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l'economie des droits de l'homme - creden - Université Montpellier I

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être réformées vers plus <strong>de</strong> démocratie, n’est plus à démontrer 31 . Nous voulons ici préciser<br />

les principes <strong>de</strong> diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> normes afin d’y voir le rôle <strong><strong>de</strong>s</strong> institutions supranationales<br />

(A), puis poser la question <strong>de</strong> la responsabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques globales<br />

<strong>de</strong> promotion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme (B) et enfin, examiner une réponse possible, en terme<br />

<strong>de</strong> biens publics, face aux questions du développement européen et mondial (C).<br />

A. Deux principes <strong>de</strong> diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> normes.<br />

Deux théories complémentaires expliquent le développement effectif <strong><strong>de</strong>s</strong> normes,<br />

c’est-à-dire leur respect par les personnes. D’une part, la théorie individualiste (« Regime<br />

theory »), qui considère que les acteurs font un calcul coût/bénéfice du respect <strong>de</strong> la<br />

norme ; d’autre part, la théorie constructiviste qui considère que le respect <strong><strong>de</strong>s</strong> normes<br />

passe par un mécanisme <strong>de</strong> socialisation, d’apprentissage <strong><strong>de</strong>s</strong> normes. Les <strong>de</strong>ux théories<br />

mettent en avant la nécessité, à un moment donné, d’exercer <strong><strong>de</strong>s</strong> sanctions à l’égard <strong>de</strong><br />

ceux qui ne respectent pas la norme, afin <strong>de</strong> promouvoir celle-ci. Mais, si le calcul<br />

coût/bénéfice lié à la sanction juridique (financière, etc.), joue un rôle central dans la<br />

première théorie, la secon<strong>de</strong> établit que cela n’est pas suffisant, une sanction « sociale »<br />

(désapprobation générale du comportement déviant, etc.) étant nécessaire aux changements<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts et <strong><strong>de</strong>s</strong> préférences, et donc à l’internalisation <strong>de</strong> la norme ; cf., par exemple,<br />

(Checkel, 1999).<br />

Dans ce cadre, les organisations internationales ont une double responsabilité vis-àvis<br />

<strong>de</strong> la diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme comme normes 32 . Elles doivent favoriser la<br />

diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> normes par l’apprentissage ; elles doivent offrir un système <strong>de</strong> sanctions<br />

cohérent, c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas pénaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats ou <strong><strong>de</strong>s</strong> populations qui<br />

s’efforcent <strong>de</strong> respecter les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme, tout comme elles doivent proposer, en<br />

31 Pour s’en convaincre encore un peu plus, on peut lire l’ouvrage récent <strong>de</strong> Joseph Stiglitz (2002a), ainsi que<br />

Pierre <strong>de</strong> Senarclens (2001) ; nous avons eu l’occasion <strong>de</strong> critiquer les politiques du FMI et <strong>de</strong> la Banque<br />

mondiale par ailleurs, cf. (Kolacinski, 1998). En ce qui concerne le thème connexe du financement du<br />

développement, cf. (Borelly, 2002). Sur l’ONU, voir aussi, parmi d’autres, (Texier, 1998) et (Thuan, 1984a).<br />

32 Nous parlons, dans cette thèse, presque exclusivement <strong>de</strong> normes, celles-ci étant les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Il<br />

est à noter que l’on peut aussi utiliser les termes <strong>de</strong> supra-normes ou, mieux, <strong>de</strong> méta-normes pour parler <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme. Il y a <strong>de</strong>ux raisons pour lesquelles nous n’utilisons pas ces termes <strong>de</strong> façon systématique.<br />

La première, c’est qu’il s’agit avant tout du point <strong>de</strong> vue juridique : les <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme sont les métanormes<br />

du droit, en ce sens qu’ils sont les fon<strong>de</strong>ments du droit. La secon<strong>de</strong>, c’est qu’en parlant <strong>de</strong> métanormes,<br />

nous nous référerions essentiellement à ce que nous nommons les « <strong>droits</strong> idéaux » ; or, en tant<br />

qu’économiste et dans le contexte auquel nous nous intéressons, nous parlons d’abord <strong><strong>de</strong>s</strong> « <strong>droits</strong><br />

pratiques », <strong>de</strong> l’adaptation <strong><strong>de</strong>s</strong> méta-normes juridiques aux différentes sociétés dans lesquelles elles doivent<br />

être effectives. Ainsi, les méta-normes doivent <strong>de</strong>venir, au cas par cas, <strong><strong>de</strong>s</strong> normes <strong>de</strong> régulation, <strong>de</strong><br />

rationalité, régulatrice, juridiques, etc.<br />

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