02.10.2014 Views

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Sud, est très dommageable pour leur développement et pour les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, le<br />

second peut avoir un effet positif sur ces <strong>de</strong>ux éléments. Les Etats-provi<strong>de</strong>nce mo<strong>de</strong>rnes<br />

ont souvent eu recours au déficit pour relancer l’économie et garantir certains <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />

l’homme (notamment les <strong>droits</strong> sociaux, dont le droit au travail). Même si la pertinence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

politiques <strong>de</strong> ce type, dites keynésiennes, est aujourd’hui contestable 60 , il n’en reste pas<br />

moins que l’on ne peut confondre les mécanismes <strong>de</strong> régulation <strong><strong>de</strong>s</strong> finances publiques <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pays du Nord avec le poids <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte <strong><strong>de</strong>s</strong> pays du Sud. De fait, la <strong>de</strong>tte entraîne une perte<br />

nette <strong>de</strong> capitaux sans doute bien plus dommageable aux économies du Sud que<br />

l’incertitu<strong>de</strong>. Perte qui entraîne une contraction <strong><strong>de</strong>s</strong> capitaux disponibles pour<br />

l’investissement privé, mais aussi pour les dépenses <strong>de</strong> l’Etat, y compris en matière <strong>de</strong><br />

soins, d’éducation et <strong>de</strong> protection sociale au sens large. Face à cela, plusieurs mesures <strong>de</strong><br />

réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte peuvent être envisagées 61 , comme celle promue par le G7, le Club <strong>de</strong><br />

Paris, puis par la Banque mondiale et le FMI dans les années 1990, et qui consiste à alléger<br />

les remboursements exigés <strong><strong>de</strong>s</strong> « pays pauvres lour<strong>de</strong>ment en<strong>de</strong>ttés ». Le problème <strong>de</strong> cette<br />

approche est que le processus <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte y est basé sur une notion <strong>de</strong><br />

« niveau » auquel elle puisse être remboursée. Aucun compte n’est pris <strong><strong>de</strong>s</strong> questions liées<br />

au développement ou aux <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, ni <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> pauvreté ou <strong>de</strong> reconstruction<br />

d’après-guerre.<br />

L’accent est donc mis, au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> institutions internationales qui gèrent la <strong>de</strong>tte, sur<br />

les questions macro-économiques et monétaires et sur la nécessité du remboursement, par<br />

exemple pour assurer la crédibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> pays en<strong>de</strong>ttés auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> investisseurs. Or, cette<br />

60 Précisons que si ces politiques sont contestables, ce n’est pas, comme le préten<strong>de</strong>nt les néo-libéraux, sur les<br />

moyens d’action qu’elles préconisent. Ce qui est contestable, c’est leur objectif, i<strong>de</strong>ntique d’ailleurs à celui<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> néo-libéraux, à savoir la croissance comme une fin en soi (voir Pascallon (1977 ; 1993) et Méda (1999)).<br />

Or, la croissance n’a qu’un sens très limité et il est <strong>de</strong> plus en plus clair qu’elle ne suffit pas à elle seule à<br />

enrayer la crise et à garantir le respect <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />

61 Nous reprenons les éléments suivants <strong>de</strong> (Hanlon, 2000). Cet article est particulièrement intéressant,<br />

notamment par la mise en perspective historique <strong><strong>de</strong>s</strong> mécanismes <strong>de</strong> remboursement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. Nous<br />

pouvons en conclure que le règlement actuel <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte <strong><strong>de</strong>s</strong> pays du Sud repose sur un véritable impérialisme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pays du Nord. Par exemple, aucune mesure n’est prise aujourd’hui envers les pays du Sud telle que le<br />

remboursement <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>tte n’ait lieu que sur la base <strong>de</strong> leurs surplus commerciaux. Or, cela faciliterait leur<br />

insertion dans le système commercial international, puisque les pays occi<strong>de</strong>ntaux, pour voir leurs prêts<br />

remboursés, <strong>de</strong>vraient acheter les produits <strong>de</strong> ces pays. Une telle clause a été prise en faveur <strong>de</strong> l’Allemagne<br />

en 1952. Les exemples plus anciens <strong>de</strong> <strong>de</strong>tte non remboursée sont, bien sûr, nombreux. En outre, il faut<br />

remarquer qu’au XVIIIe et XIXe siècles, l’Angleterre jouait le rôle <strong>de</strong> prêteur en <strong>de</strong>rnier ressort et avait une<br />

balance commerciale largement excé<strong>de</strong>ntaire (selon une phrase célèbre, « il y a l’Angleterre et son empire,<br />

l’Univers »). Aujourd’hui, la puissance internationalement dominante ne joue pas un tel rôle et ne poursuit,<br />

sur le plan international, que son seul intérêt. C’est pourquoi, selon nous, il est possible <strong>de</strong> parler d’ultraimpérialisme,<br />

supérieurement pernicieux par rapport aux phases antérieures <strong>de</strong> l’impérialisme européen :<br />

aujourd’hui, non seulement les guerres continuent (<strong><strong>de</strong>s</strong> guerres <strong>de</strong> l’opium, on est passé aux guerres du<br />

pétrole, par exemple), mais en plus, les pays du Sud sont contraints <strong>de</strong> rembourser <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ttes qui sont le plus<br />

souvent iniques.<br />

388

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!