l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

possible d’observer que le capitalisme conduit à des guerres et à des régressions – qui se
distinguent d’un développement régulier et progressif – lorsque sa régulation viole par trop
les droits de l’homme ; ensuite, on peut constater que les expériences de développement
impulsées par des dictatures, soit se sont effondrées (y compris en URSS 7 ), soit ont
finalement connu un passage à la démocratie, seule susceptible de poursuivre la route du
progrès et de la liberté.
Notre position est ensuite normative : l’objectif de l’humanisme scientifique est de
reconnaître l’importance essentielle des droits de l’homme, le sujet ultime de la science
économique étant l’Homme et non le capital. Nous revendiquons donc une recherche à
vocation explicitement normative, qui a pour objectif de montrer comment les droits de
l’homme peuvent être grandement utiles pour le développement purement économique,
afin de convaincre les défenseurs de ce dernier qu’il y a un intérêt réel à prendre en compte
ces droits. Cela étant, nous n’entendons pas réduire les droits de l’homme à leur rôle
utilitaire en la matière. Un travail à vocation scientifique interdit une telle réduction. Nous
entendons donc donner les clefs nécessaires à la compréhension et à la prise en compte des
droits de l’homme et de leurs interrelations avec le développement au sein de l’analyse
économique.
Pour ce faire, la première section se décompose en deux étapes. La première
s’intéresse au rôle des droits de l’homme tel qu’ils sont utilisés ou négligés dans une
logique libérale et néo-libérale afin de promouvoir l’ouverture commerciale et financière
des pays du Sud. Nous en retiendrons qu’il peut exister une défense économique des droits
de l’homme, mais qu’outre le fait d’être restreinte, elle camoufle les évidences empiriques
d’une détérioration de ces droits liée à la « mondialisation ». La seconde étape dresse un
aperçu des théories de l’impérialisme et permet de préciser pourquoi il faut transformer la
7 Les cas de la Chine et de Cuba sont, quant à eux, à mettre à part. Il nous semble que ces deux Etats
respectent les droits de l’homme bien plus que certaines démocraties. Cuba connaît une démocratie locale
très développée et s’efforce d’assurer les droits sociaux malgré l’embargo. Ce dernier ne justifie certes pas le
manque de libertés civiles qui existe de fait sur l’île, mais il faut reconnaître, d’abord, qu’il viole lui-même
les droits de l’homme (l’embargo américain à l’égard de Cuba interdit notamment l’exportation de
médicaments et de nourriture vers ce pays, en opposition au droit international coutumier, et constitue en
outre une extraterritorialité du droit américain elle aussi contraire au droit international). Ensuite, il faut
reconnaître la responsabilité de l’embargo, même partielle, dans le maintien d’un régime dictatorial dans les
pays visés ; sur l’inefficacité, voire l’effet pervers des embargos, cf. Robert McGee (1998) et Béatrice
Chevallier (2001). En ce qui concerne la Chine, elle connaît actuellement un développement économique
relativement bien encadré par les autorités et qui tient compte des besoins (des droits sociaux) des Chinois,
tout en leur donnant davantage de droits civils, ce qui laisse présager des perspectives d’avenir très positives.
Reste à savoir comment la situation va évoluer politiquement et il nous semble que la mise en place
progressive d’un véritable régime démocratique « fort » est la seule alternative viable pour maintenir ces
perspectives positives (y compris contre le retour d’un éventuel « despote malveillant »).
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