l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

qu’une révolution progressiste à l’échelle mondiale – ou ne serait ce qu’en Afrique – est
difficilement envisageable. En outre, et I. Wallerstein ne nous contredirait sans doute pas
sur ce point, le capitalisme et le marché ne sont pas strictement identiques. Le marché, en
tant qu’outil et mode de rencontre et d’échanges entre les personnes et les peuples, a un
rôle crucial à jouer dans la promotion et le respect des droits de l’homme 3 . Il convient donc
de cerner ses limites et de définir les moyens de l’utiliser au mieux pour garantir les droits
de l’homme de tous les êtres humains, sur toute la planète. Il convient également, dans le
même cadre, de trouver les solutions adaptées, opérationnelles et efficaces pour réduire les
écarts de richesse et pour garantir le droit au développement de tous. De même, il convient
de compléter les lacunes d’un centrage exclusif sur le marché, notamment par les apports
des théories systémiques qui nous invitent à contester les visions simplificatrices qui
considèrent comme vraies des équations telle que celle-ci :
Ouverture = baisse des prix = promotion des droits de l’homme
(b)
En conséquence, si les droits de l’homme peuvent, dans un premier temps, être envisagés
et légitimés comme des outils correcteurs du marché, il convient d’aller plus loin par le
rappel que le marché lui-même n’est justifié qu’à condition qu’il respecte et aide à réaliser
les droits de l’homme. Autrement dit, les imperfections du marché peuvent elles-mêmes se
définir comme des « résultats » de la violation des droits de l’homme : un « abus de
pouvoir » entraînant une violation des droits de l’homme n’est pas un « mal » seulement
parce qu’il s’oppose à la concurrence pure, mais aussi et surtout parce qu’il viole les droits
de l’homme. Et si la relation (b) s’avère en partie non fondée, il ne faut pas hésiter à
réformer les mécanismes d’ouverture qui ne favoriseraient pas effectivement les droits de
l’homme. Il conviendrait donc de savoir si, d’une part, la concurrence pure est garante des
droits de l’homme et, d’autre part, si les imperfections du marché sont systématiquement
défavorables aux droits de l’homme. Tout cela nous conduit à envisager la pertinence du
lien entre ouverture commerciale et droits de l’homme.
L’ouverture du commerce est censée, en théorie, permettre le développement
réciproque des pays qui participent à l’échange. Le développement est ici entendu comme
3 Par « respect des droits de l’homme » nous entendrons dans la suite, sauf précision contraire, l’ensemble
défini par les organes des Nations-Unies quant aux devoirs des Etats (et des autres) : respect (obligations
négatives), protection (contre les violations par des tiers), réalisation (obligations positives), cette dernière
comprenant les trois termes : faciliter, procurer et promouvoir ; cf. (Commission des droits de l’homme,
2002a, p. 12).
357