l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I
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précédentes 58 , en ce sens qu’elle opère sous le mode de ce que nous avons qualifié de métaéconomie simple. Du point de vue, en particulier, de l’humanisme scientifique, cette présentation inverse les priorités. Tout d’abord, sur le plan macro-économique, il faut reconnaître que cet article présente un intérêt certain, ne serait ce que parce qu’il est rare de voir une étude économique mettre l’accent sur les droits de l’homme. Il s’agit donc d’un travail riche qui donne des pistes à poursuivre pour la défense de l’utilité économique des droits de l’homme et de l’étude économique de ceux-ci. L’importance, au niveau macroéconomique, du développement des droits de l’homme pour garantir une meilleure insertion d’un pays dans l’organisation économique internationale, n’est pas une conclusion sans valeur. Cependant, elle laisse de côté, en particulier pour le cas africain étudié, la réalité du développement du point de vue micro-économique. La mesure du développement par le PNB/habitant est grandement insuffisante et se focalise sur l’économie monétaire qui, comme l’indique l’auteur, est marginale en Afrique. Cela le conduit, ensuite, à établir une opposition entre les droits de l’homme et les cultures traditionnelles africaines. Lier les droits de l’homme à l’économie monétaire nous semble être une erreur qui peut prêter à des confusions significatives. En particulier en ce qui concerne le droit au développement, cela signifie qu’il n’y a qu’une seule voie possible, celle de l’Occident : l’accumulation capitaliste. Or, cela peut provoquer la remise en cause des droits de l’homme lorsque ceux-ci sont respectés sous des formes 58 Au surplus, l’auteur précise que les politiques d’ajustement structurel (PAS) visent un objectif nécessaire, bien que non suffisant. Il convient de leur ajouter un Etat de droit qui garantisse les droits de l’homme. L’auteur reste en fait dans une optique monétaire qui paraît, dans ce cas, erronée à deux égards : les PAS ont commis des erreurs, y compris sur le plan macro-économique, qui ont conduit à des résultats opposés à leurs objectifs. Ces derniers, par ailleurs, comme la réduction drastique de l’inflation, n’ont pas toujours été adéquats pour les situations de crise concernées par les PAS. Second point, l’auteur laisse de côté le fait que les PAS se sont, le plus souvent, imposées contre les droits de l’homme et la démocratie, comme nous avons partiellement tenté de le montrer ailleurs, cf. (Kolacinski, 1998). Par conséquent, dire que les PAS doivent aller de pair avec la promotion des droits de l’homme, sans pour autant remettre en cause le contenu de ces PAS, est commettre un non-sens : cela est rigoureusement impossible tant que la logique du FMI ne changera pas massivement, à la fois dans sa façon de fonctionner et dans ses recommandations. 386
« traditionnelles » 59 , de par la dislocation de ces formes et la montée de l’individualisme. Mais également, utiliser ainsi les droits de l’homme comme des armes contre les normes sociales locales – puisqu’il faut développer les normes de l’économie monétaire et que celles-ci sont associées aux droits de l’homme – peut provoquer des réactions hostiles aux droits de l’homme et appuyer les arguments des dictateurs qui utilise la « défense des valeurs locales » pour justifier leur irrespect de ces droits. Enfin, il nous semble que, du moins du point de vue de l’humanisme scientifique et pour éviter les dangers précédents, il convient d’inverser la logique même de l’équation. Les droits de l’homme – tous les droits de l’homme – doivent être la variable expliquée et non la variable explicative. D’une façon très simplifiée, cela donnerait par exemple : DH = yy + yy PNB – yy Dette – (+) yy Infl. + (–) yy Avoirs – yy (π - PDIA) (3c) Où DH sont les droits de l’homme ; yy représente les valeurs à estimer ; « Dette » est l’impact de la dette sur la réalisation des droits de l’homme ; Infl., l’impact de l’inflation ; « Avoirs », l’impact des avoirs nets ; (π - PDIA), l’impact de l’incertitude, compte tenu de l’effet des précédents facteurs sur celle-ci (afin d’éviter un double comptage). Nous pouvons dès à présent préciser certains de ces éléments, en commençant par la dette (a), puis en indiquant les ambiguïtés des autres facteurs (b). a. Note sur la question de la dette. En ce qui concerne la dette, il peut être présumé que son impact sur les droits de l’homme est négatif. Il convient, tout d’abord, de préciser qu’il ne faut pas confondre la dette avec le déficit public. En effet, si la première, qui pèse essentiellement sur les pays du 59 La monétarisation provoque souvent la rupture des équilibres antérieurs, déstructurant les solidarités existantes et marginalisant les processus démocratiques d’organisation traditionnelle (hiérarchique ou non, car hiérarchie ne signifie