contraction <strong><strong>de</strong>s</strong> prêts, il ne tient<br />

pas un seul instant. En effet, d’une part, l’épuration <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ttes est susceptible d’amener <strong>de</strong> nouveaux prêts et<br />

investissements ce que ne fait pas leur maintien ; d’autre part, les institutions financières ne prêtent pas, <strong>de</strong><br />

toute façon, aux projets sûrs, <strong>de</strong> petite dimension locale, favorables au développement. Si tel était le cas,<br />

l’apparition <strong>de</strong> Grameen Bank, par exemple, n’aurait jamais eu lieu. Au contraire, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> institutions<br />

effectuent <strong><strong>de</strong>s</strong> opérations risquées, et c’est bien celles-ci qu’il convient d’éliminer en épurant les <strong>de</strong>ttes.<br />

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