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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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position officielle, notamment du FMI, est une aberration puisque l’annulation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte<br />

aurait l’effet <strong>de</strong> restaurer la confiance, un pays désen<strong>de</strong>tté ayant <strong>de</strong> meilleures chances<br />

d’attirer les investisseurs 62 . En outre, le modèle <strong>de</strong> Collignon, qui montre l’impact négatif<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte, laisse penser qu’une épuration peut donner l’occasion d’un retour <strong>de</strong> la<br />

confiance, le pays n’étant plus handicapé par la nécessité <strong>de</strong> rembourser.<br />

Par ailleurs, Joseph Hanlon (2000, p. 889) note que <strong>de</strong>puis le XIXe siècle, les <strong>droits</strong><br />

<strong>de</strong> l’homme ont une priorité reconnue sur la <strong>de</strong>tte, c’est-à-dire sur le droit du prêteur à se<br />

faire rembourser. Il cite en particulier le droit <strong><strong>de</strong>s</strong> faillites qui fixe <strong><strong>de</strong>s</strong> limitations quant aux<br />

obligations <strong>de</strong> remboursement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui font faillite 63 . Par ailleurs, le droit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

faillites est un élément <strong>de</strong> régulation essentiel du marché, qui n’est pas pris en compte par<br />

le FMI (cf. Stiglitz, 2002a). Mais plus globalement, nous pouvons aussi noter que l’article<br />

11 du Pacte international relatif aux <strong>droits</strong> civils et politiques proclame que « nul ne peut<br />

être emprisonné pour la seule raison qu’il n’est pas en mesure d’exécuter une obligation<br />

contractuelle », ce qui limite singulièrement la valeur <strong><strong>de</strong>s</strong> contrats face aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme. Ceux-ci sont toujours prioritaires et ne peuvent donc être réduits à <strong><strong>de</strong>s</strong> outils <strong>de</strong><br />

garantie <strong><strong>de</strong>s</strong> contrats. Ils peuvent au contraire s’opposer à la légalité d’un contrat :<br />

l’interdiction <strong>de</strong> l’esclavage en est l’exemple le plus fort.<br />

Enfin, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> arguments « moraux » en faveur <strong>de</strong> l’annulation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. Il y<br />

a ainsi <strong>de</strong> nombreux cas où les <strong>de</strong>ttes ont été contractées par <strong><strong>de</strong>s</strong> dictateurs qui ont, <strong>de</strong>puis,<br />

quitté le pays. Il semble injuste <strong>de</strong> faire payer <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ttes à <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples qui n’en sont pas<br />

responsables et qui n’en ont pas bénéficié ou qui en ont même été victimes si l’argent<br />

emprunté a servi à financer la répression. D’un point <strong>de</strong> vue plus économique, se pose<br />

aussi le problème <strong>de</strong> l’aléa moral. Si les pays emprunteurs sont forcés <strong>de</strong> rembourser leurs<br />

<strong>de</strong>ttes, les institutions financières et l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> prêteurs échappent ainsi à leur<br />

responsabilité et ne payent pas le prix <strong>de</strong> leur mauvais comportement : ayant fait <strong>de</strong><br />

mauvais prêts, ils n’en assument pas les conséquences et peuvent donc être encouragés à<br />

62 Cf. les arguments <strong>de</strong> Joseph Stiglitz (2002a) sur ce point. Voir aussi les exemples d’annulation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes<br />

(ou, du moins, <strong>de</strong> défaut <strong>de</strong> paiement) cités par Hanlon (2000), dont, nous l’avons noté, l’Allemagne, mais<br />

aussi l’Angleterre et les Etats-Unis (lorsqu’ils étaient encore « en voie <strong>de</strong> développement », au début du<br />

XIXe siècle). Ces pays n’ont jamais remboursé la plupart <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>ttes (notamment <strong>de</strong> guerre), et il est<br />

pourtant difficile <strong>de</strong> dire qu’ils n’ont pas attiré les investissements.<br />

63 Le droit <strong><strong>de</strong>s</strong> faillites fixe ainsi, en règle générale, une garantie du droit <strong>de</strong> propriété en tant que droit <strong>de</strong><br />

l’homme.<br />

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