pas dictature). La monétarisation de l’économie peut, notamment, causer des famines, favoriser le développement de pouvoirs locaux autoritaires, ainsi que la corruption (!), provoquer des comportements nuisibles, par exemple sur le plan écologique. Pour prendre une illustration, nous pourrions évoquer la dislocation des tribus indiennes d’Amérique, mais plus précisément, un documentaire diffusé il y a quelques années (dont nous n’avons pas retrouvé la référence) nous est resté en mémoire car il illustre clairement ce fait. Il s’agit du cas d’un village de pêcheurs de requins en Indonésie. Ces pêcheurs chassaient de petits requins pour s’en nourrir et en capturaient, pour ce faire, relativement peu. Or, voilà qu’un marchand est prêt à acheter les ailerons (pour les revendre sur le marché asiatique) que les pêcheurs gardaient précédemment en trophée. Les pêcheurs, par conséquent, vont chasser plus de requins, avec plus de risques pour eux et un risque potentiel d’épuisement de la ressource. Par ailleurs, avec l’argent gagné, ils vont essentiellement se procurer de l’alcool. Voilà une belle leçon de développement monétaire… 387
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Tout d’abord, sur le plan macro-économique, il faut reconnaître que cet article<br />
présente un intérêt certain, ne serait ce que parce qu’il est rare <strong>de</strong> voir une étu<strong>de</strong><br />
économique mettre l’accent sur les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Il s’agit donc d’un travail riche qui<br />
donne <strong><strong>de</strong>s</strong> pistes à poursuivre pour la défense <strong>de</strong> l’utilité économique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong><br />
l’homme et <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> économique <strong>de</strong> ceux-ci. L’importance, au niveau macroéconomique,<br />
du développement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme pour garantir une meilleure<br />
insertion d’un pays dans l’organisation économique internationale, n’est pas une<br />
conclusion sans valeur. Cependant, elle laisse <strong>de</strong> côté, en particulier pour le cas africain<br />
étudié, la réalité du développement du point <strong>de</strong> vue micro-économique. La mesure du<br />
développement par le PNB/habitant est gran<strong>de</strong>ment insuffisante et se focalise sur<br />
l’économie monétaire qui, comme l’indique l’auteur, est marginale en Afrique.<br />
Cela le conduit, ensuite, à établir une opposition entre les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme et les<br />
cultures traditionnelles africaines. Lier les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme à l’économie monétaire nous<br />
semble être une erreur qui peut prêter à <strong><strong>de</strong>s</strong> confusions significatives. En particulier en ce<br />
qui concerne le droit au développement, cela signifie qu’il n’y a qu’une seule voie<br />
possible, celle <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt : l’accumulation capitaliste. Or, cela peut provoquer la remise<br />
en cause <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme lorsque ceux-ci sont respectés sous <strong><strong>de</strong>s</strong> formes<br />
58 Au surplus, l’auteur précise que les politiques d’ajustement structurel (PAS) visent un objectif nécessaire,<br />
bien que non suffisant. Il convient <strong>de</strong> leur ajouter un Etat <strong>de</strong> droit qui garantisse les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme.<br />
L’auteur reste en fait dans une optique monétaire qui paraît, dans ce cas, erronée à <strong>de</strong>ux égards : les PAS ont<br />
commis <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs, y compris sur le plan macro-économique, qui ont conduit à <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats opposés à leurs<br />
objectifs. Ces <strong>de</strong>rniers, par ailleurs, comme la réduction drastique <strong>de</strong> l’inflation, n’ont pas toujours été<br />
adéquats pour les situations <strong>de</strong> crise concernées par les PAS. Second point, l’auteur laisse <strong>de</strong> côté le fait que<br />
les PAS se sont, le plus souvent, imposées contre les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme et la démocratie, comme nous avons<br />
partiellement tenté <strong>de</strong> le montrer ailleurs, cf. (Kolacinski, 1998). Par conséquent, dire que les PAS doivent<br />
aller <strong>de</strong> pair avec la promotion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, sans pour autant remettre en cause le contenu <strong>de</strong> ces<br />
PAS, est commettre un non-sens : cela est rigoureusement impossible tant que la logique du FMI ne changera<br />
pas massivement, à la fois dans sa façon <strong>de</strong> fonctionner et dans ses recommandations.<br />
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